Kaguya-hime
Kaguya-hime (かぐや姫, « princesse Kaguya »), est un personnage d'un conte folklorique japonais datant du Xe siècle, appelé également Taketori monogatari (竹取物語, « Le Conte du coupeur de bambou ») ou Kaguya-hime no monogatari (かぐや姫の物語, « Le conte de la princesse Kaguya »). Ce conte est considéré comme le texte narratif japonais le plus ancien. Le texte, en prose, est écrit entièrement en kana, dans une langue très simple et il est en réalité composé de sept contes. Il n'a pas d'auteur connu. Cette ancienne légende est également illustrée dans un emakimono par Kose Ōmi et calligraphiée par Ki no Tsurayuki.
Il raconte la vie d'une fille mystérieuse appelée Kaguya-hime qui est découverte, bébé, dans la coupe d'une canne de bambou luisante. Elle dit venir de Tsuki no Miyako (月の都, « la capitale de la Lune ») et a des cheveux étranges « brillants comme l'or ».
Conte
Un jour un vieux coupeur de bambou sans descendants, Taketori-no-Okina (竹取翁, « le vieillard qui récolte le bambou »), trouve une mystérieuse canne de bambou reluisante. La coupant, il trouve à l'intérieur un bébé de la taille de son pouce. Heureux de trouver une si belle petite fille, lui et sa femme l'élèvent comme si elle était leur propre enfant, l'appelant Kaguya-hime (かぐや姫, « princesse lumineuse »). Par la suite, il coupe un bambou et y trouve des pépites d'or. Il devient vite riche, et Kaguya-hime grandit d'un bébé minuscule à une femme de taille normale et de beauté resplendissante. Au début Taketori-no-Okina essaie de la cacher des autres, mais avec le temps les nouvelles de sa beauté se répandent.
Finalement, cinq princes viennent chez Taketori no Okina pour demander Kaguya-hime en mariage. Ces princes convainquent Taketori-no-Okina de demander à la réticente Kaguya-hime de choisir parmi eux. Pour ce faire, Kaguya-hime donne des tâches impossibles aux princes. Elle épousera celui qui peut lui apporter un objet précis. La même nuit, Taketori-no-Okina dit à chacun des cinq princes ce qu'ils doivent rapporter. Le premier doit rapporter le bol en pierre utilisé par le Bouddha pendant qu'il mendiait ; le second, une branche à joyaux de l'île de Hôrai ; le troisième, la robe légendaire du rat qui habite une montagne de Chine ; le quatrième, un joyau coloré du cou d'un dragon ; et le cinquième, le coquillage cauri d'une hirondelle.
Se rendant compte que la tâche était impossible, le premier prince revient avec un bol très cher, mais Kaguya-hime se rend compte de sa supercherie quand elle voit que le bol ne luit pas d'une lueur sainte. Deux autres princes essaient également de la tromper avec des faux et échouent. Le quatrième renonce pendant un orage, et le cinquième meurt en essayant de prendre l'objet.
Ensuite, l'empereur du Japon (御門/帝, mikado), vient voir l'étrangement belle Kaguya-hime et en tombe amoureux ; il propose de l'épouser. Bien qu'il ne soit pas soumis aux tâches impossibles des princes, Kaguya-hime refuse sa demande en mariage, lui disant qu'elle n'est pas de ce pays et ne peut donc pas se rendre au palais avec lui. Elle reste en contact avec l'empereur mais continue à refuser ses demandes de mariage.
Cet été-là, elle pleure chaque fois qu'elle voit la pleine lune. Elle n'arrive pas à dire à ses parents adoptifs ce qui ne va pas, malgré tout leur amour pour elle. Son comportement devient de plus en plus erratique jusqu'à ce qu'elle révèle qu'elle n'est pas de ce monde et qu'elle doit retourner parmi les siens sur la Lune. Dans certaines versions du conte elle avait été envoyée sur Terre comme punition temporaire pour un crime qu'elle aurait commis, tandis que dans d'autres elle y a été envoyée pour la maintenir en sécurité pendant une guerre céleste.
Le jour de son retour approchant, l'empereur envoie des gardes patrouiller autour de chez elle pour la protéger du peuple de la Lune, mais quand une ambassade d'« êtres célestes » arrive à la porte de la maison de Taketori-no-Okina, les gardes sont aveuglés par une étrange lumière. Kaguya-hime annonce que, bien qu'elle aime ses amis sur Terre, elle doit retourner sur la Lune avec les siens. Elle écrit des mots tristes pleins de regrets à ses parents et à l'empereur, puis donne à ses parents sa robe en souvenir. Elle goûte un peu d'élixir d'immortalité, l'attache à sa lettre à l'empereur, et le donne à un garde. En la lui donnant, on lui met une robe de plumes et toute sa tristesse et sa compassion pour le peuple de la Terre disparaît. Son entourage céleste ramène Kaguya-hime à Tsuki-no-Miyako contre son gré, laissant ses parents adoptifs en pleurs.
Ses parents adoptifs deviennent très tristes et tombent bientôt malades. Le garde retourne chez l'empereur avec les objets que Kaguya-hime lui a laissés dans son dernier acte sur Terre et il raconte ce qui s'est passé. L'empereur lit sa lettre et en est ému. Il demande à ses domestiques quel est le mont le plus près du Ciel ; l'un d'eux répond le Grand Mont de la province de Suruga. L'empereur ordonne à ses hommes d'apporter la lettre au sommet du mont et l'y incinérer, avec l'espoir que son message parviendrait à la princesse lointaine. Les hommes sont aussi chargés de brûler le pot d'élixir d'immortalité parce qu'il ne désire pas vivre éternellement sans pouvoir la voir. La légende dit que le mot pour « immortalité », fushi ou fuji (不死), devint le nom de la montagne, le mont Fuji. Il est dit aussi que les kanji du mont, Fuji-san (富士山), littéralement « montagne abondante en guerriers », dérive de l'armée de l'empereur gravissant le mont pour accomplir ce qu'il avait commandé. Il est dit que la fumée de l'incinération des objets continue aujourd'hui (bien que le mont Fuji ne soit plus aussi actif de nos jours).
Liens littéraires
Ce conte est presque identique à un conte tibétain au nom similaire, et certains chercheurs croient que la légende japonaise peut dériver de la tibétaine, peut-être à travers des contacts anciens avec la Chine. La partie de la légende mentionnant le mont Fuji est toutefois réservée à la version japonaise.
On suggère aussi des liens avec Le Lac des cygnes, probablement dus au fait que Kaguya-hime porte un hagoromo (羽衣, « robe de plumes ») en montant à la Lune. Mais le hagoromo est présent dans d'autres contes, appelés les hagoromo densetsu.
Traductions
Une traduction de cette œuvre a été faite en français par René Sieffert : Le Conte du coupeur de bambous, Editions POF, Collection Tama, 1992, 95 p. (ISBN 2-7169-0286-0) Il existe également une version bilingue annotée du conte Kaguya-hime par Kaeko Murata : La Princesse Kaguya, Editions du Cénacle de France, Collection Bilingue, 2011, 134 p. (ISBN 978-2-916537-06-1)
Dans la culture populaire
Films
- La Princesse de la Lune, un film de Kon Ichikawa datant de 1987.
- Big Bird in Japan, où Big Bird voit une pièce de théâtre interprété par des enfants. La femme qui aide Big Bird tout au long du film s'appelle Kaguya-hime.
- Le Conte de la princesse Kaguya de Isao Takahata, film d'animation du Studio Ghibli, sorti au Japon le [1].
- Dans le film Mes voisins les Yamada de Isao Takahata , la fille de la famille sort d'un bambou.
Ballet
- Kaguyahime the moonprincess, compositeur : Maki Ishii, chorégraphe : Jiří Kylián. Il s'agit d'une association entre un compositeur japonais et un chorégraphe occidental, intriquant les deux cultures.
Anime et manga
- Princesse Sakura, manga de Arina Tanemura.
- Tonikaku Kawaii: Fly Me to the Moon, manga de Kenjiro Hata (personnage secondaire)
- Princesse Kaguya, manga de Shimizu Reiko.
- Planet Ladder (en) de Yuri Narushima (en).
- Please Save My Earth de Saki Hiwatari.
- Dans le second film Inu-Yasha.
- Dans le second film Sailor Moon.
- Dans le tome 11 Sailor Moon.
- Le film Queen Millenia (Princesse Millennium) et la série la Reine du fond des temps de Leiji Matsumoto.
- Dans Nobunaga the Fool (en), le personnage, Jeanne « Kaguya » d'Arc, est une mélange de Jeanne d'arc et de Kaguya, elle arrive dans une étoile, appelée l'étoile de l'est (époque féodale) depuis une autre étoile, appelée l'étoile de l'ouest, (plus médiéval) de cette façon on peut interpréter la légende de Kaguya, où elle vient de la Lune.
- Dans Soul Eater, le manga de Atsushi Ōkubo, Kaguya est l'une des clowns créé par Asura, qui réside sur la lune et qui affrontera les protagonistes dans l'arc final du manga.
- Dans l'univers de Naruto, Kaguya Ôtsutsuki est la première femme à utiliser du chakra, la mère du Sage des six chemins, et l'avant dernier ennemi de Naruto avant de se battre contre Sasuke, l'un des fameux protagonistes de la série.
- Dans la saison 21 de Pokémon, Sacha et les ultra gardiens découvrent une ultra chimère ressemblant et très liée a ce conte Bamboiselle qui souhaite atteindre la lune depuis 200 ans.
- Dans la saison 2 de Kaguya-sama: Love is War, Miyuki, profitant de la pleine lune, fait le rapprochement entre l'histoire du conte et la relation que lui et Kaguya entretiennent.
Jeux vidéo
- Touhou Eiyashou ~ Imperishable Night
- Shin Onigashima
- Lunar: Eternal Blue
- Okami
- Lilpri
- Naruto Shippūden: Ultimate Ninja Storm 4
- Mary Skelter Nightmares : Kaguya est un personnage jouable, extrêmement fainéante.
- Warriors Orochi 3
- Dans la 7e génération de Pokemon, l'Ultra Chimère-Réacteur Bamboiselle (en japonais Tekkaguya), apparaissant dans le jeu Pokémon Lune, est inspirée de ce conte.
Autre
- L'Agence d'exploration aérospatiale japonaise a renommé SELENE, une mission lunaire, en KAGUYA.
Notes et références
Voir aussi
Articles connexes
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « The Tale of the Bamboo Cutter » (voir la liste des auteurs).
- Folklore japonais
- Mythologie japonaise
Bibliographie
- Louis Frédéric, Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Editions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1999, 1470 p, (ISBN 2-221-06764-9)
- (ja) Taketori no Monogatari, University of Virginia Japanese Text Initiative, version publiée par Iwanami Shoten en 1929
- (en) Donald Keene (traducteur), The Tale of the Bamboo Cutter (ISBN 4770023294)
- (ja) Fumiko Enchi, Kaguya-hime (ISBN 4265032826)