Jocelyne PĂ©rard
Jocelyne Pérard, née Jocelyne Tournier à Couternon le , est une géographe française. Ses travaux portent sur la climatologie tropicale, avant de se consacrer au lien entre vin et climat dans un contexte de changement climatique. Présidente de l'université de Bourgogne de 1993 à 1998, elle s'est investie politiquement dans le développement culturel du vin à Dijon. Son travail et son engagement sont récompensés de nombreuses distinctions.
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Jocelyne Paulette Louise Tournier |
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Biographie
Jocelyne Tournier naît en 1940 à Couternon[1] - [2]. Ses parents sont d'origine modeste, sa mère est femme de ménage à l'université de Dijon et ses grands-parents sont paysans, milieu qui est selon elle à l'origine de sa sensibilité au terroir et à la nature[3]. Alors qu'elle souhaite devenir archéologue, n'ayant pas appris le grec, elle se tourne vers la géographie[4]. Elle étudie à l'université de Bourgogne où elle obtient en 1962 le prix de la meilleure étudiante de géographie[5]. En 1963, son diplôme d'études supérieures porte sur la « Commercialisation des produits laitiers dans la région dijonnaise »[6]. Agrégée de géographie, elle part enseigner au lycée à Pointe-à -Pitre, en Guadeloupe, ce qui la conduit à se passionner pour le climat tropical[3].
Elle soutient son doctorat en 1984 avec pour sujet « Recherches sur les climats de l'archipel malais : les Philippines » sous la direction du climatologue Pierre Pagney[7]. À l'époque, il n'existe pas de bases de données climatologiques, ce qui la conduit à des terrains difficiles à Manille et à Cotonou pour la réaliser[3].
C'est avec son directeur de thèse qu'elle est à l'initiative du Centre de Recherche de Climatologie du CNRS de l'université de Bourgogne, très actif en France dans sa discipline, qu'elle dirige un temps[8] - [4]. À la fin de sa carrière, elle est professeure de géographie à l'université de Bourgogne[9]. Elle mentionne avec humour en 2019 que voulant être vigneronne, elle est devenue universitaire, l'université de Dijon possédant un vignoble à Marsannay-la-Côte[10].
Jocelyne Pérard crée en neuf mois, puis fait homologuer en 2007 la chaire Unesco « Culture et traditions du vin » de l'université de Bourgogne, la quatorzième en France, mais originale au niveau international par l'unicité de son sujet, le vin étant réparti sur tout le globe[11] - [12] - [13]. La chaire étudie toute la chaîne du vin, de la vigne à la dégustation, dans une perspective pluridisciplinaire[14]. Cette chaire permet des échanges universitaires et des collaborations dans le monde entier dans la recherche autour du vin[11]. Elle en est responsable jusqu'en 2022[7] - [9] - [15] - [16]. L'Unesco ne renouvelle pas cette chaire en 2023[17].
En 2015, elle est professeure émérite[18].
Travaux
Les recherches de Jocelyne Pérard portent dans un premier temps sur la climatologie tropicale[19] - [20]. Elle travaille durant sa thèse sur les interactions entre la colonne d'air et l'eau aux Philippines, avec une remontée d'eau sur l'île de Luçon qui conduit à une sécheresse hivernale sur le littoral[21].
Œnophile[14], elle s'intéresse ensuite aux conditions climatiques permettant la viticulture, étudiant sa faisabilité dans des pays comme le Viêt Nam où la mousson n'est pas favorable à son développement[22]. Elle se spécialise dans la relation entre vin et climatologie, notamment dans le contexte des changements globaux[23]. Les plantes, et donc la vigne, sont un indice d'augmentation des températures[22]. Elle étudie l'évolution de la vigne avec le changement climatique, les modifications à y apporter, dans l'exploitation (arrêt des feux) ou la préservation de l'environnement, par exemple en optimisant le transport[22]. Elle fait remonter les premières mentions d'avancement de la véraison du pinot noir dès 1996[24]. Elle montre que la canicule de 2003 a eu des conséquences positives sur les vendanges avec un excellent millésime[25]. Elle note aussi que ces vendanges ont également eu un impact dans la hiérarchie des appellations, les plus modestes étant devenues d'une meilleure qualité[24]. Ses recherches estiment que jusqu'à 2030, les vendanges pourraient être bonnes mais de quantité plus faible, mais avec une moindre typicité, à condition qu'il n'y ait pas de phénomènes météorologiques exceptionnels comme les sécheresses ou les épisodes de grêle[24] - [25]. Ces derniers entraînent des maladies et des moisissures préjudiciables à la qualité du vin[22].
Politique
Présidence de l'université de Bourgogne
Jocelyne Pérard est élue présidente de l'université de Bourgogne de 1993 à 1998[26] - [27] - [28]. Elle ne souhaitait pas être élue, « Ça s'est fait comme ça », et est à l'époque l'une des trois femmes présidentes d'université en France[4]. Son mandat est marqué par les réformes de l'enseignement supérieur, la réforme Bayrou sur les examens, et par les changements de politiques des universités régionales[29] - [30] - [31].
Investissement dans la vie culturelle dijonnaise
En 2003, elle est vice-présidente du Conseil de l'Université des Nations unies, réseau international d'enseignement supérieur, par exemple sur le vin[32]. C'est dans ce contexte que lui vient l'idée de créer une chaire UNESCO[10].
En 2006, elle est la première femme à présider une séance de tastevinage[24].
En 2014, elle dirige le volet scientifique du dossier des climats du vignoble de Bourgogne (en) au patrimoine mondial de l'UNESCO[33].
En 2017, elle s'implique dans la création de la Cité de la gastronomie et du vin comme co-présidente du projet[34].
Elle fait partie du groupe de travail sur le changement climatique de l'Organisation internationale de la vigne et du vin[35]. Elle s'implique dans la candidature de Dijon pour le siège de l'Organisation Internationale du Vin[35] - [36].
Elle fait partie du Comité scientifique et culturel de la Cité du Vin de Bordeaux[37].
Hommages et distinctions
- Docteur honoris causa de l'université Johannes-Gutenberg de Mayence[38]
- Médaille d’honneur de la ville de Couternon[2]
- Prix de l'Organisation internationale de la vigne et du vin pour Vin et Gastronomie. Regards croisés[39]
- Commandeur de la Confrérie des chevaliers du Tastevin
- Commandeur de l'ordre des Palmes académiques
- Commandeur de l'ordre national du MĂ©rite en 2015[40]
- Officier de la LĂ©gion d'honneur en 2009[41] - [42] et chevalier de la LĂ©gion d'honneur en 1997[43]
Publications
Ouvrages
- Jocelyne Pérard et Olivier Jacquet, Vin et gastronomie : regards croisés, (ISBN 978-2-36441-307-8 et 2-36441-307-9, OCLC 1104227773).
- Maryvonne Perrot et Jocelyne Pérard, L'homme et l'environnement : histoire des grandes peurs et géographie des catastrophes : Actes du colloque organisé à Dijon du 16 au 18 novembre 2000, Université de Bourgogne, (ISBN 2-906645-43-5 et 978-2-906645-43-1, OCLC 470415654).
- Jocelyne PĂ©rard et Pierre Escourrou, Climats et climatologie : Volume d'hommage offert au Professeur Pierre Pagney, , 537 p. (ISBN 978-2950276902).
- Gérard Beltrando, Malika Hélène Madelin, Hervé Quenol et Association internationale de climatologie, Les risques liés au temps et au climat actes du colloque d'Epernay, Maison Moët et Chandon, 6-9 septembre 2006, Prodig, cop. 2006 (ISBN 2-901560-70-9 et 978-2-901560-70-8, OCLC 493677707).
Articles
- D. Yacono et Jocelyne Perard, « Pluviosité et régimes pluviométriques à Sumatra », Bulletin de l'Association de Géographes Français, vol. 55, no 456,‎ , p. 329–338 (DOI 10.3406/bagf.1978.5056, lire en ligne, consulté le ).
- Benjamin Bois et Jocelyne Pérard, « Climat et viticulture au Vietnam : évaluation et perspectives », Climatologie, vol. 6,‎ , p. 75–89 (ISSN 1996-3041 et 2413-5380, DOI 10.4267/climatologie.525, lire en ligne, consulté le ).
- Jocelyne Pérard, « Remarques sur l'existence probable de remontées d'eau profonde en mer de Chine méridionale, près des côtes de Luçon », Norois, vol. 116, no 1,‎ , p. 519–526 (DOI 10.3406/noroi.1982.4068, lire en ligne, consulté le ).
- Martine Tabeaud et Jocelyne Perard, « Pourquoi l’AFDG est-elle trop souvent perçue par les géographes physiciens comme une Association de Développement (voire de Défense) de la Géographie humaine ? », Géographes associés, vol. 11, no 1,‎ , p. 13–14 (DOI 10.3406/geoas.1992.1796, lire en ligne, consulté le ).
Préfaces
- Serge Wolikow, Olivier Jacquet et Jocelyne Pérard (préf. Jocelyne Pérard), Bourgogne(s) Viticole(s) : enjeux et perspectives historiques d'un territoire, (ISBN 978-2-36441-263-7 et 2-36441-263-3, OCLC 1039711985).
- Olivier Jacquet et Jacques Gautier (préf. Jocelyne Pérard), Quel avenir pour les appellations d'origine ? : histoire de la labellisation des produits des terroirs, (ISBN 978-2-36441-399-3 et 2-36441-399-0, OCLC 1250315941).
Références
- « Notice de personne : Jocelyne Pérard » , sur BNF.
- « Couternon. Trois personnalités ont reçu la médaille d’honneur de la Ville », sur www.bienpublic.com (consulté le ).
- « Jocelyne Pérard, du climat aux climats », Le grand Dijon, no 33,‎ , p. 24.
- Frank Mauerhan, « La dame de Bourgogne », Le Point, no 1282,‎ , p. 18.
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- « ID REF ».
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- « Persönlichkeiten der JGU | ÜBER DIE JGU », sur universitaet.uni-mainz.de (consulté le ).
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- DĂ©cret du 20 novembre 2015 portant promotion et nomination.
- DĂ©cret du 13 juillet 2009 portant promotion et nomination.
- « Légion d'honneur. Préfecture Diplômés dans l'ordre de la Légion d'Honneur », sur www.bienpublic.com (consulté le ).
- DĂ©cret du 28 mars 1997 portant promotion et nomination.
Voir aussi
Bibliographie
- Mona Lalbat, Tout savoir sur... Les femmes et le vin, Editions Kawa, (ISBN 978-2-36778-012-2, lire en ligne).
Liens externes
- Ressource relative Ă la recherche :
- « Jocelyne Pérard, du climat aux climats », Le Grand Dijon, no 33,‎ , p. 24 (lire en ligne [PDF]).