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Journalisme de préfecture

Le journalisme de préfecture[1] - [2] désigne des pratiques médiatiques qui conduisent à diffuser sans recul, par complaisance, par complicité, par parti pris politique ou rédactionnel, les éléments de langage des autorités politiques et de leurs relais institutionnels (préfectures, police, justice...). L'intérêt des autorités politiques est d'assurer une cohérence entre les différents discours qui émanent des cercles du pouvoir, au-delà de son porte-parole officiel.

Le terme est notamment employé en France par Acrimed[3] - [4], Le Média [5], Arrêt sur images[2], Blast[6] ou encore Basta ![7]

Pauline Perrenot[8] estime qu'en France, ce type de journalisme s'est répandu à partir de l'élection d'Emmanuel Macron en 2017[9] - [10].

Traitement des violences policières en France

Réaction de sociétés de journalistes

Certaines sociétés de journalistes publient des communiqués pour dénoncer le « soin tout particulier des consignes de leurs directions[11] pour éviter d'évoquer les violences policières » (SDJ de France 3, rédaction nationale)[12] ou « la publication très marginale dans le journal papier d’articles consacrés aux violences des forces de l’ordre à l’égard des manifestants et des journalistes »(syndicat SGJ-FO du journal Le Parisien)[13].

Registre lexical et éléments de langages policiers dans le traitement journalistique

Dans la rédaction de BFMTV[5], des consignes officielles interdisent aux journalistes le terme violences policières[14], « politiquement connoté », et préconisent des éléments de langage du type dérapages (utilisée notamment au sujet de la Brigade de répression de l'action violente motorisée, brigade de policiers à moto accablée notamment par un enregistrement[15]) ou accusations de violences policières .

Le matraquage de manifestants plaqués au sol peut être rebaptisé intervention musclée, Lorsqu’ils chargent, les policiers ne font qu’aller au contact pour disperser. Le sur-déploiement anxiogène est baptisé maintien de l’ordre mieux maîtrisé (Le parisien) [16]. On remarque que les tirs de LBD, de grenades lacrymogènes, de désencerclement, l’usage de camion avec des lance à eau très haute pression ne sont jamais décrits comme des actes de violence , mais présentés ostensiblement et avec insistance comme des répliques. La reprise du lexique policier est un des marqueur du journalisme de Préfecture. On le retrouve en force au moment de la manifestation de Sainte Soline en mars 2023 [17]. Le registre lexical du maintien de l’ordre journalistique est déployé pour légitimer la répression des manifestants.

Notes et références

  1. Frédéric Lemaire, Pauline Perrenot, « Médias et violences policières : aux sources du « journalisme de préfecture » », Acrimed,
  2. Pauline Bock, « Passagère tuée par la police : le "journalisme de préfecture " à l'oeuvre », Arrêt sur images,
  3. Acrimed, « Des mots médiatiques qui parlent de la justice », Délibérée, no 9,‎ , p. 28-34 (DOI 10.3917/delib.009.0028, lire en ligne)
  4. Mathieu Burgalassi, « L’impossible vérité. Repenser les Fake News à partir du terrain survivaliste », Études de communication. langages, information, médiations, no 53,‎ , p. 121–136 (ISSN 1270-6841, DOI 10.4000/edc.9409, lire en ligne, consulté le )
  5. Théophile Kouamouo, « BFM, RTL, France Info: dernières nouvelles du journalisme de préfecture », Le Média,
  6. Soumaya Benaissa, « concentration des media, journalismes de cour, de classe, de préfecture », blast-info.fr,
  7. « Journalisme de préfecture : quand les médias légitiment la répression », basta.media,
  8. « Pauline Perrenot sur Le Monde diplomatique », Le Monde diplomatique,
  9. « Les médias dominants à la botte du pouvoir », BLAST, Le souffle de l'info,
  10. Pauline Perrenot, Les médias contre la gauche, Agone, (ISBN 978-2-7489-0518-2, lire en ligne)
  11. Sarah Brethes, Marine Turchi, « Mouvement social et violences policières : des journalistes s’indignent des consignes de leur directions », mediapart,
  12. « Retraites : ces journalistes de France 3 dénoncent le « mauvais traitement » de la réforme dans leurs JT », www.huffingtonpost.fr,
  13. Maxime Friot, « Réforme des retraites : quand la critique des médias vient des rédactions », Acrimed,
  14. Sarah Brethes, Marine Turchi, « Chez BFMTV, le terme violences policières est officiellement proscrit par la direction car « politiquement connoté », », mediapart,
  15. Agence France-Presse, « Enregistrement sonore: les policiers mis en cause formellement identifiés comme membres de la BRAV-M », mediapart,
  16. Benoît Hasse et Nicolas Jacquard, « Acte 19 des Gilets jaunes : un maintien de l’ordre mieux maîtrisé », leparisien.fr,
  17. Pauline Perrenot, « Sainte-Soline et méga-bassines : sur BFM-TV, la police fait l’information »,

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