Jean-Michel Boucheron (homme politique, 1946)
Jean-Michel Boucheron, né le à Angoulême, est un homme politique français, ancien ministre et ancien maire socialiste d'Angoulême, condamné pour plusieurs malversations et détournements d'argent public.
Jean-Michel Boucheron | |
Fonctions | |
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Secrétaire d’État chargé des Collectivités territoriales | |
– | |
Premier ministre | Michel Rocard |
Gouvernement | Michel Rocard â… |
Prédécesseur | Yves Galland (Ministre délégué aux Collectivités locales) |
Successeur | Jean-Michel Baylet |
Député français | |
– (14 ans, 11 mois et 29 jours) |
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Circonscription | 1re de la Charente (1978-1986) Charente (1986-1988) 4e de la Charente (1988-1993) |
Législature | VIe, VIIe, VIIIe et IXe (Cinquième République) |
Prédécesseur | Raymond Réthoré |
Successeur | Jean-Claude Beauchaud |
Maire d'AngoulĂŞme | |
– | |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | AngoulĂŞme (Charente) |
Nationalité | Française |
Parti politique | PS |
Biographie
Instituteur, Jean-Michel Boucheron est également franc-maçon dans la loge Les Hommes libres du Grand Orient de France[N 1] - [1], la même loge qui a initié Omar Bongo, le président de la République du Gabon[2].
Parcours politique
Maire d'Angoulême pour deux mandats consécutifs de 1977 à 1989 sous l'étiquette du PS, décidé à dynamiser la ville, il rouvre le Circuit des remparts, interrompu dans les années 1950, impulse la restauration du Vieil-Angoulême et l'accomplissement de travaux commencés sous la municipalité d'avant 1977[N 2].
Il est élu député le , dans la 1re circonscription de la Charente et sera réélu en 1981, 1986 et 1988. Il sera donc député du au , du au , du au , et du au .
Il est nommé secrétaire d’État chargé des collectivités territoriales en mai 1988 dans le premier gouvernement de Michel Rocard. D'après Dominique Bussereau, il s'agit d'une erreur, François Mitterrand ayant pensé à son exact homonyme Jean-Michel Boucheron, député d'Ille-et-Vilaine[3]. Le mois suivant, il n'est pas reconduit à ces fonctions dans le second gouvernement Rocard.
Malversations
Entre 1987 et 1989, Jean-Michel Boucheron perçoit de l'argent de la Compagnie générale des eaux (CGE), chargée de la gestion de l'eau de la ville d'Angoulême[4], mène grand train, fait des « voyages d'études » à travers le monde aux frais du contribuable angoumoisin en multipliant les taxes municipales par trois[5].
Ces malversations sont révélées au grand jour[6] grâce au courage de Marcel Dominici[7], un ancien syndicaliste « à la pugnacité rare » qui découvre, dès 1983, « le gaspillage puis la corruption qui gangrènent le pouvoir municipal à Angoulême[5]. »
En 1989, défait dès le premier tour de l'élection municipale, le député-maire laisse un trou de 164 millions de francs dans les finances de la ville et une dette de 1,2 milliard de francs (soit environ 800 millions d'euros en tenant compte du pouvoir d'achat réel et non pas du taux de 2002) avec des emprunts parfois à 20 % d'intérêts[8] et des pratiques de financements illégaux[9]. Ce déficit a obéré les finances de la ville qui devint pour longtemps une des plus endettées de France. Pour combler ce déficit Boucheron, la taxe foncière a été plus que doublée, atteignant de très forts taux.
Poursuites judiciaires
En 1989, la chambre régionale des comptes constate un trou de 164 millions de francs dans les finances de la ville et accuse l’ancien maire de faux en écriture publique. Georges Chavanes, successeur de Jean-Michel Boucheron à la mairie d'Angoulême, au vu de l'audit de la chambre régionale des comptes, engage des poursuites judiciaires. L'ancien maire est inculpé le par Guy Joly, président de la 3e section de la chambre d’accusation de la cour d’appel de Paris, pour complicité de faux en écriture de commerce et usage, recel d’abus de biens sociaux et délit d'ingérence[10].
Jean-Michel Boucheron fuit en Argentine en février 1992 avec sa maîtresse et ouvre un restaurant à Buenos Aires « Chez Agnès ».
Le 9 mars 1992, il est inculpé A Bordeaux pour l'affaire dite du Citel (Centre international des techniques d'expression locale) : « La mairie d'Angoulême a versé 540 000 F de subventions à cette association dont Boucheron était le président. [...] Citel aurait servi à financer le voyage aux Etats-Unis de 37 élus et une cure de thalasso à l'épouse de l'ancien député socialiste[11]. »
Le , l'Assemblée nationale vote à l'unanimité la levée de son immunité parlementaire. Il est alors sous le coup d'une inculpation de complicité de faux, recel d'abus de biens sociaux et prise illégale d'intérêts (anciennement connue sous le nom de délit d'ingérence).
Le , alors qu'il est toujours en Argentine, Jean-Michel Boucheron est condamné par défaut pour trafic d'influence et faux et usage de faux à quatre ans de prison ferme, cinq ans de privation des droits civiques, civils et de famille, et à 1 million de francs d’amende[12]. Il fait opposition, prétendant « éventuellement bénéficier des lois de 1988 et 1990 amnistiant les délits commis en relation avec le financement politique[11]. »
Il est extradé le et jugé en pour « complicité de faux en écriture de commerce et complicité d’usage de ces faux, recel d’abus de biens sociaux et d’usage de faux, trafic d’influence et délit d'ingérence » par la 11e chambre du tribunal correctionnel de Paris qui confirme la peine de quatre ans de prison, mais lui accorde un sursis pour deux ans.
Il avait déjà été établi lors du premier procès une entente avec la CGE pour le marché de l'eau, contre une rémunération indirecte. Il lui est aussi reproché un système de fausses factures, des salaires reçus sans aucune justification et le détournement de 746 000 francs aux dépens de la ville d’Angoulême.
Le Jean-Michel Boucheron est jugé pour fraude fiscale mais aussi pour organisation d’insolvabilité. En effet, l’ancien député a transféré les revenus issus de sa retraite parlementaire sur le compte de son épouse, pour être déclaré insolvable. Le , il est condamné à 18 mois de prison avec sursis, 20 000 € d’amende et la privation de ses droits civils, civiques et familiaux durant 3 ans[13].
Notes et références
Notes
- Située 11 place Jean-Faure à Angoulême.
- Suite du contrat Angoulême ville pilote signé en 1972 avec la DATAR.
Références
- L'Express, « Les réseaux qui comptent: Les francs-maçons en toute discrétion », (consulté le ).
- L'Express, « Omar Bongo : le frère charento-africain », (consulté le ).
- « En 1988, Boucheron était entré par erreur au gouvernement, raconte Bussereau », sur La Charente libre, .
- Voir sur francebleu.fr.
- Voir sur franceinter.fr.
- Voir sur liberation.fr.
- Voir sur charentelibre.fr.
- « Emprunts toxiques », Les Échos,‎ (lire en ligne).
- « Boucheron le flambeur », Libération,‎ (lire en ligne).
- L'Humanité, 25 mars 1991, lire en ligne.
- Voir sur liberation.fr.
- L'Humanité, 3 juin 1997, lire en ligne.
- « Angoulême : l'ex-ministre Boucheron à nouveau condamné pour malversation financière », sur europe1.fr (consulté le ).
Voir aussi
Bibliographie
- Marcel Dominici et Jean-MoĂŻse Braitberg, Main basse sur AngoulĂŞme : les scandales Boucheron, Laurens, , 348 p. (ISBN 2-911838-09-2)
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives Ă la vie publique :