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Jean-Paul Lien

Jean-Paul Lien dit Paul, alias Alexandre, alias Flandrin, né le à Saint-Louis (Haut-Rhin) et mort le à Sennecey-lès-Dijon, est un agent de pénétration de la Geheime Feldpolizei qui dépendait de l’Abwehr.

Jean-Paul Lien
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Biographie
Naissance
Décès
Pseudonyme
Flandrin
Nationalité
Activités

Responsable de la mort d'un grand nombre de résistants français, il est reconnu après la guerre, condamné à mort et exécuté.

Biographie

Après son service militaire, il devient agent SNCF à la sous-direction de Strasbourg. Mobilisé en 1939, il participe en à la bataille de France avec le grade de sergent, et se retrouve à Toulouse à la fin des combats.

Entrée en résistance et retournement

Recruté par Henri Frenay en zone non-occupée, Jean-Paul Lien déniche des insoumis et réfugiés alsaciens fuyant l'enrôlement forcé dans les armées du Troisième Reich. À partir de 1941, il est envoyé à Villeurbanne auprès du service des assistantes sociales dirigé par Berty Albrecht. Contact de Jane Sivadon, Anne Noury, Anne-Marie Boumier d’une part, d'Henri Frenay et de Berty Albrecht d’autre part, il effectue des liaisons inter-zones. C'est lui qui met en relation Henri Devillers, agent de l'Abwehr, et Berty Albrecht.

Le , au cours d'une mission Ă  Paris, il est arrĂŞtĂ© Ă  la station de mĂ©tro Filles-du-Calvaire. InterrogĂ© par les Allemands dans un hĂ´tel de la place de Clichy, il est conduit Ă  Dijon le et livrĂ© Ă  Heinz Kayser et Ă  l'Oberleutnant Kurt Merk alias Kaiser Schneider[1]. Dans les bureaux de l'Abwehr, situĂ©s dans l'hĂ´tel de l'Urbaine Ă  Dijon, le Français craque. Lorsqu'il sort du 28, rue Pasteur, Jean-Paul Lien travaille dĂ©sormais pour le contre-espionnage allemand Ă  raison de 10 000 francs par mois.

Berty Albrecht emprisonnĂ©e, et sans nouvelle du rĂ©seau de Frenay, Lien infiltre le 2e bureau de Lyon, en . Source de renseignements prĂ©cieux pour les AlliĂ©s, les membres du 2e bureau de Vichy, Clermont-Ferrand et Lyon tombent entre les mains des autoritĂ©s allemandes dès le mois de mars 1943[2]. Jean-Paul Lien devient agent du service de renseignement allemand. Les services secrets nazis apprĂ©cient son efficacitĂ© et le rĂ©compensent jusqu'Ă  50 000 francs par mois.

Infiltration d'Alliance

Lien est recruté début 1943 par l'un des membres du réseau Alliance, Alsacien comme lui : Jean-Philippe Sneyers. Lié directement à l'Intelligence Service britannique, le réseau Alliance est du plus grand intérêt pour les forces d'occupation allemandes et devient une priorité aux yeux de l'Oberleutnant Kurt Merk et de son supérieur, le colonel Otto Ehinger. Pour cette mission d'infiltration, l'Abwehr le place sous les ordres du BdS Sturmbannführer Hans Kieffer. Son nom de code dans le réseau est « Flandrin ».

Sous l'autorité de Sneyers, dit « Escogriffe », Lien intègre le groupe des « Apaches », chargé des coups durs et de la sécurité des opérations. À ce poste, il aide à la capture du PC Sécurité de Lyon et d'une partie du courrier à la fin du printemps 1943, mais les circonstances éveillent les soupçons de Marie-Madeleine Fourcade, chef du réseau, qui tient désormais Lien à l'écart de son état-major[3]. Toutefois celui-ci a capté la confiance de ses chefs directs, Sneyers et Édouard Kauffmann, chef des Apaches ; il n'est pas mis à l'écart, et continue de rassembler les renseignements concernant le fonctionnement du réseau.

Fourcade part pour Londres en juillet, et son successeur Ă  la tĂŞte du rĂ©seau, LĂ©on Faye (« Aigle »), la rejoint en aoĂ»t. Lien prĂ©pare alors la capture de ce dernier, censĂ© revenir en France en septembre[4]. Le , Faye est de retour de Londres. Un Westland Lysander anglais le dĂ©pose Ă  45 km de Paris (Bouillancy, près de Nanteuil-le-Haudouin), en compagnie du radio anglais Ferdinand Rodriguez (« Pie »), d'une estafette et de quatre opĂ©rateurs radio. Le responsable des transports aĂ©riens, Pierre Dallas, les reçoit accompagnĂ© de Sneyers et de Lien ; il est dĂ©cidĂ©, malgrĂ© les règles de sĂ©curitĂ©, de rĂ©unir tout le monde dans un seul wagon du premier train du matin pour filer vers Paris, gare du Nord. Mais en gare d'Aulnay-sous-Bois, les agents allemand et la Milice interviennent brusquement. L'Oberleutnant Merk en personne monte dans le wagon et s'installe dans le compartiment voyageur en face du rĂ©sistant français et le questionne : « Avez-vous fait bon voyage en Angleterre, Monsieur Faye ? ». Le coup de filet est brutal et efficace[5]. Dans le mĂŞme temps, les diffĂ©rents PC de Paris reçoivent Ă©galement la visite de la Gestapo ; si l'Ă©tat-major peut s'Ă©chapper, les radios, les « Apaches » et certains agents du PC renseignements sont pris[6]. Le 21 septembre, c'est en province que les arrestations commencent : les rĂ©gions Bretagne, Est, Centre, sont ravagĂ©s grâce au travail de Lien[7] mais Ă©galement d'autres collaborateurs[8].

Libéré en catimini face aux doutes des survivants du réseau Alliance, Jean-Paul Lien s'éloigne d'Alliance mais sa couverture n'est pas totalement percée à jour : malgré les convictions de Fourcade, le nouveau chef Paul Bernard ne croit pas que cette vague d'arrestation soit due à une trahison mais plutôt à des erreurs de sécurité lors de la réception de Faye[8].

Infiltration de Mithridate

Lien ne s'arrĂŞte pas lĂ . L'Abwehr de Dijon lui demande d'infiltrer le rĂ©seau Mithridate. Mithridate est fondĂ© dès juin 1940 par Pierre-Jean Herbinger Ă  la requĂŞte du service britannique de renseignement MI6, un des plus importants de la Seconde Guerre mondiale. Mithridate est rattachĂ© au Bureau central de renseignements et d'action BCRA du colonel Passy Ă  l'Ă©tĂ© 1942. C'est un rĂ©seau de renseignements militaires chargĂ© de fournir aux Ă©tats-majors les indications nĂ©cessaires pour procĂ©der ou accompagner les opĂ©rations de guerre ; plus de 1 987 agents opèrent en France, Belgique et Italie. Jean-Paul Lien intègre le rĂ©seau.

Arrestation

À la Libération, il se retrouve à la tête d'un groupe de résistants. En qualité de capitaine de FFI, il conduit des combats contre les Allemands battant en retraite, avant d'incorporer la 1re armée française du général de Lattre de Tassigny, dans les Vosges.

C'est en tentant de prendre contact avec la sécurité militaire française de Paris qu'il est reconnu par Ferdinand Rodriguez, le fameux Pie du réseau Alliance. Rodriguez, d'origine britannique, est pris pour un agent important par les services secrets allemands, sous le pseudonyme d'Edward Rodney. Il est donc conservé comme otage après son arrestation du 16 septembre 1943, puis libéré lors d'échange avec un agent allemand, entre services secrets. L'officier radio toujours au sein de l'Intelligence Service identifie Lien alors qu'il parade en uniforme de capitaine de l'armée française dans un bar des Champs-Élysées[2]. Arrêté, Lien s'évade. C'est un autre rescapé du réseau Alliance, Jean Roger, dit Sainteny, qui le retrouve[2].

Incarcéré au fort de Charenton, il est jugé par la cour de justice de Dijon, avec 20 agents français du poste de l'Abwehr de Dijon, le 20 juillet 1946. Condamné à mort, il est fusillé le au fort de Sennecey-lès-Dijon[2].

Notes et références

  1. Mémoire sur l'Abwehr de Dijon, Maurice Lombard, université Dijon, AASSDN.
  2. Lormier 2017, p. à préciser.
  3. Fourcade, tome 2, p. 114.
  4. Kix 2019, p. à préciser.
  5. Fourcade, tome 2, p. 175.
  6. Fourcade, tome 2, p. 183.
  7. Grenard 2019, p. à préciser.
  8. Fourcade, tome 2, p. 187.

Bibliographie

  • MĂ©moire sur l'Abwehr de Dijon, Maurice Lombard, universitĂ© Dijon, AASSDN.
  • Association Amicale Alliance, MĂ©morial de « l'Alliance », Paris, DurassiĂ© et Cie, , 80 p. (lire en ligne [PDF]).
  • Jean-Pierre AzĂ©ma, Nouvelle histoire de la France contemporaine, vol. 14 : De Munich Ă  la LibĂ©ration, 1938-1944, Paris, Seuil, coll. « Points. Histoire » (no 114), , 412 p. (ISBN 2-02-005215-6, prĂ©sentation en ligne).
  • Nicole Chatel et Annie Boulineau, Des femmes dans la RĂ©sistances, Paris, Julliard, 1972.
  • Ferdinand Rodriguez et Robert Hervet (collaboration), L'Escalier de fer, France-Empire, , 299 p.
  • Ania Francos, Il Ă©tait des femmes dans la RĂ©sistance, Paris, Stock, 1978.
  • Henri Frenay, La Nuit finira, Paris, Robert Laffont, .
  • Marie-Madeleine Fourcade, L'Arche de NoĂ©, t. 2, Paris, Ă©ditions Fayard, coll. « Le Livre de poche » (no 3140), (rĂ©impr. 1998) (1re Ă©d. 1968), 446 p. Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Marie Granet et Henri Michel, Combat, histoire d'un mouvement de rĂ©sistance, Paris, PUF, .
  • Auguste Gerhards, Tribunal de guerre du IIIe Reich : des centaines de Français fusillĂ©s ou dĂ©portĂ©s : RĂ©sistants et hĂ©ros inconnus 1939-1945, Cherche Midi / Ministère de la DĂ©fense, , 693 p. (ISBN 9782749120676, lire en ligne).
  • Dominique Lormier, Les 100 000 collabos : Le fichier interdit de la collaboration française, Le Cherche-midi, coll. « Documents », , 197 p. (ISBN 9782749150635, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Henri Noguères et Marcel Degliame-FouchĂ©, Histoire de la RĂ©sistance en France : Et du Nord au Midi : novembre 1942-septembre 1943, vol. 3, Paris, Robert Laffont, , 764 p. (ISBN 9782221236048, lire en ligne).
  • Fabrice Grenard, La traque des RĂ©sistants, Tallandier / Ministère des ArmĂ©es, , 336 p. (ISBN 9791021032149, lire en ligne), chap. 8 (« Infiltration et dĂ©mantèlement du rĂ©seau Alliance »). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • Paul Kix (trad. Hubert TĂ©zenas), Le Saboteur : L'histoire vraie du gentleman qui a dĂ©fiĂ© les nazis, Cherche Midi, , 235 p. (ISBN 9782749139760, lire en ligne). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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