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International Food and Beverage Alliance

L'Alliance internationale de l'alimentation et des boissons (IFBA, à ne pas confondre avec l'acronyme, identique, de l'International Federation of Biosafety Associations ou avec celui de l'Instituto Federal da Bahia) est une organisation enregistrée à GenÚve, fondée en 2008 (au début de la crise de 2007), par les PDG de 10 des plus grandes entreprises mondiales de l'industrie alimentaire et des productions de boissons non alcoolisées[2].

L'OMS a un programme REPLACE[1] visant à progressivement supprimer dans le monde, les acides gras trans (cardiotoxiques) produits et utilisés par l'Industrie alimentaire. C'est aussi une volonté de la FDA et de l'UE. Depuis 2010 au moins, l'IFBA s'est engagée à y contribuer, notamment dans l'alimentation des enfants

L'IFBA a depuis 2010 au moins, de maniÚre publiquement affichée dans sa communication, l'objectif de soutenir des partenariats public-privé susceptibles de permettre à l'OMS d'atteindre ses objectifs dans le domaine des maladies non transmissibles[3], et d'« aider les individus à travers le monde à avoir des régimes alimentaires équilibrés et des modes de vie sains »[4],dont :

  • en supprimant notamment les acide gras trans qui selon l'OMS (2022) tuent environ 500 000 personnes par an des suites de maladie coronaire dans le monde[1] ;
  • en diminuant de 30 % l’apport moyen en sel pour atteindre moins de g de sel par jour d’ici 2025 (cf plan OMS 2013-2020 adoptĂ© en 2013). Selon un communiquĂ© de l'IFBA (2022), ses membres ont atteint cet objectif[5], mais le rapport de l'Alliance vise 2030 et est plus mitigĂ© (seuls les produits les plus vendus sont concernĂ©s)[6].

Les membres de l'IFBA s'adaptent aussi à la demande d'aliments sains (ex : en novembre 2016, PepsiCo annonce achÚte KeVita (marque américaine de boissons probiotiques)[7] puis lance l'année suivante une gamme de soupes de légumes et de desserts aux fruits présentés comme « bons pour la santé »[8], nouveautés présentées comme des gages de bonne volonté et d'avancées, l'entreprise continue par ailleurs à vendre des sodas sucrés et des produits ultra-transformés considérés comme mauvais pour la santé.

Mais l'IFBA est aussi soupçonnĂ©e d'ĂȘtre aussi l'une des organisations de façade mises en place par l'« industrie des aliments ultra-transformĂ©s » (ou UPFI pour Ultra-processed food industry) pour garantir leurs positions et intĂ©rĂȘts industriels et commerciaux dans le monde. L'IFBA compte en effet quelques-uns des plus gros producteurs d'aliments ultra-transformĂ©s du secteur de l'industrie de l'alimentation, aliments connus pour ĂȘtre l'une des causes de l'Ă©pidĂ©mie mondiale de maladies non contagieuses[2], et les entreprises membres de l'IFBA ne suivent que lentement et modĂ©rĂ©ment les recommandations de l'Organisation des Nations unies (ONU) qui ont « exhortĂ© les gouvernements Ă  restreindre la commercialisation d'aliments malsains et de boissons non alcoolisĂ©es auprĂšs des enfants ». Une Ă©valuation publiĂ©e en 2019 a conclu qu'aucun progrĂšs n'a Ă©tĂ© fait en prĂšs de 15 ans dans le choix d'un Ă©valuateur indĂ©pendant chargĂ© d'Ă©valuer la politique globale de l'IFBA.

Membres

En 2018, les membres de l'IBA Ă©taient douze multinationales :

Gouvernance

L'organisation est animée par un président et des co-président et pilotée par un secrétaires général.

Une représentativité à relativiser

Selon une étude (2017) publiée par les universitaires canadien et australien Jennifer Clapp & Gyorgy Scrinis, les entreprises de la Big Food, c'est-à-dire de la production d'aliments industriels transformés, ultra-transformés et emballés, ont fait croire que la valeur nutritionnelle des aliments se réduit à celle des nutriments qu'ils contiennent (principe de l'équivalence en substance), et ils ont capitalisé cette croyance comme moyen d'améliorer leur pouvoir et leur position dans le marché mondial[9].
Selon Clapp & Scrinis, via des partenariats public-privé axés sur la nutrition et grùce à un lobbying permanent, ils ont cherché à directement et indirectement influencer les politiques publiques et la gouvernance de l'alimentation mondiale, tout en communiquant abondamment sur les aspects nutritionnel et de sécurité des aliments, pour renforcer leur pouvoir et leur influence dans le secteur[9]. L'ISBA façonne les perceptions du public et l'environnement réglementaire plus large et imposent ainsi les standards industriels de ses membres à une partie croissante des chaßnes d'approvisionnement agroalimentaires du monde[9].

L'ISBA et sa douzaine d'entreprises sont l'un des lobby les plus influents du secteur de l'alimentation, notamment parce l'ISBA s'est introduite dans les processus de décision de l'OMS[9].

Paradoxalement, hors du secteur boisson, l'ISBA ne représente numériquement et en volume qu'une petite part du marché mondial et des emplois du secteur alimentaire global (constitué, lui, de millions de trÚs petites, petites et moyennes entreprises et d'un important secteur informel)[10]. En 2010, les 10 plus grandes sociétés de boissons non-alcoolisées fournissaient plus de la moitié (52,3 %) de ce marché dans le monde ; avec notamment Coca-Cola (25,9 %), devant PepsiCo (11,5 %)[10]. Cependant, les dix principales entreprises alimentaires ne mettaient sur le marché que 15,2 % de tous les aliments tranformés et emballés industriels, aucune ne fournissant plus de 3,3 % du marché mondial[10]. Cette faible représentation est d'ailleurs un argument retenu par 3 chercheurs internes de Pepsi, pour lesquels « sans la pleine participation de ces petites entreprises, l'impact des engagements pris par les membres de l'IFBA et d'autres grandes entreprises multinationales de l'alimentation et des boissons restera limité »[10].

Critiques, controverses

L'IFBA a toujours préconisé une relation étroite de l'industrie alimentaire avec l'OMS, et elle a obtenu par ailleurs par un statut consultatif spécial auprÚs du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC), officiellement dans l'objectif de soutenir l'OMS.

En 2016, les sociĂ©tĂ©s membres de l’IFBA se sont engagĂ©es Ă  rĂ©duire leur utilisation d'acides gras trans produits industriellement Ă  des niveaux insignifiants sur le plan nutritionnel, dans le monde entier, et avant le fin 2018[4]. En 2018, Rocco Renaldi, secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’IFBA a annoncĂ© que son organisation accueillait favorablement cette action conjointe de l’Organisation mondiale de la santĂ© et de Resolve to Save Lives, affirmant que « les acides gras trans produits industriellement ont Ă©tĂ© supprimĂ©s de 98,8 % des gammes de produits globales »[4].

La volontĂ© de grande proximitĂ© de l'IFBA avec l'OMS s'est avĂ©rĂ©e suspecte quand l'IFBA s'est opposĂ© Ă  la mise en place et diffusion d'un outil de l'OMS visant Ă  aider les pays Ă  protĂ©ger leurs politiques nutritionnelles contre les conflits d'intĂ©rĂȘts[11]. Dans un e-mail publiĂ© par The Times of India, l'IFBA s'est montrĂ©e en train de faire pression sur les États membres de l'OMS contre l'exclusion de l'industrie alimentaire du cadre d'engagement de l'OMS avec les acteurs non Ă©tatiques[2] - [12].

Selon une étude récente (2021)[2], l'IFBA a été le plus prolifique des participants aux consultations de l'OMS des années 2010[13].

Mais une Ă©tude (2019) ayant Ă©valuĂ© la responsabilitĂ© de la politique mondiale de IFBA sur les communications marketing destinĂ©es aux enfants (politique mondiale) au regard des recommandations de l'ONU et des meilleures pratiques, sur prĂšs de 15 ans (janvier 2004 → octobre 2018) [14] ne montre que des progrĂšs modestes ou nuls : l'Ă©tude s'est basĂ©e sur le protocole LEAD (localiser, Ă©valuer, assembler des preuves pour Ă©clairer les dĂ©cisions), proposĂ© par l'AcadĂ©mie nationale de mĂ©decine pour identifier les preuves et noter la progression dans 5 niveaux de responsabilisation des entreprises (selon une grille aucune, limitĂ©e, moyenne, Ă©tendue)[14]. L'Ă©tude a conclu que

  • aucun progrĂšs n'a Ă©tĂ© fait pour nommer un organe habilitĂ© Ă  Ă©valuer la politique globale de l'IFBA[14] ;
  • l'IFBA et la Fondation Access to Nutrition ont progressĂ© dans la prise en compte et le partage de l'enjeu[14] ;
  • divers acteurs n'ont fait aucun progrĂšs pour demander des comptes Ă  l'IFBA en cas de non-respect de ses objectifs en matiĂšre de santĂ©, ou pour renforcer les responsabilitĂ©s en vue d'une conformitĂ© future[14].

Les auteurs estiment que l'IFBA pourrait pour s'aligner sur les meilleures pratiques pour améliorer leurs politiques à échelle mondiale, et que l'ONU et d'autres parties prenantes devraient plus significativement pousser les entreprises de l'IFBA et tous ceux qui mettent sur le marché des produits alimentaire destinés aux enfants à moins proposer d'aliments et boissons compromettant l'alimentation et la santé, pour notamment diminuer l'obésité infantile[14].

Une autre études fait remarquer que parmi les anciens coprésidents de l'IFBA figure Janet Voûte[15], qui a été embauchée par le groupe Nestlé aprÚs avoir quitté son poste à l'Organisation mondiale de la santé.

L'un des premiers secrĂ©taires gĂ©nĂ©raux de l'IFBA Ă©tait Delon Human, or ce mĂ©decin sud-africain semble avoir Ă©tĂ© dĂ©mis de ses fonctions par l'IFBA, aprĂšs que l'OMS ait dĂ©couvert qu'il Ă©tait en situation de conflit d'intĂ©rĂȘts dans cette mission en raison de liens Ă©troits et commerciaux avec l'industrie du tabac[16]. Delon Human avait antĂ©rieurement Ă©tĂ© conseiller de la British American Tobacco via deux deux de ses sociĂ©tĂ©s[16].

En 2014, Rocco Renaldi, a été nomme secrétaire général par intérim de l'IFBA, fait notable car Rocco Renaldi est aussi l'un des fondateurs de Landmark Public Affairs, une agence de lobbying à Bruxelles, Londres, Singapour et New York, qui compte parmi ses clients PepsiCo, Kellogg's, la Fédération mondiale des annonceurs et l'« initiative volontaire EU Pledge » (par laquelle, pour se mettre en conformité avec une directive de l'Union européenne[17], quelques-unes des plus grandes entreprises alimentaires (23 en 2022), en lien avec la Fédération mondiale des annonceurs s'engagent à modifier leurs modalités de publicité auprÚs des enfants (zéro publicité pour les produits destinés aux enfants de moins de 13 ans, sauf éventuellement pour les produits nutritionnels communs, et zéro communication marketing sur les produits dans les écoles primaires)... en ciblant plutÎt les parents pour qu'ils fassent « les bons choix alimentaires et de style de vie pour leurs enfants »)[18] - [19].

De plus, en avril 2021, R. Renaldi Ă©tait aussi responsable d'un autre groupe de pression, europĂ©en : FoodServiceEurope[20] (anciennement FERCO, crĂ©Ă© en 1990, qui se prĂ©sente en 2022 comme un « acteur important dans le processus dĂ©cisionnel de l’UE » oĂč il dĂ©fend les intĂ©rĂȘts de la restauration collective (plus de 600 000 employĂ©s fournissant plus de 6 milliards de repas par an)[21].

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

Références

  1. « acides gras trans », sur www.who.int (consulté le )
  2. (en) Kathrin Lauber, Harry Rutter et Anna B Gilmore, « Big food and the World Health Organization: a qualitative study of industry attempts to influence global-level non-communicable disease policy », BMJ Global Health, vol. 6, no 6,‎ , e005216 (ISSN 2059-7908, PMID 34117011, PMCID PMC8202098, DOI 10.1136/bmjgh-2021-005216, lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) « OMS_companies_commitment_WHO » (version du 22 novembre 2010 sur Internet Archive)
  4. (en) « Des fabricants internationaux de produits alimentaires et de boissons soutiennent l’appel de l’Organisation mondiale de la santĂ© et de Resolve to Save Lives pour l’élimination des acides gras trans produits industriellement de l'approvisionnement alimentaire mondial », (consultĂ© le )
  5. « L'International Food & Beverage Alliance et la réduction du sodium », sur PharmaTV.net, (consulté le )
  6. (en-US) « IFBA Global Sodium Reduction Commitment », sur IFBA (consulté le )
  7. (en) « PepsiCo to buy probiotic drinks maker KeVita », sur Reuters, (consulté le )
  8. Jean-François Arnaud, « Pourquoi Pepsico s'invite dans les fruits et légumes », sur Challenges, (consulté le )
  9. Jennifer Clapp et Gyorgy Scrinis, « Big Food, Nutritionism, and Corporate Power », Globalizations, vol. 14, no 4,‎ , p. 578–595 (ISSN 1474-7731, DOI 10.1080/14747731.2016.1239806, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. Alexander E., Yach D & Mensah G.A (2011) Major multinational food and beverage companies and informal sector contributions to global food consumption: implications for nutrition policy. Globalization and health, 7(1), 1-8. URL=https://globalizationandhealth.biomedcentral.com/articles/10.1186/1744-8603-7-26
  11. (en) Kathrin Lauber, Rob Ralston, MĂ©lissa Mialon et Angela Carriedo, « Non-communicable disease governance in the era of the sustainable development goals: a qualitative analysis of food industry framing in WHO consultations », Globalization and Health, vol. 16, no 1,‎ , p. 76 (ISSN 1744-8603, PMID 32847604, PMCID PMC7448499, DOI 10.1186/s12992-020-00611-1, lire en ligne, consultĂ© le )
  12. (en) Rema Nagarajan / TNN / Updated: May 20, 2015 et 22:26 Ist, « Leaked mail reveals lobbying by food, beverage giants to access policy making in WHO - Times of India » (consulté le )
  13. « About us - IFBA », sur web.archive.org, (consulté le )
  14. Kraak, V. I., RincĂłn‐Gallardo Patiño, S., & Sacks, G. (2019). An accountability evaluation for the International Food & Beverage Alliance's Global Policy on Marketing Communications to Children to reduce obesity: A narrative review to inform policy. Obesity Reviews, 20, 90-106. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/obr.12859
  15. (en) Janet VoĂ»te, Anne Heughan et Jorge Casimiro, « Non-communicable diseases and the food and beverage industry », The Lancet, vol. 379, no 9814,‎ , p. 410–411 (DOI 10.1016/S0140-6736(12)60187-1, lire en ligne, consultĂ© le )
  16. (en) « Delon Human ; TobaccoTactics » (consulté le )
  17. directive sur les services de médias audiovisuels, dont article 9.2 appelle à des codes de conduite sur la commercialisation de certains produits alimentaires et boissons destinés aux enfants de moins de 13 ans dans l'UE, y compris depuis 2019 via le marketing d'influence qui se développe sur les réseaux sociaux, via les influenceurs notamment
  18. « Landmark », sur web.archive.org, (consulté le )
  19. « Transparency Register », sur ec.europa.eu (consulté le )
  20. « Registre des reprĂ©sentants d'intĂ©rĂȘts », sur ec.europa.eu (consultĂ© le ).
  21. http://www.somethingto.com, « FoodServiceEurope », sur www.foodserviceeurope.org (consulté le )
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