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Jules Levallois

Jules Prosper Levallois, nĂ© Ă  Rouen[1] le et mort Ă  Pontaubault le , est un homme de lettres français, secrĂ©taire de Sainte-Beuve de 1855 Ă  1859

Jules Levallois
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de Jules Levallois, Mémoires d’un critique, 1896.
Nom de naissance  
Alias
 
Naissance
Rouen, Drapeau de la France France
Décès
Pontaubault, Drapeau de la France France
Activité principale
Distinctions
Prix Bordin (1876)
Prix Lambert (1883)
Prix Vitet (1898)
Auteur
Langue d’écriture Français
Genres
 

Biographie

Fils d’un des plus brillants avocats du barreau de Rouen, Jules Levallois fit ses Ă©tudes, comme boursier, au Collège royal de Rouen, oĂą il eut pour condisciples toute une plĂ©iade de jeunes Normands qui se sont tous fait un nom. Lui-mĂŞme, dans ses MĂ©moires d’un Critique, a racontĂ© ses annĂ©es d’enfance et rappelĂ© avec intĂ©rĂŞt ses camarades rouennais : le romancier Hector Malot, l’archĂ©ologue LĂ©on Heuzey, le physiologiste Henri Beaunis, l’anatomiste Georges Pouchet, le critique Ernest Chesneau, le gĂ©ographe PĂ©rigot, le poète Eugène Mordret, l’avocat rĂ©publicain Eugène Manchon, qui lui fit connaĂ®tre, au TĂ´t, le journaliste et Ă©crivain Eugène NoĂ«l, pour lequel Jules Levallois conserva, toute sa vie, une longue et profonde amitiĂ©.

Venu Ă  Paris en 1847 comme Ă©tudiant, Levallois fut un auditeur assidu des grands cours de la Sorbonne, oĂą il suivit les dernières confĂ©rences de Michelet, après avoir Ă©tĂ© mĂŞlĂ© aux derniers cĂ©nacles des derniers bohèmes romantiques : GĂ©rard de Nerval et Privat d’Anglemont. Au dĂ©but des annĂ©es 1850, il participa Ă  l'Ă©quipe des rĂ©dacteurs du Dictionnaire universel de Maurice Lachâtre (1854-1856). Il cĂ´toie lĂ  Alfred Delvau, Melvil-Bloncourt, Antonio Watripon, des amis de Baudelaire, Nerval, Privat d'Anglemont. Levallois entra ensuite, grâce Ă  Sainte-Beuve qui voulait lui assurer des revenus plus dĂ©cents, dans la vie littĂ©raire en Ă©crivant divers articles d’archĂ©ologie parisienne au Moniteur universel de Buloz. BientĂ´t après, Levallois remplaça, Ă  26 ans, le poète Octave Lacroix au poste de secrĂ©taire oĂą il aida cet Ă©crivain de tout son talent d’érudit, surtout pour son Histoire de Port-Royal. Levallois a livrĂ© des pages pleines d’intĂ©rĂŞt sur cette vie chez Sainte-Beuve, sur ses secrĂ©taires, entre autres sur l’étrange Nicolardot.

En 1859, Levallois quitta Sainte-Beuve pour entrer à l'Opinion nationale, qui succéda à la Tresse, sous la direction d’un autre Normand, Adolphe Guéroult.

Selon Emile Zola c'était « un critique consciencieux ».

« M. Jules Levallois a longtemps publié dans l'Opinion nationale de longs articles pour lesquels il se donnait un mal infini. Il lisait jusqu'à trois fois les livres dont il avait à parler. Il prenait une quantité de notes, réfléchissait, comparait, consultait ses amis. Et, en fin de compte, il accouchait d'une étude parfaitement honnête, mais parfaitement médiocre. Je n'ai jamais lu d'articles plus lourds, plus indigestes. Ajoutez qu'ils étaient vides. Impossible d'en tirer une idée neuve. Cela se développait gravement; On aurait dit M. Prudhomme tirant de sa poche un mouchoir immense et finissant de se moucher dans un coin, avec majesté. M. Jules Levallois, un excellent homme au fond, combattait par tempérament toutes les tentatives originales. Il représentait la bourgeoisie dans la critique. Et le plus étonnant est que le même homme était un chansonnier fort gai, dont je connais des chansons charmantes[2]. »

Pendant treize ans, Ă  cĂ´tĂ© de son ami Eugène NoĂ«l, qui y publiait ses Lettres rustiques, Levallois y rĂ©digea avec un talent et une sĂ»retĂ© de jugement fort apprĂ©ciĂ©s la Quinzaine littĂ©raire, articles qu’il a recueillis en deux volumes : la Critique militante et la PiĂ©tiĂ© au XIXe siècle. Toujours comme critique littĂ©raire, il collabora ensuite Ă  l’Avenir national de Peyrat, au XIXe siècle d’Edmond About et de Fouquier, et surtout Ă  la Revue bleue, oĂą il donna de fort intĂ©ressants articles. 

D’un esprit vaste et souple, très averti et très judicieux, charmant, fin lettrĂ©, Ă©crivain disert, causeur agrĂ©able, cachant, sous un aspect doux et timide, sous une apparence frĂŞle et dĂ©licate, un caractère très ferme, très libĂ©ral et très droit, Levallois aimait Ă  parcourir avec indĂ©pendance tout le domaine des lettres, passant des Ă©tudes littĂ©raires aux Ă©tudes sociales et traitant avec variĂ©tĂ© les sujets les plus divers. C’est ainsi qu’entre autres ouvrages il a publiĂ© tour Ă  tour, en des genres absolument opposĂ©s, DĂ©isme et Christianisme, les Contemporains chantĂ©s par eux-mĂŞmes, la Petite Bourgeoisie, la Politique du bon sens, les MĂ©moires d’une forĂŞt, puis son Sainte-Beuve et Jean-Jacques Rousseau, dont il Ă©tait un grand admirateur, et qui reste une de ses Ĺ“uvres maĂ®tresses, avec l’AnnĂ©e d’un ermite, assez bizarrement intitulĂ©e. Il revenait souvent Ă  ses Ă©tudes d’art, qui lui furent toujours chères, ainsi qu’à son très ancien ami Alfred Dumesnil, en frĂ©quente correspondance avec lui. De lĂ  ses ouvrages sur les MaĂ®tres italiens en Italie, la Vieille France, Autour de Paris, dont l’un fut couronnĂ© par l’AcadĂ©mie française. Cette mĂŞme distinction accueillit son Corneille inconnu, travail original publiĂ© en 1878, qui augmentait la gloire de ce dramaturge en faisant mieux connaĂ®tre et apprĂ©cier son gĂ©nie au point de vue politique et historique. Un de ses meilleurs ouvrages est ses MĂ©moires d’un critique, oĂą il a rĂ©sumĂ© de façon sincère et attachante, avec son tour d’esprit particulier, tous ses souvenirs sur les littĂ©rateurs qu’il frĂ©quenta, Michelet, Baudelaire, Sainte-Beuve, Barbey d’Aurevilly, les Goncourt, George Sand, Victor Hugo, Gustave Flaubert, qui nourrissaient la plus vive estime pour cet Ă©crivain probe et sincère. Il fut mĂŞme chargĂ© par la veuve de Michelet, qui apprĂ©ciait sa manière, de terminer l’Histoire de France de Michelet, de 1814 Ă  1900.

Sa ville natale, qu’il affectionnait et qu’il avait qualifiĂ©e de « ville-musĂ©e », lui a inspirĂ© quelques heureux passages, notamment une belle page de philosophie historique publiĂ©e en 1860 dans l’Almanach des Normands. Levallois, qui  Ă©tait Ă©galement chansonnier, a composĂ© de 1860 Ă  1895 environ, quantitĂ© de chansons de circonstance, souvent très spirituelles et très amusantes, qu’il chantait lui-mĂŞme fort gentiment, mais qu’il n’a jamais rĂ©uni en volume, Ă  l’exception d’un recueil contenant neuf chansons intitulĂ© les Contemporains chantĂ©s par eux-mĂŞmes. Chansons, Paris, Librairie internationale, Lacroix, Verboeckoven et Cie, 1868, in-18, 34 p. Une de ses chansons[3], qui ne figure pas dans ce recueil a Ă©tĂ© reproduite ou citĂ©e par Hector Malot dans un de ses derniers romans. 

Levallois s’est éteint dans son ermitage de Pontaubault, près d’Avranches, à l’âge de 74 ans.

Notes

  1. Né au domicile de ses parents, no 77 rue des Fossés-Louis-VIII.
  2. Émile Zola, œuvres complètes illustrées,32, Œuvres critiques, Paris : E. Fasquelle, 1906
  3. Peut-être intitulée le Serpent.

Ouvrages

Mémoires d’un critique (1896).
  • Étude de philosophie littĂ©raire, critique militante, 1862 ;
  • La PiĂ©tĂ© au dix-neuvième siècle, 1864 ;
  • DĂ©isme et christianisme, Éd. Germer Baillière, coll. «Bibliothèque de philosophie contemporaine», 1866 ;
  • L’AnnĂ©e d’un ermite, 1870 ;
  • Sainte-Beuve : l’œuvre du poète, la mĂ©thode du critique, l’homme public, l’homme privĂ©, 1872 ;
  • MĂ©moires d’une forĂŞt. Fontainebleau, 1875 ;
  • Corneille inconnu, 1876, couronnĂ© par l’AcadĂ©mie française ;
  • La Vieille France, promenades historiques, 1882 ;
  • Autour de Paris. Promenades historiques, 1883 ;
  • Les MaĂ®tres italiens en Italie, 1885 ;
  • MĂ©moires d’un critique : milieu de siècle. Souvenirs anecdotiques sur J. Michelet, Ch. Baudelaire, Sainte-Beuve, Barbey d’Aurevilly, Jules de Goncourt, George Sand, Edmond About, Victor Hugo, Gustave Flaubert, etc., 1896 Texte en ligne ;
  • Un prĂ©curseur. Senancour : avec des documents inĂ©dits, 1897 Texte en ligne.

Sources

  • Albert Cim, Le Livre, Paris, Flammarion, 1908, p. 313 ;
  • Jules Claretie, Un secrĂ©taire de Sainte-Beuve, le Figaro, ;
  • Amis des monuments rouennais, Bulletin des Amis des monuments rouennais, Rouen, J. Le Cerf, 1904, p. 137-8 ;
  • L’IntermĂ©diaire des chercheurs et curieux, no 1, Paris, Benjamin Duprat, 1903, p. 94.
  • François Gaudin, Maurice Lachâtre (1814-1900), portrait d'un Ă©diteur et lexicographe socialiste, thèse de doctorat, 2 vol., 2004
  • François Gaudin (dir.), Le Monde perdu de Maurice Lachâtre (1814-1900), Paris, Ă©d. HonorĂ© Champion, 2006, 288 p.

Liens externes

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