Jean PĂ©raud
Jean Péraud est un photographe de guerre français né le au Perreux-sur-Marne dans le département de la Seine.
Naissance | |
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Disparition |
(Ă 28 ans) |
DĂ©cĂšs | |
SĂ©pulture |
CimetiĂšre de Saint-Dolay (d) |
Nom de naissance |
Jean FĂ©lix PĂ©raud |
Nationalité | |
Activités |
Grade militaire |
Sergent-chef (en) |
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Conflit | |
Distinctions |
Sergent-chef dans lâarmĂ©e française, il est portĂ© disparu le dans la rĂ©gion de Thanh-HĂła au Tonkin, actuel nord du ViĂȘt Nam, et est dĂ©clarĂ© Mort pour la France Ă lâĂąge de 28 ans.
Biographie
Jean Péraud naßt au Perreux-sur-Marne dans le département de la Seine en 1925. Il déménage avec sa famille à Saint-Nazaire pendant la seconde guerre mondiale[1].
Seconde Guerre mondiale
En 1941 il commence Ă travailler aux Chantiers navals de Saint-Nazaire en compagnie de son pĂšre puis entre dans la rĂ©sistance française Ă lâoccupant nazi[2]. ArrĂȘtĂ© pour espionnage, il est dĂ©portĂ© en 1944 Ă Buchenwald en Allemagne[3] et libĂ©rĂ© le par les alliĂ©s du 20e corps de la 3e ArmĂ©e du gĂ©nĂ©ral George Patton.
Guerre dâIndochine
En janvier 1946, il part combattre comme volontaire pendant trois ans au sein du 1er BCP[2], atteignant le grade de sergent-chef. Jean PĂ©raud sert ensuite en Indochine dâoctobre 1949 Ă 1952 avant dâintĂ©grer en fĂ©vrier 1952 le Service cinĂ©matographique des armĂ©es (SCA), pour le compte du SPI (Service Presse et Information) en qualitĂ© de photographe[4].
Le , il est rejoint par Daniel Camus, un appelĂ© du contingent qui a Ă©tĂ© pigiste pour le magazine Paris Match[5] et Pierre Schoendoerffer dans la cuvette de Ăiá»n BiĂȘn Phủ oĂč se dĂ©roule lâavant-derniĂšre bataille de la guerre dâIndochine.
Ils sont venus remplacer lâopĂ©rateur AndrĂ© Lebon, blessĂ© Ă la jambe puis amputĂ© sur le point dâappui Anne-Marie et le photographe Raymond Martinoff qui a Ă©tĂ© tuĂ©, tous deux victimes dâun tir dâobus ennemi le [6].
PĂ©raud, Camus et Schoendoerffer sont faits prisonniers le au lendemain de la chute du camp retranchĂ© de Ăiá»n BiĂȘn Phủ, avec la totalitĂ© des troupes encore vivantes. Tous trois cassent leurs camĂ©ras et appareils photos et voilent leurs pellicules[7].
« Vers trois heures, les combats cessĂšrent pratiquement. JâĂ©tais dans le PC du colonel Langlais avec mes camarades Schoendoerffer et PĂ©raud. Voyant que tout Ă©tait perdu, nous avons dĂ©truit Ă coup de crosse nos quatre Rolleiflex, les trois camĂ©ras et les deux Leica. »
â Albert de Saint Julien, CamĂ©ra au poing, Paris : Documents du monde, 1955, p. 225.
Jean PĂ©raud parvient Ă sâenfuir lors du transfert dâun convoi de prisonniers en juillet 1954 en compagnie de Pierre Schoendoerffer[4]. Ce dernier est repris mais Jean PĂ©raud disparaĂźt dans la jungle[8]. Il ne sera jamais revu et est dĂ©clarĂ© Mort pour la France ce mĂȘme mois Ă lâĂąge de 28 ans.
Les photographies rĂ©alisĂ©es par Jean PĂ©raud lors de la Bataille de DiĂȘn BiĂȘn Phu jusquâau sont conservĂ©es au Fort dâIvry oĂč sont situĂ©es les archives photographiques et audiovisuelles de lâArmĂ©e Française. Les photographies prises du au sont actuellement estimĂ©es comme Ă©tant dĂ©truites ou perdues. Le cinĂ©aste Pierre Schoendoerffer considĂ©rait Jean PĂ©raud avec qui il a couvert cette bataille comme son grand frĂšre et frĂšre dâarmes[2],[9].
« Il aimait son mĂ©tier. Il Ă©tait bon, fidĂšle, gĂ©nĂ©reux, et il est mort comme beaucoup dâautres parce que des gĂ©nĂ©raux se sont trompĂ©s mais aussi parce quâun peuple lâa abandonnĂ©, avec toute une armĂ©e, Ă la lĂąchetĂ© des politiciens et Ă l'Ă©quivoque des causes Ă dĂ©fendre. »
â Daniel Camus, Dien Bien Phu, Ăditions Julliard, 1963.
Distinctions
« Brillant reporter photographe de guerre. A Ă©tĂ© engagĂ© dans la bataille de DiĂȘn BiĂȘn Phu dĂšs le mois de dĂ©cembre 1953. A rĂ©alisĂ© des documents photographiques de grande valeur qui ont Ă©tĂ© utilisĂ©s dans la presse filmĂ©e internationale. Volontaire pour remplacer un camarade tuĂ© Ă l'ennemi, a Ă©tĂ© parachutĂ© le 18 mars. A Ă©tĂ© fait prisonnier le 8 mai 1954. »
â JO n°114, 13 mai 1955.
- MĂ©daille militaire
- Croix de guerre des ThĂ©Ăątres d'opĂ©rations extĂ©rieurs avec une palme, 3 Ă©toiles dâargent, 1 Ă©toile de bronze
- Croix de guerre 1939-1945 avec Ă©toile dâargent
Ouvrages
- DiĂȘn BiĂȘn Phu, Texte de Jules Roy, photos de Jean PĂ©raud et Daniel Camus, Ăditions Julliard, Paris, 1963.
- Guerre morte âŠil y avait une guerre dâIndochine, de Jean-Pierre Dannaud. Illustrations photographiques de Michel Aubin, Edouard Axelrad, Werner Bischof, Marcel Bourlette, Robert Bouvet, Daniel Camus, Raymond Cauchetier, Paul Corcuff, Raoul Coutard, Guy Defive, Dervoust, Yves Fayet, Pierre Ferrari, Ernst Haas, Jacques Jahan, Francis JaurĂ©guy, Fernand Jentile, Georges Liron, RenĂ© Martinoff, Missions Ă©trangĂšres, Nguyen Manh Danh, Jacques Oxenaar, Jean-Marie Pelou, Jean PĂ©raud, Jean Petit, S.I.V.N., Raymond Varoqui. SupplĂ©ment Ă la revue Indochine Sud-Est Asiatique, Imp. Georges Lang, Paris, 1954. La PensĂ©e Moderne, 1973.
Documentaire
Les Yeux brĂ»lĂ©s, film documentaire français rĂ©alisĂ© par Laurent Roth en 1986, sorti en 2015. Film de commande de lâECPAD, il met en scĂšne Mireille Perrier qui sâentretient, autour de la mĂ©moire de Jean PĂ©raud, avec des reporters de guerre du XXe siĂšcle (par ordre dâapparition : AndrĂ© Lebon, Daniel Camus, Pierre Ferrari, Raoul Coutard, Marc Flament, Pierre Schoendoerffer) sur la nature de leur travail, leur rĂŽle dans la production des images de guerre ainsi que leur place au front.
Bibliographie
- Collectif, Photographies en guerre : Catalogue dâexposition, Paris, Ăditions Rmn - Grand Palais en partenariat avec le musĂ©e de l'ArmĂ©e - HĂŽtel national des Invalides, , 328 p. (ISBN 9782711879052)
Expositions
- 2010 / 11 : LâIndochine en guerre, des images sous contrĂŽle [1945-1954], MusĂ©e NicĂ©phore-NiĂ©pce, Chalons-sur-SaĂŽne[11]
- 2015 : 100 ans de photographie aux armĂ©es : photographes de DiĂȘn BiĂȘn Phu, Jean PĂ©raud et Daniel Camus, MusĂ©e de lâArmĂ©e, Paris
Hommages posthumes
- Le cénotaphe de Jean Péraud se trouve au cimetiÚre de Saint-Dolay dans le Morbihan, et son nom est inscrit sur le monument aux morts de cette commune[2] ainsi que sur le mémorial des guerres en Indochine à Fréjus.
- Le nom de Jean PĂ©raud est gravĂ© sur le Monument aux morts du cinĂ©ma et de la photographie des armĂ©es, situĂ© dans lâenceinte du fort dâIvry-sur-Seine. Il comporte la mention « Sergent-Chef Jean PĂRAUD Than-Hoa (Tonkin) juillet 1954 ». La mention, avant la rĂ©novation du monument, indiquait « SERGENT PERRAUD (TERRE) DIEN BIEN PHU 1954 »[12]. Le nom de famille Ă©tait auparavant mal orthographiĂ©.
- La figure de Jean PĂ©raud brisant son appareil photo le est Ă©voquĂ©e dans le film de Pierre Schoendoerffer DiĂȘn BiĂȘn Phu, sorti en 1992.
Références
- Images Défense, « Jean Péraud sur imagesdefense.gouv.fr. » (consulté le ).
- Claire Robin, « Il veut honorer le soldat de l'image inconnu », sur Ouest France,
- (fr) Interview de Laurent Roth dans l'Humanité du 5 avril 2019 au sujet de son documentaire Les yeux brûlés.
- Delphine Robic-Diaz, « IndĂ©pendances â Les soldats de lâimage en Indochine », sur ECPAD
- (fr) Site du Musée de l'Armée-Invalides
- Marc Charuel, « Filmer la guerre », sur Valeurs Actuelles,
- Schoendoerffer Ă©voque cette scĂšne dans son film DiĂȘn BiĂȘn Phu sorti en 1992.
- Patrick Chauvel, « Il croyait au destin des hommes », sur Le Monde,
- « Pierre Schoendoerffer se souvient de son frÚre d'armes en Indochine », sur Institut National de l'Audiovisuel,
- « Citation Ă lâOrdre de lâArmĂ©e », JORF,â , p. 3010 (lire en ligne)
- « L'Indochine en guerre, des images sous contrÎle [1945-1954] », sur Musée Nicéphore-Niépce,
- « Monuments aux morts Ivry-sur-Seine », sur Université de Lille (consulté le )