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John Redmond

John Edward Redmond, né le dans le comté de Wexford en Irlande et mort le à Londres[1] - [2], est un homme politique britannique. Chef du Parti parlementaire irlandais de 1900 jusqu'à sa mort, il fait campagne pour la Home Rule, l'autonomie de l'Irlande au sein du Royaume-Uni, et est une figure majeure de la vie politique britannique au début du XXe siècle. Militant pour l'autonomie irlandaise par la voie pacifique et parlementaire, il obtient du Parlement britannique l'octroi de la Home Rule en 1914, mais est dépassé en 1916 par les nationalistes radicaux qui optent pour une guerre d'indépendance.

John Redmond
Illustration.
Fonctions
Chef du Parti parlementaire irlandais
–
Prédécesseur Charles Stewart Parnell
Successeur John Dillon
Député de New Ross à la Chambre des communes
–
Prédécesseur Joseph Foley
Successeur siège aboli
Député de Wexford-nord à la Chambre des communes
–
Prédécesseur siège créé
Successeur Thomas Healy
Député de Waterford à la Chambre des communes
–
Prédécesseur Richard Power
Successeur William Redmond
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ballytrent House, comté de Wexford, Irlande
Date de décès
Lieu de décès Londres
Nationalité britannique
Parti politique Parti parlementaire irlandais
Conjoint Joanna Dalton, puis
Ada Beazley
Enfants trois, dont William
Diplômé de Trinity College, Dublin
Religion catholicisme

Biographie

Entrée en politique

Il naît à Ballytrent House, la demeure rurale familiale des Redmond, dans le comté de Wexford dans le sud-est de l'Irlande. Son père, William Archer Redmond, est issu de la gentry (noblesse non-titrée) catholique irlandaise, et est député de Wexford à la Chambre des communes du Royaume-Uni dans les années 1870, représentant la Ligue pour l'autonomie (Home Rule League). Sa mère Mary, à l'inverse, est protestante et unioniste, et ne partagera jamais les opinions politiques de son époux puis de ses fils. John est éduqué dans une école jésuite, puis étudie le droit au Trinity College de Dublin, où il est l'un des rares étudiants catholiques. Il abandonne ses études en 1876 sans avoir obtenu de diplôme et accompagne son père à Londres, devenant son assistant administratif au Parlement britannique[3] - [1].

Il entre à son tour en politique en étant élu député de New Ross en 1881, à tout juste vingt-quatre ans et avec le soutien de Charles Stewart Parnell, la grande figure du nationalisme irlandais. Il entre ainsi à la Chambre des communes britannique quelques mois après la mort de son père. Proche du Parti libéral, il est favorable à l'impérialisme britannique à travers le monde, mais souhaite que l'Irlande ait une place importante dans la direction des affaires de l'Empire. Outre l'autonomie de l'Irlande au sein du Royaume-Uni, il mène également campagne pour la restitution de terres irlandaises aliénées au profit de grands propriétaires anglais ou écossais, mais sans souhaiter l'expulsion de ces derniers. En 1882 il visite longuement l'Australie, pour y collecter des fonds auprès d'émigrés irlandais, en faveur de la campagne pour l'autonomie de l'Irlande. En septembre il y épouse Joanna Dalton, sont il aura un fils et deux filles. Le couple visite ensuite la Nouvelle-Zélande puis les États-Unis, y collectant là aussi des fonds[2] - [1] - [4].

Caricature de John Redmond dans Vanity Fair en 1904.

Il devient le whip du Parti parlementaire irlandais Ă  la Chambre des communes, chargĂ© de maintenir l'autoritĂ© du parti parmi les dĂ©putĂ©s le reprĂ©sentant. Dans le mĂŞme temps, il reprend et complète ses Ă©tudes de droit Ă  King's Inns Ă  Dublin et est appelĂ© au barreau en 1887 ; il ne deviendra toutefois jamais avocat. En 1890, le parti se dĂ©chire après la rĂ©vĂ©lation du divorce et de la relation extra-conjugale de son chef Charles Parnell, qui font scandale dans la sociĂ©tĂ© victorienne. John Redmond et une minoritĂ© des dĂ©putĂ©s du parti lui demeurent fidèles. Ă€ la mort de Charles Parnell en 1891, Redmond prend la tĂŞte du groupe de dĂ©putĂ©s « parnellites Â» Ă  la Chambre. Soutenant les LibĂ©raux, il obtient la restitution de terres aliĂ©nĂ©es en Irlande. En 1900, il devient prĂ©sident du Parti parlementaire irlandais (PPI) rĂ©unifiĂ©[3] - [1] - [5] - [6].

Chef du Parti irlandais

Les Ă©lections lĂ©gislatives de dĂ©cembre 1910 produisent un parlement sans majoritĂ© oĂą le PPI dĂ©tient 74 sièges, demeurant la troisième force politique Ă  la Chambre. Herbert Asquith, le chef du Parti libĂ©ral, ne peut former un gouvernement qu'avec le soutien sans participation du PPI. En Ă©change de ce soutien, John Redmond obtient l'introduction Ă  la Chambre en 1912 d'un projet de loi d'autonomie pour l'Irlande. Le projet est compliquĂ© par la forte opposition qu'il gĂ©nère parmi les unionistes de la province d'Ulster dans le nord de l'Irlande, très attachĂ©s au maintien de l'autoritĂ© britannique sur l'Ă®le. Herbert Asquith propose la division de l'Irlande entre nord et sud, et l'application de l'autonomie pour le sud uniquement, idĂ©e Ă  laquelle John Redmond s'oppose « avec vĂ©hĂ©mence Â». Il explique : « Les nationalistes irlandais ne pourront jamais consentir Ă  la mutilation de la nation irlandaise. La thĂ©orie des deux nations [nord et sud] est pour nous une abomination et un blasphème Â»[3].

John Redmond vers 1916.

Approuvé finalement par la Chambre des communes, le projet de loi d'autonomie est promulgué en 1914, son adoption ayant été retardée par l'hostilité de la majorité conservatrice à la Chambre des lords. Les tensions en Irlande sont fortes. Les unionistes ont créé en 1912 la Force volontaire de l'Ulster, milice prête à lutter par les armes contre l'introduction dans l'Ulster d'une autonomie irlandaise dirigée depuis Dublin. En réponse, certains nationalistes irlandais se radicalisent et ont formé en 1913 la milice des Volontaires irlandais. En , le roi George V tente une médiation entre les nationalistes de John Redmond et les unionistes d'Edward Carson au palais de Buckingham, sans succès. Redmond est prêt à concéder que l'autonomie ne s'applique pas immédiatement à certains comtés du nord-est à majorité unioniste, mais les unionistes réclament que la totalité de l'Ulster soit séparée d'une Irlande autonome. La crainte demeure que l'autonomie débouche sur une guerre civile dans l'Ulster[3] - [2].

Après promulgation par le roi le , la mise en Ĺ“uvre de la loi d'autonomie est retardĂ©e lorsqu'Ă©clate la Première Guerre mondiale. Chacun espère que la guerre sera courte et John Redmond, considĂ©rĂ© dĂ©sormais comme un hĂ©ros en Irlande, et chef du principal parti politique d'Irlande, espère devenir le chef du nouveau gouvernement autonome irlandais. Il appelle les Irlandais Ă  s'engager dans l'armĂ©e britannique et Ă  dĂ©montrer leur loyautĂ© au Royaume-Uni. Son fils William et son frère cadet Willie, dĂ©putĂ©s comme lui, deviennent tous deux officiers dans le RĂ©giment royal irlandais et sont dĂ©ployĂ©s au front en Europe ; Willie sera tuĂ© au combat en Flandre en 1917. « Sa dignitĂ©, sa modĂ©ration [...] et son rejet total de la violence Â» signifient que John Redmond est pris de court par l'insurrection de Pâques en , soulèvement orchestrĂ© Ă  Dublin par une minoritĂ© de nationalistes violents qui proclament l'indĂ©pendance totale et unilatĂ©rale de l'Irlande. ChoquĂ© par la brutalitĂ© des rebelles et par leur acte de trahison envers le Royaume-Uni en pleine Première Guerre mondiale, John Redmond apporte son soutien Ă  la rĂ©pression britannique Ă  leur encontre ; les meneurs du soulèvement sont exĂ©cutĂ©s[3] - [4] - [1] - [7] - [8].

Après 1916

De nombreux Irlandais, toutefois, ont Ă©tĂ© choquĂ©s Ă  leur tour par cette rĂ©pression, et John Redmond se trouve en dĂ©calage avec l'opinion publique irlandaise. Le PPI recule dans l'opinion au profit du Sinn FĂ©in, parti nationaliste radical qui soutient la lutte armĂ©e pour une indĂ©pendance unilatĂ©rale. John Redmond, qui demeure partisan d'une autonomie paisible au sein du Royaume-Uni, dĂ©nonce le risque d'une spirale de violence « oĂą toute canaille qui souhaitera commettre un outrage se dira simplement soutien du Sinn FĂ©in, et obtiendra ainsi la sympathie d'une foule irraisonnĂ©e Â». En , le Premier ministre britannique David Lloyd George lui propose la tenue d'une Convention irlandaise oĂą les Irlandais pourraient dĂ©battre librement de l'avenir de leur pays. John Redmond accepte, et la Convention se rĂ©unit en juillet. Elle rassemble de multiples partis politiques, dont le PPI et les unionistes, mais est boycottĂ©e par le Sinn FĂ©in. Redmond tente une dernière fois d'y promouvoir son modèle de Home Rule, d'autonomie sans rupture avec le Royaume-Uni. Mais au cours des mois qui suivent, la Convention est empĂŞtrĂ©e par ses dĂ©saccords internes[3].

DĂ©jĂ  malade, il est agressĂ© dans la rue par de jeunes membres du Sinn FĂ©in. DĂ©couragĂ© par ce qu'il perçoit comme « l'effondrement du travail de toute sa vie Â», il se retire de la convention en , et meurt deux mois plus tard, Ă  l'âge de 61 ans, après une opĂ©ration mĂ©dicale contre sa lithiase biliaire. Ainsi il n'est pas le tĂ©moin de la victoire Ă©crasante du Sinn FĂ©in et de la dĂ©route du PPI aux Ă©lections lĂ©gislatives en dĂ©cembre, ni de l'Ă©clatement de la guerre d'indĂ©pendance irlandaise en [4] - [2] - [3]. Son fils William lui succède comme dĂ©putĂ© de Waterford Ă  la Chambre des communes, refusant de siĂ©ger au Dáil Éireann, le nouveau Parlement irlandais sĂ©cessionniste[9].

Bibliographie

  • Jules Fromelles, La Croix de Redmond, Lille : Editions Casterman, s.d., 72 p.

Références

Liens externes

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