Accueil🇫🇷Chercher

Indice de qualité de l'air

Un indice de la qualité de l'air est une mesure de la qualité de l'air, permettant de synthétiser différentes données sous la forme d'une valeur unique.

Dans le monde

En 2016, d'après un nouveau modèle de qualitĂ© de l'air basĂ© sur des donnĂ©es satellitaires, du transport aĂ©rien et plus de 3 000 stations d'analyse de l'air au sol (rurales et urbaines), produit par l'Organisation mondiale de la santĂ© (OMS) et l'UniversitĂ© de Bath, 92 % de la population mondiale respire un air trop polluĂ©[1].

Selon l'OMS, la pollution de l'air extĂ©rieur cause environ trois millions de dĂ©cès par an, et 3,5 autres millions de morts sont dues Ă  la pollution de l'air intĂ©rieur et extĂ©rieur (soit 11,6 % des dĂ©cès dans le monde).

C'est pourquoi un nombre croissant de villes dans le monde surveillent l'état de leur air[1] et publient un indice de qualité de l'air qui remplit principalement trois fonctions : évaluation de la qualité de l'air, aide à la décision, et communication au public[2]. Mi-2014, l'OMS a publié une base de données répertoriant l'exposition des populations aux particules fines[3], et en 2015, un « Indice mondial de qualité de l'air » a été créé, né d'une initiative sociale lancée en 2007, et associé à une carte interactive permettant de visualiser les villes les plus polluées au monde[4] - [5].

En Europe

Le projet européen « Common information to European air » (Citeair) a mis en place en 2006 un indice de qualité de l'air, également appelé Citeair, qui permet de comparer la pollution d'une centaine de villes européennes[6] - [7].

Une carte du réseau de détecteurs Sensor.Community[8] (nommé Luftdaten jusqu'en janvier 2020) permet également de comparer les niveaux de pollution (de particules fines) dans toutes les régions d'Europe à partir de détecteurs installés chez des particuliers. Il s'agit d'un projet open source de « science collaborative » développé à l'origine à Stuttgart[9] en Allemagne, dans le cadre de l'initiative Code for Germany[10] de l'Open Knowledge Foundation Germany[11]. L'équipe a facilité la fabrication d'un détecteur de particules bon marché (environ 20 € en 2019), dont l'efficacité est reconnue[12] - [13]. Le projet connaît un succès croissant en France, notamment en Bretagne ou dans les régions grenobloise et toulousaine[14]. Le nombre de capteurs influence aujourd'hui dans certains pays le seuil de sensibilité sur la qualité de l'air (le seuil à partir duquel on estime que l'air est moyen, médiocre, mauvais ou très mauvais), et par conséquent les échelles d'indices de qualité de l'air. Les données sont reprises officiellement par le ministère de l'Environnement des Pays-Bas sur son portail pour la qualité de l'air Samen Meten[15].

En France

La qualitĂ© de l'air reste, en France, un enjeu sanitaire majeur. La Commission europĂ©enne avait estimĂ©, sur la base d'une Ă©tude publiĂ©e en 2005 dans le cadre du projet « Clean Air for Europe » (« Air pur pour l'Europe » ou « CAFE », lancĂ© en 2000 et officialisĂ© en [16]), que près de « 42 000 dĂ©cès prĂ©maturĂ©s Ă©taient aux environs de l'an 2000 dus en France Ă  la mauvaise qualitĂ© de l'air[17] ». Ce chiffre a Ă©tĂ© revu Ă  la hausse en 2016 : « 60 % de la population française respire un air polluĂ© »[17], qui serait en 2016 la cause d'environ 48 000 dĂ©cès par an. Les particules fines sont Ă  elles seules responsable en 2016 d'environ 9 % de la mortalitĂ© dans ce pays[18], selon une « Ă©valuation quantitative de l'impact sanitaire (EQIS) de la pollution atmosphĂ©rique » de l'agence nationale de santĂ© publique ; c'est la troisième cause de mortalitĂ© en France, derrière le tabagisme (78 000 dĂ©cès) et l'alcoolisme (49 000 dĂ©cès)[19].

Pour cette raison, la France a été condamnée en 2019 par l'Union européenne pour son inaction concernant la pollution de l'air (malgré six avertissements en dix ans)[20].

La qualitĂ© de l'air est plus mauvaise dans les contextes très urbains, c'est-Ă -dire les villes et agglomĂ©rations de plus de 100 000 habitants (15 mois d'espĂ©rance de vie en moins Ă  30 ans, et jusqu'Ă  deux ans de perte d'espĂ©rance de vie Ă  30 ans dans les villes les plus polluĂ©es, du fait des PM2,5)[19]. Mais il l'est aussi dans les villes de 2 000 Ă  100 000 habitants (10 mois de perte d'espĂ©rance en moyenne) et est mĂ©diocre en zones rurales (9 mois d'espĂ©rance vie en moins)[18]. La coordinatrice du programme « Air et santĂ© Â», Sylvia MĂ©dina, estime que « cet impact des particules fines sur la santĂ© est probablement sous-estimĂ©[19] ».

Il existe principalement deux indices de qualité d'air en France, différents selon la taille de l'agglomération :

l'indice ATMO
pour les agglomĂ©rations de plus de 100 000 habitants ; il offre une vue synthĂ©tique de la qualitĂ© de l'air Ă  partir du suivi de quatre polluants : dioxyde de soufre, dioxyde d'azote, ozone, particules en suspension (PM10 seulement), Ă  l’échelle d’une agglomĂ©ration ou d'une rĂ©gion, mais il ne tient pas compte des variations fines de la qualitĂ© de l'air localement (liĂ©es aux variations du trafic routier, d'utilisation de chauffage, des activitĂ©s industrielles ou Ă  des accidents, etc.). Les odeurs et certains polluants « atypiques Â» accidentellement Ă©mis dans l'air ne sont pas pris en compte par cet indice[21].
L'indice IQA
pour les agglomĂ©rations de taille infĂ©rieure Ă  100 000 habitants ; c'est un indice simplifiĂ©, qui peut reposer sur la mesure d'un nombre plus rĂ©duit de polluants[22].

Indice Atmo

L'indice Atmo a les caractéristiques suivantes :

  • il met en Ă©vidence une pollution globale de fond, et non localisĂ©e ;
  • il tient compte des niveaux de dioxyde de soufre, dioxyde d'azote, ozone et particules fines ;
  • il est compris entre 1 et 10 ;
  • il est calculĂ© pour une journĂ©e et pour une zone gĂ©ographique ;
  • il est dĂ©fini comme le plus grand des sous-indices calculĂ©s pour le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote, l'ozone et les particules fines ;
  • il est accompagnĂ© d'une tendance : amĂ©lioration, stabilitĂ© ou dĂ©gradation ;
  • il est accompagnĂ© de l'information au sous-indice dominant.

En 2014, l'indice Atmo est défini comme le maximum de quatre sous-indices[22]. Un sous-indice est calculé pour chacune des quatre substances polluantes suivantes :

  1. Le dioxyde de soufre SO2 ;
  2. Le dioxyde d'azote NO2- ;
  3. L'ozone O3 ;
  4. Les particules en suspension (PM10 ; les seuils pour ce sous-indice ont été revus à la baisse à compter du [23]).
  • Pour le dioxyde de soufre, le dioxyde d'azote et l'ozone, on note pour chaque heure de la journĂ©e le maximum de la concentration du polluant dans l'air, puis on fait la moyenne de ces maxima.
  • Pour les particules fines, on calcule la concentration moyenne, sur la journĂ©e, de particules dont le diamètre aĂ©rodynamique est infĂ©rieur Ă  10 Âµm (PM10).

On utilise le tableau ci-dessous pour trouver le chiffre du sous-indice de chaque polluant (les concentrations sont exprimées en µg/m3)[24] :

Indice ATMO[25] - [23] O3 SO2 NO2- PM10 Niveau
1 0 à 29 0 à 39 0 à 29 0 à 6 Très bon
2 30 à 54 40 à 79 30 à 54 7 à 13 Très bon
3 55 Ă  79 80 Ă  119 55 Ă  84 14 Ă  20 Bon
4 80 Ă  104 120 Ă  159 85 Ă  109 21 Ă  27 Bon
5 105 Ă  129 160 Ă  199 110 Ă  134 28 Ă  34 Moyen
6 130 Ă  149 200 Ă  249 135 Ă  164 35 Ă  41 MĂ©diocre
7 150 Ă  179 250 Ă  299 165 Ă  199 42 Ă  49 MĂ©diocre
8 180 Ă  209 300 Ă  399 200 Ă  274 50 Ă  64 Mauvais
9 210 Ă  239 400 Ă  499 275 Ă  399 65 Ă  79 Mauvais
10 ≥ 240 ≥ 500 ≥ 400 ≥ 80 Très mauvais

Un système de qualificatifs et de codes couleur est associé à chacun des sous-indices : bon : bleu ; moyen : vert ; dégradé : jaune ; mauvais : rouge ; très mauvais : pourpre ; extrêmement mauvais : magenta.

Depuis 2012[26] :

  • le seuil d'information sur les particules est de 50 Âµg/m3 d'air au lieu de 80 en moyenne glissante sur 24 h ;
  • le seuil d'alerte est de 80 Âµg/m3 au lieu de 125.

En 2020 (application Ă  compter du ), un cinquième indicateur entre dans la composition de l'indice ATMO : les particules de diamètre aĂ©rodynamique infĂ©rieur Ă  2,5 micromètres (PM2,5). L'indice caractĂ©risant la qualitĂ© de l'air globale de la journĂ©e considĂ©rĂ©e correspond toujours au sous-indice le plus dĂ©gradĂ©[27]. L'arrĂŞtĂ© prĂ©cise le mode de calcul de chacun des sous-indices journaliers. Le nouvel indice aligne les seuils des quatre premiers polluants atmosphĂ©riques sur ceux de l'indice de l'Agence europĂ©enne pour l'environnement, et intègre les particules fines de diamètre infĂ©rieur Ă  2,5 Âµm. Les mesures sont dĂ©sormais disponibles Ă  l'Ă©chelle locale, au niveau des intercommunalitĂ©s et, très souvent, des communes[28].

Nouvel indice ATMO[29]
O3 SO2 NO2 PM10 PM2,5 Niveau
0 Ă  50 0 Ă  100 0 Ă  40 0 Ă  20 0 Ă  10 Bon
50 Ă  100 100 Ă  200 40 Ă  90 20 Ă  40 10 Ă  20 Moyen
100 à 130 200 à 350 90 à 120 40 à 50 20 à 25 Dégradé
130 Ă  240 350 Ă  500 120 Ă  230 50 Ă  100 25 Ă  50 Mauvais
240 à 380 500 à 750 230 à 340 100 à 150 50 à 75 Très mauvais
> 380 > 750 > 340 > 150 > 75 ExtrĂŞmement mauvais

En Suisse

L'indice de pollution de l'air à court terme (IPC, également appelé IPAIR[30]) repose sur la mesure de trois polluants : l'ozone, le dioxyde d'azote et les particules fines PM10. Il compte 6 niveaux[31].

Indice IPC O3 NO2 PM10 Pollution
1 0 Ă  90 0 Ă  60 0 Ă  37 Faible
2 91 à 120 61 à 80 38 à 50 Modérée
3 121 Ă  150 81 Ă  100 51 Ă  62 Significative
4 151 à 180 101 à 120 63 à 75 Marquée
5 181 à 240 121 à 160 76 à 100 Élevée
6 > 240 > 160 > 100 Très élevée

Références

  1. ONU (2016) Plus de 90 % de la population mondiale respire un air trop pollué, selon l'OMS, communiqué du 27 septembre 2016, émis par le centre d'actualité de l'ONU
  2. Garcia J & Colosio J (2001) Les indices de qualité de l'air: élaboration, usages et comparaisons internationales. Presses des MINES.
  3. LCSQA (2014) « Qualité de l'air dans le monde : L'OMS publie une base de données répertoriant l'exposition des populations aux particules fines » ; Laboratoire Central de Surveillance de la Qualité de l'Air (France) ; 23/06/2014
  4. Demeure Y (2015) « Carte interactive : surveillez la pollution de l'air en temps réel partout dans le monde », SciencePost.
  5. « Qualité de l'air dans le monde entier », Aqicn.org
  6. « Citeair », sur Airparif (consulté le ).
  7. « Comparer les villes », sur Air Quality Now (consulté le ).
  8. « Sensor.Community », sur sensor.community (consulté le ).
  9. (de) « OK Lab Stuttgart », sur Code for Germany (consulté le ).
  10. (en) « Code for Germany », sur okfn.de (consulté le ).
  11. (de) « Offenes Wissen für die digitale Zivilgesellschaft », sur okfn.de (consulté le ).
  12. (en) Bartosz Szulczyński et Jacek Gębicki, « The applicability of low-cost PM10 sensors for atmospheric air quality monitoring », SHS Web of Conferences, vol. 57,‎ , p. 02013 (ISSN 2261-2424, DOI 10.1051/shsconf/20185702013, lire en ligne, consulté le ).
  13. (en) Marek Badura, Piotr Batog, Anetta Drzeniecka-Osiadacz et Piotr Modzel, « Optical particulate matter sensors in PM2.5 measurements in atmospheric air », E3S Web of Conferences, vol. 44,‎ , p. 00006 (ISSN 2267-1242, DOI 10.1051/e3sconf/20184400006, lire en ligne, consulté le ).
  14. Sensor.Community, « Évolution du nombre de capteurs Sensor.Community en France », sur stats.sensor.community (consulté le ).
  15. (nl) « Samen Meten - Dataportaal », sur samenmeten.rivm.nl (consulté le ).
  16. Programme Air pur pour l'Europe (CAFE), Communication de la Commission, du , le programme « Air pur pour l'Europe » (CAFE) : vers une stratégie thématique de la qualité de l'air, EUR-Lex.
  17. « Tout comprendre sur la qualité de l'air ambiant » (consulté le ).
  18. Laetitia Van Eeckhout, « La pollution de l'air est responsable de 9 % de la mortalité en France », Le Monde, 21 juin 2016.
  19. « Impacts sanitaires de la pollution de l'air en France : nouvelles données et perspectives », Agence nationale de santé publique, 21 juin 2016.
  20. « Pollution de l’air : la France condamnée par la justice européenne pour ne pas avoir protégé ses citoyens », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. Atmo Normandie, « Communiqué » [PDF], .
  22. Arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux indices de la qualité de l'air (Article 3).
  23. Arrêté du 21 décembre 2011 modifiant l'arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux indices de la qualité de l'air.
  24. « Indices de qualité de l'air : l'indice français Atmo », sur Airparif (consulté le ).
  25. « Arrêté du 22 juillet 2004 relatif aux indices de la qualité de l'air » [PDF], sur Légifrance, , Annexes I, II et III
  26. « Point sur le changement de seuil », sur Airparif, (consulté le ).
  27. Arrêté du 10 juillet 2020 relatif à l'indice de la qualité de l'air ambiant.
  28. Muryel Jacque, « Pourquoi la France lance un nouvel indice de qualité de l'air », Les Échos, .
  29. « L'indice ATMO », sur atmo-france.org (consulté le ).
  30. « Pollution de l'air actuellement à Genève », sur République et canton de Genève (consulté le ).
  31. « Indice de pollution de l'air à court terme IPC », (consulté le ).

Articles connexes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.