Kathleen Stock
Kathleen Mary Linn Stock OBE (née en novembre 1972) est une philosophe, féministe et écrivaine britannique, anciennement professeure à l'université du Sussex jusqu'en octobre 2021[1].
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Formation | Exeter College, Oxford (BA) Université de St Andrews (MA) Université de Leeds (PhD) |
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(en) kathleenstock.com |
Distinction |
Elle a publié des travaux universitaires sur l'esthétique, la fiction, l'imagination, l'objectivation sexuelle et l'orientation sexuelle[2].
Ses opinions sur les droits des transgenres et lâidentitĂ© de genre font l'objet de controverses[3] - [4] - [5]. En dĂ©cembre 2020, elle est nommĂ©e officier de lâordre de l'Empire britannique (OBE) en reconnaissance des services rendus Ă lâenseignement supĂ©rieur[6] - [7]. Cette dĂ©cision est par la suite critiquĂ©e par un groupe de plus de 600 philosophes universitaires qui ont fait valoir que la « rhĂ©torique nuisible » de Stock contribuait Ă la marginalisation des personnes transgenres[8] - [9]. En octobre 2021, elle dĂ©missionne de lâuniversitĂ© du Sussex[10] - [11] Ă la suite dâune campagne Ă©tudiante qui appelait Ă son licenciement en raison d'allĂ©gations de « transphobie institutionnelle » de la branche du Sussex de lâUniversity and College Union. En rĂ©ponse, un groupe de plus de 200 philosophes universitaires du Royaume-Uni signe une lettre ouverte en faveur de la libertĂ© acadĂ©mique de Stock[12] - [13].
Jeunesse
Kathleen Stock est nĂ©e Ă Aberdeen[14] et a grandi Ă Montrose[15]. Elle est la fille d'un professeur de philosophie et d'un correcteur de journaux[16]. Elle frĂ©quente la Montrose Academy avant dâaller Ă lâuniversitĂ©. Elle a obtenu son baccalaurĂ©at en philosophie et Français de premier cycle de lâExeter College d'Oxford et une maĂźtrise en philosophie de lâuniversitĂ© de St Andrews[17]. Elle a ensuite remportĂ© une bourse qui lui a donnĂ© lâoccasion de prĂ©senter un doctorat en philosophie Ă l'universitĂ© de Leeds[16].
CarriÚre académique
AprĂšs avoir obtenu son diplĂŽme, Kathleen Stock a briĂšvement enseignĂ© Ă lâuniversitĂ© de Lancaster et Ă lâuniversitĂ© dâEast Anglia avant de rejoindre lâuniversitĂ© du Sussex en 2003, oĂč elle a travaillĂ© comme lectrice et plus tard comme professeure de philosophie[18].
Kathleen Stock a Ă©tĂ© vice-prĂ©sidente de la British Society of Aesthetics de 2019[19] Ă 2020[20]. Elle a donnĂ© des confĂ©rences Ă lâuniversitĂ© de York Ă lâAristotelian Society[21] au London Aesthetics Forum[22] Ă lâuniversitĂ© de Wolverhampton[23] et Ă lâAmerican Society for Aesthetics[24]. Le 28 octobre 2021, Stock a dĂ©missionnĂ© de lâuniversitĂ© du Sussex[25]. Elle a par la suite annoncĂ© quâelle rejoindrait lâuniversitĂ© dâAustin en tant que boursiĂšre Ă temps partiel[26] - [27].
Ćuvre acadĂ©mique
Kathleen Stock est professeure de philosophie à l'université du Sussex[28] - [29]. Elle est l'autrice d'une monographie ainsi que d'articles dans des revues universitaires à comité de lecture, et a contribué à plusieurs chapitres de volumes édités. Elle a édité Philosophers on Music: Experience, Meaning, and Work (premiÚre édition 2007), et avec Katherine Thomson-Jones, elle a édité New Waves in Aesthetics (2008). Dans sa monographie Only Imagine: Fiction, Interpretation and Imagination (2017), elle plaide pour l'intentionnalité de l'auteur (authorial intentionalism) (en) .
Jusqu'en 2020, Stock était la vice-présidente de la British Society of Aesthetics (en). Elle donne des conférences à l'université d'York, la Aristotelian Society (en), le Forum d'Esthétique de Londres, l'université de Wolverhampton, la American Society for Aesthetics (en).
Opinions sur l'auto-identification de genre
Kathleen Stock est reconnue comme une féministe « critique du genre »[30] - [31].
Elle s'oppose Ă l'auto-identification des personnes transgenres Ă l'occasion du projet de rĂ©forme du Gender Recognition Act 2004 (loi britannique sur la reconnaissance de l'identitĂ© de genre)[32] - [33] - [34]. Elle appelle Ă exclure les femmes transgenres qui ont des organes gĂ©nitaux masculins des endroits oĂč les femmes cisgenres se dĂ©shabillent ou dorment, les dĂ©crivant comme des hommes qui peuvent ĂȘtre sexuellement attirĂ©s par les femmes. Elle nie pourtant s'opposer aux droits des personnes trans, dĂ©clarant : « J'affirme avec joie et Ă voix haute les droits des personnes trans Ă vivre leur vie Ă l'abri de la peur, de la violence, du harcĂšlement ou de toute discrimination... Je pense que discuter des droits des femmes est compatible avec la dĂ©fense de ces droits trans. »[35]. Selon la journaliste Janice Turner (en), Kathleen Stock « enseigne aux Ă©tudiants trans, en respectant leurs pronoms, et a Ă©crit Ă plusieurs reprises en faveur de leurs droits humains »[36].
Les étudiants et les universitaires commencent à critiquer les points de vue de Kathleen Stock en 2018, lorsqu'elle se prononce contre des modifications du Gender Recognition Act qui auraient permis à des personnes de tous ùges de s'identifier légalement à un genre particulier sans exigence d'un diagnostic psychologique ou médicalisé[37] - [38] - [39] - [40]. Cette prise de position lui vaut de recevoir des menaces de mort[41]. En 2019, Kathleen Stock signe la «Déclaration sur les droits des femmes fondés sur le sexe» de la Women's Human Rights Campaign (en) (WHRC)[42]. En juin 2019, Kathleen Stock est invitée à parler à la Société aristotélicienne de son point de vue sur l'identité de genre. L'organisation Minorities and Philosophy (MAP) au Royaume-Uni et son homologue international publient une déclaration conjointe contre Stock lors de l'événement, déclarant que « tous les éléments d'obsession personnelle et idéologique ne méritent pas un débat philosophique. En particulier, le scepticisme quant aux droits des groupes et des individus marginalisés, quand des questions de vie ou de mort sont en jeu, n'est pas objet de débat. »[43]. En 2020, elle témoigne devant le Women and Equalities Committee (en) de la Chambre des communes[44].
En 2021, Kathleen Stock présente une proposition au projet de loi sur l'enseignement supérieur, dénonçant ce qu'elle qualifie de harcÚlement, de culture de la peur et de l'autocensure dans les universités britanniques face aux «demandes des transactivistes de reconnaßtre et donner la priorité à l'identité de genre»[45].
Son livre de 2021, Material Girls: Why Reality Matters for Feminism, elle propose une discussion critique sur la thĂ©orie de l'identitĂ© de genre[31] - [46]. Sa thĂšse, selon la critique Christina Patterson (en), est qu'il existe « une nouvelle orthodoxie, dans laquelle le sexe cĂšde la place au ressenti, et le ressenti l'emporte sur les faits »[47]. Dans ce document, Kathleen Stock soutient des lois protectrices pour les personnes trans[48], mais s'oppose, selon The Guardian, « Ă l'institutionnalisation de l'idĂ©e que l'identitĂ© de genre est tout ce qui compte â que la façon dont vous vous identifiez confĂšre automatiquement tous les droits de ce sexe »[49]. Elle dĂ©crit la loi qui donne aux personnes trans le droit de changer de genre comme une fiction juridique, une sorte de « contre-vĂ©ritĂ© utile »[50].
En mai 2021, Kathleen Stock est nommée administratrice de LGB Alliance[51].
Campagne menée par des étudiants de l'université du Sussex
En octobre 2021, un groupe d'Ă©tudiants et d'Ă©tudiantes LGBT+ de l'universitĂ© du Sussex lance une campagne demandant le licenciement de Kathleen Stock, dĂ©clarant qu'elle « Ă©pouse une version bĂątarde du fĂ©minisme radical qui exclut et met en danger les personnes trans »[52] - [53] - [54] - [55] - [56]. Le groupe Anti Terf Sussex, dĂ©clare que Kathleen Stock est un danger pour les personnes transgenres: « Nous ne sommes pas prĂȘts Ă dĂ©battre. Nous ne pouvons pas ĂȘtre raisonnĂ©s vers l'inexistence. »[57]. Un compte Instagram apparemment liĂ© Ă la campagne a publiĂ© un « Ă©noncĂ© de mission » appelant au licenciement du professeur Stock, ainsi que des photos de la manifestation[54]. La police conseille Ă Kathleen Stock de prendre des prĂ©cautions pour sa sĂ©curitĂ©, notamment en installant une camĂ©ra de vidĂ©osurveillance chez elle et en ayant recours Ă des gardes du corps sur le campus[41] - [58].
RĂ©actions
Kathleen Stock dĂ©clare : « Les universitĂ©s ne sont pas des endroits oĂč les Ă©tudiants devraient simplement s'attendre Ă entendre leurs propres pensĂ©es leur ĂȘtre reflĂ©tĂ©es. Il faut rĂ©pondre aux arguments par des arguments, et aux preuves par des preuves, et non par l'intimidation ou l'agression»[57]. Elle dĂ©clare que des mois auparavant, elle s'Ă©tait plainte Ă l'universitĂ© du Sussex, allĂ©guant qu'elle n'avait pas rĂ©ussi Ă la protĂ©ger et Ă sauvegarder sa libertĂ© acadĂ©mique[41].
Le ministre des ĂgalitĂ©s Kemi Badenoch, l'avocate Allison Bailey (en) et l'Ă©crivain Julie Bindel prennent la dĂ©fense de Kathleen Stock et le vice-chancelier de l'universitĂ© du Sussex, Adam Tickell, condamne la campagne comme une menace pour la libertĂ© acadĂ©mique. Annonçant une enquĂȘte sur les manifestations[59] - [52] - [53] - [60] - [61], le vice-chancelier dĂ©clare : « Je suis vraiment prĂ©occupĂ© par le fait que nous ayons des manifestants masquĂ©s plaçant des affiches appelant au limogeage de quelqu'un pour avoir exercĂ© son droit d'expression. »[54] ; selon lui, l'institution avait « des devoirs juridiques et moraux de garantir que les gens puissent s'exprimer librement ».
En réponse, un groupe de plus de 200 philosophes universitaires du Royaume-Uni signe une lettre ouverte en faveur de la liberté académique de Kathleen Stock et de sa capacité à s'engager « dans un débat ouvert et scientifique sans crainte de harcÚlement »[62] - [63] - [64].
La branche du Sussex de l'University and College Union (UCU) critique vivement le vice-chancelier pour sa dĂ©claration, affirmant que Tickell n'avait pas respectĂ© la dignitĂ© et le respect des Ă©tudiants et du personnel trans[65]. Le syndicat manifeste sa solidaritĂ© avec les Ă©tudiants et rĂ©affirme leur droit de manifester, « exhort[ant la] direction Ă prendre une position claire et ferme contre la transphobie Ă Sussex »[65]. Il appelle Ă une enquĂȘte sur la « transphobie institutionnelle » Ă l'universitĂ© du Sussex[65]. Kathleen Stock indique que c'est cette attaque contre elle de la part du syndicat dont elle est membre qui a « de fait mis fin » Ă sa carriĂšre Ă l'universitĂ© du Sussex[66].
La responsable de l'opposition (« ministre fantĂŽme ») des Femmes et de l'ĂgalitĂ©, Taiwo Owatemi, qualifie la dĂ©claration de l'UCU de « forte et fondĂ©e sur des principes » et dĂ©clare qu'elle Ă©tait « grandement prĂ©occupĂ©e par le travail [de Stock] en tant qu'administratrice du groupe LGB Alliance » qui, selon elle, devrait ĂȘtre « rejetĂ© par tous ceux qui croient en l'Ă©galitĂ© »[67].
Peu de temps aprÚs la publication de la déclaration, des membres de l'exécutif de la branche de l'UCU Sussex déclarent avoir reçu des menaces personnelles et avoir subi la divulgation leurs coordonnées personnelles. Un porte-parole de l'organisation nationale de l'UCU condamne cela et déclare que « ces questions sont portées immédiatement à la direction de l'université »[66].
Le Times rapporte que la prĂ©sidente de la Commission pour l'Ă©galitĂ© et les droits de l'homme (en), la baronne Falkner de Margravine, « a qualifiĂ© les attaques contre la professeure Kathleen Stock de honteuses et a dĂ©clarĂ© qu'une rĂ©glementation plus stricte Ă©tait nĂ©cessaire pour protĂ©ger les gens contre les abus »[57]. Elle dĂ©clare: « Les droits des personnes trans doivent bien sĂ»r ĂȘtre protĂ©gĂ©s, mais la tentative de faire taire la libertĂ© d'expression acadĂ©mique est contraire Ă l'esprit de vie universitaire »[57]. La ministre des Femmes et de l'ĂgalitĂ©, Liz Truss, soutient Falkner[68]. L'historienne d'Oxford, Selina Todd, dĂ©crit la dĂ©claration de Tickell comme Ă©tant un « hommage du bout des lĂšvres Ă la libertĂ© acadĂ©mique tout en assurant les Ă©tudiants de « l'inclusivitĂ© » de l'universitĂ© » et critique l'Union des universitĂ©s et collĂšges pour leur silence[57]. Le Times publie une lettre de soutien Ă Stock d'un groupe de personnes trans, disant qu'ils Ă©taient « consternĂ©s que les droits des trans ... soient utilisĂ©s pour excuser une campagne de harcĂšlement et d'abus sans scrupules »[69] - [70] - [71].
Une déclaration de solidarité est signée par des centaines « d'universitaires, d'universitaires à la retraite, d'étudiants, d'anciens élÚves et d'employés d'universités/collÚges » diffusée par le GC Academia Network[72], un groupe qui se décrit comme critique de genre, a exprimé des inquiétudes « concernant l'érosion continue des droits des femmes fondés sur le sexe, dans la loi, la politique et la pratique» et condamne la récente escalade de l'intimidation par un petit groupe[73].
Kathleen Stock dĂ©missionne aprĂšs ce quâelle estime ĂȘtre une campagne de « harcĂšlement »[74] - [75] - [76]. Elle annonce en novembre 2021 avoir Ă©tĂ© recrutĂ©e par un campus prĂ©sentĂ© comme « anti woke », Ă lâuniversitĂ© dâAustin (Texas), et dont l'ambition est d'instaurer une « totale libertĂ© de parole »[77].
Distinctions
Kathleen Stock est nommĂ©e officier de l'ordre de l'Empire britannique (OBE) lors des distinctions honorifiques du Nouvel An 2021 (en) pour services rendus Ă l'enseignement supĂ©rieur. En rĂ©ponse, plus de 600 universitaires signent une lettre critiquant la dĂ©cision du gouvernement et exprimant leur inquiĂ©tude face Ă une « tendance Ă confondre de l'attisement de la peur transphobe avec un travail acadĂ©mique de valeur, et des attaques contre des personnes dĂ©jĂ marginalisĂ©es avec des exercices courageux de libertĂ© d'expression »[78] - [60] - [52]. Kathleen Stock rĂ©pond que le contenu de la lettre Ă©tait ridicule, disant quâ« ils m'ont accusĂ© de choses complĂštement folles comme de soutenir le patriarcat et empĂȘcher les personnes transgenres d'accĂ©der aux soins mĂ©dicaux, mĂȘme si je n'ai rien dit Ă ce sujet, sauf en ce qui concerne les enfants »[79]. Une contre-lettre la dĂ©fendant est signĂ©e par plus de 400 personnes[30].
Vie privée
Kathleen Stock est ouvertement lesbienne, Ă©crivant dans Material Girls : « En tant que lesbienne et en tant que femme non conforme Ă mon sexe, j'ai aussi des intĂ©rĂȘts en jeu »[80]. Janice Turner dans The Times l'a dĂ©crite, entre autres, comme une « lesbienne de gauche »[36].
Ćuvres choisies
- Philosophers on Music: Experience, Meaning, and Work ( Oxford University Press, 2007), Ă©d.
- New Waves in Aesthetics, édité avec Katherine Thomson-Jones ( Palgrave-Macmillan, 2008).
- Fantastique, imaginaire et cinéma . British Journal of Aesthetics, 2009. 49 (4) : 357-369.
- Ănonciation fictive et imaginaire . Volume supplĂ©mentaire de la sociĂ©tĂ© aristotĂ©licienne. 2011, 85 (1) : 145-161.
- Quelques réflexions sur le voir-comme, la saisie-métaphore et l'imaginaire . Aisthesis: Pratiche, Linguaggi E Saperi Dell'Estetico. 2013, 6 (1) : 201-213.
- Imagination et fiction : quelques enjeux . Boussole de philosophie. 2013, 8 (10) : 887-896.
- Objectivation sexuelle . Analyse, 2015, 75 (2) : 191-195.
- Apprendre de la fiction et des théories du contenu fictif . Teorema : International Journal of Philosophy, 2016, (3) : 69-83.
- Material Girls: Pourquoi la réalité compte pour le féminisme (Fleet, 2021)[47].
Références
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Liens externes
- Site officiel
- Biographie de l'université du Sussex
- Ressources relatives Ă la recherche :
- Google Scholar
- (en) ORCID
- (en) Semantic Scholar