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Inhalothérapeute

L’inhalothérapeute est une profession de la santé dont l’expertise en soins du système cardio-respiratoire est reconnue par le Code des professions du Québec. Ce terme semble être utilisé davantage au Québec ; il est aussi utilisé au Nouveau-Brunswick. Dans le reste du Canada et dans d'autres pays, on parle plutôt de « Respiratory Therapist ».

Inhalothérapeute
Présentation
Secteur

En France, ces tâches sont dévolues entre autres à l’infirmier anesthésiste ou au kinésithérapeute. Au Maghreb, elles sont assumées notamment, en partie, par les diplômés d'État (Maroc) ou par des techniciens supérieurs de la santé publique (Tunisie) spécialisés en anesthésie-réanimation.

Un peu d’histoire

Quelques repères chronologiques permettent de décrire une courte histoire de l'inhalothérapie[1] :

  • 1950 — La naissance de cette profession remonte Ă  la fin des annĂ©es 1950. Cherchant une solution pour pallier le manque de personnel auxiliaire pour administrer l’oxygène aux malades, le Dr Louis Lamoureux, alors chef du service d’anesthĂ©sie de l’HĂ´pital Notre-Dame, propose lors d’une assemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la SociĂ©tĂ© canadienne des anesthĂ©sistes de former des oxygĂ©nothĂ©rapeutes.
  • 1964 — Naissance de la première Ă©cole d’inhalothĂ©rapie au Canada : l’École de technologie en thĂ©rapie inhalatoire de l’Institut Lavoisier de l’HĂ´pital St-Joseph de Rosemont (devenue depuis l’HĂ´pital Maisonneuve-Rosemont). La direction a Ă©tĂ© confiĂ©e au Dr RomĂ©o Soucy (1926-2011), biochimiste et chef du laboratoire de physiologie respiratoire de l’HĂ´pital Saint-Joseph de Rosemont, considĂ©rĂ© par plusieurs et Ă  juste titre comme le père fondateur de l’inhalothĂ©rapie au QuĂ©bec.
  • 1969 — Le programme intègre le rĂ©seau collĂ©gial au CĂ©gep de Rosemont avec un programme technique de trois ans nommĂ© InhalothĂ©rapie. Ă€ la mĂŞme Ă©poque, l’Association des anesthĂ©siologistes du QuĂ©bec (AAQ), dĂ©sireuse de former des professionnels exclusivement dĂ©diĂ©s Ă  assister les anesthĂ©sistes dans leurs tâches quotidiennes au bloc opĂ©ratoire, propose d’ajouter un volet « assistance anesthĂ©sique » Ă  la formation initiale des inhalothĂ©rapeutes dĂ©jĂ  orientĂ©e vers les techniques spĂ©cifiques de support Ă  la respiration et Ă  la circulation. Le programme, rebaptisĂ© Cours d’inhalothĂ©rapie – anesthĂ©sie, sera alors enseignĂ© dans seulement 5 cĂ©geps Ă  travers la province.

Formation

L’inhalothérapeute doit être titulaire d’un diplôme d’études collégiales en techniques d’inhalothérapie et d’anesthésie. Le programme collégial 141.0A « Techniques d'inhalothérapie » comprend, entre autres, les cours et stage associé au secteur de l'assistance anesthésique. Il existe aussi un certificat de perfectionnement de niveau universitaire en soins critiques et assistance anesthésique.

Au Québec, les collèges enseignant cette discipline en français sont les suivants: le Cégep de Rosemont, le Cégep de Sherbrooke, le Cégep de Sainte-Foy, le Cégep de Chicoutimi, le collège Ellis au campus de Trois-Rivières et au campus de Longueuil, ainsi que tout nouvellement le Cégep de l'Outaouais au campus Gabrielle-Roy et le Cégep de Valleyfield. D'autre part, il est également possible de poursuivre cette formation en anglais au Vanier College.

Aptitudes et qualités souhaitées

Les aptitudes et qualités souhaitées du professionnel en inhalothérapie ont été précisées, bien que cette liste ne soit non exhaustive[2] :

  • avoir une bonne santĂ© et une bonne condition physique car la personne aura Ă  travailler de longues heures debout et Ă  se dĂ©placer d’un patient Ă  l’autre;
  • possĂ©der de l’habiletĂ© et bonne dextĂ©ritĂ© manuelles, pour manipuler efficacement les diffĂ©rents appareils et instruments dĂ©licats;
  • aimer travailler avec le public car les contacts avec les patients(es) et leur famille sont constants ;
  • sens des responsabilitĂ©s pour surveiller, souvent en toute autonomie aux soins intensifs et au bloc opĂ©ratoire, les fonctions vitales de la personne ;
  • travailler avec minutie et prĂ©cision et avoir le souci du travail bien fait, certaines techniques comme l’intubation endotrachĂ©ale et la ponction radiale demandent beaucoup de doigtĂ©s car la personne aura Ă  manipuler des appareils dĂ©licats et effectuer de façon prĂ©cise des manĹ“uvres comme en cardiorespiratoire par exemple ;
  • faire preuve d’un sens aiguisĂ© de l’observation, d’esprit d’analyse et de synthèse pour bien analyser la situation, prĂ©voir et ĂŞtre prĂŞt Ă  intervenir s’il y a un imprĂ©vu ;
  • dĂ©montrer de l’assurance dans ses gestes et un contrĂ´le de ses Ă©motions (empathie) ;
  • possĂ©der de la facilitĂ© de travailler en Ă©quipe parce que les collaborations interprofessionnelles sont nombreuses avec les anesthĂ©sistes, les chirurgiens, les urgentologues, etc.
  • conserver son sang-froid dans les situations critiques ;
  • possĂ©der un bon jugement, l’esprit d’initiative et de bons rĂ©flexes pour ĂŞtre prĂŞt Ă  intervenir lors d’une complication en salle d’opĂ©ration ou de rĂ©animation ou aux soins critiques par exemple ;
  • ĂŞtre Ă  l’écoute (calme, patience et discrĂ©tion sont nĂ©cessaires pour rassurer un(e) patient(e)) ;
  • avoir le sens de l’organisation pour bien planifier les diffĂ©rentes procĂ©dures et interventions cliniques.

Clientèles

Les types d'usagers sont, bien que non limitativement, plus fréquents dans la pratique de l'inhalothérapeute :

  • NĂ©onatale;
  • PĂ©diatrique;
  • Adulte;
  • GĂ©riatrique;
  • Clientèle spĂ©cifique (intervention Ă©ducative et motivationnelle, suivi clinique…) : malade pulmonaire (exemple : asthme, fibrose kystique, broncho-pneumopathie chronique obstructive), cessation tabagique, etc.

Champs d’activité clinique

L'inhalothérapeute pratique, bien que non limitativement, dans les champs d'activité clinique suivants :

  • Épreuves diagnostiques de la fonction cardiorespiratoire : prĂ©lèvements de gaz sanguins, Ă©preuves reliĂ©es Ă  la fonction respiratoire et cardiaque (exemple: ECG au repos et Ă  l'effort), polysomnographie, etc.

Secteurs d'activité

Des soins très critiques

La respiration, tout comme la communication, est au cœur du travail des inhalothérapeutes. Ainsi, aux soins intensifs et à l’urgence, ils s’occupent des patients dont la condition est critique et souvent instable ou qui, en raison d’une chirurgie ou d’un autre problème comme une blessure, un accident, une infection ou la complication d’une maladie existante, sont incapables de respirer seuls, sans assistance[3]. On installe alors un respirateur artificiel, qui, pour un temps plus ou moins long selon la pathologie, assurera une ventilation artificielle, mécanique.

Chaque patient sous assistance ventilatoire est visité plusieurs fois par jour par l’inhalothérapeute. Il mesure les différents paramètres (volumes et pressions pulmonaires, fréquence respiratoire, taux d’air enrichi d’oxygène, etc.) et les compare à ceux générés par le respirateur. Il vérifie le bon positionnement de la sonde d'intubation endotrachéale insérée dans la bouche en auscultant les poumons et en étudiant la radiographie du thorax. Il s’assure aussi de la solidité de la fixation qui la tient en place et la remplace au besoin.

Lorsque le médecin traitant arrive pour la tournée médicale, l’inhalothérapeute se joint à l’équipe multidisciplinaire qui s’arrête au chevet de chacun des patients pour discuter de l’évolution de la maladie, du traitement approprié et du plan d’intervention selon les objectifs attendus.

L’inhalothérapeute doit posséder un excellent jugement clinique, de l’initiative pour prendre des décisions et intervenir rapidement — parfois même en l’absence du médecin.

Coma artificiel

S’il est un endroit où ses qualités sont mises à profit, c’est au bloc opératoire où les inhalothérapeutes surveillent les fonctions vitales du patient et assurent le bon fonctionnement des appareils utilisés. Au Québec, l’inhalothérapeute exerce en assistance anesthésique[4] depuis près de 40 ans. Il assure en toute autonomie la surveillance clinique de la condition de la personne sous anesthésie ou sous sédation-analgésie.

Un peu plus du tiers des inhalothérapeutes québécois travaillent au bloc opératoire où ils sont les assistants reconnus des anesthésiologistes. Lors d’une anesthésie générale, le patient est paralysé et ne peut donc pas respirer par lui-même. Comme pour les patients aux soins intensifs, on lui insère un tube dans la gorge (intubation endotrachéale) et on le branche à un respirateur. Il reçoit aussi tout un cocktail de médicaments qui le rendra insensible à la douleur et lui fera perdre conscience.

On induit un coma artificiel. Le rôle de l’inhalothérapeute consiste à préparer les équipements, le matériel, les médicaments et à installer les appareils qui serviront à surveiller les fonctions vitales : les battements cardiaques, la température du corps, la fréquence de la respiration, le taux d’oxygène, etc. À partir du moment où l’opération commence, l’anesthésiste et l’inhalothérapeute se relaient pour assurer une présence constante au chevet du patient. Ils surveillent les moniteurs et les signes vitaux, bien sûr, mais aussi le niveau de stress subi par le patient. Car même sous anesthésie générale, le corps peut ressentir de la douleur. Des signes cliniques — la sueur au front par exemple, ou une augmentation de la pression artérielle et de la fréquence des battements cardiaques — indiquent que l’effet des médicaments se dissipe et qu’il faut renouveler la dose. Cela demande non seulement une vigilance de tous les instants, mais aussi une excellente connaissance des médicaments et de leurs effets.

La sédation-analgésie

La sédation-analgésie est définie comme étant l’administration de médicaments ou de substances qui servent à altérer l’état de conscience d’une personne, sa perception de la douleur et sa tolérance à l’environnement, tout en lui permettant une réponse à la stimulation verbale ou tactile et le maintien d’une fonction ventilatoire adéquate en tout point. Elle est alors dite « procédurale » ou « de confort ».

La sédation procédurale a comme principaux objectifs de permettre le contrôle et la tolérance à la douleur de l’usager afin de[5] :

  • permettre un certain degrĂ© d’amnĂ©sie
  • rĂ©duire l’anxiĂ©tĂ©
  • rĂ©duire l’inconfort (douleur) liĂ© Ă  la procĂ©dure
  • rĂ©duire les mouvements de l'usager pouvant nuire Ă  la procĂ©dure
  • faciliter la collaboration de l’usager.

L’équipe qui prend en charge la sédation-analgésie est composée d’un médecin ou d’un dentiste responsable qui prescrira la médication appropriée ou le protocole à respecter. Le rôle et les responsabilités de l’inhalothérapeute peuvent varier d’un établissement à l’autre, toutefois, sa présence auprès du patient est continue.

Les Ă©preuves diagnostiques

L’inhalothérapeute joue aussi un rôle dans l’élaboration de diagnostics. Il intervient au côté du médecin dans l’évaluation de l’état cardiorespiratoire du malade avant, pendant et après le traitement. De plus, il évalue l’efficacité des traitements et enseigne aux patients comment améliorer ou maintenir leur état de santé.

Au laboratoire d’épreuves diagnostiques[6], l’inhalothérapeute reçoit les personnes susceptibles de présenter des problèmes pulmonaires comme l’asthme, l’emphysème ou encore — et c’est de plus en plus fréquent — que l’on soupçonne de souffrir de troubles du sommeil. Ils ont en main une prescription pour divers tests de la fonction respiratoire au repos, à l’effort ou lors du sommeil. Après avoir établi l’histoire médicale du patient, l’inhalothérapeute effectue les tests prescrits en le faisant respirer dans un appareil qui mesure sa capacité à inspirer et expirer. Il valide aussi les résultats des tests avant la transmission au médecin traitant parce qu’ils lui serviront à établir un diagnostic précis et un plan de traitement adapté.

D’autre part, il participe aussi à l’élaboration diagnostique par :

  • des Ă©preuves de gazomĂ©trie sanguine;
  • des Ă©preuves diagnostiques de la fonction cardiorespiratoire au repos et Ă  l’effort;
  • des Ă©preuves diagnostiques invasives de la fonction cardiaque;
  • des prĂ©lèvements de sĂ©crĂ©tions bronchiques pour cytologie et bactĂ©riologie.

Soins respiratoires Ă  domicile

Le travail de l’inhalothérapeute aux soins à domicile[7] consiste majoritairement au suivi d’une clientèle âgée, surtout atteinte de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) qui comprend la bronchite chronique et l’emphysème. L’intervention éducative et motivationnelle ainsi que le suivi qu’il effectue auprès de cette clientèle et de sa famille permet d’améliorer leur qualité de vie et leur autonomie. Il ne faut pas oublier que ces patients sont de grands utilisateurs des soins de santé et consultent fréquemment soit à l’urgence, soit à la clinique sans rendez-vous. En apprenant à apprivoiser leur maladie, à reconnaître les symptômes de détérioration de leur état, à économiser leur énergie physique par des exercices simples de respiration, ils renforcissent leur estime d’eux-mêmes et consultent moins souvent à l’urgence.

Il faut souligner l’autonomie dont jouissent les inhalothérapeutes dans ce contexte. Au service à domicile, les inhalothérapeutes sont encadrés par des protocoles de suivi et d’intervention qui leur permettent par exemple de commencer un traitement avec un antibiotique ou de la cortisone, selon le tableau clinique que présente un patient. Les inhalothérapeutes procèdent aussi au suivi et au soutien techniques des différents équipements utilisés à domicile tels les concentrateurs d’oxygène qui extraient l’oxygène de l’air ambiant, les appareils pour traiter l’apnée du sommeil, les compresseurs pour les traitements d’aérosol, pour ne nommer que ceux-là.

Salaire

Le salaire d'un inhalothĂ©rapeute au QuĂ©bec en 2018 varie de 23,12 $ Ă  36,22 $ de l'heure. Le salaire d'un inhalothĂ©rapeute est infĂ©rieur Ă  celui d'une infirmière. Ă€ cela s'ajoutent des primes pour les inhalothĂ©rapeutes qui travaillent le soir, la nuit, les fins de semaines et pour ceux responsables des soins intensifs, du bloc opĂ©ratoire ou de l'urgence.

Lieux de pratique

L'inhalothérapeute travaille dans les hôpitaux, CLSC, CHSLD, clinique privée, centre de recherche, représentant de compagnie de produits médicaux. Il peut aussi se déplacer à domicile.

L'Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec (OPIQ)

La mission principale de l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes du Québec est d’assurer la protection du public en surveillant l’exercice de la profession selon des normes élevées et en favorisant l'actualisation et le développement des compétences dans le but de garantir des soins et des services de qualité en inhalothérapie. L'OPIQ exerce, en partenariat, un rôle prépondérant en matière de prévention, de promotion et de soins en santé cardiorespiratoire.

Afin de pouvoir exercer cette profession au Québec, le détenteur d'un diplôme d'études collégiales (DÉC) en techniques d'inhalothérapie[8] doit également devenir membre de cet ordre professionnel[9].

Notes et références

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

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