Accueil🇫🇷Chercher

Jean-Léonard-Marie Poiseuille

Jean-Léonard-Marie Poiseuille, né le à Paris et mort dans cette même ville le , est un physicien et médecin français.

Jean-Léonard-Marie Poiseuille
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Jean Léonard Marie Poiseuille
Nationalité
Formation
Activités

On lui doit différents mémoires sur le cœur et la circulation du sang dans les vaisseaux (l’hémodynamique), qui lui permettent d’établir en 1844 — à travers son ouvrage Le Mouvement des liquides dans les tubes de petits diamètres — les lois de l’écoulement laminaire des fluides visqueux dans les tuyaux cylindriques.

Biographie

Jean Léonard Marie Poiseuille[1] - [2] naît le 3 floréal an V ()[3] dans l'ancien 6e arrondissement de Paris où son père est maître artisan menuisier ébéniste. Il fait ses études au lycée Charlemagne où il se montre brillant élève[4].

Il est reçu à dix-huit ans en 1815[5] à l’École polytechnique. Considérant qu'« il est dangereux de donner une scolarité avancée à des gens qui ne sont pas issus de familles riches » Napoléon Ier a mis fin à la gratuité des études de la création de l'École en imposant des frais annuels très élevés[6] et ajouté une épreuve de version latine au concours d'entrée afin de rendre indispensable le passage par les lycées, payants, réservés de fait aux enfants de la bourgeoisie[7] - [8].

Poiseuille y acquiert une solide formation scientifique malgré la brièveté de ses études. Lors de la Seconde Restauration en effet, les quelque 175 élèves des promotions 1814[9] et 1815[10] sont licenciés le pour insubordination par Louis XVIII[11] et l’École ferme pour rouvrir, après réforme, l’année suivante. Poiseuille y sera resté suffisamment pour recevoir l’enseignement d’Arago et d’Ampère. Il entreprend alors des études de médecine.

Cette double formation en médecine et en physique marque ses recherches, dont le dénominateur commun est la physique de l’écoulement du sang et, de manière plus générale, des liquides visqueux.

Poiseuille publie son premier mémoire en 1819 sur la pression (tension) des artères et ses variations physiologiques. Il en mesure le premier ses valeurs, leurs limites normales et leurs variations grâce à un manomètre à mercure relié à une artère, l’hémodynamomètre. Avec cet instrument il démontre que la tension augmente à l’expiration et diminue lorsque l'on inspire. Ses travaux sont regroupés dans sa thèse de doctorat en médecine soutenue le sous le titre « Recherches sur la force du cœur aortique[12] » et couronnée par la médaille d'or de l'Académie des sciences.

Par la suite, il poursuit ses recherches sur la physiologie de la circulation sanguine : la circulation du sang dans les veines (1832), dans les vaisseaux capillaires (1839) et influence du froid sur la circulation sanguine dans les vaisseaux capillaires (1839). Ces travaux amènent Poiseuille à étudier l'écoulement des liquides dans les conduites (1840–1847) : il précise la forme analytique du profil de vitesse d'écoulement selon le rayon et la viscosité (loi de Hagen-Poiseuille formulée en 1840, publiée en 1846).

D'une manière générale, Poiseuille s'applique à transposer les conclusions tirées d'expériences de physique à l'étude des lois de la physiologie. Il étudie par ce moyen l'effet des substances actives (1844), l'aération dans les navires (1845), la respiration (1855), le cycle du glucose chez les animaux (1858, 1859), et la synthèse de l'urée (1859). Il formule l'hypothèse que les capillaires se dilatent longitudinalement (et non radialement) pendant l’inspiration et fait remarquer le ralentissement du flux sanguin pendant cette phase.

En 1842, il est élu à l'Académie de médecine[13] et devient membre de la Société philomathique de Paris. Par la suite, il devient membre des Académies de médecine de Stockholm, Berlin et Breslau. Ses recherches sur la physiologie sont récompensées à plusieurs reprises du prix Montyon (en 1829, 1831, 1835, 1843). En 1860, il est nommé inspecteur des écoles de la ville de Paris.

Il meurt d'une pleurésie aiguë avec complication de congestion cérébrale[1] le [14] à son domicile au no 16 de la rue Cassini dans le 14e arrondissement de Paris.

Loi de Poiseuille

En dynamique des fluides, il dériva empiriquement la loi qui régit l'écoulement laminaire d'un fluide visqueux dans un conduit cylindrique. Ce travail expérimental de plus de deux cents heures de mesure sans compter les calculs, mena à cette equation:

Bien que peu reconnaissable dans sa forme de la publication originale de 1844, elle peut facilement être transformée à une expression plus convenable[15]. Une notation plus moderne et l'emploi du Système international d'unités donne:

De l'équation de continuité on a et la masse volumique de l'eau est et en isolant la différence de pression, on obtient:

Le terme entre parenthèses, une constante et une correction due à la temperature, est une expression de la viscosité de l'eau. Insérant la viscosité de l'eau à , , permet l'utilisation de la loi pour différents liquides :

Une dérivation théorique basée sur les équations de Navier-Stokes pour un écoulement laminaire dans un conduit cylindrique est:

Œuvres et publications

  • Jean-Léonard-Marie Poiseuille, Recherches sur la force du cœur aortique, Paris, Didot jeune, , 47 p. (lire en ligne).
  • Académie des Sciences, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences : Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides dans les tubes de très petits diamètres, Paris, Gauthier-Villars, , 795 p. (lire en ligne), p. 961-967, 1041-1048, lire en ligne sur Gallica Poiseuille établit sa fameuse loi, selon laquelle le débit dans de fins tubes capillaires est en puissance quatrième du diamètre du tube.
  • Jean Léonard Poiseuille, Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides dans les tubes de très petits diamètres, Paris, Imprimerie Royale, , 111 p. (lire en ligne).
  • Académie des Sciences, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences : Sur la pression du sang dans le système artériel, vol. 66, Paris, Gauthier-Villars, , 1410 p. (lire en ligne), p. 886-890.

Notes et références

  1. Paul-Louis-Balthasar Caffe 1870, p. 62
  2. Pierre Larousse, « Grand dictionnaire universel du XIXe siècle (Tome XII) », sur Gallica, 1866-1877
  3. « Archives numérisées de la ville de Paris, état civil reconstitué, ancien VIe arrondissement (vue 45/51) », sur Archives de Paris, .
  4. Distribution des prix aux élèves des quatre lycées de Paris sur Google Livres
  5. « Poiseuille, Jean Léonard Marie (X 1815 ; 1797-1869) »
  6. Etienne Schweisguth. Shinn Terry, L'École polytechnique., Revue française de sociologie, 1981, vol. 22, no 4, p. 655-657, lire en ligne.
  7. Jean-Pierre Daviet. Terry Shinn, Savoir scientifique et pouvoir social. L'École polytechnique 1794-1914, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, 1980, Histoire de l'éducation, 1981, vol. 10, no 1, p. 33-37. lire en ligne,
  8. Georges de Chambray, « De l'École polytechnique », sur Gallica, .
  9. « Histoire de l'École polytechnique, promotion de 1814 (licenciée), (p. 452) », sur Gallica
  10. « Histoire de l'École polytechnique, promotion de 1815 (licenciée), (p. 454) », sur Gallica
  11. « Histoire de l'École polytechnique 1815, (p. 335) », sur Gallica
  12. Jean-Léonard-Marie Poiseuille 1828
  13. Élection d'un membre de l'académie sur Google Livres
  14. « Archives numérisées de la ville de Paris, Décès, XIVe arrondissement (vue 11/16) », sur Archives de Paris, .
  15. (en) LaViolette M., « On the History, Science, and Technology in the Moody Diagram », ASME J. Fluids Eng., vol. 139, no 3, , p. 030801 (lire en ligne)

Articles connexes

Annexes

Bibliographie

  • Arago, Babinet, Piobert et Regnault, Rapport fait à l'Académie des Sciences, le 26 décembre 1842, au nom d'une commission composée de MM. Arago, Babinet, Piobert, Regnault (rapporteur) : Recherches expérimentales sur le mouvement des liquides dans les tubes de très petits diamètres, Paris, V. Masson, , 511 p. (lire en ligne), p. 50-74, lire en ligne sur Gallica.
  • Paul-Louis-Balthasar Caffe, Journal des connaissances médicales pratiques : Nécrologie : Poiseuille (Jean-Léonard-Marie), Paris, , 62-64 p. (lire en ligne), lire en ligne sur Gallica.
  • Amédée Dechambre et Léon Lereboullet, Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales : PLA-POU, t. XXVI, Paris, Masson, 1874-1889, 795 p. (lire en ligne), p. 425, lire en ligne sur Gallica.
  • Marcel Brillouin, « Jean Leonard Marie Poiseuille », Journal of Rheology, vol. 1, no 4, , p. 345–348 (ISSN 0097-0360, DOI 10.1122/1.2116329, lire en ligne, consulté le ).

Lien externe

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.