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Influence sociale

L’influence sociale ou la pression sociale est l'influence exercĂ©e par un individu, ou par un groupe sur chacun de ses membres, dont le rĂ©sultat est d'imposer des normes dominantes en matiĂšre d'attitude et de comportement. Émile Durkheim fut le premier sociologue Ă  souligner la « force » du social sur l'individu.

Cette influence entraĂźne la modification des comportements, attitudes, croyances, opinions ou sentiments d'un individu ou d'un groupe Ă  la suite du contact avec un autre individu ou groupe. Pour noter un tel effet d’influence, une quelconque relation doit exister entre ces entitĂ©s[1]. On distingue plusieurs types d’influences sociales, dites typologies d'influence, telles que le conformisme, l'innovation et la soumission Ă  l'autoritĂ©. Il existe Ă©galement d’autres phĂ©nomĂšnes qui peuvent s’expliquer en termes d’influence sociale comme la rĂ©sistance qui s'oppose aux phĂ©nomĂšnes prĂ©cĂ©dents.

L'influence sociale couvre un champ trĂšs vaste. Les phĂ©nomĂšnes Ă©tudiĂ©s peuvent ĂȘtre observĂ©s au quotidien.

Les normes sociales

Une norme sociale est dĂ©finie comme Ă©tant une rĂšgle implicite ou explicite qui prescrit le comportement adĂ©quat Ă  adopter en sociĂ©tĂ© dans des situations bien dĂ©terminĂ©es. Ces normes sont donc une source d'influence importante de par le fait qu'elles prescrivent aux gens la façon dont ils devraient se comporter afin de ne pas ĂȘtre catĂ©gorisĂ©s comme « hors norme ». La crainte d'ĂȘtre catĂ©gorisĂ© comme tel engendre une forme d'influence puissante que l'on retrouve par exemple dans le conformisme.

Les normes sociales sont influencĂ©es par la culture et peuvent donc varier drastiquement d’un pays Ă  l’autre ainsi que toucher des sujets trĂšs divers comme la nuditĂ© ou la maniĂšre de se saluer. Par exemple en France la nuditĂ© est fortement associĂ©e Ă  la notion de pudeur, par contre, ĂȘtre dĂ©nudĂ© est tout Ă  fait normal pour un membre d'une tribu de Papouasie, qui lui, risquerait d’ĂȘtre mal vu s’il venait Ă  porter des vĂȘtements[2].

Les normes rĂ©gulent Ă©galement beaucoup de domaines diffĂ©rents de la vie quotidienne comme les repas, les loisirs, l’espace personnel, le temps, les interactions, etc. Elles varient non seulement culturellement mais peuvent Ă©galement ĂȘtre diffĂ©rentes selon le statut social ou encore le genre.

Le rÎle social comprend un ensemble de normes attendues sur la façon de se comporter[2].

Ces comportements sont suffisamment ancrĂ©s dans les mentalitĂ©s qu’ils en sont devenus presque inconscients. Dans des grandes situations moins habituelles, l'automatisme disparaĂźt et l'attention se reporte sur les comportements des autres afin de les calquer et d’agir selon la norme attendue[2].

Historique

Dans la mythologie grecque, c'est sous la pression de la population incitée par un certain Phoinodamas que le roi de Troie Laomédon doit sacrifier sa propre fille Hésione[3] - [4].

Typologies d'influence

Deutsch et Gerard

C’est Ă  la suite des expĂ©riences de Muzafer Sherif et Solomon Asch notamment, qu’en 1955, Morton Deutsch et Harold Benjamin Gerard entament leurs travaux. Sachant que les processus psychologiques individuels sont sujets Ă  l’influence sociale, selon eux, dans ces expĂ©riences, les sujets n’agissaient pas en tant que membres d’un groupe. Le but de leur travail Ă©tait donc de mettre en avant qu’il existe deux types d’influences sociales et que celles-ci sont opĂ©rationnelles dans ces expĂ©riences[5].

Ils ont d'une part identifiĂ© l'influence informationnelle, dĂ©finie comme « l’influence d’accepter l’information obtenue de quelqu’un d’autre comme preuve de la rĂ©alitĂ© »[5]. En effet, l’individu, soucieux de fournir une rĂ©ponse correcte[6], cherche Ă  rassembler les informations pertinentes qui lui permettront de rĂ©soudre la tĂąche Ă  laquelle il est confrontĂ©[7] ; pour y parvenir, l'individu se base notamment sur l'avis d'autrui[8].

D'autre part ils ont identifiĂ© l'influence normative, dĂ©finie comme « l’influence de se conformer aux attentes positives de quelqu’un d’autre (individu ou groupe) »[5]. En effet, l'individu qui souhaite rester membre d'un groupe doit adhĂ©rer aux normes de celui-ci[7], la majoritĂ© Ă©tant plus favorable Ă  un comportement de conformitĂ© qu’à un comportement de dĂ©viance. De plus, le groupe peut dĂ©cider de punir un membre qui n’adhĂšre pas aux normes. Celui-ci ressentirait alors la pression Ă  se plier Ă  ces normes en vue d’éviter la punition[9]. Plusieurs Ă©tudes ont en effet mis en avant que ceux qui s’écartaient des normes se voyaient rejetĂ©s du groupe[10] - [11]. Ceci reflĂšte l’importance qu’accorde l’individu Ă  son image sociale[2].

Pour vĂ©rifier les hypothĂšses qu'ils avaient posĂ©es, ils ont repris la situation expĂ©rimentale que Asch avait dĂ©veloppĂ©e en y apportant quelques modifications. Les principaux rĂ©sultats de leur expĂ©rience ont mis en avant que lorsqu’une situation de groupe Ă©tait crĂ©Ă©e, mĂȘme si celle-ci Ă©tait triviale et artificielle, l’influence sociale normative augmente, produisant plus d’erreurs dans le jugement des individus[5]. Ils ont Ă©galement notĂ© un effet moindre de ce type d’influence lorsque les individus donnaient leurs rĂ©ponses de maniĂšre anonyme. En effet, contrairement Ă  une situation de groupe, l'anonymat les protĂšge de la pression immĂ©diate de se conformer (en observant par exemple certaines expressions de stupĂ©faction visibles chez les autres membres du groupe)[5]. Un autre rĂ©sultat met en avant que plus le sujet est incertain par rapport Ă  la justesse de son jugement, plus il sera sensible Ă  l’influence sociale dans la construction de celui-ci[5].

Pour illustrer ces deux types d’influence, Luc Lamarche partage une de ses expĂ©riences personnelles[6] : lorsqu’il assistait Ă  un congrĂšs scientifique Ă  Paris, il fut surpris qu’à la fin de sa confĂ©rence, les personnes prĂ©sentes aient commencĂ© Ă  taper sur les tables. Lorsqu’il s’aperçut qu’il en fut de mĂȘme pour celui qui le suivait, il comprit que ce comportement indiquait une apprĂ©ciation (influence informationnelle). De plus, ne voulant pas ĂȘtre le seul Ă  applaudir Ă  la fin de la confĂ©rence suivante, il tapa sur la table. Il se conforma dĂšs lors au comportement des autres (influence normative).

Kelman

En 1958, Herbert Kelman (en) identifie trois processus d'influence distincts[12].

  • La compliance : un individu change de comportement dans le but d'obtenir une rĂ©compense et afin d'Ă©viter une punition de la part d'un individu ou d'un groupe. Toutefois, ses croyances restent inchangĂ©es[12]. Par exemple, accepter de fumer car son ami le fait, pour Ă©viter d’ĂȘtre rejetĂ© par ce dernier tout en continuant de croire que ce n’est pas bon pour la santĂ©. De ce fait, l’individu s’est soumis Ă  la volontĂ© de son ami sans pour autant modifier ses croyances.
  • L'identification : un individu change de comportement car il s'identifie Ă  l'individu ou au groupe qui constitue la source d'influence[12]. Il faut noter que l’identification est le processus d’influence le plus fort. En effet, l’individu modifie ses croyances en fonction de son modĂšle de rĂ©fĂ©rence (un individu ou un groupe). Cela signifie que lorsqu’il change de modĂšle, il modifie Ă©galement ses croyances[8]. Par exemple, l’individu s’habille de la mĂȘme façon que les autres membres du groupe auquel il s’identifie.
  • L'intĂ©riorisation : un individu change de comportement car celui-ci est congruent avec son systĂšme de valeurs[12]. Par exemple, adhĂ©rer aux idĂ©es d’une personne ou d’un groupe en opĂ©rant chez soi un changement interne.

PhénomÚnes observés en influence sociale

Le conformisme

L'influence de la majoritĂ© sur l'individu est nommĂ©e conformisme. Il est dĂ©fini plus prĂ©cisĂ©ment comme « un changement de comportement ou de croyance rĂ©sultant de la pression rĂ©elle ou imaginĂ©e d’une majoritĂ© Ă  l’endroit d’un individu ou d’une minoritĂ© d’individus »[13]. Jacques-Philippe Leyens[7] met en avant que la majoritĂ© influente peut ĂȘtre quantitative ou qualitative. La majoritĂ© influente est quantitative lorsque c’est le nombre important de ses membres qui lui donne du poids ; elle est qualitative lorsque c’est le niveau de compĂ©tence, le prestige ou l’autoritĂ© qui repose lĂ©gitimement dans cette majoritĂ©.

ReprĂ©sentation schĂ©matique de l'expĂ©rience de Solomon Asch oĂč des segments sont comparĂ©s par les sujets
Représentation schématique de l'expérience de Solomon Asch.

C’est en 1951 que Solomon Asch entreprend ses recherches sur le conformisme[13].

Son expĂ©rience la plus connue met en jeu un groupe allant jusqu’à une dizaine de personnes, oĂč le sujet d’expĂ©rience est seul et le reste du groupe est complice de l’équipe de recherche. La tĂąche proposĂ©e au groupe est de comparer un segment tĂ©moin Ă  trois autres, parmi lesquels un seul a la mĂȘme longueur que le segment tĂ©moin[14], l’expĂ©rience effectuĂ©e sur des individus tĂ©moins avait permis de dĂ©terminer que la tĂąche Ă©tait non ambigĂŒe puisque les rĂ©ponses Ă©taient systĂ©matiquement bonnes.

Dans chaque groupe, chaque personne doit alors dire Ă  haute voix quels segments il pense ĂȘtre identiques, le sujet du test Ă©tant placĂ© en avant-dernier. Chaque test contient une sĂ©rie de 18 questions sur la longueur des segments, les complices de l'expĂ©rimentateur rĂ©pondant faussement Ă  12 reprises. 123 sujets ont Ă©tĂ© testĂ©s, qui rĂ©pondent faux comme le reste du groupe dans 36,8 % des cas[14].

L'origine du phénomÚne de conformisme pourrait se trouver dans le fait que l'unanimité d'un groupe d'individus plaide en faveur de l'exactitude de l'opinion exprimée[7]. De plus, les individus craignent généralement la désapprobation sociale : ils ont peur des conséquences de leur désobéissance, notamment de se faire rejeter[15].

On peut Ă©galement expliquer le conformisme en regard des typologies dĂ©veloppĂ©es, d’une part, par Kelman et, d’autre part, par Deutsch et Gerard. Le processus d’influence en jeu dans cette expĂ©rience est la soumission, ce qui correspond Ă  la compliance dĂ©finie par Kelman. En effet, ce n’est pas parce que l’individu se conforme Ă  la majoritĂ© qu’il accepte la rĂ©ponse de celle-ci comme juste. Le conformisme s'explique Ă©galement par deux types d'influence suivants la thĂ©orie de Deutsch et Gerard : une influence informationnelle (le groupe a raison contre l'individu) et une influence normative (il est plus coĂ»teux de subir la dĂ©sapprobation du groupe que de se conformer)[16].

De multiples paramĂštres peuvent influencer le conformisme d’un sujet, notamment la taille du groupe, l'unanimitĂ© du groupe, la difficultĂ© de la tĂąche, l'ambiguĂŻtĂ© du stimulus, l'attrait pour le groupe, la confiance en soi du sujet, le besoin d'affiliation, la culture, etc.[17].

L’innovation

L’innovation est dĂ©finie comme l’influence qu’a un individu ou une minoritĂ© de personnes sur une majoritĂ©. Contrairement au conformisme, c’est la minoritĂ© qui rĂ©ussit Ă  imposer son point de vue. Ceci engendre des comportements nouveaux ou modifie ceux qui Ă©taient dĂ©jĂ  en place. Afin de se faire entendre, la minoritĂ© doit passer outre la « dĂ©viance » qui lui est prĂȘtĂ©e pour son refus de se conformer aux normes et de suivre la majoritĂ©[18]. Le film Douze hommes en colĂšre de Sidney Lumet est un bel exemple de ce phĂ©nomĂšne. En effet, on y retrouve 12 jurĂ©s devant dĂ©cider du sort d'un accusĂ©. Face Ă  une majoritĂ© sĂ»re de la culpabilitĂ© du prĂ©venu, un homme en doute. Il expose ses arguments avec fermetĂ© et finit par faire changer d'avis les autres jurĂ©s un par un.

Plusieurs Ă©lĂ©ments sont favorables Ă  l’émergence d’une innovation[2] :

  • la constance : elle se veut aussi bien « interne » (ou intra-individuelle : la personne semble convaincue de ce qu'elle affirme) que « sociale » (ou inter-individuelle : le groupe minoritaire adopte une position ferme et valide). Une minoritĂ© unie, cohĂ©rente et constante est beaucoup plus efficace face Ă  la majoritĂ© ;
  • la confiance : avoir confiance en soi ou, en tout cas, en donner l’impression est beaucoup plus convaincant. Une minoritĂ© confiante est plus efficace face Ă  la majoritĂ© ;
  • les personnes qui quittent la position de la majoritĂ© pour se rallier Ă  celle de la minoritĂ© sont encore plus influentes que celles qui ont initiĂ© le mouvement d’innovation. De plus, une fois qu’un individu rejoint l’avis de la minoritĂ©, les autres suivent relativement vite. On peut parler d’une sorte d’effet « boule de neige » ;
  • ce qui aide Ă  l’innovation est que l’avis minoritaire devient le centre de la discussion, ce qui permet d’exposer plus d’arguments. La minoritĂ© peut alors avoir plus d’une occasion d’exposer son point de vue, ce qui augmente ses chances de convaincre.

MĂȘme si la minoritĂ© ne rassemble pas de nouveaux partisans, elle permet de casser l’avis majoritaire et de laisser les membres du groupe exprimer un avis qu’ils n’auraient peut-ĂȘtre pas osĂ© avancer avant cela.

Une des expĂ©riences les plus connues sur le phĂ©nomĂšne d’innovation est celle de Serge Moscovici, Elisabeth Lage et Martine Naffrechoux en 1969. L'expĂ©rience consiste Ă  juger la couleur et l'intensitĂ© lumineuse de six diapositives bleues. Les groupes expĂ©rimentaux sont composĂ©s de quatre sujets naĂŻfs et deux complices des expĂ©rimentateurs. Chacun donne sa rĂ©ponse Ă  tour de rĂŽle et Ă  haute voix. Les complices rĂ©pondent soit en position 1 et 2 soit en position 1 et 4 et donnent systĂ©matiquement une mauvaise rĂ©ponse : vert au lieu de bleu. Les participants se rallient Ă  la mauvaise rĂ©ponse donnĂ©e par les complices dans 8,25 % des cas contre 0,25 % dans les groupes tĂ©moins. Les groupes tĂ©moins sont composĂ©s de six sujets « naĂŻfs » qui donnent leurs rĂ©ponses par Ă©crit[19].

L’effet de constance a pu ĂȘtre dĂ©montrĂ© ainsi. En effet les minoritĂ©s ayant continuellement rĂ©pĂ©tĂ© leur choix « vert » au lieu de « bleu » ont plus souvent ralliĂ© la majoritĂ© Ă  leur opinion. Par contre, celles qui ont assurĂ© que les diapositives bleues Ă©taient vertes seulement pour deux tiers de celles-ci n’ont pas convaincu.

L'obéissance et la soumission à l'autorité

L'obéissance est définie en psychologie comme la réalisation d'une conduite prescrite par une source d'autorité (réalisation d'une obligation)[20]. Le terme « source d'influence » est parfois utilisé. L'obéissance laisse sous-entendre une différenciation de positions ou rÎles sociaux entre les individus (un patron et son employé, une mÚre et son enfant) et fait donc apparaßtre la notion d'« agent » d'un systÚme (travail, familial, etc.).

La recherche en psychologie fait distinguer obĂ©issance et soumission Ă  l'autoritĂ©, notamment dans l'intĂ©rĂȘt qu'elle porte plutĂŽt Ă  la deuxiĂšme notion. En effet, ce sont les cas extrĂȘmes d'obĂ©issance qui ont Ă©tĂ© les plus Ă©tudiĂ©s, principalement Ă  travers l'expĂ©rience de Milgram sur la soumission Ă  l'autoritĂ©[21]. Cette expĂ©rience rĂ©alisĂ©e dans les annĂ©es 1960 Ă  l'universitĂ© de Yale consistait Ă  tester Ă  quel point les participants se soumettent Ă  l'autoritĂ©. Le but Ă©tait de mesurer leur degrĂ© d’obĂ©issance face Ă  une source d'autoritĂ© en l’occurrence l'expĂ©rimentateur en blouse blanche. L'expĂ©rimentateur demandait au participant d'infliger Ă  un sujet compĂšre, qui Ă©tait dans une autre piĂšce, des dĂ©charges Ă©lectriques (punition) de plus en plus forte chaque fois que ce dernier se trompait dans la tĂąche de rappel de mots qui lui Ă©tait imposĂ©e.

Les rĂ©sultats des travaux de Stanley Milgram ont amenĂ© beaucoup de pistes d'interprĂ©tation Ă  ce phĂ©nomĂšne. Lui-mĂȘme, ainsi que d'autres chercheurs, ont tentĂ© de vĂ©rifier ou de confronter ces pistes en rĂ©pliquant l'Ă©tude selon diffĂ©rents modes opĂ©ratoires et sur diffĂ©rentes populations.

La conclusion principale de ces recherches est la suivante, le sujet soumis Ă  une pression explicite de la part d’une source d’influence se place dans un « Ă©tat agentique » : lorsqu’un individu reçoit des instructions ou des ordres d’un autre individu dĂ©tenant une certaine autoritĂ© ou prestige, il devient l’instrument d’une volontĂ© dont les tenants et aboutissants le dĂ©passent.

Les auteurs distinguent l'obéissance du conformisme en signalant que l'obéissance et, par extension, la soumission à l'autorité exige une pression de la part d'un tiers mais aussi une différence de statut entre les deux individus en situation[22].

Autres formes d'influence

La facilitation et l’inhibition sociale

En 1898, Norman Triplett, un psychologue social, a constatĂ© qu'un coureur cycliste avait une meilleure performance lorsqu'il Ă©tait en prĂ©sence d'un autre coureur que lorsqu'il courait seul contre la montre. Pour vĂ©rifier cet effet, il mit en place une expĂ©rience dans laquelle on demandait Ă  des enfants d'enrouler le plus rapidement possible du fil sur un moulinet de canne Ă  pĂȘche. La moitiĂ© des enfants rĂ©alisait cette tĂąche seuls alors que l'autre moitiĂ© la rĂ©alisait en compagnie d'un autre enfant. Les rĂ©sultats ont montrĂ© que les enfants avaient une meilleure performance lorsqu'ils Ă©taient en prĂ©sence d'un camarade[23].

La facilitation sociale se définit comme « l'effet positif de la présence des autres sur la performance ». Cependant, il faut noter que la présence des autres peut également avoir un effet inhibiteur et donc diminuer la performance de l'individu[24].

Robert Zajonc a entrepris plusieurs recherches Ă  ce sujet. Il a mis en avant que lorsque les tĂąches Ă©taient faciles (c’est-Ă -dire quand la rĂ©ponse la plus probable Ă©tait celle qui Ă©tait correcte), il y avait un effet de facilitation sociale et donc un meilleur rendement. Par contre, lorsque les tĂąches Ă©taient complexes (c'est-Ă -dire quand la rĂ©ponse correcte n’était pas celle qui prĂ©dominait), la prĂ©sence d’autrui favorisait l’inexactitude dans les rĂ©ponses[25].

La manipulation et l'engagement

La manipulation est une forme d’influence implicite dans laquelle la personne qui en est victime a l'impression de rester libre de ses choix. Elle se base principalement sur le principe d’engagement. La personne s’engage dans un comportement qu’il sera difficile de quitter. Parfois, c’est une personne extĂ©rieure qui initie les premiers comportements et force implicitement l'individu Ă  s’engager dans une dynamique dont il pourra difficilement sortir[26].

Jean-LĂ©on Beauvois et Robert-Vincent Joule dans leur livre Petit traitĂ© de manipulation Ă  l'usage des honnĂȘtes gens, dĂ©finissent l'engagement comme « le lien qui existe entre l'individu et ses actes ». Ils en dĂ©gagent deux axiomes :

  • « Seuls les actes engagent les individus » ;
  • « L'engagement d'un individu prĂ©sente une intensitĂ© variable et contrĂŽlable », c'est-Ă -dire qu'on peut le renforcer ou l'affaiblir.

DiffĂ©rents facteurs peuvent influencer l'engagement comme le fait que l'acte soit public, rĂ©pĂ©titif, coĂ»teux ou encore irrĂ©vocable. Il est Ă©galement important de prĂ©ciser qu’il doit s’agir d'actes n’allant pas Ă  l’encontre des attitudes habituelles de l'individu[27].

Il existe diffĂ©rents types d’engagement, en voici les principaux :

  • la technique du pied dans la porte : il s’agit de demander une ou plusieurs choses banales Ă  une personne pour ensuite lui faire part de notre vĂ©ritable requĂȘte. Par exemple, demander l’heure avant de demander de prĂȘter € ;
  • la technique de la porte au nez : il s’agit de faire une demande dĂ©mesurĂ©e pour ensuite obtenir quelque chose de raisonnable. Par exemple demander Ă  quelqu’un de prĂȘter 100 € pour ensuite abaisser la requĂȘte Ă  10 â‚Ź ;
  • l’amorçage : l’individu se lance dans un comportement dont on lui cache dans un premier temps le coĂ»t rĂ©el. On lui fait miroiter quelque chose qu’il n’aura pas. Par exemple, la personne voit un canapĂ© qui ne lui plaĂźt pas vraiment, mais avec lequel on lui promet un halogĂšne gratuit. ArrivĂ© en caisse on lui explique que la promotion n’est plus d’actualitĂ© et qu’elle doit donc payer plus cher que prĂ©vu. Dans la plupart des cas, la personne acceptera de payer plus car sinon, cela voudrait dire qu’elle aurait achetĂ© ce canapĂ© pour la promotion et non parce qu’il lui plaisait ;
  • le pied dans la bouche : il s’agit simplement de demander Ă  une personne si elle va bien. Une rĂ©ponse positive prĂ©dispose favorablement Ă  l’acceptation d’une requĂȘte ;
  • l’étiquetage : attribuer une Ă©tiquette Ă  une personne lui fait souvent se comporter en consĂ©quence. Par exemple, dire Ă  quelqu’un qu’il est gĂ©nĂ©reux augmentera les chances qu’il prĂȘte de l’argent ;
  • le toucher : toucher briĂšvement une personne peut augmenter les chances qu’elle accepte une requĂȘte. Par exemple effleurer l’avant-bras ou poser sa main sur l’épaule durant un bref moment ;
  • le leurre : il s’agit de faire miroiter quelque chose Ă  l’individu, de lui annoncer que malheureusement ce n’est plus disponible et de lui proposer ensuite quelque chose de moins bien. Par exemple proposer un superbe tĂ©lĂ©phone portable dernier cri et en solde qui n’est justement plus en stock. Cependant il y en a un autre un peu moins bien, non soldĂ© mais disponible tout de suite ;
  • la technique du « mais vous ĂȘtes libre » : Ă©noncer ces mots Ă  la fin de la phrase donne Ă  la personne l’illusion qu’elle est maĂźtresse de ses actes et augmente les chances qu’elle accepte une requĂȘte[26] - [27].

La polarisation de groupe

La prise de dĂ©cision communautaire peut elle aussi ĂȘtre influencĂ©e socialement ; il est rare que tous les membres d'un groupe aient le mĂȘme point de vue. Pour aboutir Ă  une dĂ©cision ou consensus, les membres du groupe s’engagent alors dans des interactions qui font apparaĂźtre le phĂ©nomĂšne de polarisation de groupe : les dĂ©cisions que les individus prennent seuls par rapport Ă  une situation sont moins extrĂȘmes et risquĂ©es que celles qu'ils prennent aprĂšs en avoir discutĂ© en groupe.

En 1961, James Stoner, psychologue social américain, est le premier à avoir étudié cette influence sociale de façon empirique la prise de décision en groupe. Il s'agissait alors pour lui de mesurer les différences de prise de risque interindividuelles.

Serge Moscovici et Marisa Zavalloni en 1969, sont les premiers auteurs français à généraliser ce concept important en psychologie sociale et psychologie collective[28]. Les travaux sur la polarisation de groupe impliquent en général les phases suivantes[29] :

  1. Les décisions individuelles (préconsensus) : l'individu seul face à une situation donnée se fait son opinion ;
  2. Discussions et décisions collectives en petits groupes (consensus) : tous les sujets qui travaillent sur la situation initiale s'engagent dans des interactions afin de prendre une décision unanime ;
  3. Nouvelles décisions individuelles (postconsensus) : chaque membre du groupe note finalement sa décision.

L'on constate Ă  la suite de ces travaux que lorsque les individus discutent en groupe pour arriver Ă  une dĂ©cision ils prennent une position plus extrĂȘme que celle qu'ils prennent de façon individuelle.

Moscovici et Zavalonni ainsi que Willem Doise (1969) défendent alors l'idée que l'effet du groupe est de polariser les attitudes[29].

En 1969, Moscovici et Zavalloni demandent à des élÚves d'un lycée parisien de discuter par groupe de quatre de leur opinions concernant le Général de Gaulle pour un premier groupe et les américains pour un deuxiÚme groupe. Au préalable ces élÚves ont exprimé de façon individuelle leur opinion.

À l'issue de l'expĂ©rience, Moscovici et Zavalloni observent que dans le groupe 1 les positions individuelles des Ă©lĂšves sont plus extrĂȘmes et favorables Ă  Charles de Gaulle, dans le groupe 2 les opinions individuelles sont plus extrĂȘmes et dĂ©favorables aux amĂ©ricains qu'avant les discussions de groupe. Ils en ont dĂ©duit alors que l'effet de polarisation du groupe pouvait avoir une direction diffĂ©rente selon le sujet de discussion.

Les deux conclusions essentielles des diverses expériences menées sur la polarisation de groupe sont que :

  • le groupe n'est pas la moyenne des individus qui le composent ;
  • l'effet de la discussion en groupe est toujours le mĂȘme : rendre plus extrĂȘme la position individuelle initiale.

Aux États-Unis, David G. Myers (en) et Martin F. Kaplan Ă©tudient en 1976 la polarisation de groupe dans le contexte de procĂšs avec jurys. Ils ont demandĂ© Ă  des Ă©tudiants constituĂ©s en faux jurys de juger de la culpabilitĂ© ou de l’innocence d’un individu accusĂ© de faits criminels. Les chercheurs ont manipulĂ© la preuve qui est utilisĂ©e dans le procĂšs afin de crĂ©er au dĂ©part deux groupes tels que l'un soit en faveur de la condamnation, l'autre en faveur de l'acquittement.

Les rĂ©sultats montrent que dans le groupe en faveur de la condamnation les discussions augmentent la probabilitĂ© que l’accusĂ© soit reconnu coupable. L’inverse est retrouvĂ© dans le groupe pro-acquittement.

Kalven et Zeisel (1966)[30] confirment l’effet de polarisation dans de vraies dĂ©cisions de jurys. Ils trouvent que dans 209 cas sur 215, la dĂ©cision finale confirmait la position majoritaire initiale.

En extrapolant ces dĂ©couvertes dans le cadre de la psychologie interculturelle le groupe peut ĂȘtre perçu comme un rĂ©vĂ©lateur de culture. Parmi tous les processus qui existent dans un groupe, le phĂ©nomĂšne de polarisation permet d’apprĂ©hender la façon de penser et de rĂ©flĂ©chir des membres d'un groupe et ce qui les diffĂ©rencie d'un autre groupe, qu'il soit social ou culturel par exemple. En effet, Doise et Moscovici (1984) rappellent que la polarisation s'effectue « vers la norme, le zeitgeist (esprit du temps) de la culture ou de la sociĂ©tĂ© dans laquelle vivent les membres du groupe[29]. »

Plusieurs explications ont été avancées pour comprendre le phénomÚne de polarisation[30].

La rĂ©flexion de groupe amĂšnerait Ă  un examen superficiel des faits : les individus se reposent sur ce que pensent les autres. Le consensus permet Ă  l’individu de faire le moins d’effort possible pour parvenir Ă  une dĂ©cision car si la majoritĂ© pense une chose alors c’est que cette chose est vraie. Le consensus reflĂšte la rĂ©alitĂ©, il devient donc heuristique, c'est-Ă -dire qu'il permet de faire des Ă©conomies dans le traitement de l’information en Ă©cartant ainsi les autres donnĂ©es disponibles qui pourraient les amener Ă  prendre une dĂ©cision.

À l'inverse, la rĂ©flexion de groupe amĂšne aussi Ă  un examen approfondi des faits en gĂ©nĂ©ral lorsque la dĂ©cision Ă  prendre affecte le groupe directement. Les sujets s’impliquent plus et traitent l’information de façon plus spĂ©cifique en s’appuyant sur ce que les gens pensent et pourquoi ils le pensent, en plus de leur propre opinion.

De surcroßt il peut y avoir polarisation du fait de l'effet produit par l'opinion majoritaire, la majorité pÚse plus lourd dans la discussion et donc dans le consensus final du fait que ses arguments et sa place dans la discussion sont plus centraux, nombreux et imposants.

La prédiction créatrice

Pompe Ă  essence Shell
Illustration d'une prédiction créatrice. La rumeur d'une pénurie d'essence a engendré un mouvement de foule vers les pompes à essence, ce qui entraßna la pénurie annoncée.

La notion de prĂ©diction crĂ©atrice — ou prophĂ©tie auto-rĂ©alisatrice ou Effet Pygmalion — est dĂ©finie par Robert King Merton comme « une dĂ©finition fausse de la situation, provoquant un comportement nouveau qui rend vraie la conception, fausse Ă  l’origine »[31], ce qui signifie en d'autres termes que les attentes fausses d’un individu envers une autre personne poussent cette autre personne Ă  se comporter de maniĂšre Ă  confirmer l’attente originale qui Ă©tait fausse[32]. Le comportement d'un individu se retrouve influencĂ© inconsciemment par les attentes de son entourage[33] - [34].

Par exemple, en 1979, en Californie, une rumeur commença Ă  courir Ă  propos d'une future pĂ©nurie d'essence. Celle-ci entraĂźna une prĂ©cipitation vers les pompes Ă  essence. Peu aprĂšs, il y eut effectivement une pĂ©nurie, comme annoncĂ©[35]. En rĂ©alitĂ©, la rumeur n'Ă©tait pas fondĂ©e mais a entraĂźnĂ© sa confirmation, Ă  la suite des comportements des automobilistes. Un autre exemple est repris par Merton[31] : en 1932, il y eut une rumeur Ă  propos de l’insolvabilitĂ© d’une banque. Une fois qu’un certain nombre d’investisseurs y crut, elle se confirma par la faillite de la banque. À nouveau, la rumeur n’était pas fondĂ©e, mais elle a fait apparaĂźtre un comportement qui a engendrĂ© sa confirmation.

Snyder et Stukas[33] mettent en avant que, dans la prophĂ©tie auto-rĂ©alisatrice, les attentes qu’un individu a envers une autre personne peuvent se voir confirmĂ©es de deux maniĂšres. D’une part, la confirmation des attentes peut ĂȘtre perceptuelle (traduction littĂ©rale de l’anglais « Perceptual Confirmation »), elle s’opĂšre dans l’esprit du percevant. D’autre part, la confirmation peut ĂȘtre comportementale (traduction littĂ©rale de l’anglais « Behavioral Confirmation »), c’est-Ă -dire qu’au cours de l’interaction, la cible agira et se comportera suivant les attentes que le percevant a envers elle.

Confirmation comportementale

La confirmation comportementale comprend quatre Ă©tapes[36] - [37] - [38] - [39] - [40] - [41] - [42] - [43] - [44] - [45] :

  1. Le percevant adopte des croyances Ă  propos de la cible ;
  2. Le percevant se comporte envers la cible comme si ces croyances Ă©taient vraies ;
  3. La cible adapte son comportement selon ce que lui transmet le percevant ;
  4. Le percevant interprĂšte le comportement de la cible comme confirmant leurs croyances.

De nombreux auteurs ont entrepris des recherches sur la confirmation comportementale. Ce phĂ©nomĂšne a principalement Ă©tĂ© Ă©tudiĂ© en laboratoire. Dans un premier temps, les chercheurs manipulent les attentes d’un individu (le percevant) envers un autre (la cible). Ensuite, ils demandent au percevant et Ă  la cible de discuter ensemble pour apprendre Ă  se connaĂźtre. À la fin de l’interaction, ils demandent au percevant de juger la personnalitĂ© de la cible sur la base des dimensions qui avaient dĂ©fini l’attente[46]. La confirmation comportementale apparaĂźt quand le comportement de la cible reflĂšte les attentes induites par le percevant. Toutefois, il se peut que les attentes ne soient pas confirmĂ©es, on parle alors d’infirmation comportementale (traduction littĂ©rale de l’anglais « Behavioral Disconfirmation »)[46].

Il est important de noter que les individus qui Ă©taient en interaction ne se connaissaient pas auparavant et ne seront en gĂ©nĂ©ral pas amenĂ©s Ă  se revoir plus tard. De telle sorte, cette relation Ă©tait qualifiĂ©e d’atypique et non naturelle. Haugen et Snyder[47] ont observĂ© que lorsqu’ils disaient aux participants qu’ils seraient amenĂ©s Ă  encore interagir dans le futur, les effets de la confirmation comportementale Ă©taient plus Ă©levĂ©s que lorsqu’ils savaient qu’ils ne se reverraient plus par la suite.

Selon Snyder et Klein, il faut rester prudent quant Ă  la gĂ©nĂ©ralisation de ce phĂ©nomĂšne car celui-ci ne pourrait peut-ĂȘtre que se manifester dans des rencontres en laboratoire[46].

Swann, Stein-Seroussi et McNulty ont remarquĂ© que les attentes nĂ©gatives Ă©taient plus difficiles Ă  exprimer pour les percevants[48]. Elles seront alors gĂ©nĂ©ralement perçues Ă  travers leur comportement non verbal. Les cibles, qui Ă©prouvent toutefois plus de difficultĂ©s Ă  le dĂ©tecter, auront moins tendance Ă  confirmer les attentes. Snyder et Stukas ont quant Ă  eux constatĂ© que les percevants seront plus intĂ©ressĂ©s d’avoir des contacts ultĂ©rieurs avec les cibles envers lesquelles ils avaient des attentes positives[33].

Snyder pointe les diffĂ©rences de pouvoir inhĂ©rentes au rĂŽle de percevant ou de cible. C’est le percevant qui a des croyances et attentes prĂ©conçues et qui dispose d’informations sur la cible. Il dĂ©tient dĂšs lors plus de pouvoir[49].

Copeland met en avant que, parfois, les cibles confirment certaines attentes nĂ©gatives des percevants mĂȘme si elles en sont conscientes. En effet, le fait que les percevants, perçus comme puissants, puissent entrer en reprĂ©sailles contre elles peut expliquer cette rĂ©action. Quand c’était la cible qui avait le pouvoir de contrĂŽler les rĂ©sultats, il n’y avait pas de confirmation comportementale[50]. Stukas et Snyder ont quant Ă  eux observĂ© que les cibles confirmaient les attentes mĂȘme quand elles Ă©taient Ă  un niveau de pouvoir Ă©gal avec les percevants[51].

Copeland[50] a Ă©galement reportĂ© que le pouvoir accordĂ© aux percevants ou aux cibles influençait leurs motivations. En effet, quand les percevants avaient du pouvoir, leur motivation Ă©tait d’apprendre Ă  connaĂźtre les cibles. Lorsqu’ils n’avaient pas de pouvoir, ils prĂ©fĂ©raient faciliter l’échange en vue d’une interaction favorable avec la cible. ParallĂšlement, quand les cibles avaient du pouvoir, elles souhaitaient apprendre Ă  connaĂźtre leurs partenaires, tandis que lorsqu’elles n’avaient pas de pouvoir, elles prĂ©fĂ©raient avoir des interactions plaisantes.

Jost & Kruglanski[52] remarquent qu’en gĂ©nĂ©ral les percevants perpĂ©tuent des impressions et croyances qui sont erronĂ©es, mĂȘme lorsque les cibles n’ont pas confirmĂ© leurs attentes[53] - [54] - [55].

Ce phénomÚne de confirmation comportementale permet de comprendre pourquoi certains stéréotypes sociaux partagés se maintiennent. En général, la cible se comporte de façon à confirmer ces stéréotypes, ce qui dÚs lors les rend légitimes. Ils peuvent aussi légitimer les actions des groupes avantagés et le déséquilibre des forces et du pouvoir entre les groupes avantagés et désavantagés dans la société[56]. Jussim et Fleming[57] ont montré que le maintien des stéréotypes était plus souvent le résultat de prophétie auto-réalisatrice de type « institutionnelle » plutÎt que dyadique.

Les personnes qui sont typiquement les cibles de stĂ©rĂ©otypes sociaux et culturels sont souvent ceux qui ont le moins de pouvoir dans notre sociĂ©tĂ© (ex : les membres de groupes minoritaires). Elles dĂ©pendent du pouvoir des percevants, c’est pourquoi elles veulent bien s’entendre avec ces derniers et s’accommodent Ă  leur volontĂ©, souvent en agissant comme on l’attend de leur part, en confirmant les attentes des percevants[33].

Certaines recherches ont suggĂ©rĂ© que les effets de confirmation de grande magnitude tendent Ă  apparaĂźtre dans des dyades composĂ©es de percevants mĂąles et de cibles femmes[58], le percevant ayant un statut relativement haut et plus de pouvoir que la cible. D’autres recherches ont toutefois indiquĂ© que la composition liĂ©e au genre au sein de la dyade percevant-cible, ne peut pas expliquer de maniĂšre fiable la magnitude de la confirmation comportementale[59] - [60].

Approche globale du phénomÚne d'influence

Introduction provisoire

Comme décrit ci-dessus, les approches théoriques se présentent sous la forme de clusters de connaissances. Il existe une approche globale publiée en 2012 qui tente une intégration pour former une approche globale des phénomÚnes d'influence. cette approche destinée à la formation se concrétise par des cas, des jeux open source un site destinée à la formation et à la refexion éthique .

Notes et références

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Articles connexes

Liens externes

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