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Heuristique de disponibilité

En psychologie, l'heuristique de disponibilité est un mode de raisonnement qui consiste à se baser uniquement ou principalement sur les informations immédiatement disponibles en mémoire[1], sans chercher à en acquérir de nouvelles concernant la situation. Cette heuristique du jugement peut engendrer des biais cognitifs, appelés biais de disponibilité[2].

L'heuristique de disponibilité ne mÚne pas forcément à des conclusions biaisées[1]. Il peut s'agir d'un mode de raisonnement efficace qui permet de résoudre un problÚme avec un effort cognitif minimal.

Biais cognitifs générés par l'heuristique de disponibilité

L'accessibilitĂ© cognitive des reprĂ©sentations mentales peut ĂȘtre liĂ©e Ă  diffĂ©rents facteurs et donner lieu Ă  diffĂ©rents types de biais cognitifs :

  • Des informations nouvellement acquises sur un Ă©vĂ©nement passĂ© sont plus disponibles que des informations plus anciennes ou concernant des scĂ©narios diffĂ©rents n'aboutissant pas Ă  cet Ă©vĂ©nement. C'est l'une des bases supposĂ©es du biais rĂ©trospectif.
  • Des situations rencontrĂ©es frĂ©quemment par le passĂ© sont plus facilement reprĂ©sentĂ©es mentalement. Dans ce cas, l'heuristique de disponibilitĂ© peut se traduire par une forme de conservatisme ; ou par la surestimation de la frĂ©quence d'un Ă©vĂ©nement familier[1].
  • Des informations rĂ©pĂ©tĂ©es par plusieurs sources ou Ă  plusieurs reprises acquiĂšrent plus facilement une reprĂ©sentation mentale. C'est ainsi qu'une rumeur peut se rĂ©pandre.

Par exemple, sur la base d'une heuristique de disponibilité, en situation de stress intense, la panique peut faire prendre des risques inconsidérés : une personne se trouvant dans un immeuble en feu cherchera à descendre un escalier enfumé au lieu de se protéger et d'attendre les secours dans un appartement calfeutré. La représentation mentale de l'escalier comme possible voie de sortie est saillante et prend le pas sur d'autres éléments (les fumées toxiques, etc.) qui devraient amener à reconsidérer cette option.

C'est un mĂ©canisme de pensĂ©e qui fausse les prises de dĂ©cisions. Le jugement se trouve alors altĂ©rĂ©. Ce schĂšme psychologique influence les choix rationnels. Selon Amos Tversky et Daniel Kahneman, l’esprit humain se subdivise en deux entitĂ©s logiques : le systĂšme 1 comme “pensĂ©e intuitive” et le systĂšme 2 comme “pensĂ©e rationnelle”[3].

Utilisation

Ce phĂ©nomĂšne est utilisĂ© par le marketing, la publicitĂ© et la propagande ∶ la simple rĂ©pĂ©tition d’un message permet de lui donner de la crĂ©dibilitĂ©[4].

De mĂȘme, les mĂ©dias ont une responsabilitĂ© dans la construction de l'opinion publique, dans le sens oĂč un sujet rĂ©pĂ©tĂ© de façon importante paraĂźtra trĂšs important au spectateur, et qu'il induira chez lui une rĂ©action d'en parler autour de lui ce qui accentue le phĂ©nomĂšne et le mĂšnera ensuite Ă  se positionner soit en conformitĂ© avec l’information donnĂ©e soit en opposition. C'est comme cela que se crĂ©ent les clivages. À l'inverse un sujet peu ou non traitĂ© sera perçu par le spectateur comme sans importance ou inexistant indĂ©pendamment de ses Ă©ventuelles consĂ©quences rĂ©elles. C'est par exemple ce qui se passe pour les scandales sanitaires pendant toute la pĂ©riode prĂ©cĂ©dent le moment oĂč ils Ă©clatent et qui peut ĂȘtre longue et avec de graves consĂ©quences.

C’est un des biais cognitifs qui explique l’existence, la persistance, la propagation et l’adhĂ©sion aux phĂ©nomĂšnes des fake news. L'heuristique de disponibilitĂ© se traduit chez l'individu par la perturbation de sa capacitĂ© Ă  juger et Ă  raisonner dans sa vie quotidienne. En effet ce tri et cette analyse d’informations mĂ©morisĂ©es conduit Ă  des erreurs systĂ©matiques. C'est donc un dysfonctionnement dans le raisonnement. Étant un raccourci mental il permet d’économiser de l'Ă©nergie cognitive en se basant sur des connaissances stĂ©rĂ©otypĂ©es ou des affects. Les infox s’appuient sur ce phĂ©nomĂšne pour ĂȘtre plus influentes sur les rĂ©seaux sociaux grĂące Ă  leur algorithme (Facebook, Twitter, Youtube
). En consĂ©quence les internautes se contentent des informations proposĂ©es sans vĂ©rifier ni comprendre celles-ci[5].

Références

  1. Pierre Lainey, Psychologie de la décision, 3e édition, Editions JFD, , 223 p. (ISBN 978-2-924651-37-7, lire en ligne), p. 75
  2. « Cinq biais cognitifs Ă  connaĂźtre pour ne plus se tromper », LEntreprise.com,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  3. (en) Daniel Kahneman, SystÚme 1 : SystÚme 2 : Les deux vitesses de la pensée, Etat de New-York, Farrar, Straus and Giroux, , 499 p.
  4. Dictionnaire sceptique
  5. (en) Susan Tufts Fiske ; Shelley Elizabeth Taylor, Cognition sociale. Des neurones Ă  la culture, Mardaga, , 592 p. (lire en ligne), p. 193 - 228

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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