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Jean Renaud-Dandicolle

Jean Renaud-Dandicolle (Bordeaux — ) fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent français du Special Operations Executive, qui fédéra et dirigea le maquis de Saint-Clair dans le Calvados durant le premier semestre 1944. Il disparut, exécuté par les Allemands le .

Jean Renaud-Dandicolle
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  20 ans)
Nationalité
Activités

Biographie

Enfance

1923. Jean Renaud-Dandicolle naît le 8 novembre à Bordeaux.

Il grandit au château du Grand Puch, dont ses parents sont propriétaires, 11 route de Sallebœuf, 33750 Saint-Germain-du-Puch. Scolarité au lycée de Longchamps, à Bordeaux : 37-38, seconde A' ; 38-39, première A' ; 39-40, Philosophie.

1940. Au moment de la défaite française, en juin, il est encore lycéen. Après son baccalauréat, se destinant à la profession d’avocat, il s’inscrit à la faculté de droit de Bordeaux.

RĂ©sistance, en Aquitaine

1941-1942. Ses études se poursuivent, ponctuées par les étapes suivantes :

> Certificat de littérature française, mention passable, en [1].
> Diplôme de Bachelier en Droit, accordé le .
> Pourvu des quatre certificats d'études supérieures (Littérature française, Morale sociologie, Histoire moderne, Équivalence d'un baccalauréat en Droit), il est déclaré digne du licencié ès Lettres, le .
> Inscription à l'École libre des sciences politiques, à Paris[2], le , pour le premier terme de l'année scolaire (1er oct. 42-15 fév. 43).

Ne pouvant rester impassible face à l’occupation allemande, il rejoint la résistance bordelaise, auprès d'André Grandclément, responsable de l'Organisation civile et militaire dans le sud-ouest.

1943

  • FĂ©vrier. Il termine un conte, Le Voyage de Bali, de l'immortalitĂ© de l'âme[3], commencĂ© en .
  • Il quitte dĂ©finitivement l’universitĂ©, se consacrant dĂ©sormais exclusivement Ă  la rĂ©sistance. Il devient l'assistant de Claude de Baissac, chef du rĂ©seau SCIENTIST du Special Operations Executive, après que celui-ci a conclu des accords avec AndrĂ© GrandclĂ©ment.
  • Juillet. En zone nord, le dĂ©mantèlement du rĂ©seau Prosper-PHYSICIAN commencĂ© fin juin, est complet. Maintenant, c'est le rĂ©seau SCIENTIST, dans le sud-ouest, qui est l'objet de nombreuses arrestations. Ă€ la suite d’une trahison, Jean est recherchĂ© et doit se rĂ©fugier Ă  Paris. De Baissac lui-mĂŞme, qui est rappelĂ© Ă  Londres, veut y emmener son second.
  • AoĂ»t. Dans la nuit du 19 au 20, un Lysander ramasse Jean près de Villefranche-sur-SaĂ´ne[4], et l'amène en Angleterre trois jours après Claude de Baissac. Il y reçoit une formation militaire, puis il est nommĂ© officier du SOE, devenant ainsi le lieutenant "John Danby" dans l’armĂ©e britannique.
  • Novembre. Le 11, s'apprĂŞtant Ă  partir le lendemain en mission, il rĂ©dige une lettre. En rĂ©alitĂ©, il ne pourra partir que deux mois plus tard.

Mission du SOE en France

1944

Définition de la mission : sous le nom de guerre de « René », il vient organiser un réseau, appelé VERGER, dans une zone qui s'étend du nord de la Mayenne jusqu’aux abords de Caen, en liaison avec Claude de Baissac « Denis », chef du réseau SCIENTIST, et sous son autorité. Il fédérera et développera les groupes de résistance dans la zone : en , André Le Nevez, André Masseron et Henri Lampérière ont formé l’embryon du futur maquis de Saint-Clair, au sud de Caen, entre Falaise et Condé-sur-Noireau, dans la région du bocage virois, près de Pierrefitte-en-Cinglais.

  • Janvier. Le 29, il est parachutĂ© en France.
  • DĂ©but mars 1944, il rejoint le RĂ©seau Navarre de Paul Janvier en Mayenne. Il est bientĂ´t rejoint par un radio, Maurice Larcher « Vladimir », originaire de l’Île Maurice
  • Jean travaille essentiellement avec des groupes appartenant Ă  l’OCM (Organisation civile et militaire) disposĂ©s Ă  l’action mais aussi formĂ©s au renseignement : les groupes de Barbery, Bretteville-sur-Laize, Cesny-Bois-Halbout et Pont-d'Ouilly. Il va les fĂ©dĂ©rer, les armer et les diriger.
  • Mai. Renaud-Dandicolle fait procĂ©der Ă  des parachutages pour Ă©quiper ses troupes. Les fermiers Georges et EugĂ©nie Grosclaude mettent leur ferme du plateau de Saint-Clair Ă  sa disposition pour qu'il y installe son PC et le poste Ă©metteur de « Vladimir », ainsi que pour y stocker les armes parachutĂ©es.
  • Dès le dĂ©but de juin 1944, Paul Janvier indique que Jean Renaud-Dandicolle et Maurice Larcher partent pour se diriger vers Pont-d’Ouilly, ayant reçu de nouvelles missions Ă  remplir de ce cĂ´tĂ©. Ils ne reviendront pas.
  • Juin. Le 5 au soir, le message personnel « Le champ du laboureur dans le matin brumeux » met le maquis de Saint-Clair en alerte. Peu après le dĂ©barquement, alors que les AlliĂ©s se trouvent gĂŞnĂ©s par le manque d’information sur la situation et sur les moyens de l’ennemi, il est amenĂ© Ă  monter sur le front britannique une importante opĂ©ration de renseignement tactique analogue Ă  celle que, quelques jours plus tard, la mission HELMSMAN du capitaine Jack Hayes conduira sur le front amĂ©ricain : il s’agit d’observer, Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’arrière des lignes allemandes, tout ce qui peut prĂ©senter intĂ©rĂŞt (points de stationnement des unitĂ©s, mouvements de concentration, convois, ouvrages de dĂ©fense, matĂ©riel, etc.) et de passer aux AlliĂ©s les renseignements ainsi rĂ©unis. « RenĂ© » utilisera pour cela les spĂ©cialistes de l’OCM qu’il a maintenant sous son commandement, et les liaisons qu’il a judicieusement organisĂ©es ; et les informations rĂ©unies seront passĂ©es par radio par « Vladimir »[7].
  • Juillet
À la veille de la Libération de Caen, après avoir considérablement facilité la progression des troupes alliées, « René » est conduit à faire lui-même mouvement vers le sud. Le 7, il réunit ses responsables de secteur pour leur annoncer le repli de son PC sur la Mayenne, les opérations de libération de Caen devant se déclencher, et sa mission l'appelant à rester sur les arrières de l'ennemi. Le soir, il fixe un rendez-vous à Henri Lampérière pour le lundi 10 à Ciral dans l'Orne, pour rétablir les liaisons avec le nouveau PC. Après le départ des agents de liaison, restent six personnes pour passer la nuit à la ferme : « René » ; « Vladimir » ; le lieutenant Harry Cleary, un jeune pilote canadien[8] ; un responsable local Jean Foucu ; et les fermiers.
Au petit matin du 8, les Grosclaude sont partis traire leurs vaches dans les champs. Vers 6 h et demi, « René » et Jean Foucu sortant de la maison, voient surgir deux sous-officiers allemands. Puis alors que, déjà, ceux-ci ont été abattus, tout un détachement entoure la ferme. « René » donne l’ordre de dispersion ; mais la fuite est aussi impossible que le combat est inégal : seul Jean Foucu parvient à éviter les tirs et à se mettre à l’abri ; les fermiers eux-mêmes ont réussi à se cacher, mais ils sont trahis par leur chien que les Allemands ont lâché et qui les trouve. Pris comme « René », ils seront comme lui, emmenés on ne sait où, et achevés. Aucune trace d’eux n’a jamais été retrouvée. « René » avait vingt ans.
Maurice Larcher et Harry Cleary, partis sans armes tant l'affaire avait été rapide, ont été rejoints et abattus à cinq cents mètres de la ferme[9].
Les Allemands, découvrant le matériel camouflé et l'émetteur radio, incendient la ferme.

Identités

  • État-civil : Jean Marie Joseph Renaud-Dandicolle
  • Comme agent du SOE, section F :
    • Nom de guerre (field name) : « RenĂ© »
    • Nom de code opĂ©rationnel : VERGER (qui signifie BEDEAU en français)
    • Nom d'emprunt (enregistrement SOE) : John Danby
    • IdentitĂ© de couverture : Jean-Marie Demirmont
  • Nom (pour les RĂ©sistants) : capitaine Jean
  • Situation militaire :
    • en France : sans objet (?)
    • au Royaume-Uni : unitĂ© : SOE, section F ; grade : lieutenant, puis captain ; matricule : 297762

Famille

  • Son père : AndrĂ© Renaud-Dandicolle, consul gĂ©nĂ©ral de Nicaragua, Ă  Bordeaux.
  • Sa mère : Germaine, nĂ©e Gurchy.
  • Son grand-père maternel : Maurice Gurchy, nĂ©gociant en vins Ă  Libourne, domiciliĂ© cours des Girondins. Il constitua le Domaine du Grand Puch autour du château vers 1890.
  • Sa fiancĂ©e : Michelle Fontaine[10].

Reconnaissance

Grande-Bretagne

  • Croix militaire (Royaume-Uni) Croix militaire (Military Cross), remise par le roi d’Angleterre Ă  « John Danby », Ă  titre posthume, pour actes de bravoure exceptionnels (, en prĂ©sence des parents de Jean Renaud-Dandicolle).

France

Monuments

  • En tant que l'un des 104 agents du SOE section F morts pour la France, Jean Renaud-Dandicolle est honorĂ© au mĂ©morial de Valençay (Indre).
  • Un monument Ă©levĂ© Ă  la mĂ©moire des cinq victimes du maquis de Saint-Clair se trouve Ă  l'endroit oĂą se produisit le drame du , sur le plateau de Saint-Clair, Ă  Pierrefitte-en-Cinglais (Calvados)[11]. ÉrigĂ© en 1946 Ă  la suite d'une souscription publique organisĂ©e par les anciens rĂ©sistants regroupĂ©s en une Association du Souvenir du Maquis de Saint-Clair, il fut inaugurĂ© le lors d'une cĂ©rĂ©monie prĂ©sidĂ©e par le colonel Lejeune, reprĂ©sentant le gĂ©nĂ©ral Koenig, en prĂ©sence des autoritĂ©s dĂ©partementales et en prĂ©sence des familles Renaud-Dandicolle, Larcher et Grosclaude. C’est Ă  cette occasion que la croix de chevalier de la LĂ©gion d’honneur fut remise Ă  Jean. Le monument a Ă©tĂ© construit avec des pierres provenant des ruines de la ferme Grosclaude, avec une croix de Lorraine en granit de Saint-Sever, sur un terrain offert par cette famille.
  • Monument aux morts de Saint-Germain-du-Puch (Gironde), village oĂą Jean Renaud-Dandicolle passa son enfance.
  • MĂ©morial de Bayeux, panneau 19, colonne 1.
  • MĂ©morial britannique de Ver-sur-Mer

Bâtiment

Voie

  • La ville de Bordeaux a donnĂ© le nom de Jean Renaud-Dandicolle Ă  une rue.

Associations

  • Association du souvenir du maquis de Saint-Clair, enregistrĂ©e Ă  la prĂ©fecture du Calvados n° 1909 ; prĂ©sident d'honneur : gĂ©nĂ©ral KĹ“nig.
  • Les Amis de Jean Renaud-Dandicolle. Cette association perpĂ©tue le souvenir de Jean Renaud-Dandicolle. Siège : 11, avenue de l’Entre-deux-Mers, 33370 SallebĹ“uf, tĂ©l. 0556219132, MĂ©l. : claude.mounic@wanadoo.fr.

Annexes

Notes

  1. Source : La Petite Gironde.
  2. 27, rue Saint-Guillaume, Paris VIIe
  3. Michelle Fontaine a fait imprimer ce conte, avec un avant propos d'Yves la Prairie. Composition : I.P.A.G.I.N.E, janvier 1993.
  4. Il s'agit d'une hypothèse qui s'appuie sur les faits suivants :
    • dans un courrier datĂ© des 18 et 19 aoĂ»t, adressĂ© depuis Paris Ă  son amie Michelle Fontaine, il annonce ĂŞtre sur le dĂ©part.
    • La prĂ©sence de Jean est attestĂ©e Ă  Londres le 20.
    • Selon Hugh Verity (p. 275-276), un seul pick up correspond Ă  ces donnĂ©es, Ă  savoir l'opĂ©ration CHAPEAU du 19/20. Pilote : flight lieutenant Vaughan-Fowler ; terrain : 3,5 km N/NE de Villefranche-sur-SaĂ´ne ; un agent amenĂ© en France ; deux agents emmenĂ©s en Angleterre.
  5. Source : Libre RĂ©sistance.
  6. Sa carte d'identité (22 avril 1942) donne son signalement : « Taille 1,72 ; Nez rect. moy. ; Cheveux châtains ; Forme générale du visage ov. ; Yeux gris bleu ; Teint mat ; Signes particuliers (non renseigné) »
  7. HELMSMAN n’ayant pas d’agents en place, recrutera des volontaires qui réussiront à traverser les lignes, à faire moisson de renseignements et à rejoindre les Américains, auxquels ils feront directement rapport.
  8. Le 19 juin, un pilote canadien errant tombé près de Falaise, le lieutenant Harry Cleary est récupéré par le groupe de Gesvres. Il part huit jours plus tard rejoindre Jean Renaud-Dandicolle et Maurice Larcher.
  9. Source : Lampérière, p. 27.
  10. Michelle Fontaine, née le à Royan, morte le à Bordeaux, a rencontré Jean à la faculté de droit et y a passé avec succès sa licence en droit en même temps que lui. À Bordeaux, elle a distribué des lettres pour la résistance bordelaise, via Bertrand Delorme, ami et condisciple de Jean. Grâce au produit de la vente de timbres à l'effigie du maréchal Pétain que Jean a emportés à Londres, il a pu acheter un bracelet de prix, qu'il a offert à Michelle Fontaine.
  11. Pour s'y rendre par la route, emprunter la D23 jusqu'Ă  environ km au nord de Pont-d'Ouilly.

Sources et liens externes

  • Thierry Montouroy, De Bordeaux Ă  Saint-Clair, Jean Renaud-Dandicolle (1923 - 1944 ?), thm-autoĂ©dition, ; (ISBN 978-2-36636-000-4)
  • Fiche John Danby, avec photographies, sur le site Special Forces Roll of Honour
  • Libre RĂ©sistance, bulletin d’information et de liaison, anciens des RĂ©seaux de la Section F du S.O.E. (Special Operations Executive), Amicale BUCK, numĂ©ro 2, .
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Henri LampĂ©rière, Histoire du maquis de Saint-Clair, brochure imprimĂ©e Ă  CondĂ©-sur-Noireau, .
  • Hugh Verity, Nous atterrissions de nuit…, prĂ©face de Jacques Mallet, 5e Ă©dition française, Éditions Vario, 2004.
  • Paul Janvier, Souvenirs de rĂ©sistance d'un groupe du nord de la Mayenne : RĂ©seau Navarre, Laval, 1970, 40 p
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