Joannis de Suhigaraychipy
Joannis de Suhigaraychipy, dit Coursic, dit Croisic, né vers à Hendaye[3] et mort au large de Terre-Neuve le [4], est un marin et corsaire français ayant servi sous Louis XIV[5].
Joannis de Suhigaraychipy | ||
Joannis de Suhigaraychipy, "corsaire du Roy", dessiné par Pablo Tillac (gravure, 1946)[2] | ||
Surnom | Coursic, Croisic, Croisicq | |
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Naissance | v. 1643 Ă Hendaye |
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Décès | (à ~51 ans) à Terre-Neuve |
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Origine | Français | |
Allégeance | Royaume de France | |
Arme | Corsaire | |
Grade | Capitaine | |
Années de service | 1689 – 1694 | |
Commandement | Saint-Louis, Saint-Laurent-de-Gramont, Saint-Jean-de-Gramont, La Légère (1690 - janvier 1693), Le Mignon (mars 1693 - juin 1693), l’Aigle (27 juin 1693 - septembre 1694). |
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Conflits | Guerre de la Ligue d'Augsbourg | |
Biographie
Un capitaine de baleinier devenu corsaire
Avant de devenir le corsaire le plus célèbre du Labourd, Joannis de Suhigaraychipy débuta comme marin à Hendaye, à la suite de son père, à bord de baleiniers partant pêcher dans l'Atlantique Nord. Entre 1682 et 1690, il commanda plusieurs navires croisant en mer de Norvège : le Saint-Martin de Bayonne ; le Saint-Michel de Socoa ; le Saint-Pierre de Bayonne ; le Saint-Louis de Brest[6]. Dans le contexte de la guerre de la Ligue d'Augsbourg, les navires effectuant des pêches lointaines avaient reçu l'autorisation royale d'être armés avec des canons et de capturer des bâtiments ennemis, civils ou militaires. La capitaine Suhigaraychipy commença donc à multiplier les prises. Mais c'est à partir de qu'il reçoit pour la première fois le commandement d'un navire corsaire, autorisé par le roi à défendre les côtes du royaume et à courir sur les navires ennemis : le Saint-Laurent-de-Gramont, nommé ainsi d'après son principal armateur, le duc Antoine-Charles de Gramont, pair de France, conjointement avec Claude-Louis de Laboulaye, commissaire ordinaire de la Marine à Bayonne[7]. Il continua, un mois plus tard, sur le Saint-Jean-de-Gramont. C'est durant cette période qu'il commence à être surnommé Coursic ou Croisic[7]. Le gouverneur de Bayonne de l'époque, le duc de Gramont, fut l'un des nombreux armateurs de plusieurs des navires dont il reçut le commandement, dont la frégate « La Légère » (24 canons) avec laquelle il réalisa ses courses les plus fructueuses, à partir de 1690[8].
Principaux faits d'armes
- : prise du Saint-Antoine-de-Padoue de Saint-Jean-de-Luz revenant de Terre-Neuve et transportant un chargement de morue, pensant probablement qu'il appartenait à des armateurs espagnols. Il demande au Conseil d'État de pouvoir revendre un quart du navire[9].
- : capture d'une flûte hollandaise, malgré une importante escorte[5].
- : il capture un Espagnol de qualité, nommé le marquis de Tabernica de los Valles. À la même période, il attaque un village espagnol lui refusant des vivres, et le pille[5].
- : commandant la frégate La Légère à hauteur de Santoña, il attaque et capture un vaisseau hollandais de 36 canons et 100 hommes d'équipage qui était chargé de cordages, de voiles, de mâts, poudres et munitions destinés à la construction du futur navire amiral de la flotte d'Espagne[10]. Il est blessé à l'épaule[5].
- : sortant de l'embouchure de l'Adour, il est attaqué par un vaisseau anglais, la Princesse, de 64 canons et 120 hommes d'équipage. Il riposte et remporte la victoire après sept heures de combat naval, sous les yeux de la population bayonnaise massée à Boucau. La cargaison du navire anglais, composée de munitions, devait être acheminée à Rochefort[11]. Cette prise lui valut de recevoir de la part du roi un brevet de capitaine de frégate légère[12].
- , au commandement de la Légère et en compagnie de Pernauton de Bereau, commandant la Fidèle, il reprend deux vaisseaux français nommés la Ste Anne et le St Pierre[13].
- : au commandement de la Légère et en compagnie d'Antoine d'Urtubie, commandant l’Aigle, il capture le Lion Retably, du port de Flessingue[13].
- : il prend le commandement du vaisseau du Roi nommé le Mignon[13].
- : au commandement du Mignon, il capture le Patriarche Abraham, du port de Dantzig. Et en compagnie de Louis de Harismendy, commandant l’Aigle, il capture le Clare de pierre, du port de Dantzig[13].
- : ayant chassé des navires français, par erreur, il est interdit de commandement sur les navires du Roi. Il reprend donc le commandement de la Légère et capture le St Jean Baptiste portant pavillon portugais[13].
- : toujours au commandement de la Légère, il capture le Succès, du port de Barnstable[13].
- : il est finalement pardonné pour son erreur du mois d'avril dernier et reçoit la permission de commander et armer en guerre la frégate du Roi nommée l’Aigle[13].
- : il participe à une expédition commandée par Antoine d'Arcy de la Varenne au Spitzberg. Commandant de l’Aigle, navire du Roi, et accompagné de Louis de Harismendy qui commande le Favory, malgré l'infériorité numérique, il détruit ou capture de nombreux bateaux de pêche hollandais dans l'actuelle baie de Sorgfjorden[14] (Baie aux Ours[15]).
- : de retour du Groenland, toujours au commandement de l’Aigle et en compagnie de Harismendy, commandant le Favory, il capture la Notre Dame des Carmes du port de Gennes[13].
- : au commandement de l’Aigle, il reprend la barque française nommée le Saint Bernard[13].
- : au commandement de l’Aigle, il capture la Notre Dame du Rosaire[13].
- : il reçoit l'ordre de commander la frégate nommée l’Aigle que le Roi fait armer en course à Bayonne[13].
- , au commandement de la frégate du Roi nommée l’Aigle, il fait partie de l'escadre du capitaine Saint Clair qui a pour mission d'interrompre le commerce de la pêche à la morue sur le Grand Banc de Terre-Neuve[13].
- En , l'escadre de Saint Clair attaque les Anglais dans la baie du Forillon (Ferryland) sur la côte est de Terre-Neuve. Ce fut un fiasco pour les Français. L’Aigle s'échoue, Coursic est blessé à mort, les marins de l'Aigle ne répondent plus aux ordres du Capitaine Duvignau remplaçant Coursic. Finalement, après huit heures de combat, l’Aigle est remis à flot et remorqué par le Favory, l'ensemble de l'escadre rejoint son port d'attache à Plaisance (Terre-Neuve)[13].
SĂ©pulture
Mort sur son navire, sans qu'on en connaisse la cause avec certitude[16], alors qu'il protégeait un convoi de bateaux de pêche français au large de Terre-Neuve, il fut enterré à Plaisance, alors capitale française de la colonie. Une stèle discoïdale, disparue aujourd'hui[17] y a été érigée[18], avec l'inscription suivante :
« Ci-gît Jouannes de Suhigaraychipi dit Croisic, capitaine de frégate du roi, 1694. Envieux pour l’honneur de mon Sir le Prince, il allois, en suivant sa carrière, attaquer les ennemis en leur mesme [repaire]. »
— Révérend Howley , Les anciennes tombes basques à Placentia
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Alfred Lassus in Ouvrage collectif, Bidart-Bidarte, Saint-Jean-de-Luz, Ekaina, , 476 p. (ISBN 2-9507270-8-5)
- Louis Colas, « La Tombe basque : recueil d'inscriptions funéraires et domestique du Pays Basque français : études, notes et références diverses / Louis Colas ; préface de Camille Jullian ; avant-propos de Julien Vinson ; introduction de l'Abbé P. Lhande. », sur Europeana (consulté le )
- Michel Vergé-Franceschi (dir.), Dictionnaire d'Histoire maritime, Paris, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins », , 1508 p. (ISBN 2-221-08751-8 et 2-221-09744-0)
- Édouard Ducéré, Histoire maritime de Bayonne. Les corsaires sous l'Ancien Régime, Paris, Le Livre d'histoire, coll. « Monographie des villes et villages de France », (1re éd. 1895), 395 p. (ISBN 2-84373-293-X)
- « Un Corsaire basque sous Louis XIV », Revue internationale des études basques,‎ (lire en ligne [PDF], consulté le )
- Révérend Howley, « Les anciennes tombes basques à Placentia », Revue internationale des études basques,‎ , p. 741-746 (lire en ligne [PDF], consulté le )
- Alfred Lassus, Hendaye, ses marins et ses corsaires, Biarritz, Atlantica, , 222 p. (ISBN 2-84394-191-1)
- Caroline Lugat, Les corsaires du Pays basque, Donostia/Baiona i.e. Bayonne, Elkar, coll. « Histoire », , 92 p. (ISBN 978-84-9783-955-6)
- Pierre Rectoran, Corsaires basques et bayonnais du XVe au XIXe siècles : Pirates, flibustiers, boucaniers, Pau, Cairn (Éditions), (1re éd. 1946), 352 p. (ISBN 2-912233-79-8)
Notes et références
- Rectoran 2004
- Rectoran 2004
- Lugat 2011, p. 64 ; Lassus 2000, p. 200-201
- « Fiche généalogique documentée de Joannis Coursic Croisic de Suhigaraychipy », sur Geneanet.org (consulté le )
- Ducéré 1908
- Lassus 2000, p. 202
- Lassus 2000, p. 203
- Lassus 2000, p. 203-204
- Lassus 2000, p. 202-203
- Lassus 2000, p. 206
- Ducéré 2003, p. 199
- Ducéré 2003, p. 200
- Gérard Anglade, « Généalogie de Joannis de Suhigaraychipy », sur geneanet.org
- Ducéré 1908
- Lugat 2011, p. 64 ; Lassus 2000, p. 200-201
- Lassus 2000, p. 211
- « Hendaye : il a retrouvé la tombe du corsaire Coursic à Terre-Neuve », Sud-Ouest,‎ (lire en ligne, consulté le )
- « Dictionnaire des corsaires et des pirates », sur Google Books (consulté le )
- « Rue de Coursic, Bayonne (France) », sur Google Maps
Voir aussi
Articles connexes
- Liste de corsaires célèbres
- Henry Morgan
- François l'Olonais dit Michel le Basque
- Étienne Pellot « Montvieux », dit le Renard basque (1765-1856)
- Guerre de course
- Les lettres de marque
- Colonisation française des Amériques
- Pirate
- Piraterie dans les CaraĂŻbes
- Saint-Domingue (colonie française)
- ĂŽle de la Tortue
- Lope de Aguirre