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International Food Information Council

FondĂ©e en 1985, l' International Food Information Council (IFIC) est un Organisme sans but lucratif, crĂ©Ă© et financiĂšrement soutenue par de grands groupes de l'industries de l'alimentation, des boissons et de l'agroalimentaire [1]. L'IFIC se prĂ©sente en 2022 comme est une organisation neutre, « d'Ă©ducation et de recherche sur les consommateurs, qui communique des informations factuelles sur la santĂ©, les habitudes alimentaires, la sĂ©curitĂ© des ingrĂ©dients et la production agricole » dans « un environnement mondial oĂč une science crĂ©dible guide les dĂ©cisions alimentaires »[2].

International Food Information Council (IFIC)
Histoire
Fondation
Cadre
Type
Association professionnelle et Groupe de pression
SiĂšge
États-Unis
Langue
Organisation
Membres
entreprises de l'industrie de l'alimentation, de l'agroalimentaire et des biotechnologies
Site web

Selon le Center for Media and Democracy, "En réalité, l'IFIC est l'une des branches de relations publiques des industries de l'alimentation, des industries des boissons et de l'agriculture industrielle, qui lui fournissent l'essentiel de son financement" (en grande partie via les frais d'adhésion) à des fins de lobbying au service de l'Industrie alimentaire[3].

Cette entitĂ© ne doit pas ĂȘtre confondue avec le Conseil mondial de l'alimentation (CMA), un organe crĂ©Ă© sur demande de l'ONU au moment de la ConfĂ©rence mondiale l'alimentation en 1974 (peu aprĂšs ce qui Ă©tait alors la pire crise alimentaire de l'histoire moderne). Ce CMA n'a jamais pu fonctionner et a fini par ĂȘtre dissous en 1993[4].

Les membres de l'IFIC

Ce sont des entreprises vendant des produits alimentaires et liés à l'alimentation, dont des fournisseurs d'emballages ou d'équipements, des prestataires de services, des entreprises de conception, des organismes d'inspection/de test et des entreprises de mise en conserve/embouteillage, s'intéressant aux questions de nutrition et de sécurité alimentaire, et quelques organisations non-industrielles, (instituts de recherche, fondations et associations intéressés par les enjeux de nutrition et de sécurité alimentaire [...]" 2018 Formulaire 990[5].

Une Ă©tude rĂ©cente (2011) a conclu, sur la base de l'analyse de 75 documents Ă©crits par des personnalitĂ©s Ă©minentes ayant eu une longue carriĂšre au service de l'industrie alimentaire, que pour eux, derriĂšre une façade d'intĂ©rĂȘt public et gĂ©nĂ©ral, l'IFIC (et sa Fondation associĂ©e) ont Ă©tĂ© crĂ©Ă©s, comme un outil de lobbying destinĂ© Ă  :

  1. servir les relations publiques de l'industrie alimentaire ;
  2. amplifier les messages issus des organismes de recherche financĂ©s par l'industrie ; 
  3. positionner en avant-plan des experts choisis par l'industrie (plutĂŽt que laisser les mĂ©dias ou le public choisir qui entendre), de maniĂšre que ces experts puissent mettre en avant le discours de l'industrie, sans que cela se sache (l'Ă©tude montre que parfois des efforts importants sont faits pour diluer et dissimuler Ă  la vue du public les liens d'intĂ©rĂȘt qui existent entre l'industrie et l'IFIC).

Cette Ă©tude visait Ă  comprendre les motivations de l'industrie, et Ă  Ă©valuer son degrĂ© d'influence dans le domaine des communications et de l'information relatives aux sciences nutritionnelles. Les auteurs (Sarah Steele[6], Lejla Sarcevic[7], Gary Ruskin[8] et David Stuckler[9] concluent que l'IFIC est l'un des « groupes de façade » (Industry Front Groups)[10] construit et financĂ©s par l'industrie alimentaire « pour faire progresser ses positions et ses bĂ©nĂ©fices ». « La promotion par l'IFIC de donnĂ©es probantes pour l'industrie alimentaire doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme une stratĂ©gie de marketing pour ces bailleurs de fonds ». Dans un contexte oĂč la confiance du public dans la science s'Ă©rode[11], et oĂč des intĂ©rĂȘts particuliers corrompent l'information sur notre alimentation ; l'IFIC a une communication est efficace sur la science alimentaire, mais qui « peut ĂȘtre obscurcie par des conflits d'intĂ©rĂȘts non dĂ©clarĂ©s ». Les auteurs se disent Ă©galement prĂ©occupĂ©s par des preuves que l'IFIC, derriĂšre une façade de prĂ©tendue neutralitĂ©, « coordonne et place des alliĂ©s de l'industrie dans les organes de presse en ligne et traditionnels ». Selon cette Ă©tude, l'IFIC semble aussi transmettre au public (via les mĂ©dias) du contenu en rĂ©alitĂ© produit par l'industrie et par d'autres organisations financĂ©es par l'industrie telle que l'ILSI[12] - [13]). L'IFIC en outre contrecarre le portĂ© Ă  connaissance des preuves gĂȘnantes pour l'industrie, et s'oppose Ă  des mesures efficaces de santĂ© publique et de sĂ©curitĂ© sanitaire (par exemple en freinant l'Ă©tiquetage, l'information et la rĂ©glementation relatifs aux risques posĂ©s par les sodas sucrĂ©s)[14].

Études et enquĂȘtes

Depuis des dĂ©cennies, l'IFIC mĂšne des recherches sur le comportement et les opinions des consommateurs (en gĂ©nĂ©ral ou pour certains segments de la population comme les enfants, les personnes ĂągĂ©es[15] ou la gĂ©nĂ©ration Z vis-Ă -vis de l'alimentation, dont via une enquĂȘte annuelle, pour examiner les effets des Ă©volutions de perceptions sur les attitudes et comportements des consommateurs[16]. Les enquĂȘtes annuelles recueillent des informations (autodĂ©clarations) auprĂšs d'environ 1000 participants rĂ©munĂ©rĂ©s, choisis par un institut de sondage. Une fois dĂ©pouillĂ©e, l'enquĂȘte est mise en ligne, chaque annĂ©e depuis 2006. Des questions plus approfondies relatives Ă  la sĂ©curitĂ© alimentaire y ont Ă©tĂ© ajoutĂ©es (Ă  partir de 2008)[17].
À titre d'exemple des informations apportĂ©es par ces enquĂȘtes : en termes d'information nutritionnelle, pour la pĂ©riode 2006–2010, les rĂ©pondants ont dit lire la date de pĂ©remption (68 %), la liste d'ingrĂ©dients (54 %), l'Ă©tiquetage des allergĂšnes (9 %), les mentions du pays d'origine (16 %) et relatives Ă  l'agriculture biologique (16 %), pour guider leur choix d'achat et de consommation des aliments. Ils disent utiliser diverses sources d'information sur la salubritĂ© des aliments, les plus fiables Ă©tant selon eux les agences/fonctionnaires gouvernementaux (39 %), les professionnels de la santĂ© (37 %), les associations de santĂ© (31 %) et les journaux tĂ©lĂ©visĂ©s (31 %)[17].

Critiques, controverses

Dans un rapport intitulĂ© The Best Public Relations Money Can Buy: A Guide to Food Industry Front Groups[18], le Center for Food Safety[19] a qualifiĂ© l'IFIC (et des organisations similaires de l'Industrie alimentaires crĂ©es pour influencer les preuves et l'opinion)[20], d'organisation de façade formĂ©e par de grandes entreprises pour "se cacher derriĂšre des organisations Ă  consonance amicale" afin d'induire le public en erreur pour qu'il fasse confiance Ă  ses entreprises et Ă  leurs produits. Selon ce mĂȘme rapport, l'IFIC, avec d'autres groupes de façade, mĂšnent des campagnes mĂ©diatiques qui comprennent des apparitions Ă  la tĂ©lĂ©vision, des articles de presse, des publicitĂ©s et des recherches publiĂ©es pour prĂ©senter les informations que ses membres souhaitent voir adopter par le public.

Voir aussi

Références

  1. Nonprofit Report for International Food Information Council, GuideStar
  2. (en-US) « International Food Information Council », sur International Food Information Council (consulté le )
  3. « International Food Information Council - SourceWatch »
  4. (en) D. John Shaw, « The World Food Council: The Rise and Fall of a United Nations Body », Canadian Journal of Development Studies / Revue canadienne d'Ă©tudes du dĂ©veloppement, vol. 30, nos 3-4,‎ , p. 663–694 (ISSN 0225-5189 et 2158-9100, DOI 10.1080/02255189.2010.9669320, lire en ligne, consultĂ© le )
  5. (en) Andrea Suozzo, Ken Schwencke, Mike Tigas, Sisi Wei, Alec Glassford, Brandon Roberts, « International Food Information Council - Nonprofit Explorer », sur ProPublica, (consulté le )
  6. Cambridge Public Health, Forvie Site, University of Cambridge School of Clinical Medicine, Cambridge Biomedical Campus, Cambridge, UK)
  7. Intellectual Forum du Jesus College (Cambridge) UK
  8. ONG U.S. Right to Know, Oakland, CA, USA
  9. Bocconi University, Milan (Italy), et Intellectual Forum du Jesus College (Cambridge)
  10. (en) Dorie E. Apollonio et Lisa A. Bero, « The Creation of Industry Front Groups: The Tobacco Industry and “Get Government Off Our Back” », American Journal of Public Health, vol. 97, no 3,‎ , p. 419–427 (ISSN 0090-0036 et 1541-0048, PMID 17267719, PMCID PMC1805008, DOI 10.2105/AJPH.2005.081117, lire en ligne, consultĂ© le )
  11. (en-US) Reid Wilson, « Polls show trust in scientific, political institutions eroding », sur The Hill, (consulté le )
  12. (en) Sarah Steele, Gary Ruskin, Lejla Sarcevic et Martin McKee, « Are industry-funded charities promoting “advocacy-led studies” or “evidence-based science”?: a case study of the International Life Sciences Institute », Globalization and Health, vol. 15, no 1,‎ , p. 36 (ISSN 1744-8603, DOI 10.1186/s12992-019-0478-6, lire en ligne, consultĂ© le )
  13. Sarah Steele, Gary Ruskin et David Stuckler, « Pushing partnerships: corporate influence on research and policy via the International Life Sciences Institute », Public Health Nutrition, vol. 23, no 11,‎ , p. 2032–2040 (ISSN 1368-9800 et 1475-2727, DOI 10.1017/s1368980019005184, lire en ligne, consultĂ© le )
  14. (en) Susan Greenhalgh, « Soda industry influence on obesity science and policy in China », Journal of Public Health Policy, vol. 40, no 1,‎ , p. 5–16 (ISSN 0197-5897 et 1745-655X, DOI 10.1057/s41271-018-00158-x, lire en ligne, consultĂ© le )
  15. Ann Bouchoux, « Exploring the Food and Health Attitudes of Older Americans », Journal of Nutrition For the Elderly, vol. 20, no 3,‎ , p. 39–43 (ISSN 0163-9366, DOI 10.1300/J052v20n03_04, lire en ligne, consultĂ© le )
  16. « Regulations.gov », sur www.regulations.gov (consulté le )
  17. (en) Mildred M. Cody et Robert Gravani, « International Food Information Council Foundation Food and Health Survey, 2006–2010, Food Safety: A Web-enabled Survey », sur Food Protection Trends, (consultĂ© le ), p. 309–326
  18. Michelle Simon (2013) The Best Public Relations Money Can Buy: A Guide to Food Industry Front Groups The Best Public Relations Money Can Buy: A Guide to Food Industry Front Groups ; Center for Food Safety, mai 2013, 16p. | URL=https://www.centerforfoodsafety.org/files/cfs_front_groups_79234.pdf
  19. Le CFS (Center for Food Safety) est une ONG d'intĂ©rĂȘt public et de dĂ©fense de l'environnement crĂ©Ă©e en 1997 pour proposer des alternatives durables Ă  l'agriculture industrielle et mieux garantir la sĂ©curitĂ© alimentaire, via des initiatives politiques, via l'Ă©ducation du public et via la sensibilisation des mĂ©dias
  20. (en) Gary Sacks, Boyd A. Swinburn, Adrian J. Cameron et Gary Ruskin, « How food companies influence evidence and opinion – straight from the horse’s mouth », Critical Public Health, vol. 28, no 2,‎ , p. 253–256 (ISSN 0958-1596 et 1469-3682, DOI 10.1080/09581596.2017.1371844, lire en ligne, consultĂ© le )

Articles connexes

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