Kamsarakan
La famille Kamsarakan (en arménien Կամսարական) est une famille noble arménienne du Moyen Âge.
Elle est également nommée « Arsharouni » d'après leurs principales possessions situées dans le cœur de l'« Arsharunik », prétendaient descendre des Karen-Pahlav et être issus des Arsacides. Ils revendiquaient ainsi un statut de « princes du sang » en Arménie.
Leur fief principal se trouvait en Ayrarat avec l'antique capitale des Orontides, Ervandachat et la forteresse de Bagaran, et en Siracène avec la cité d'Ani[1]. Tout on long de leur histoire, ils furent fidèles aux Mamikonian avec qui ils eurent de nombreux mariages[2].
Historique
Le fondateur de la famille est Kamsar, fils de Perozamat, qui reçoit le baptême au début du IVe siècle et donne son nom à la famille. Tiridate IV, roi d'Arménie, lui donne alors la Siracène. Vers 339, le fils de Kamsar, Arschavir Kamsarakan, résiste avec succès à une invasion perse et son petit-fils Gazavon devient l'un des principaux conseillers et le généralissime du roi Arsace III, mais tombe en disgrâce à la mort de ce dernier. En 451, Aršavir est cité comme le prince légitime des Kamsarakan et ses fils Nersēh, Hrahat et Sahak participent en 480 à la révolte de Vahan Mamikonian contre les Perses Sassanides[2].
En 555, lors du second concile de Dvin est mentionné le naxarar Zaurak, fils de Gazavon, qui est identifié à Zaurak Kamsarakan, l'un des chefs qui participent à la révolte de 572[3].
Au cours du VIIe siècle les Kamsarakan sont plutôt byzantinophile, et plusieurs de leur membres passent au service de Byzance. En récompense, Nersēh V est nommé prince d'Arménie de 690 à 691, ainsi qu'Artavazd, qui l'est de 726 à 732[4].
Le dernier prince, Nersēh VI, survit à la bataille de Bagrévand, puisqu'il meurt en 785 des rigueurs de l'hiver. Ses héritiers vendent la principauté aux bagratouni à la fin du VIIIe siècle. La famille Kamsarakan disparaît ensuite de la noblesse arménienne, même s'il est possible qu'un cadet ait fondé la famille Pahlavouni[5].
Liste des princes
Princes selon Toumanoff[6] | Princes selon Settipani[7] | Autres titres | Notes | ||
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Dates | Nom | Dates | Nom | ||
?-325 | Kamsar | 313-325 | Kamsar | ||
315-355 | Arschavir Ier | 315-353/9 | Aršavir Ier | sparapet « pro temp » | marié à une fille de Vatché Mamikonian |
-359- | Nersēh Ier | ||||
355-378/387 | Spandarat | 353/9-369/378 | Spandarat Ier | marié à Aršanouš, fille du roi Khosrov III d'Arménie | |
378/387-? | Schavarsch | 378-392 | Gazavon Ier | ||
392-? | Šavarš | ||||
-415- | Hrahat Ier | -414- | Hrahat Ier | ||
?-428 | Spandarat II | ||||
-428- | Gazavon Ier | -433- | Gazavon II | ||
vers 449 - vers 460 | Arschavir II | -455- | Aršavir II | marié à Vardanoyš, fille de Vardan II Mamikonian | |
vers 460 - vers 487 | Vahan Ier | -485- | Nersēh II | ||
vers 487- ap.505 | Isaac Ier | ap.490-ap.505 | Sahak Ier | ||
ap.505-555 | Gazavon II | ?-530 | Nersēh III | se réfugie à Byzance | |
Gazavon III | |||||
vers 555-571 | Zaurok | vers 555-571 | Zaurak | ||
Aršavir III | |||||
-615- | Sahak II | exarque d'Italie | |||
-629- | Euserk | ||||
vers 591-637 | Narsès Ier | av.615-ap.637 | Nersēh IV | général perse | |
vers 637 | Vahan II | N. | |||
vers 689-691 | Narsès II | av.688-691 | Nersēh V | prince d'Arménie de 690 à 691 | |
691- | Narsès III | marié à Šoušan | |||
vers 720 | Hrahat II | -696- | Hrahat II | ||
-696- | Grigor | ||||
vers 740 | Artavasde | av.726-732 | Artavazd | prince d'Arménie de 726 à 732 | marié à Šoušan, sœur de Grigor II et de Moušeł VI Mamikonian. |
ap.750-785 | Narsès IV | -785 | Nersēh VI |
Les Kamsarakan Ă Byzance
Les trois généraux Narsès, Aratios et Isaakes
Au début du VIe siècle, l'auteur byzantin Procope mentionne deux frères d'origine arménienne, Narsès et Aratios, qui combattent avec succès en 527 contre les Byzantins. Mais ils désertent en 530 et rejoignent Byzance avec leur mère et leur frère Isaakes. Narsès est tué au cours d'un combat en 543, Aratios participe à plusieurs campagnes et trouve la mort en Illyrie en 552, tandis qu'Isaakès accompagne Bélisaire en Italie, mais est capturé et exécuté par le roi goth Totila en 546[8].
Pour Nicolas Adontz, les prénoms de ces trois frères sont à rapprocher de ceux des fils d'Aršavir Kamsarakan, et il conjecture que les trois généraux byzantins sont issus de cette famille[8].
L'exarque d'Italie Isaakios
Les chroniques byzantines mentionnent un Isaakios qui fut exarque d'Italie de 625 à 643. Son épitaphe le dit issu d'une grande famille arménienne et marié à une Sosanna. Une inscription mentionne son neveu Gregorios mort en Italie à l'âge de onze ans. Ces prénoms d'Isaakios (Sahak) et de Gregorios (Grigor) les placent dans la descendance de saint Grégoire l'Illuminateur, et principalement dans les familles Mamikonian et Kamsarakan. Celui de Sosanna (Šoušan) confirme cette supposition, le prénom existant également dans les deux familles. Mais il est difficile de placer l'exarque dans la généalogie des Mamikonian, et il est plus simple de le considérer comme un Kamsarakan. Or, une fratrie composé de Sahak, Nerseh et Hrahat Kamsarakan est connue en 615. Christian Settipani identifie les deux Sahak et considère son épouse comme une Mamikonian[9]. Cyrille Toumanoff considère également l'exarque comme un Kamsarakan, mais le place différemment dans la généalogie de cette famille[10].
Arsaber, patrice et questeur
Après la disparition des Kamsarakan d'Arménie, un noble du nom d'Arsaber, qui est la forme grecque d'Aršavir, est mentionné à Byzance. Patrice, protospathaire et domestique des Scholes vers 760, il devient questeur à la fin du VIIIe siècle avant de se révolter contre Nicéphore Ier en 808 et de prétendre au trône. On lui connait une fille, Théodosia, mariée au futur Léon V, Albénica, protospatheria, et Théophane, moine. Cyrille Toumanoff relève son appartenance à la famille Kamsarakan, sans le situer dans la généalogie familiale[11], tandis que Christian Settipani le voit comme le petit-fils d'un Aršavir Kamsarakan, fils de Nersēh V, qui s'installa à Byzance au début du VIIIe siècle et devint patrice et stratège des Thracésiens[12].
Généalogie
Généalogie donnée par Christian Settipani[7]
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Généalogie donnée par Cyrille Toumanoff[13]
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Notes et références
- Toumanoff 1963, p. 206.
- Settipani 2006, p. 370.
- Settipani 2006, p. 372.
- Settipani 2006, p. 373-376.
- Settipani 2006, p. 387-388.
- Toumanoff 1990, p. 513.
- Settipani 2006, p. 389 et 535.
- Settipani 2006, p. 371.
- Settipani 2006, p. 374.
- Toumanoff 1990, p. 272-273.
- Toumanoff 1990, p. 274.
- Settipani 2006, p. 390-392.
- Toumanoff 1990, p. 270-274.
Bibliographie
- (en) Cyrille Toumanoff, « States and dynasties of Caucasia in the formative centuries », Studies in Christian Caucasian History,‎ , p. 206.
- Cyrille Toumanoff, Les dynasties de la Caucasie chrétienne de l'Antiquité jusqu'au XIXe siècle : Tables généalogiques et chronologiques, Rome, , p. 270-274.
- Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs. Les princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, Paris, de Boccard, , 634 p. [détail des éditions] (ISBN 978-2-7018-0226-8), p. 370-392.