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Jules Lefèvre-Deumier

Pierre Jules Alexandre Lefèvre-Deumier[1], né le à Paris où il est mort le , est un écrivain et poète français.

Jules Lefèvre-Deumier
Caricature par Nadar (années 1850).
Autres informations
Distinction

Compagnon de route, ami, parfois prĂ©curseur, de Lamartine, Hugo, Vigny, Baudelaire[2], Lefèvre-Deumier, dont Alexandre Soumet a dit hautement qu’il Ă©tait « le plus grand expressionniste de notre Ă©poque », fut, selon certains, un des Ă©crivains les plus Ă©minents, un des poètes les plus remarquables de son Ă©poque, sans avoir obtenu la rĂ©putation qu’il mĂ©ritait[3].

Biographie

Fils de Denis Lefèvre, employĂ© au ministère des Finances sous la Restauration, poète classique et rationaliste, disciple de Parny, raillant le romantisme, Lefèvre avait composĂ©, encore au collège, une tragĂ©die, dont il a publiĂ© quelques fragments, trente ans plus tard, dans son recueil intitulĂ© Ĺ’uvres d’un dĂ©sĹ“uvrĂ©[3]. Il composa ensuite plusieurs autres tragĂ©dies dans le genre romantique, que la nouvelle Ă©cole littĂ©raire nĂ©e avec la Restauration n’avait pas encore inaugurĂ©e sur la scène française[3]. Le chef reconnu de cette Ă©cole, qui comptait tout ce qu’il y avait de jeunesse, de gĂ©nie et d’avenir en littĂ©rature, Ă©tait alors Alexandre Soumet[3]. Lefèvre fut son Ă©lève et ami, et se trouva ainsi engagĂ©, auprès de lui, dans la « croisade Â» du romantisme[3].

Il n’était connu que parmi ses émules et ses amis littéraires, lorsqu’il fit recevoir au Théâtre-Français, sous les auspices de Talma, une tragédie intitulée l’Exilé vengeur, avec Oreste pour héros mais, comme Soumet avait traité à peu près le même sujet dans sa tragédie Clytemnestre, reçue depuis quinze ans mais reléguée dans les cartons du théâtre par les efforts de la faction classique, Lefèvre-Deumier renonça au bénéfice de sa réception et retira sa pièce pour ne pas faire concurrence à son maitre lorsque celle de Soumet fut enfin représentée[3]. L’immense succès de cette tragédie ne fit que l’encourager à poursuivre dans la même voie et il acheva successivement plusieurs tragédies, entre autres les Mexicains et Richard III, qui, reçues avec distinction, n’ont été jamais représentées[3]. Talma n’était plus là pour recommander aux comédiens le coup d’essai de son protégé[3].

Lefèvre jouissait déjà d’une estime générale, comme poète épique et surtout élégiaque, parmi les poètes qui entouraient Soumet, mais ses vers, applaudis dans les soirées romantiques, n’étaient pas arrivés aux oreilles du public, qui, à cette époque, se préoccupait plus de politique que de la révolution littéraire[3]. Malgré ses amitiés et ses relations journalières avec des écrivains monarchiques et religieux, plus ou moins pensionnés par la liste civile, Lefèvre était plus philosophe que chrétien, plus libéral que royaliste, ce qu’il prouva bien en 1825, en faisant paraitre une élégie sur la mort du général Foy, l’un des principaux orateurs du parti libéral sous la Restauration, qui fut louée même dans le Constitutionnel, qui ridiculisait quotidiennement les romantiques[3]. Auparavant, en 1823, il avait publié chez Amyot un poème byronien, le Parricide, relatant la lutte sanglante d'un fils avec l'auteur de ses jours, ouvrage peu fait pour s’attirer les suffrages paternels et où les classiques ne voulurent voir que du mauvais gout, de l’enflure, des incorrections et des négligences[3].

L’un des fondateurs de la Muse française, la revue de l’école romantique où publiaient Victor Hugo, Alfred de Vigny, Émile Deschamps, Charles Nodier, etc., Lefèvre en fut un des rédacteurs les plus fidèles[3]. Il participa également aux Annales romantiques et à d’autres publications collectives de la même école et passa du parti libéral aux royalistes, collaborant officieusement à titre anonyme avec Soumet, dont il exécuta en une nuit le cinquième acte d’une tragédie que celui-ci ne parvenait pas à terminer[3]. En 1828, il publia le Clocher de Saint-Marc, poème qui fut sauvagement attaqué par les classiques et défendu faiblement par les romantiques, où il s’était proposé de suivre Byron, pour la création, le caractère, la pensée de l’ouvrage, et Alexandre Soumet, dont il se croyait élève, pour la forme et la couleur du style[3].

Un premier amour le fit changer tout d’un coup de manière et d’école[3]. Épris d’une belle jeune femme de grande naissance et de grande fortune, Lefèvre se passionna pour la poĂ©sie d’AndrĂ© ChĂ©nier et chanta son aimĂ©e sous le nom de Maria[3]. Lorsque cette femme partit pour l’Italie avec un rival, il se retira du monde et mĂŞme s’éloigna de ses meilleurs amis pour n’être pas distrait de sa douleur amoureuse[3]. Dans cette entremise, la femme qu’il aimait mourut Ă  l’étranger et la rĂ©volution de Juillet survint[3]. Cet Ă©vènement lui donna envie d’aller combattre pour l’indĂ©pendance en Pologne, comme Byron avait combattu pour l’indĂ©pendance grecque[3]. Parti de France, plein d’enthousiasme, avec une troupe de jeunes volontaires, mĂ©decins ou Ă©tudiants en mĂ©decine, qui avaient obtenu, en cette qualitĂ©, des passeports pour se rendre Ă  Varsovie, oĂą le sĂ©vissait le cholĂ©ra, il trouva le passage fermĂ© par le gouvernement prussien, qui les fit interner dans des villes Ă©loignĂ©es de la frontière, en leur annonçant que seuls les mĂ©decins auraient le droit de passer en Pologne[3]. Son frère cadet avait Ă©tĂ© reçu docteur Ă  la facultĂ© de Paris, mais lui-mĂŞme n’avait jamais songĂ© Ă  devenir mĂ©decin[3]. CondamnĂ© Ă  retourner en France ou Ă  demeurer prisonnier en Prusse, sans pouvoir faire un pas vers la Pologne, qui venait d’entreprendre sa lutte dĂ©sespĂ©rĂ©e contre la Russie, il rencontra, dans l’hĂ´tel oĂą il attendait les Ă©vĂ©nements, un mĂ©decin suisse du nom de Kuntzli, envoyĂ© Ă©tudier le cholĂ©ra en Pologne par la facultĂ© de Zurich, et qui Ă©tait retenu en SilĂ©sie par la police prussienne, jusqu’à ce que son diplĂ´me de docteur en mĂ©decine lui eĂ»t permis d’accomplir sa mission[3]. Comme il assurait Ă  Lefèvre que les passeports avant un mois ou six semaines, celui-ci lui avoua ne pas ĂŞtre mĂ©decin et le supplia de lui permettre de l’être : « je ne demande qu’un mois pour me mettre en Ă©tat de passer ma thèse Ă  la facultĂ© de Breslau ; servez-moi de professeur et de rĂ©pĂ©titeur ; dirigez, achevez mes Ă©tudes, je travaillerai le jour et la nuit ; dans un mois, vous dis-je, je veux ĂŞtre reçu docteur[3]. » Le Dr Kuntzli ayant acceptĂ©, il se mit en devoir d’exĂ©cuter son projet, achetant des livres de mĂ©decine et les apprenant par cĹ“ur, et, grâce aux leçons assidues de Kuntzli, Ă  sa persĂ©vĂ©rance et Ă  son intelligence, il fut bientĂ´t capable de passer son premier examen mĂ©dical[3]. Ne se contentant pas du grade d’officier de santĂ©, il poursuivit son but et finit par obtenir, au bout de trois mois d’efforts laborieux, un diplĂ´me de docteur Ă  la facultĂ© de Breslau[3].

Jules Lefèvre-Deumier représenté sur le tableau Andrieux faisant une lecture dans le foyer à la Comédie Française en 1828, François-Joseph Heim, 1847.

Enfin entré en Pologne à la faveur de son titre de médecin, ce ne fut pas pour aller s’enfermer dans les hôpitaux, comme son professeur de médecine, le docteur Kuntzli : Lefèvre s’empressa de s’enrôler sous le drapeau polonais et de courir au champ de bataille, où sa bravoure lui gagna promptement les épaulettes d’officier[3]. Sous les yeux du général Dembiński, qui l’avait choisi comme aide de camp, il fit son apprentissage militaire et reçut plusieurs blessures qui lui valurent la croix de Pologne et plusieurs autres distinctions honorifiques[3]. Il prit part aux principaux faits d’armes de la lutte sanglante de la nation polonaise contre les armées russes[3]. Dans un combat, il fut, une fois, frappé d’un coup de lance en pleine poitrine, mais le coup fut amorti par le manuscrit de ses poésies qu’il portait sous ses habits[3]. Dans une autre rencontre, il fut ramassé au milieu des morts, la tête fendue par un coup de sabre et le flanc déchiré par un éclat d’obus, et emmené, sans connaissance, mais respirant encore, sur un caisson rempli de boulets s’entrechoquant à chaque tour de roue, dans des chemins impraticables dans une ambulance à quinze lieues du champ de bataille[3]. Après avoir failli succomber à une attaque de choléra, il suivit la retraite de l’armée polonaise en Autriche, où il resta prisonnier plus d’un an[3]. Atteint du typhus, dans sa prison, il put enfin mettre son diplôme à profit pour se soigner lui-même ainsi que ses compagnons[3].

Enfin de retour en France, il réunit et publia les vers en tous genres, qu’il avait composés en Pologne, dans un recueil intitulé Confidences, qui ne fut pas lu[3]. Le public avait tout simplement oublié l’auteur du Parricide et du Clocher de St-Marc[3]. Connaissant les langues étrangères, l’anglais, l’allemand, l’italien, le polonais, familier avec les différentes littératures modernes, les sciences naturelles, la philosophie et la métaphysique, Lefèvre décida alors d’effectuer des études poussées, pour rentrer avec éclat dans la littérature[3]. Résolu, presque à contrecœur, à écrire en prose, il publia Sir Lionnel d’Arquenay[4], roman qui ne trouva pas plus de lecteurs que ses Confidences poétiques[3].

En , il Ă©pousa l’arrière-petite-fille de Beaumarchais, AzalaĂŻs Roulleaux du Gage, artiste comme lui, et dont il eut deux fils : Maxime, en 1837, et Lazare Eusèbe, en 1841[3]. Vers la mĂŞme Ă©poque, il commença Ă©galement Ă  se faire appeler « Lefèvre-Deumier Â», par reconnaissance pour une tante qui l’avait fait son lĂ©gataire avec cent mille livres de rente[3]. Devenu riche, il ne fit que consacrer sa richesse aux lettres[3]. InstallĂ© dans un splendide hĂ´tel, place Saint-Georges, il eut un salon littĂ©raire qui rivalisa avec tous ceux que Paris comptait Ă  cette Ă©poque[3]. Ă€ la belle saison, Lefèvre transportait ces rĂ©unions Ă  l’abbaye du Val, près de Pontoise, qu’il avait achetĂ©e pour en faire sa rĂ©sidence d’étĂ©, rĂ©sidence hospitalière oĂą il se plaisait Ă  vivre entourĂ© de poètes et d’amis[3]. C’est lĂ  qu’il Ă©crivit les VĂŞpres de l’Abbaye du Val, qu’il appelait « l’œuvre d’un dĂ©sĹ“uvrĂ© Â», et qu’il attribuait Ă  John Gilchrist[3]. Ce recueil eut encore moins de retentissement que ses romans Sir Lionel d’Arquenay et les Martyrs d’Arezzo[3]. ProfondĂ©ment attristĂ© de ce dĂ©dain, il acheta l’élĂ©gante revue aristocratique l'Artiste, qui s’était crĂ©Ă© un public dans la haute sociĂ©tĂ© française, pour former Ă  son tour un nouveau cĂ©nacle littĂ©raire et se faire une tribune dans la presse pĂ©riodique, mais il eut beau n’épargner ni sa bourse, ni sa plume, ni son influence, pour dĂ©velopper l’action de ce journal dans l’actualitĂ© artistique et littĂ©raire, il ne rĂ©ussit pas davantage Ă  rendre son nom et ses Ĺ“uvres plus populaires[3]. Il se promit dès lors de ne plus Ă©crire que pour son plaisir, et accumula travail sur travail, prose et vers, critique, philosophie, histoire, fantaisie, sans vouloir s’exposer davantage aux dĂ©ceptions de la cĂ©lĂ©britĂ©[3].

Ayant eu l’idĂ©e de se mettre Ă  bâtir une maison magnifique, il fit les plans d’un des plus beaux, des plus somptueux hĂ´tels de Paris, avenue d’Antin, qui n’était pas encore achevĂ©, quand Ă©clata la rĂ©volution de 1848, oĂą il perdit tout Ă  coup une grande partie de sa fortune[3]. Le reste fut Ă  peine suffisant pour payer les frais de construction et de dĂ©coration de son hĂ´tel, car il paya deux fois en se chargeant de rembourser les dettes de ses entrepreneurs[3]. Il fut nĂ©anmoins un des premiers Ă  se ranger parmi les partisans de Louis-NapolĂ©on, dont il avait prĂ©dit l’élection comme prĂ©sident de la Deuxième RĂ©publique : dès que cette Ă©lection fut un fait accompli, il lui adressa une lettre datĂ©e du , pleine des sentiments patriotiques qui lui avaient inspirĂ© autrefois son ode sur la mort de l’empereur[3]. Cette lettre, imprimĂ©e Ă  un petit nombre d’exemplaires, aurait passĂ© inaperçue, si le nouveau prĂ©sident de la rĂ©publique ne l’eĂ»t pas remarquĂ©e entre tous les Ă©crits que son Ă©lection faisait naitre[3]. Louis-NapolĂ©on voulut attacher Ă  sa personne Lefèvre, dont il apprĂ©ciait le caractère et l’intelligence Ă©levĂ©e, en lui permettant de rester poète et de vivre comme auparavant dans la retraite : il le nomma bibliothĂ©caire de l’ElysĂ©e[3]. « Ces fonctions de bibliothĂ©caire particulier, alors que le ministère d’État n’existait pas encore, et Ă  la veille de l’Empire, dit Eugène de Montlaur, avaient une « rĂ©elle importance. Approchant de très près et Ă  toute heure le prince, il fut l’intermĂ©diaire entre le pouvoir qui dispense les bienfaits et les rĂ©compenses et les Ă©crivains dont ces distinctions soulagent les souffrances, ou surexcitent le talent. Dans cette difficile et dĂ©licate mission qui consiste Ă  dĂ©couvrir et Ă  encourager le mĂ©rite, tout en mĂ©nageant les amours-propres si faciles Ă  blesser, il dĂ©ploya un zèle qu’on ne trouva jamais en dĂ©faut. S’il savait par quelques lignes charmantes augmenter le prix d’une lĂ©gitime faveur, il connaissait aussi l’art d’adoucir un refus nĂ©cessaire[3]. »

Se gardant bien de songer Ă  sa propre fortune, Lefèvre ne fut jamais plus dĂ©gagĂ© d’ambition qu’au moment oĂą il aurait pu avancer rapidement dans la carrière des fonctions publiques[3]. Il Ă©tait bibliothĂ©caire du prince, et il ne voulut pas ĂŞtre autre chose ; après avoir fait obtenir la croix de la LĂ©gion d’honneur Ă  une foule de gens de lettres et d’artistes, il ne pensait pas mĂŞme qu’il la mĂ©ritait lui-mĂŞme depuis vingt ans[3]. Il l’accepta presque Ă  regret, quand le prince Louis-NapolĂ©on la lui donna spontanĂ©ment, en lui disant : « Ce n’est qu’un oubli que je rĂ©pare[3]. Â»

Lefèvre avait tourné toute son activité vers ses œuvres littéraires, qu’il semblait ne pas vouloir laisser inachevées[3]. Malgré le serment qu’il s’était fait naguère de ne plus rien publier de son vivant, non seulement il publia coup sur coup plusieurs ouvrages nouveaux, non seulement il fit réimprimer, soigneusement corrigés, ceux de ses anciens ouvrages qu’il jugeait dignes de lui survivre, mais encore il travaillait nuit et jour à différents livres qu’il espérait pouvoir mettre au jour, afin de montrer son talent sous des faces multiples et variées[3]. C’est ainsi qu’il consentit à donner en feuilletons, dans le journal le Pays, une suite de portraits littéraires qui le placèrent au premier rang des critiques, entre Sainte-Beuve et Philarète Chasles[3].

« Ces portraits, qu’il a tracés comme en se jouant, et au courant de la plume, de quelques littérateurs du dernier siècle, ceux surtout de Rivarol, de l’abbé de Berny, de Rulhière et de Bailly, indiquent une plume exercée et un maitre a dans cet art si difficile où tant de peintres, même brillants, ont, échoué[3]. C’était la touche large de Van Dyck et la recherche minutieuse du vieil Holbein[5]. »

Ces esquisses ont Ă©tĂ© rĂ©unies Ă  d’autres Ă©crits inĂ©dits du mĂŞme genre, et publiĂ©es en deux volumes dont l’un est intitulĂ© CĂ©lĂ©britĂ©s d’autrefois, et l’autre, Études biographiques et littĂ©raires[3]. Lefèvre fit paraitre sĂ©parĂ©ment une Ă©tude sur Vittoria Colonna, une des femmes les plus illustres parmi les plus grands poètes de l’Italie du XVIe siècle ; une autre Ă©tude sur le poète danois Adam Gottlob Oehlenschläger[3]. Le Livre du promeneur, qui vit aussi le jour Ă  cette Ă©poque, Ă©tait fait depuis quinze ans ; il fut accueilli avec un empressement et une faveur que l’auteur n’avait pas espĂ©rĂ©s[3]. La plupart des journaux de Paris donnèrent Ă  l’envi des extraits de ce volume, en les accompagnant des Ă©loges les plus flatteurs[3]. Lefèvre semblait se hâter de publier ses ouvrages pressentant sa fin prochaine[3].

La proclamation du Second Empire n’apporta aucun changement dans sa position de bibliothĂ©caire de l’ElysĂ©e, qui conservait la confiance de l’Empereur, qui le chargea spĂ©cialement de mettre en ordre et de publier la collection de ses Ĺ“uvres historiques et politiques, Ă©dition dont il stipula avec le libraire-Ă©diteur, que le produit serait consacrĂ© Ă  soulager la misère des gens de lettres[3]. Le dernier ouvrage qu’il eut encore le temps de publier pour son propre compte et dont un exemplaire, sortant de la presse, lui fut remis la veille de sa mort, Ă©tait un choix de toutes les poĂ©sies qu’il avait Ă©crites au cours de sa vie, et qu’il avait rassemblĂ©es sous le titre du Couvre-feu[6]. La critique accueillit bien ce recueil ; l’adieu suprĂŞme adressĂ© par le poète mourant Ă  ses deux fils fut citĂ© comme un chef-d’œuvre ; mais Lefèvre n’était plus lĂ  pour entendre ce concert unanime d’applaudissements[3]. Depuis quelques annĂ©es, une maladie grave ne lui accordait plus un moment de repos : il Ă©tait attaquĂ© de la pierre[3]. La lithotritie ayant Ă©chouĂ© Ă  le guĂ©rir, il dut se rĂ©signer Ă  subir la terrible opĂ©ration de la taille[3]. Un grand nombre d’écrivains participèrent Ă  ses funĂ©railles[3]. Paul Juillerat (d) Voir avec Reasonator et Émile Deschamps, un des premiers amis de Lefèvre, prononcèrent des discours sur sa tombe[3]. Il a laissĂ© dans son portefeuille un grand nombre d’ouvrages inĂ©dits, achevĂ©s ou inachevĂ©s[3].

Il est le mari de la sculptrice Marie-Louise Lefèvre-Deumier (1812-1877).

Notes et références

  1. Archives de Paris : Paris 1er, acte de décès reconstitué au nom de : Pierre Jules Alexandre Lefèvre
  2. Maria Walecka-Garbalińska, Jules Lefèvre-Deumier (1797-1857) et le mythe romantique du génie, Uppsala, Lennart Carlsson, , 174 p., 24 cm (ISBN 978-91-554-2067-3, lire en ligne), p. 7.
  3. Paul Lacroix, « Jules Lefèvre-Deumier : ouvrage rédigé par une société de gens de lettres », Biographie universelle, ancienne et moderne, Paris, Ernest Desplaces, vol. 23,‎ , p. 593-600 (lire en ligne, consulté le ).
  4. « une merveille qui ne fit pas beaucoup de bruit Ă  « une Ă©poque oĂą, pour intĂ©resser, il fallait de gros talents bĂŞtes. Â» selon Barbey d’Aurevilly.
  5. Eugène de Montlaur, « Écrivains contemporains : J. Le Fèvre Deumier », L’Art en province, Moulins, P.-A. Desrosiers et fils,‎ , p. 25 (OCLC 458136560, lire en ligne [in-12], consulté le ).
  6. « Ce titre, Ă©crit-il dans la prĂ©face du recueil, annonce que la poĂ©sie s’endort. Au bruit peu inspirateur des rĂ©volutions en a succĂ©dĂ© un qui n’est pas plus encourageant pour les poètes : le bruit de l’or qu’on jette et qu’on ramasse au tapis de la Bourse. On ne s’occupe pas plus aujourd’hui qu’hier d’aligner des mots : on s’occupe d’aligner des chiffres qui reprĂ©sentent des Ă©cus. Je ne pense pas que la poĂ©sie meurt, mais je suis persuadĂ© qu’elle s’endort et je n’assisterai pas Ă  son rĂ©veil. Â»

Publications

  • Le Parricide, poème, suivi d’autres poĂ©sies, 1823.
  • Le Clocher de Saint-Marc, poème, suivi d’une ode sur la mort de Bonaparte, et de divers fragments, 1825.
  • Dialogue des vivants, 1828 Texte en ligne sur Gallica.
  • Confidences, 1833.
  • Sir Lionel d’Arquenay, 1834.
  • La RĂ©surrection de Versailles, poème lyrique, 1837.
  • Les Martyrs d’Arezzo, 1839.
  • Ĺ’uvres d’un dĂ©sĹ“uvrĂ©. Les Vespres de l’abbaye Du Val, 1842.
  • Les Vespres de l’Abbaye du Val, 1842.
  • PoĂ©sies par Jules Le Fèvre-Deumier. La CrĂ©dence : l’Herbier ; les Confidences, 1844)
  • Le Livre du promeneur, ou les Mois et les jours, 1854.
  • Études biographiques et littĂ©raires sur quelques cĂ©lĂ©britĂ©s Ă©trangères, par J. Le Fèvre-Deumier. Le cavalier Marino, Anne Radcliffe, Paracelse, JĂ©rĂ´me Vida, 1854.
  • La Pâque fleurie de 1856, poĂ«me lyrique, 1856 Texte en ligne sur Gallica.
  • CĂ©lĂ©britĂ©s d’autrefois, essais biographiques et littĂ©raires, 1856.
  • Vittoria Colonna, 1856.
  • Le Couvre-feu, dernières poĂ©sies, 1857.
  • CĂ©lĂ©britĂ©s françaises, essais biographiques et littĂ©raires, par Jules Le Fèvre-Deumier. Rabelais, Montchrestien, Chapelain, BrĂ©beuf, Scarron, l’abbĂ© Cotin, La Motte-Houdard, Marivaux, Bernis, Thomas, Rulhière, Rivarol, Bailly, l’abbĂ© Maury, JosĂ©phine de Beauharnais, Delatouche, Soumet, 1889.
  • Entretiens sur l’immortalitĂ© de l’âme, 1892.
  • Leçons de littĂ©rature allemande : morceaux choisis des poètes et des prosateurs classĂ©s par genres, avec une table des pièces et des auteurs ; ouvrage prĂ©cĂ©dĂ© d’un coup d’œil sur la littĂ©rature allemande, depuis Luther jusqu’à nos jours, 1893.
  • CĂ©lĂ©britĂ©s allemandes, essais bibliographiques et littĂ©raires, 1894.
  • CĂ©lĂ©britĂ©s italiennes : Vittoria Colonna, JĂ©rĂ´me Vida, Ugo Foscolo, Torquato Tasso, 1894.
  • CĂ©lĂ©britĂ©s anglaises, essais et Ă©tudes biographiques et littĂ©raires : James Thomson, Anne Radcliffe, George Psalmanazar, Elisabeth Landon, Christopher North, 1895.
  • Critique littĂ©raire (1825-1845), 1896.
  • Études politiques, 1897.

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