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Henri-Raymond Casgrain

Henri-Raymond Casgrain, dit l'abbĂ© Casgrain, nĂ© le et mort le , fut un historien, un critique littĂ©raire, un censeur et un homme d'Église quĂ©bĂ©cois.

Henri-Raymond Casgrain
Henri-Raymond Casgrain, photo de Jules Ernest Livernois

Biographie

Natif de RiviÚre-Ouelle, Henri-Raymond Casgrain est le fils de Charles-EusÚbe Casgrain, député qui s'opposa aux 92 résolutions. Se destinant d'abord à la carriÚre de médecin, il complÚte ses études en théologie et reçoit le sacrement de l'ordre le de Mgr Pierre-Flavien Turgeon. Il enseigne jusqu'en 1859, aprÚs quoi il est excusé pour raisons de santé.

Henri-Raymond Casgrain Ă©tudie au collĂšge de Sainte-Anne-de-la-PocatiĂšre Ă  partir de 1843. C’est lĂ  qu’il fait la rencontre de l’abbĂ© Pierre-Henri Bouchy, pĂ©dagogue français venu au QuĂ©bec entre 1842 et 1855. C’est ce dernier qui initie le jeune Casgrain, en outre, Ă  la littĂ©rature romantique. Dans son ouvrage Les GuĂȘpes canadiennes, l’historien Augustin LaperriĂšre souligne que « Le jeune Casgrain avait pour professeur d’humanitĂ© un homme d’une belle science et d’un grand esprit qui, lui, ne s’effrayait pas comme ses confrĂšres. C’était M. Bouchy [
] Sous cette habile direction, les talents du jeune homme prirent un rapide dĂ©veloppement. »[1]

Cette complicitĂ© entre maĂźtre et Ă©lĂšve est propice au dĂ©veloppement d’une relation mentorale en marge de la didactique prescrite au collĂšge Sainte-Anne-de-la-PocatiĂšre. Sous la tutelle du prĂȘtre français le jeune Henri-Raymond Casgrain s’adonne Ă  la lecture des Ɠuvres romantiques. Kenneth Landry rappelle Ă  cet effet que le mentor français « avait initiĂ© [Casgrain] aux auteurs romantiques lors de son passage Ă  Sainte-Anne-de-la-PocatiĂšre. »[2] C’est mĂȘme sous les recommandations du mentor français que Casgrain rĂ©Ă©crit Atala (1850), son premier ouvrage, alors qu’il effectue un voyage au Saguenay. Selon l’historien Wilfrid Lebon, Pierre-Henri Bouchy fait partie du voyage : « En 1850, Monsieur [François] Pilote fait un voyage au Saguenay dans les intĂ©rĂȘts de la ‘’SociĂ©tĂ© de l’Islet et Kamouraska’’. [
] Il a pour compagnon les sĂ©minaristes Saint-Aubin, Pierre[-Minier] LagacĂ©, l’abbĂ© Bouchy et les Ă©coliers H.-Raymond Casgrain et Alphonse Casgrain. »[3] Cette coĂŻncidence suggĂšre que la prose romantique de l’auteur d’Atala n’inspire pas tant le jeune Casgrain que la prĂ©sence, en chair et en os, de son propre mentor, lui-mĂȘme grand amateur d’ouvrages romantiques.

Casgrain joue un rÎle important dans l'histoire de la littérature canadienne : il est en effet son premier critique et censeur officiel. Le sacerdoce lui permettait d'exercer librement son loisir littéraire, et sa fonction de censeur lui permit d'écarter les ouvrages auxquels il objectait. Il interdit notammentL'Influence d'un livre de Philippe-Ignace-François Aubert de Gaspé, premier roman canadien français publié au Canada.


Il commence Ă  publier en 1860 dans Le Courrier du Canada. Ses premiers Ă©crits sont des contes et lĂ©gendes. La mĂȘme annĂ©e, il est nommĂ© vicaire Ă  QuĂ©bec. Il profite de sa nomination pour visiter la librairie d'Octave CrĂ©mazie et enrichir ses connaissances sur l'histoire du Canada. C’est Ă  l’hiver 1853 que Casgrain rencontre le poĂšte national dans l’arriĂšre-boutique de sa librairie alors situĂ©e au 12 rue de la Fabrique Ă  QuĂ©bec. À cette Ă©poque, son ancien professeur du collĂšge Sainte-Anne-de-la-PocatiĂšre, l’abbĂ© Pierre-Henri Bouchy, table sur la rĂ©Ă©dition des manuels de plain-chant commandĂ©s par le premier concile de la province ecclĂ©siastique de QuĂ©bec. Durant ses loisirs, l’abbĂ© Bouchy ne manque pas de frĂ©quenter Octave CrĂ©mazie chez qui il se procure divers ouvrages littĂ©raires, musicaux et autres. Lorsque Casgrain arrive dans la capitale, prĂ©cisĂ©ment le , il retrouve son ancien professeur qui lui prĂ©sente les frĂšres libraires Jacques et Octave CrĂ©mazie.

Il fonde alors l'École littĂ©raire de QuĂ©bec dans la librairie de CrĂ©mazie, mouvement destinĂ© Ă  donner une littĂ©rature nationale au Canada-français.

Avec ce mouvement, Casgrain est le créateur de deux revues : Les Soirées Canadiennes et Le Foyer Canadien. Il a un conflit éditorial avec Léger Brousseau et doit alors quitter la premiÚre revue.

Casgrain devient biographe et écrit la vie de Marie de l'Incarnation, François-Xavier Garneau et George-Barthélemy Faribault. Il se rapproche aussi des idées d'Alexis Pelletier, partisan du gaumisme dans l'instruction publique.

Souffrant de maladie oculaire, et dorĂ©navant confinĂ© Ă  son village natal, il doit abandonner la prĂȘtrise pendant les annĂ©es 1870. Cela ne fait qu'accroĂźtre son effort et son intĂ©rĂȘt pour les questions sociales du Canada, et il publie plus souvent.

Ses services sont rĂ©quisitionnĂ©s par l'intendant Ă  l'Ă©ducation, GĂ©dĂ©on Ouimet, et avec ses amis Ă©diteurs, il vend 80 000 ouvrages, ce qui lui permet de vivre bien et distribuer ses gains aux communautĂ©s religieuses. Il reçoit un doctorat honorifique Ă  l'UniversitĂ© Laval en 1877.

Il voyage en France et aux États-Unis pendant l'hiver pour se cultiver et pour rencontrer des archivistes Ă©trangers. Par exemple, il profite du capital social de l’abbĂ© Pierre-Henri Bouchy lors des nombreux voyages qu’il effectue en France. GrĂące Ă  son ancien professeur, il rencontre plusieurs personnalitĂ©s françaises parmi lesquelles on retrouve Charles Forbes Montalembert, Madame Apollonie Cabot de la Fare (veuve de Charles de RĂ©gis de Gatimel), le comte de Pange, le baron et la baronne de Belfort et les curĂ©s de Burey-la-CĂŽte, de DomrĂ©my, de Vaucouleurs et de Chalaine[4]. Entre 1858 et 1899, Henri-Raymond Casgrain effectue plus de 16 voyages en Europe ; il visite son ancien professeur Bouchy au moins en 1858 (Ă  Paris), en 1867 (Chalaine) et en 1873 (NĂźmes).

Lors de son séjour à Washington, ils décrivaient les personnes noires présentes comme des « visiteurs à tournure et physionomie vulgaires »[5].

Dans les annĂ©es 1890, il s'intĂ©resse beaucoup Ă  l'histoire de l'Acadie et au gĂ©nĂ©ral Montcalm. Certaines de ses Ɠuvres sont couronnĂ©es par l'AcadĂ©mie française.

Il enseigne l'histoire à l'Université Laval jusqu'à la fin de sa vie et se consacre à écrire ses mémoires, intitulées Souvenances canadiennes. En 1889 et 1890, il est aussi le président de la société royale du Canada. Il meurt à Québec le à l'ùge de 72 ans.

Camille Roy lui succĂ©dera comme censeur officiel des lettres au Canada, avec les autres prĂȘtre-critiques. Comme prĂȘtre-historien, la valeur de ses Ă©crits est moins estimĂ©e que ceux de FX Garneau ou de l'abbĂ© Ferland en raison du patriotisme qui transparaĂźt ses intentions.

Son influence sur les auteurs canadiens restera importante Ă  la fin du XIXe siĂšcle et au dĂ©but du XXe siĂšcle. Ses publications posthumes paraissent en 1912, 1924 et 1994. Le sĂ©minaire de QuĂ©bec a un fonds Henri-Raymond Casgrain oĂč sont conservĂ©s tous ses documents privĂ©s.

Il est indĂ©niable que "ce n'est plus l'Ɠuvre mĂȘme de Casgrain qui nous fascine aujourd'hui; ce sont davantage ses activitĂ©s qui visaient Ă  encourager la production, la diffusion et la lĂ©gitimation de l'ensemble des Ɠuvres de ses contemporains dans le but de crĂ©er une littĂ©rature nationale."[6]

Racisme

Sur le sujet de l'importation d’esclaves africains aux États-Unis, il dit:

« Nous ne parlons pas de cette dĂ©testable colonisation africaine qui a jetĂ© la dĂ©pravation avec l’esclavage sur une si large part des États-Unis, et dont ils subissent aujourd’hui le chĂątiment. Quel contraste avec la puretĂ© de nos origines historiques ! Autant on prenait de soin, ici, Ă  crĂ©er une colonie morale, autant on jetait, lĂ -bas, d’élĂ©ment de corruption. »[7]

Ouvrages publiés

Bibliographie

  • Annik-Corona Ouelette, « 300 ans d'essais au QuĂ©bec », Beauchemin, 2007, p. 39-40. (ISBN 9782761647052).

Références

  1. Augustin LaperriĂšre, Les GuĂȘpes canadiennes, [Ottawa], [s. l.], 1881, vol. 1, p. 221
  2. Kenneth Landry, « Le commerce du livre Ă  QuĂ©bec et Ă  MontrĂ©al avant l’arrivĂ©e de la Capricieuse, 1814-1854 », dans Maurice Lemire, dir., Le romantisme au Canada, QuĂ©bec, Nuit blanche, 1993, p. 107
  3. Wilfrid Lebon, Histoire du CollÚge de Sainte-Anne-de-la-PocatiÚre : le premier demi-siÚcle, 1827-1877, Québec, Charrier & Dugal, 1948, p. 179
  4. Olivier Gamelin, Libéralisme et intimité dans la correspondance du mentor romantique Pierre-Henri Bouchy (1842-1886), M. A. (études littéraires), Trois-RiviÚres, Université du Québec à Trois-RiviÚres, 2007, 154 p
  5. Daniel Gay, Les Noirs du QuĂ©bec, 1629-1900, Septentrion, coll. « Cahier des AmĂ©riques », , 514 p. (ISBN 978-2-89448-397-8), III ( « L'autoracisation des Canadiens français et le “fardeau de l'homme blanc” »), chap. 10 (« La pĂ©riode 1850-1900 »), p. 370-371
  6. Manon Brunet, « Travestissement littĂ©raire et trajectoire intellectuelle d’Henri-Raymond Casgrain », Voix et Images, vol. 30, no 1,‎ (ISSN 0318-9201 et 1705-933X, DOI 10.7202/009888ar, lire en ligne, consultĂ© le )
  7. Benjamin Sulte, Histoire des Canadiens-Français 1608-1880 : origine, histoire, religion, guerres, découvertes, colonisation, coutumes, vie domestique, sociale et politique, développement, avenir, t. VII, Montréal, (lire sur Wikisource), p. 80-81.

Liens externes

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