J.M. Weston
J. M. Weston (ou plus communément Weston) est, malgré la consonance anglo-saxonne de son nom, une entreprise de chaussures de luxe française, fondée en 1891 à Limoges, par Édouard Blanchard, bottier. Elle est connue entre autres pour ses mocassins destinés aux hommes et présente la particularité de vendre ses chaussures avec un choix de trois à sept largeurs de pied, en plus des demi-pointures.
J.M. Weston | |
Création | 1891 |
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Dates clés | 1985 (immatriculation société actuelle) |
Fondateurs | Édouard Blanchard |
Forme juridique | Société par actions simplifiée |
Siège social | Limoges (Haute-Vienne)-(Nouvelle-Aquitaine) France |
Direction | Marc Durie (depuis 2021) |
Actionnaires | EPI |
Activité | Fabrication de chaussures |
Produits | Chaussures pour hommes |
Société mère | EPI (holding) Société européenne de participations industrielles (Descours) |
Effectif | 300 à 399 salariés |
SIREN | 332-037-662 |
Site web | http://www.jmweston.com/ |
Chiffre d'affaires | estimé à cinquante millions d'euros[1]Soixante millions d'euros[2] |
Depuis 2007, J.M. Weston a quitté le giron du groupe André, devenu Vivarte, mais reste la propriété de la famille Descours, au sein de l’Européenne de Participations Industrielles (EPI).
Historique
Le fils du fondateur Édouard Blanchard, Eugène, se rend aux États-Unis en 1904, plus particulièrement à Weston dans le Massachusetts, pour apprendre les dernières techniques de production. Il y reste trois ans. Il importe la technique du cousu Goodyear qui permet de monter et ressemeler les chaussures, et de les rendre plus résistantes. C'est lui également qui, en 1919, à la mort de son père Édouard, décide de limiter la production de six-cents à quatre-vingts paires quotidiennes[3].
En 1922, Eugène Blanchard s'associe avec Jean Viard[4], dandy parisien rencontré sur les champs de courses. Ensemble ils déposent la marque J.M. Weston, communément appelée Weston de nos jours, et ouvrent une première boutique parisienne au 98 boulevard de Courcelles[5], puis en 1932 sur les Champs-Élysées. Si le nom Weston rappelle la ville américaine, on ignore la raison du J.M[6].
En 1960, la mode du mocassin permet au modèle « 180 » créé vers 1946, appelé « Mohican » mais aussi plus communément « Janson-de-Sailly », de devenir un incontournable de la marque J.M. Weston[3].
L'entreprise est acquise en 1974 par Jean-Louis Descours, puis entre sous le giron du holding familial EPI en 1976[7].
En 1974, la société JM Weston rachète la marque commerciale (mais pas l'usine) Sylvestre Vincent et fils, vieille entreprise de chaussures de qualité fondée à Limoges en 1881, donc peu avant la création de l'entreprise Weston par Edouard Blanchard en 1891, mais qui était en train de péricliter. Ce rachat permet à Weston de récupérer certains marchés spéciaux et plus ou moins captifs qui permettaient à la société S. Vincent de survivre, tels que la fourniture des bottes de la garde républicaine et de la gendarmerie nationale ou les chaussures de cérémonie des officiers de l'armée (les bottines « élastiquées » du grand uniforme des élèves de École spéciale militaire de Saint-Cyr, par exemple). Weston achète en 1981 la tannerie végétale Bastin & Fils (située à une vingtaine de kilomètres de Limoges, à Saint-Léonard-de-Noblat), fondée en 1860[8], dont la cheminée datant de la révolution industrielle est classée aux Monuments historiques. Cette tannerie fournit les peausseries, pour les semelles uniquement, depuis les débuts d'Édouard Blanchard[6], et traite environ cent-trente tonnes de peau de vache par an venant d'Allemagne et d'Autriche[9]. La peausserie pour le dessus de la chaussure vient essentiellement de la tannerie française du Puy-en-Velay[10], rachetée par EPI en 2011, qui la revend finalement au Groupe Hermès en 2015.
De nos jours
J.M. Weston est présidée par Christopher Descours : « Aujourd’hui, ce sont les valeurs d’artisanat, de pérennité, de qualité et de transmission des savoir-faire français que le groupe EPI s’emploie à perpétuer dans chacune de ses autres acquisitions, toutes héritées de l’esprit particulier de cette marque de souliers. »[11] À part la coupe du cuir réalisée au laser, la fabrication est entièrement manuelle et nécessite de cent-cinquante à deux-cents étapes[3].
De 2001 à 2017, Michel Perry en est le directeur artistique[11]. Il est remplacé en janvier 2018 par Olivier Saillard[12].
2006 est l'année de la première collection de maroquinerie et bagagerie. Suivra une petite collection, marginale, pour femmes[10]. La gamme de maroquinerie sera largement étendue durant la fin de l'année 2012[13].
En 2008, bien que la manufacture ait été déplacée en 1991, l'entreprise est toujours installée à Limoges[14] où elle produit environ 100 000 paires[3] - [15] de chaussures pour un chiffre d'affaires de cinquante millions d'euros[6] - [1], avec deux-cent-vingts employés dont cent-quatre-vingt-dix ouvriers[10].
J.M. Weston fournit annuellement 1 800 paires de bottes à la gendarmerie (dont la Garde républicaine[16] et les motards de la Gendarmerie mobile) et à la police nationale[6] représentent environ 5 % de la production. La marque est également connue pour chausser les hommes d'État français comme Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn ou François Fillon, ainsi que les présidents de la République français Valéry Giscard d'Estaing, François Mitterrand, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy[3]. Par exemple, François Mitterrand ne possédait pas moins de trente paires de mocassins Weston[17].
En , J.M. Weston obtient la fermeture d'une usine de contrefaçon[18] située à Canton en Chine.
La marque dispose d'une quinzaine de points de vente en France, et vingt-cinq Ă l'international.
Groupe EPI
L'entreprise fait partie depuis 1974 du groupe familial EPI (Société européenne de participations industrielles), fondé par Christopher Descours, qui détient également les enseignes de vêtements pour enfants Bonpoint et de chemises Alain Figaret[6]. La holding EPI possède aussi les marques François Pinet, Michel Perry, Rare Champagne et le Château La Verrerie (AOC Côtes du Luberon). Michel Perry est par ailleurs directeur artistique des chausseurs J.M. Weston et Michel Perry.
Collaborations annexes
La marque collabore de temps en temps avec d'autres afin de commercialiser des produits différents de la gamme habituelle, par exemple avec Kitsuné[19], Joséphine de La Baume pour le modèle Derby 463, ou avec la boutique Colette.
Notes et références
- Thiébault Dromard, « EPI bâtit patiemment un nouvel empire du luxe », Challenges, no 346,‎ , p. 56 et 57 (ISSN 0751-4417)
- « J.M. Weston : le Moc’ déménage de l’autre côté des Champs-Élysées », sur FashionNetwork.com (consulté le ).
- Bertrand Fraysse, « Le mythe Weston : Marche à suivre », Challenges, no 282,‎ , p. 80 à 82 (ISSN 0751-4417, lire en ligne)
- « La petite histoire de J.M. Weston, le savoir-faire #MadeinFrance… », sur Netité, (consulté le ).
- Chronologie en 12 dates sur Les Échos.fr, Groupe Les Échos
- Le Monde, "J.M. Weston, qui chausse présidents et gendarmes, refuse de quitter Limoges pour préserver sa qualité" de Nicole Vulser, 5 mai 2009.
- « Les Descours filent vers le luxe » sur journaldunet.com.
- « La tannerie Weston » sur L'Expansion, .
- Provenance d'Allemagne ou d'Autriche justifiée par le fait que le cuir est plus épais que celui disponible en France.
- Agathe Azzis, « Dans les ateliers de J.M. Weston » sur journaldunet.com
- Frédéric Martin-Bernard, « J.M. Weston, l'art d'être constant et moderne » sur Madame Figaro, 8 novembre 2011.
- « Olivier Saillard - Directeur artistique de la Maison J.M. Weston », sur J.M. Weston (consulté le )
- Thiébault Dromard, « Ces grands chausseurs qui s'entourent de luxe », Challenges, no 306,‎ , p. 34 (ISSN 0751-4417) De la chaussure à la maroquinerie, il n'y a qu'un pas que vient de franchir la marque Weston.
- Frédéric Martin-Bernard, « un mocassin cousu main » Madame Figaro, 23 août 2007.
- Séverine de Smet, « À la source du cuir », O, vol. supplément à L'Obs, no 14,‎ , p. 96 à 99
« La marque vit essentiellement de ses classiques indémodables, disponibles en demi-pointure et en sept largeurs, soit quelque 100 000 paires produites par an. »
- Frédéric Martin-Bernard, « Le luxe aux pieds de la garde républicaine », Style, sur madame.lefigaro.fr, Le Figaro, (consulté le )
- Caroline Cox, Le luxe en héritage, Dunod, 2013, p. 277.
- « Weston gagne la bataille de la contrefaçon » sur Europe1.fr, 26 janvier 2011.
- Richard Bridgman, « J.M. Weston x Kitsuné 2011 » Matérialiste-Paris, 2011
Voir aussi
Bibliographie
- Didier Van Cauwelaert, J.M. Weston, Paris, Le Cherche Midi, , 143 p. (ISBN 978-2-7491-2145-1)