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Howardena Pindell

Howardena Pindell (nĂ©e le ) est une peintre et plasticienne amĂ©ricaine[1]. Son travail explore la texture, la couleur, les structures et le processus de crĂ©ation artistique. Il est souvent politique et aborde les questions croisĂ©es du racisme, du fĂ©minisme, de la violence, de l'esclavage et de l'exploitation. Elle est connue pour la grande variĂ©tĂ© de techniques et de matĂ©riaux utilisĂ©s dans ses Ɠuvres. Elle a notamment rĂ©alisĂ© des peintures abstraites, des collages, des dessins-vidĂ©o et des procĂ©dĂ©s artistiques[2].

Howardena Pindell
Naissance
Période d'activité
depuis
Nationalité
Activités
Formation
Université de Boston
Philadelphia High School for Girls (en)
Yale School of Art
Université Yale
Boston University College of Fine Arts (en)
MaĂźtre
Sewell Sillman (en)
Personne liée
Lieu de travail
Distinctions
Site web

Biographie

Jeunesse et formation

Howardena Pindell naßt à Philadelphie, en Pennsylvanie[1] et est diplÎmée du lycée de filles de Philadelphie. DÚs son jeune ùge, elle a fait preuve de talent et ingéniosité dans ses cours d'art figuratif au Philadelphia College of Art, au Fleisher Art Memorial et à la Tyler School of Art[3]. Elle obtient son baccalauréat de l'Université de Boston en 1965 et une maßtrise de l'Université Yale en 1967[4]. Elle est également titulaire de doctorats honorifiques du Massachusetts College of Art and Design et de Parsons The New School for Design[5].

CarriĂšre

En 1967, Howardena Pindell commence Ă  travailler au Museum of Modern Art (MoMA) de New York, au sein du dĂ©partement des estampes et des livres illustrĂ©s[6]. Elle y reste pendant 12 ans (jusqu'en 1979) occupant diverses fonctions, notamment assistante d'exposition, assistante de conservation et conservatrice adjointe[2] - [3] - [5].

En 1972, Howardena Pindell cofonde la A.I.R. Gallery, forme inĂ©dite de galerie d'artistes femmes dirigĂ©e par des artistes elles-mĂȘmes, aux États-Unis[7], en compagnie des 19 autres membres fondatrices dont Nancy Spero, Agnes Denes, Barbara Zucker, Dotty Attie, Judith Bernstein, Harmony Hammond, Maude Boltz, Louise Kramer[8]. Lors de la premiĂšre rĂ©union, le , elle suggĂšre de nommer la galerie : Eyre Gallery d'aprĂšs le roman Jane Eyre de Charlotte BrontĂ«[8]. Les artistes ont plutĂŽt dĂ©cidĂ© de choisir A.I.R. Gallery pour « Artists in Residence[8]. » Ce lieu a permis aux femmes artistes de gĂ©rer leurs propres expositions, en prenant des risques avec leur travail, ce que les galeries commerciales ne faisaient pas[8].

Au milieu des annĂ©es 1970, elle entreprendre de voyager Ă  l'Ă©tranger en tant que confĂ©renciĂšre. Ses sĂ©minaires s'articulent autour de problĂ©matiques de discriminations, comme « L'art amĂ©ricain et noir amĂ©ricain: Ă©tude historique » donnĂ© au CollĂšge des arts et mĂ©tiers de Madras en Inde, en 1975, ou « Artistes noirs, États-Unis » Ă  l'Academy of Art d'Oslo, en 1976[9].

En 1977, alors qu'elle est conservatrice adjointe du département des estampes et des livres illustrés au MoMA[5] - [10], elle passe ses nuits à créer ses propres piÚces, puisant son inspiration dans de nombreuses expositions organisées par le musée notamment la collection de tuniques Akan batakari du musée présentée dans l'exposition African Textiles and Decorative Arts[3].

Actuellement, Howardena Pindell est professeure d'art Ă  l'universitĂ© Stony Brook, oĂč elle enseigne depuis 1979[5]. AprĂšs avoir obtenu son diplĂŽme Ă  l'universitĂ© Yale en 1967, Howardena Pindell dĂ©mĂ©nage Ă  New York, oĂč elle a commence Ă  s'intĂ©resser Ă  l'abstraction et au collage, s'inspirant du travail de sa collĂšgue Nancy Murata[3]. Dans les annĂ©es 1970, elle dĂ©veloppe un style unique, basĂ© sur l'utilisation de points, rappelant le minimalisme et le pointillisme[11]. AprĂšs avoir travaillĂ© avec des points, elle se penche sur les cercles, notamment grĂące aux dĂ©bris de papier rĂ©sultant de sa production pointilliste. David Bourdon Ă©crit Ă  ce propos : « En 1974, Howardena Pindell dĂ©veloppa une forme de pointillisme plus tridimensionnelle et plus personnelle utilisant un perforateur pour dĂ©couper une multitude de disques en forme de confettis, qu'elle dispersa avec plus ou moins de prĂ©mĂ©ditation sur la surface de ses photos[3] - [12]. Dans un dessin-collage sans titre datant de 1973, l'artiste se sert de plus de 20 000 points de papier numĂ©rotĂ©s Ă  la main pour former des rangĂ©es verticales et horizontales avec une sĂ©rĂ©nitĂ© rythmique, unifiant ordre et chaos[13]. »

En 1969, Howardena Pindell est reconnue pour sa participation à l'exposition American Drawing Biennial XXIII au Norfolk Museum of Arts and Sciences. En 1972, une premiÚre grande exposition au Spelman College d'Atlanta lui est consacrée[9].

En 1973, son travail avec des cercles a Ă©tĂ© saluĂ© lors d'une exposition Ă  la A.I.R. Gallery, oĂč son style s'est solidifiĂ© pour s'exprimer par le biais de « grandes peintures abstraites[3]. » LA mĂȘme annĂ©e, Howardena Pindell entreprend la sĂ©rie Video Drawings[14]. Sur les conseils de son mĂ©decin, elle acquiert un tĂ©lĂ©viseur pour son studio afin de l’encourager Ă  ne pas travailler de longues heures sur ses travaux[14]. Elle s’intĂ©resse peu Ă  peu Ă  la lumiĂšre artificielle de l'Ă©cran et commence Ă  Ă©crire de petits chiffres sur de l’acĂ©tate, qu’elle colle Ă  l’appareil et photographie[14]. Ces expĂ©riences dĂ©bouchent sur une longue sĂ©rie d’Ɠuvres qui mettent en scĂšne ses dessins sur des Ă©vĂ©nements sportifs et des Ă©missions, y compris les Ă©lections[14].

Howardena Pindell déclare avoir ressenti au cours de cette période une grande influence émanant du Black Power et des mouvements féministes, ainsi que de l'exposition à de nouvelles formes d'art au cours de son travail quotidien au MoMA et de ses voyages à l'étranger (en particulier en Afrique)[15]. Passionnée par les sculptures africaines présentées au MoMA et au Brooklyn Museum of Art, elle se réapproprie la pratique de l'encodage et de l'accumulation[3]. En observant l'art africain, qui comporte des objets tels que des perles, des cornes, des coquillages, des cheveux et des griffes, l'artiste se met à incorporer des éléments supplémentaires, notamment du papier, des paillettes, de l'acrylique et des colorants[3].

Dans les annĂ©es 1980, Howardena Pindell travaille Ă©galement sur des toiles non Ă©tirĂ©es. Quelques Ɠuvres de grande taille donnent l'effet de paraĂźtre totalement blanches Ă  distance, mais en rĂ©alitĂ© de minuscules points de papier colorĂ©, de paillettes et de peinture composent leur surface. Howardena Pindell compare cette expĂ©rience d'illusion de blanchissement de ses peintures Ă  sa propre identitĂ©, afin de la rendre plus acceptable pour le monde de l'art, plus blanche. Cependant, elle est aussi critiquĂ©e par certains car son travail n'est pas ouvertement politique.

En 1979, Howardena Pindell est victime d'un grave accident de voiture, Ă  la suite duquel elle a subi une grave perte de mĂ©moire[16]. C'est Ă  ce moment-lĂ  que son travail devient plus autobiographique, devant un moyen de se soigner[15] - [17]. Son tableau Autobiography, faisant partie d'une sĂ©rie de huit tableaux sur sa convalescence, utilise le corps de l’artiste comme point central. Pour cette piĂšce, elle coupe et coud un contour d'elle-mĂȘme sur un grand morceau de toile d'un riche collage[17]. Elle rassemble aussi des cartes postales d'amis et de ses propres voyages dans son travail qu'elle dĂ©coupe et assemble avant de les peindre. Elle explique employer ces cartes postales pour faire travailler sa mĂ©moire la mĂ©moire perdue lors de l'accident de voiture.

En 1980, elle a rĂ©alisĂ© une vidĂ©o, intitulĂ©e Free, White, and 21[18], dans laquelle elle apparaĂźt coiffĂ©e d'une perruque blonde, de lunettes noires et un bas pĂąle sur la tĂȘte, reprĂ©sentant une caricature de la femme blanche et Ă©voquant le racisme elle a vĂ©cu toute sa vie[2]. « Vous devez vraiment ĂȘtre paranoĂŻaque », dit Howardena Pindell en interprĂ©tant cette caricature, « Je n'ai jamais vĂ©cu de telles expĂ©riences. Mais, bien sĂ»r, je suis libre, blanc et 21 ans[19]. » Le racisme prend progressivement de plus en plus d'ampleur dans le monde de l'art, elle publie elle-mĂȘme de nombreux Ă©crits et prend la parole pour Ă©voquer la prĂ©sence persistante du racisme au sein mĂȘme du mouvement fĂ©ministe. Elle organise Ă  l'occasion Ă  la A.I.R Gallery, l'exposition The Dialectics of Isolation: An Exhibition of Third World Women Artists of the US[20].

Elle réalise aussi qu'elle a souvent été sélectionnée pour une exposition en tant que femme noire, l'exemple symbolique parmi un groupe d'artistes. Elle décide de fonder avec Carolyn Martin un collectif d'artistes féministes noires : Entitled: Black Women Artists[9] - [15].

Tout au long des annĂ©es 1980, Howardena Pindell traite des expressions de l'identitĂ© par le biais de sa peinture, en particulier dans le cadre de sa propre nĂ©gociation d'identitĂ©s multiples (ses racines sont africaines, europĂ©ennes, centro-amĂ©ricaines et caribĂ©ennes, et elle est nĂ©e juive mais Ă©duquĂ©e comme chrĂ©tienne)[17]. Ses Ɠuvres deviennent de ce fait politiques, abordant les problĂšmes des femmes, le racisme, la maltraitance des enfants, l'esclavage et le sida[6]. Selon l'artiste, parmi les critiques de ce nouveau travail, il y aurait une nostalgie pour son travail non politisĂ© des annĂ©es 1970[15].

Dans les annĂ©es 1990, Howardena Pindell prĂ©sente une sĂ©rie d'Ɠuvres commĂ©moratives et une sĂ©rie de peintures dans lesquelles son corps en silhouette est recouvert de mots tels que « « traite des esclaves ». Cette derniĂšre sĂ©rie rappelle Ă  un travail antĂ©rieur sur l’Afrique du Sud dont une toile dĂ©coupĂ©e grossiĂšrement cousue et le mot « Interrogation » posĂ© au-dessus[15].

Pendant toutes ses annĂ©es, Howardena Pindell voyage Ă©normĂ©ment et vit au Japon, en SuĂšde et en Inde pendant un certain temps, tout en produisant de nouvelles Ɠuvres et en donnant des confĂ©rences[17].

Expositions

Depuis sa premiÚre exposition majeure à Spelman en 1971, Howardena Pindell a participé à de nombreuses expositions individuelles et collectives.

Expositions personnelles (sélection)

  • Paintings and Drawings by Howardena Pindell, Rockefeller Memorial Galleries, Spelman College, Atlanta, 7-
  • Howardena Pindell, A.I.R. Gallery, New York, 1973
  • Howardena Pindell: Works on Paper, Canvas and Video Drawings, UniversitĂ© d'État de New York Ă  Stony Brook, 1979
  • Howardena Pindell, Memory Series: Japan, A.I.R. Gallery, New York, 1983
  • Howardena Pindell: Traveler’s Memories, Japon, MusĂ©e d'art de Birmingham, Alabama, du au
  • Howardena Pindell: Traveler’s Memories, Inde, Galerie David Heath, Atlanta, du au
  • Howardena Pindell: A Retrospective 1972–1992, Bevier Gallery, Rochester Institute of Technology, Rochester, du au
  • Howardena Pindell: A Retrospective 1972–1992, Art Gallery, Georgia State University, Atlanta, au
  • Witness to Our Time: A Decade of Work by Howardena Pindell, Heckscher Museum of Art, Huntington, New York, 1999
  • Howardena Pindell: An Intimate Retrospective, Harriet Tubman Museum, Macon, du au
  • Howardena Pindell: Visual Affinities, Heckscher Museum of Art, Huntington, au
  • Howardena Pindell: Hidden Histories, Louisiana Art and Science Museum, Baton Rouge, du au
  • Howardena Pindell, Honor Fraser, Los Angeles, du au
  • Howardena Pindell, Spelman College Museum of Fine Art, Atlanta, du au
  • Howardena Pindell: What Remains to Be Seen, Museum of Contemporary Art, Chicago, de au , et Virginia Museum of Fine Arts, Richmond, du au

Expositions collectives

Les Ɠuvres d'Howardena Oindell sont montrĂ©es dans plusieurs grandes expositions collectives, telles que WACK! Art and the Feminist Revolution dans plusieurs villes d'AmĂ©rique du Nord de 2007 Ă  2009 et We Wanted a Revolution: Black Radical Women, aux États-Unis en 2017 et 2018.

Collections (sélection)

Prix

Howardena Pindell reçoit une bourse de recherche du Guggenheim en peinture en 1987, le Most Distinguished Body of Work or Performance Award, dĂ©cernĂ© par la College Art Association en 1990, le Studio Museum of Harlem Artist Award, le Distinguished Contribution to the Profession Award from the Women's Caucus for Art et deux bourses d’ Ă©tudes de la part du National Endowment for the Arts[9] - [21] - [22] - [23].

Notes et références

  1. « Howardena Pindel », National Museum of Women in the Arts, Retrieved 24 October 2018.
  2. (en) « Howardena Pindell Biography - Selected works - Art, York, College, and Award », sur JRank, Biography.jrank.org (consulté le ).
  3. (en) Barnwell, « Been To Africa and Back- Contextualizing Howardena Pindell's Abstract Art », International Review of African American Art 13.3,‎ .
  4. "Howardena Pindell CV".
  5. « Howardena Pindell » [archive du ], SBU Art (consulté le ).
  6. (en) "Biography", Artist website, Retrieved 24 octobre 2018.
  7. (en) Cotter Holland, Howardena Pindell Paintings and Drawings, A Retrospective Exhibition, 1972-1992.
  8. "History" Air Gallery.
  9. (en) Smith, Jesse Carney, Lean’tin Bracks, and Linda T. Wynn, Howardena Pindell. The Complete Encyclopedia of African American History, Visible Ink, , « Howardena Pindell », p. 272-273.
  10. (en) Lisa Gabrielle Mark, WACK! Art and the Feminist Revolution, Cambridge, MIT Press, .
  11. "Artist Spotlight: Howardena Pindell", National Museum of Women in the Arts.
  12. (en) « Howardena Pindell - Biography », (consulté le ).
  13. (en-US) « The Beauty of Howardena Pindell’s Rage », Hyperallergic, (consultĂ© le ).
  14. "Screen Interactions: Howardena Pindell", BOMB Magazine.
  15. (en) Mira Schor, Emma Amos, Susan Bee, Johanna Drucker, MarĂ­a FernĂĄndez, Amelia Jones, Shirley Kaneda, Helen Molesworth, Howardena Pindell, Mira Schor, Collier Schorr & Faith Wilding, « Contemporary Feminism: Art Practice, Theory, and Activism—An Intergenerational Perspective », Art Journal,‎ , p. 8-29 (DOI 10.1080/00043249).
  16. Howardena Pindell: What Remains to be Seen", MCA Chicago.
  17. (en) Walker, Sydney, « The Artist in Search of Self: Howardena Pindell », School Arts,‎ , p. 29.
  18. (en) « Howardena Pindell. Free, White and 21. 1980 », sur MoMa (consulté le ).
  19. (en-US) Greenberger, « Full Circle: Howardena Pindell Steps Back into the Spotlight with a Traveling Retrospective », ARTnews, (consulté le ).
  20. (en) Helena Reckitt et Peggy Phelan, Art and Feminism, London ; New York, Phaidon, .
  21. « Howardena Pindell » [archive du ], African American Art Exhibitions (consulté le ).
  22. Phoebe Farris, Women Artists of Color : A Bio-critical Sourcebook to 20th Century Artists in the Americas, Westport, CT, Greenwood Press, .
  23. (en) Robert Henkes, The art of Black American women : works of twenty-four artists of the twentieth century, Jefferson, N.C., McFarland, , 274 p. (ISBN 0-89950-818-9, lire en ligne).

Liens externes

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