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Ignatz Waghalter

Ignatz Waghalter (nĂ© le  Ă  Varsovie – mort le Ă  New York) est un compositeur et chef d'orchestre germano-polonais.

Ignatz Waghalter
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Ignatz Waghalter vers 1948.
Naissance
Varsovie
Drapeau du Royaume du Congrès Royaume de Pologne
DĂ©cès (Ă  68 ans)
New York
Drapeau des États-Unis États-Unis
Activité principale Compositeur, chef d’orchestre, violoniste
Lieux d'activité Berlin (1907–1931), Riga (1931–1932), New York (1924–25, 1938)
Années d'activité 1907–1938
Collaborations Deutsche Opernhaus de Berlin (1912–1923)
Orchestre philharmonique de New York (1924–1925)
Maîtres Friedrich Gernsheim, Philipp Scharwenka
RĂ©compenses Prix Mendelssohn (1902)
Site internet waghalter.com

Biographie

Waghalter est nĂ© Ă  Varsovie, dans une famille juive pauvre, mais musicalement accomplie. Son frère aĂ®nĂ©, Henryk Waghalter (1869–1961), est devenu un cĂ©lèbre violoncelliste professeur au Conservatoire de Varsovie[1]. Son frère cadet, Wladyslaw Waghalter (1885–1940), devient un violoniste remarquĂ©[2].

Formation

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Le palais Arnim, siège de l'Académie des arts, en 1908.
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Le théâtre d’Essen, Grillo-Theater en 1910.

Ignatz Waghalter se rend Ă  Berlin Ă˘gĂ© de 17 ans, pour Ă©tudier avec Philipp Scharwenka. Waghalter attire l'attention de Joseph Joachim, le grand violoniste, ami intime de Johannes Brahms. Avec le soutien de Joachim, Waghalter est admis Ă  l'Akademie der KĂĽnste de Berlin, oĂą il Ă©tudie la composition et la direction d'orchestre avec Friedrich Gernsheim. Les premières Ĺ“uvres de musique de chambre de Waghalter rĂ©vèlent une imagination mĂ©lodique aiguĂ«, caractĂ©ristique constante de ses Ĺ“uvres ultĂ©rieures. Son Quatuor Ă  cordes en rĂ© majeur, opus 3 (1901), est très apprĂ©ciĂ© par Joachim. La Sonate pour violon et piano en fa mineur, opus 5, reçoit le prestigieux Prix Mendelssohn en 1902, alors que le compositeur n’a que 21 ans[3].

En 1907, Waghalter obtient un poste de direction Ă  l'OpĂ©ra comique de Berlin, grâce Ă  l’appui d'Arthur Nikisch. Il y acquiert une rĂ©putation rapidement grandissante. Puis il passe par une brève pĂ©riode Ă  Essen (1911–12) au théâtre d'État, le Grillo-Theater (de)

Deutsche Oper

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Deutsches Opernhaus Berlin en 1912.

Ensuite, Waghalter est nommĂ© chef principal du nouveau Deutsche Opernhaus de Berlin Ă©tablissant sa position comme figure majeure de la musique allemande. Le théâtre est inaugurĂ© sous la direction de Waghalter le , avec Fidelio de Beethoven. Waghalter se fait le champion de la musique de Giacomo Puccini, dont les opĂ©ras avaient Ă©chouĂ© Ă  remporter l'adhĂ©sion du public allemand. La première allemande de La Fanciulla del West de Puccini est dirigĂ©e au Deutsche Oper, par Waghalter en . Son triomphe dans les opĂ©ras de Puccini offre une place dĂ©finitive dans les rĂ©pertoires des théâtres d'Allemagne. Waghalter a dirigĂ© les crĂ©ations allemandes de Tosca et La Bohème ; ainsi que celle de la seconde symphonie de Ralph Vaughan Williams, en 1923[4].

Trois opĂ©ras de Waghalter sont crĂ©Ă©s au Deutsche Opernhaus : « La Mandragore Â», basĂ© sur une comĂ©die de la Renaissance de Machiavelli, en , qui Ă©tait promis pour une tournĂ©e europĂ©enne, mais abandonnĂ© en raison du dĂ©clenchement de la Première Guerre mondiale[5] ; « Jugend », basĂ© sur une tragĂ©die du dramaturge Max Halbe (en), en ; et « Sataniel », inspirĂ© d'un conte fantaisie polonais en . La fervente mĂ©lodie de ces Ĺ“uvres de Waghalter ont comptĂ© parmi les plus lyriques des compositeurs d'opĂ©ra allemands avant 1933.

Dans son cercle amical berlinois on note Franz Schreker, Eugen d'Albert, Paul Hindemith et Albert Einstein qui se joint parfois aux exécutions privées de musique de chambre chez Waghalter.

Waghalter quitte l'opĂ©ra allemand de Berlin en 1923. Il voyage aux États-Unis en reprenant le poste de Josef StránskĂ˝ comme directeur musical du New York State Symphony, pendant la saison 1925[6]

Cinéma

ProfondĂ©ment attachĂ© Ă  la vie culturelle de Berlin, Waghalter refuse l'offre de rester Ă  la direction de l'orchestre de New York et retourne en Allemagne. Il occupe le poste de Generalmusikmeister de la UFA, la grande firme de production de films. C'est ainsi que Waghalter compose la musique originale pour l'un des films documentaires allemands les plus extraordinaires de l'ère de Weimar, Wunder der Schöpfung de Hann Walter Kornblum, dont la prĂ©sentation a lieu Ă  Berlin en . Il cherche Ă  prĂ©senter sous une forme cinĂ©matographique et populaire, les grandes dĂ©couvertes de l'astronomie moderne. La musique de Waghalter a Ă©tĂ© dĂ©crite par un critique comme « sensationnelle »[7].

Waghalter compose plusieurs opĂ©rettes et dirige des orchestres en invitĂ©. Il est nommĂ© directeur musical Ă  l'OpĂ©ra national de Riga, en Lettonie, pour la saison 1931–1932. Peu après son retour Ă  Berlin, les Nazis prennent le pouvoir. En 1934, Waghalter prend le chemin de l'exil, d'abord en TchĂ©coslovaquie, puis en Autriche, oĂą il compose son dernier opĂ©ra, « Ahasaverus und Esther ».

Plusieurs semaines avant l'Anschluss, Waghalter et sa femme fuient aux États-Unis.

Exil

Peu après son arrivĂ©e Ă  New York, Waghalter lance une campagne pour monter un orchestre classique de musiciens afro-amĂ©ricains. Il obtient le soutien des militants des syndicats de New York, le musicien afro-amĂ©ricain Alfred Jack Thomas et des Ă©minents reprĂ©sentants de la Harlem Renaissance tel James Weldon Johnson[8]. L'orchestre donne des concerts publics, sous la direction de Waghalter en 1938, mais le projet n'obtient pas suffisamment de fonds pour subsister.

Bien que Waghalter apparaisse parfois comme un chef d'orchestre invité, ses opportunités sont extrêmement limitées. Il meurt dans une relative obscurité, à New York le âgé de 68 ans[9].

MĂŞme si Waghalter Ă©tait l'un des nombreux musiciens immensĂ©ment douĂ©s allemands ou d'Europe centrale, dont la vie et la carrière ont Ă©tĂ© brisĂ©es par la catastrophe nazie, le degrĂ© de son obscuritĂ© ultĂ©rieure et prolongĂ©e, lorsqu'on compare Ă  sa prĂ©Ă©minence d'avant 1933, est frappante. La raison de ce sort rĂ©servĂ© Ă  Waghalter est peut-ĂŞtre expliquĂ©e, dans une large mesure, par le changement radical de l'esthĂ©tique musicale après la Seconde Guerre mondiale. Waghalter n'a pas expĂ©rimentĂ© l'atonalitĂ© et le sĂ©rialisme. Son engagement de mĂ©lodiste l'a placĂ© bien en dehors de l'enceinte, considĂ©rĂ©e alors comme l'avant-garde musicale. Mais une mise en question critique plus rĂ©cente de l'atonalisme et un regain d'intĂ©rĂŞt pour les compositeurs ayant travaillĂ© dans un idiome mĂ©lodique, ont encouragĂ© un rĂ©examen de l'Ĺ“uvre de Waghalter.

Redécouverte

Une redécouverte de l’œuvre de Waghalter qui serait comparable à celle d'Erich Wolfgang Korngold ou Berthold Goldschmidt, est toujours en suspens.

Le Deutsche Oper (successeur du Deutsche Opernhaus) a montĂ© en version de concert, l’opĂ©ra de jeunesse, « Jugend » de Waghalter en 1989. Un nouvel enregistrement de ses premières Ĺ“uvres de chambre a Ă©tĂ© publiĂ© en . En la Rhapsodie pour violon et orchestre et le Concerto pour violon ont Ă©tĂ© enregistrĂ©s par le Royal Philharmonic Orchestra Ă  Londres, dirigĂ© par Alexander Walker et la soliste Irmina Trynkos (chez Naxos)[10]. Dans la notice accompagnant le CD, Michael Haas, un des grands experts sur des compositeurs d'Europe centrale dont les carrières ont Ă©tĂ© dĂ©truites par l'accession des nazis au pouvoir, dĂ©crit Waghalter comme « l'un des musiciens europĂ©ens les plus injustement oubliĂ©s d'avant 1933 et dont les Ĺ“uvres remarquables obligent l'auditeur Ă  se demander « comment Ă©tait-il possible que cette musique ai disparu depuis un siècle ? »[11]. La livraison de du Pizzicato Magazine a honorĂ© la parution Naxos de sa plus haute rĂ©compense. Dans son article, l'Ă©diteur en chef de la revue Remy Franck Ă©crivait : « Quelle dĂ©couverte : le Concerto pour violon du compositeur Ignatz Waghalter Ă©tait, avec ses caractĂ©ristiques romantiques, un peu « dĂ©modĂ© » Ă  l'Ă©poque de sa composition en 1911 – mais la richesse des idĂ©es de cette composition est fascinante. Et cela vaut aussi pour les autres Ĺ“uvres de ce disque[12] ».

L'authenticitĂ© Ă©motionnelle et l'intensitĂ© lyrique de Waghalter, combinĂ©s avec la haute qualitĂ© technique de ses compositions, peut ĂŞtre mieux apprĂ©ciĂ©e comme une expression distinctive d'une culture musicale perdue, dont la destruction a Ă©tĂ© parmi les consĂ©quences tragiques de la barbarie dĂ©clenchĂ©e par le fascisme en Europe[13].

Œuvres (sélection)

  • Quatuor Ă  cordes, opus 3
  • Sonate pour violon et piano en fa mineur, opus 5
  • Rhapsodie pour violon et orchestre, opus 9
  • Concerto pour violon et orchestre, opus 15
  • OpĂ©ras
  • OpĂ©rettes
    • Der späte Gast
    • Wem gehört Helena
    • Bärbel
    • Lord Tommy
    • Der Weiberkrieg
  • Ĺ’uvres pour piano
    • Drei Klavierstuecke opus 8
    • Trois Morceaux, opus 13
    • Zwölf Skizzen pour piano, opus 17
  • Ĺ’uvres pour violon et piano
    • Idyll, opus 14a
    • Gestaendnis, opus 14b
  • Plusieurs cycles de mĂ©lodies

L'autobiographie de Waghalter, Aus dem Ghetto in die Freiheit [Du ghetto Ă  la libertĂ©], a Ă©tĂ© publiĂ© en TchĂ©coslovaquie (Marienbad) en 1936.

Source

Notes et références

  1. (en) Cello Tradition in Warsaw sur www.lutoslawski-cello.art.pl
  2. Kleines biographisches Lexicon der Violinisten, de Friedrich Frick (2009) p. 553.
  3. Waghalter, Aus dem Ghetto in die Freiheit. Marienbad, 1936.
  4. Musical Times, .
  5. Signale, janvier 1914.
  6. "Stransky Quits State Orchestra", New York Times, 31 décembre 1924.
  7. LichtbĂĽhne, 18 Jarhrgang, no 179, 15 septembre 1925.
  8. "Alfred Jack Thomas: Performer, Composer, Educator," par James Nathan Jones, Franklin F. Johnson et Robert B. Cochran, dans The Black Perspective in Music, Vol. 11, No. 1 (printemps, 1983), p. 67.
  9. "I. Waghalter, 68, Long a Conductor," New York Times, 8 avril 1949.
  10. (en) « WAGHALTER, I. : Violin Concerto / Rhapsody / Violin.. », sur naxos.com (consulté le ).
  11. http://www.naxos.com/mainsite/blurbs_reviews.asp?item_code=8.572809&catNum=572809&filetype=About%20this%20Recording&language=English#
  12. http://www.naxos.com/SharedFiles/Reviews/8.572809_Pizzicato_122012_gr.pdf
  13. "Waghalter, Ignatz" Grove Music Online, http://www.oxfordmusiconline.com.

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