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Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police

L'infirmerie psychiatrique de la préfecture de police (IPPP ou I3P), anciennement infirmerie spéciale du dépôt[1], est un service psychiatrique dépendant de la préfecture de police de Paris, ouvert en 1872 pour accueillir les personnes qui représentent un danger imminent pour la sûreté des personnes, attesté par un avis médical, en application de l'article L. 3213-2 du Code de la santé publique[2].

Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police
Présentation
CoordonnĂ©es 48° 49′ 49″ nord, 2° 20′ 21″ est
Pays France
Ville Paris
Adresse 3 rue Cabanis, 75014 Paris
Fondation 1872
(Voir situation sur carte : Paris)
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)

Elle est située au 2e étage au 3 rue Cabanis, dans le 14e arrondissement de Paris.

Organisation et mission

D'après l'arrêté no 2004-17888 du du préfet de police relatif aux missions et à l'organisation de la direction des transports et de la protection du public (DTPP)[3], l'infirmerie psychiatrique fait partie de la sous-direction de la protection sanitaire, à côté notamment du bureau des actions pour la santé mentale (BASM), chargé de la préparation et du suivi des hospitalisations d'office des malades mentaux, de la gestion et du suivi des signalements, et de la gestion logistique de l'infirmerie psychiatrique.

D'après l'arrêté no 2006-21577 du relatif aux missions et à l'organisation de la direction des transports et de la protection du public (DTPP)[4], l'infirmerie psychiatrique est chargée de l'accueil temporaire des personnes prises en charge par les services de police, dont les troubles mentaux peuvent présenter un danger pour elle-même ou pour autrui, en vue de leur orientation. Elle fait partie de la sous-direction de la protection sanitaire et de l’environnement (SDPSE), à côté notamment du bureau des actions de santé mentale (BASM), chargé de l'instruction et du contrôle des hospitalisations d'office, de la gestion des cas signalés, et de l'instruction des demandes de recherche dans l'intérêt des familles.

L'infirmerie et le Centre hospitalier Sainte-Anne

D'après le Conseil d'État dans son avis no 367.355 du : « le terrain d’assiette de l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police appartient à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne. Le Conseil d’État n’a pas été en mesure de prendre position sur la situation patrimoniale de l’immeuble édifié sur la parcelle sise au no 3 de la rue Cabanis. »[5] Un long conflit oppose la préfecture de police à l'hôpital, qui veut créer à son emplacement une maison d'accueil pour handicapés mentaux[6].

Jurisprudence

Tribunal administratif de Paris, , no 006413, AJDA 2003 Informations rapides p. 254 : recours du Groupe Information Asiles contre le refus du préfet de police de fermer l'IPPP [7]

  • Le maintien de l'IPPP Ă  Paris, plutĂ´t qu'en milieu hospitalier, mĂ©connaĂ®t le principe d'Ă©galitĂ© des usagers du service public car ils sont en camisole et elle viole les droits de l'homme et du citoyen(libertĂ©) ;
  • L'infirmerie psychiatrique de la prĂ©fecture de police doit ĂŞtre regardĂ©e comme ayant pour vocation la dĂ©tention rĂ©gulière des aliĂ©nĂ©s au sens du e du paragraphe 1 de l'article 5 de la convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l'homme ;
  • Cette rĂ©tention mĂ©connaĂ®t les stipulations du pacte international relatif aux droits civils et politiques; pouvant faire l'objet d'un recours pour excès de pouvoir, elle ne viole pas l'article 5 §§1 et 4 de la Convention europĂ©enne; elle ne viole pas non plus ses articles 8, 9 et 11 ;
  • Cette rĂ©tention constitue non pas une hospitalisation d'office, mais « une mesure provisoire destinĂ©e Ă  protĂ©ger prĂ©ventivement les personnes concernĂ©es et les tiers » : elle nĂ©cessite donc l'accomplissement des formalitĂ©s prĂ©vues pour l'hospitalisation d'office, et porte atteinte Ă  la libertĂ© individuelle ;
  • Il est montrĂ© que les conditions de prise en charge Ă  l'IPPP constituent des traitements inhumains ou dĂ©gradants ;
  • Le placement du personnel de l'IPPP sous l'autoritĂ© administrative du prĂ©fet, et le fait que les mĂ©thodes de suivi des personnes n'ayant pas fait l'objet d'une hospitalisation d'office Ă  la suite de leur rĂ©tention conduisent nĂ©cessairement Ă  une prise en charge, ne mĂ©connaissent pas les stipulations de la convention europĂ©enne de sauvegarde des droits de l'homme, les libertĂ©s individuelles ou le principe du secret mĂ©dical Ă  supposer que l'IPPP accueille illĂ©galement des mineurs de seize ans, cette circonstance implique nĂ©cessairement sa fermeture ;
  • L'IPPP n'est pas un Ă©tablissement d'hospitalisation mais un lieu de rĂ©tention provisoire en vue d'une Ă©ventuelle hospitalisation ;
  • « Il n'est pas Ă©tabli que l'administration possible de substances aux usagers ne rĂ©pondrait pas Ă  des besoins mĂ©dicaux urgents Ă  traiter, et constituerait, de fait, une mesure prise en considĂ©ration de la personne justifiant la mise en Ĺ“uvre des droits de la dĂ©fense, reconnus Ă  toute personne faisant l'objet d'une sanction administrative » ;
  • La circonstance que des personnes aient pu ĂŞtre retenues Ă  l'IPPP Ă  la suite de la dĂ©cision d'une autoritĂ© incompĂ©tente rĂ©vèle un fonctionnement illĂ©gal de cette institution elle-mĂŞme et, l'illĂ©galitĂ© allĂ©guĂ©e du règlement intĂ©rieur ou de certaines de ses dispositions, nĂ©cessite la suppression de l'IPPP.

Cour européenne des droits de l'homme, arrêt R.L. et M.-J.D. c. France, [8] :

  • Violation de l'article 5 § 1 de la Convention en raison du maintien, sans justification mĂ©dicale, d'une personne pendant 6 h 30 Ă  l'infirmerie psychiatrique de la prĂ©fecture de police de Paris ; mais justification, au regard de la Convention, de son transfert Ă  l'IPPP en raison de l’indĂ©cision du premier mĂ©decin l’ayant examinĂ©e.

Tribunal administratif de Paris, , Association Groupe information asiles, no 0308931/3[9] : « les mesures provisoires prises sur le fondement de l’article L. 3213-2 précité du code de la santé publique, qui ont pour effet de priver les intéressés de liberté sans qu’ils y aient consenti, présentent le caractère d’une hospitalisation d’office alors même que l’infirmerie psychiatrique de la préfecture de police n’est pas un établissement d’hospitalisation tel que défini par les articles L. 3222-1[10] et suivants du code de la santé publique ; que par suite, elles ouvrent droit à l’information prévue par l’article L. 3211-3[11] précité ; qu’ainsi en refusant de modifier la charte d’accueil susmentionnée afin d’y inscrire le droit d’accès à un avocat, motif pris de ce que ce droit ne s’appliquait pas à de telles mesures provisoires, le préfet a entaché sa décision d’une erreur de droit ».

Bibliographie

  • Augustin Planès, Quelques considĂ©rations sur la folie Ă  Paris, observĂ©e Ă  l'infirmerie spĂ©ciale du dĂ©pĂ´t de la prĂ©fecture de police (1872-1885), thèse de mĂ©decine, Paris, impr. de A. Davy, 1886, 65 p.
  • Ernest DuprĂ©, L'Ĺ’uvre psychiatrique et mĂ©dico-lĂ©gale de l'infirmerie spĂ©ciale de la prĂ©fecture de police..., Ouverture des confĂ©rences pratiques de psychiatrie mĂ©dico-lĂ©gale, Paris, impr. de J. Gainche, 1905, 17 p.
  • Adolphe Rueff, Les aliĂ©nĂ©s Ă  l'infirmerie spĂ©ciale près le dĂ©pĂ´t de la prĂ©fecture de police, Paris, Victorion, 1905, 63 p.
  • Reverzy, « Les urgences Ă  l'infirmerie psychiatrique de la prĂ©fecture de Police de Paris », in L'Ă©volution Psychiatrique, no 1, 1978.
  • Luc Faucher, ReprĂ©sentations mĂ©diatiques de l'infirmerie psychiatrique près la PrĂ©fecture de police : Ă©tude de la presse de 1872 Ă  2004, thèse de doctorat, mĂ©decine, Paris 7, 2004, dact., 88 f°.
  • Philippe Bernardet, Catherine Derivery, Enfermez-les tous ! Psychiatrie, le scandale des internements abusifs, Robert Laffont, 2001 (chapitre 11)
  • Michel Caire, Contribution Ă  l'histoire de l'hĂ´pital Sainte-Anne (Paris): des origines au dĂ©but du XXe siècle, thèse mĂ©decine, Paris V, Cochin-Port-Royal, 1981, no 20; 160-VIII p., ill. (quatrième partie)
  • Marie-Pierre Champenois-Marmier, Jean Sansot, Droit, folie, libertĂ©. La protection de la personne des malades mentaux (loi du ), PUF, 1983, p. 63-106
  • J. Feillard, « Expertise de garde Ă  vue. Point de vue de l'infirmerie psychiatrique près la prĂ©fecture de police (I.P.P.P.) », in La lettre de la psychiatrie française, n°147, septembre 2005
  • ValĂ©rie Fontanier, « La personne et l'hospitalisation psychiatrique », in La Gazette du Palais, no 97, p. 29
  • Alain Rubens, Le maĂ®tre des insensĂ©s. GaĂ«tan Gatian de ClĂ©rambault (1872-1934), Les empĂŞcheurs de tourner en rond, 1998.

TĂ©moignages

  • Albert Londres (ill. Georges Rouquayrol), Chez les fous, Paris, Albin Michel, coll. « Les Grands Reportages », , 252 p. (lire sur Wikisource), rĂ©cit de la tentative d'infiltration par le cĂ©lèbre journaliste de l'I3P, alors appelĂ©e infirmerie spĂ©ciale du dĂ©pĂ´t.
  • Valentin Gendrot, Flic : Un journaliste a infiltrĂ© la police, Paris, Goutte d'or, , 293 p. (ISBN 979-10-96906-20-8), chap. 14 Ă  17 (tĂ©moignage d'un adjoint de sĂ©curitĂ© qui a travaillĂ© comme chauffeur Ă  l'I3P pour transporter des patients dans des hĂ´pitaux).

Articles de presse

Notes et références

  1. Gendrot 2020.
  2. Cet article figure dans le chapitre relatif aux hospitalisations d'office
  3. Arrêté no 2004-17888 du relatif aux missions et à l'organisation de la direction des transports et de la protection du public, Recueil des actes administratifs, no 19, , p. 970–972.
  4. Arrêté no 2006-21577 du relatif aux missions et à l’organisation de la direction des transports et de la protection du public, Bulletin municipal officiel de la ville de Paris, 126e année, no 1, , p. 18–20.
  5. « Section de l'intérieur – Avis no 367.355 – », dans Rapport public du Conseil d'État, coll. « Études et documents du Conseil d’État (EDCE) » (no 54), (lire en ligne), p. 182–185.
  6. Ramnoux 2007.
  7. Ce jugement a été reproduit dans le "Rapport sur les problèmes de sécurité liés aux régimes d'hospitalisation sans consentement" (IGAS, IGPN, Inspection de la Gendarmerie nationale),
  8. ArrĂŞt R.L. et M.-J.D. c. France, 19 mai 2004
  9. Jugement du tribunal administratif de Paris du 22 novembre 2006
  10. « Code de la santé publique - Article L3222-1 », sur codes-et-lois.fr (consulté le ).
  11. « Code de la santé publique - Article L3211-3 », sur codes-et-lois.fr (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Débats au conseil municipal et questions au préfet de police
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