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Hassan Bozorg

Hassan Bozorg[1], appelĂ© aussi Hassan-e Jalayir[2] Ă  cause de son appartenance Ă  la tribu mongole Djalayir, mais aussi plus rarement Hassan-e Uljatùï[3] parce qu’il est le petit-fils d’Uljatùï. Il fonde la dynastie des Djalayirides. Il meurt en 1356.

Hasan Buzurg
Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
Conjoint

Biographie

Les origines

L’émir (ou noyan[4]) Köke Ilge est membre de la tribu des Jalayir qui a donnĂ© de nombreux chefs militaires aux armĂ©es mongoles. Il accompagne HĂŒlegĂŒ pendant sa campagne dans l’est de l’Asie dans les annĂ©es 1250. Il fait partie des gĂ©nĂ©raux qui viennent Ă  bout des Assassins en 1256. Il participe ensuite Ă  la conquĂȘte de Bagdad en 1258. Il dirige ensuite la reconstruction de la ville. Il participe ensuite Ă  l'attaque contre MayyĂąfĂąriqĂźn (actuellement Silvan en Turquie) qui se termine par le massacre de sa population musulmane, puis il participe Ă  la campagne de Syrie[5]. Il dĂ©cĂšde peu aprĂšs la prise de pouvoir par Abaqa[6].

Aqbuqa, un des fils de Köke Ilge au service d’Abaqa, est plus tard promu « Ă©mir des Ă©mirs » par Ghaykhatou. Il est assassinĂ© par des partisans de BaĂŻdou qui succĂšde Ă  Ghaykhatou. Il a Ă©tĂ© mariĂ© Ă  une fille d’Arghoun nommĂ©e Uljatùï qui lui donne un fils Hossein. Hossein est au service d’OldjaĂŻtou (Uljùïtu) et devient gouverneur de l’Arran en 1313. Il passe ensuite au service du fils d’OldjaĂŻtou, Abu SaĂŻd, jusqu’à sa mort en 1322. Hassan Bozorg est son fils[6].

Rùgne d’Abu Saïd

Hassan est promu « amir-e olus[7] » (Ă©mir de la nation). En 1323, Hassan Bozorg Ă©pouse BagdĂąd KhĂątoun fille de Tchoupan. Pour Ă©loigner sa fille d’Abu SaĂŻd qui s’est Ă©pris d’elle, Tcoupan envoie Hassan et son Ă©pouse au Karabagh[8]. En 1327, Tchoupan est obligĂ© de se rĂ©fugier Ă  HĂ©rat pour fuir la vindicte d’Abu SaĂŻd. Hassan Bozorg juge alors prudent de rĂ©pudier BagdĂąd KhĂątoun, ce qui permet Ă  Abu SaĂŻd de l’épouser. Son hĂŽte fait exĂ©cuter Tchoupan pour complaire Ă  Abu SaĂŻd, mais la rĂ©compense promise de la main de Kordotchin, veuve de Tcoupan, lui sera refusĂ©e Ă  l’intervention de BagdĂąd KhĂątoun.

En 1331, Hassan Bozorg est accusĂ© de conspirer contre Abu SaĂŻd avec la complicitĂ© de BagdĂąd KhĂątoun, son ex-Ă©pouse. Il est enfermĂ© Ă  la forteresse de Kemah. Il est libĂ©rĂ© l’annĂ©e suivante et envoyĂ© en Anatolie comme gouverneur[6]. Abu SaĂŻd meurt sans hĂ©ritier en 1335.

Succession d’Abu Saïd

Un lointain cousin d’Abu SaĂŻd, nommĂ© ArpĂą Khan ou Arpa Ka'on descendant d'HĂŒlegĂŒ, est dĂ©signĂ© comme successeur. Il est rapidement intronisĂ© le [9]. ArpĂą Khan accuse BagdĂąd KhĂątĂ»n de la mort d’Abu SaĂŻd et d’ĂȘtre l’instigatrice d’une attaque de la Horde d'or contre lui. Il la fait exĂ©cuter le [10]. Il exĂ©cute aussi l’InjouĂŻde Mahmud Chah. Arpa Ka'on confirme Hasan Buzurg dans ses fonctions « d’amir-e olus. » Au cours des dĂ©sordres qui marquent la succession d’Abu SaĂŻd, Hasan Buzurg combat en premier AlĂź PĂądchĂąh et ensuite les descendants de Chupan[6].

DelchĂąd KhĂątĂ»n, veuve d’Abu SaĂŻd est alors enceinte d’un possible hĂ©ritier. Par prudence, elle se rĂ©fugie Ă  Diyarbakır auprĂšs de son cousin et oncle d’Abu SaĂŻd, AlĂź PĂądchĂąh. Sept mois plus tard, elle donne naissance Ă  une fille ()[11]. AlĂź PĂądchĂąh attaque Arpa Ka’on. Lors d’une bataille prĂšs de Maragha Ă  laquelle Surgan, le dernier fils de Chupan prend part au cĂŽtĂ© d’Arpa Ka’on, celui-ci est pris et exĂ©cutĂ© (). Deux jours aprĂšs, AlĂź PĂądchĂąh met sur le trĂŽne des Ilkhanides un autre fantoche MĂ»sĂą Khan, petit-fils de BaĂŻdou. Hassan Bozorg prĂ©sente alors son propre candidat au trĂŽne : Mohammad Khan qu’il installe Ă  Tabriz aprĂšs avoir fait exĂ©cuter AlĂź PĂądchĂąh et mis en fuite MĂ»sĂą Khan au cours d’une bataille confuse Ă  Karadara[12] ()[13]. Hassan Bozorg Ă©pouse DelchĂąd KhĂątĂ»n qui lui donnera trois fils et plusieurs filles[11].

En 1337-1338, pendant peu de temps, Hassan Bozorg est reconnu comme le maĂźtre de tout l’empire ilkhanide. DĂšs l’hiver 1338-1339, il est obligĂ© de laisser l’AzerbaĂŻdjan au tchoupanide Hasan KĂ»tchek et Ă  son frĂšre Malek Achraf[13].

En 1342, le Fars devient le domaine incontesté de la dynastie injouïde aprÚs des années de combats entre divers protagonistes dont les quatre fils de Mahmoud Chah Inju, plusieurs tchoupanides, Hassan Bozorg et le souverain de Yazd le mozaffaride Mubùriz ad-Dßn Muhammad[14].

En 1339, Hasan KĂ»tchek nomme son cousin Pir Hossein gouverneur du Fars. Celui-ci s’allie avec Chams ad-DĂźn Mohammad Inju. Un mois aprĂšs la prise de Chiraz, Pir Hossein tue son alliĂ© et prend seul le Fars. Quelques annĂ©es plus tard, Pir Hossein aurait Ă©tĂ© expulsĂ© de Chiraz par une rĂ©volte de la population[14]. Ibn BattĂ»ta embellit cet Ă©pisode :

« L’émir HoceĂŻn (Pir Hossein)
 fit arrĂȘter Abou IshĂąk, fils de Mohammed chĂąh IndjoĂ», ses deux frĂšres Tocn eddĂźn et Maç’oĂ»d bec, et sa mĂšre ThĂąch khĂąthoĂ»n, et prĂ©tendit les emmener dans l’IrĂąk, afin qu’on les forçùt de livrer les richesses de leur pĂšre. Lorsqu’ils furent arrivĂ©s au milieu du marchĂ© de ChĂźrĂąz, ThĂąch khĂątoĂ»n releva le voile dont elle s’était couvert le visage, de peur qu’on ne la vĂźt dans cet Ă©tat, car c’est d’ailleurs la coutume des femmes turques de ne pas se couvrir la figure. Elle appela Ă  son aide les habitants de ChĂźrĂąz, et leur dit : « Est-ce que je serai ainsi enlevĂ©e d’au milieu de vous, ĂŽ citoyens de ChĂźrĂąz, moi qui suis une telle, femme d’un tel ? » Un charpentier, nommĂ© PehlĂ©wĂąn MahmoĂ»d, que j’ai vu dans le marchĂ© de ChĂźrĂąz, lors de mon arrivĂ©e en cette ville, se leva et dit : « Nous ne la laisserons pas sortir de notre ville, et nous n’y consentirons pas. » Les habitants l’imitĂšrent dans ses discours. La populace excita du tumulte, prit les armes et tua beaucoup de soldats ; puis elle pilla les produits des tributs, et dĂ©livra la princesse et ses enfants. »

— Ibn BattĂ»ta, Op. cit. (lire en ligne), « Histoire du sultan de ChĂźrĂąz », p. 342 (.pdf).

À la fin de ce rĂ©cit, Ibn BattĂ»ta commet un anachronisme puisqu’il conclut en disant que « L’émir HoceĂŻn 
 alla trouver le sultan Abou Sa’üd » alors qu’Abu SaĂŻd est mort depuis cinq ans au moment oĂč ces Ă©vĂ©nements sont censĂ©s se dĂ©rouler. En rĂ©alitĂ©, Pir Hossein retourne retrouver Ă  Tabriz, Hasan KĂ»tchek qui lui donne une armĂ©e pour reprendre Chiraz. Pir Hossein s’allie cette fois au mozaffaride MubĂąriz ad-DĂźn Mohammad devenu gouverneur de Yazd. AprĂšs la fuite de Pir Hossein, Massoud Chah Inju s’est installĂ© Ă  Chiraz. DĂšs l’approche de Pir Hossein, il s’enfuit et va se rĂ©fugier auprĂšs d’Hassan Bozorg. Craignant la vengeance de Pir Hossein, la population de Chiraz s’enferme dans la ville. Deux semaines aprĂšs, une nĂ©gociation permet Ă  Pir Hossein de reprendre possession de la ville paisiblement[14].

Bien qu’ayant Ă©pousĂ© Hassan Bozorg, DeltchĂąd KhĂątoĂ»n continue Ă  soutenir les descendants de Tchoupan. En 1347, son cousin le tchoupanide Malek Achraf mĂšne une expĂ©dition contre Bagdad. DelchĂąd KhĂątĂ»n aurait alors convaincu Hassan Bozorg, qui voulait s’enfuir pour rejoindre la forteresse de Kemah, de rester dĂ©fendre la ville. Ensuite lorsque les tchoupanides se retirent, elle empĂȘche les Jalayirides de les poursuivre allant jusqu’à recevoir certains de leurs alliĂ©s[11]. En 1350, Malek Achraf repart en campagne, pour conquĂ©rir le Fars. Il ne dĂ©passe pas Ispahan et doit se contenter d’une rançon et de la promesse que son nom serait citĂ© lors de la khutba dans la grande mosquĂ©e d'Ispahan[13]. DelchĂąd KhĂątĂ»n aurait Ă©tĂ© empoisonnĂ©e par son mari qui aurait suspectĂ© des sympathies pour Malek Achraf (). AprĂšs la mort de son Ă©pouse, Hassan Bozorg fait arrĂȘter ses partisans. Elle est enterrĂ©e Ă  Nadjaf[11].

Hassan Bozorg meurt en 1356. Uways, un de ses fils nés de Delchùd Khùtûn, lui succÚde.

Voir aussi

Liens externes

Bibliographie

  • RenĂ© Grousset, L’empire des steppes, Attila, Gengis-Khan, Tamerlan, Paris, Payot, 1938, quatriĂšme Ă©dition, 1965, (.pdf) 669 (prĂ©sentation en ligne, lire en ligne)
  • Ibn BattĂ»ta (trad. de l'arabe par C. Defremery et B. R. Sanguinetti (1858)), Voyages (3 volumes), De l’Afrique du Nord Ă  La Mecque, vol. I, Paris, François Maspero, coll. « La DĂ©couverte », , (.pdf) 398 (ISBN 2-7071-1302-6, prĂ©sentation en ligne, lire en ligne), « Du Sultan des deux IrĂąks et du Khorùçùn » et « Mention de ceux qui s’emparĂšrent de l’empire aprĂšs la mort du sultan Abou Sa’üd », p. 370-378 (.pdf)
    Introduction et notes de Stéphane Yerasimov
  • Firoze M. Kotwal, D. Aigle, Le Fars sous La domination mongole : politique et fiscalitĂ© XIIIe et XIVe siĂšcles., Peeters Publishers, , 250 p. (ISBN 978-2-910640-17-0, prĂ©sentation en ligne)

Notes et références

  1. Hasan Buzurg (en anglais). Le mot persan bozorg, ŰšŰČ۱گ signifie grand ; long.
  2. Hassan Jalayir en persan : áž„asan-e jalāyerÄ«, Ű­ŰłÙ† ŰŹÙ„Ű§ÛŒŰ±ÛŒ que RenĂ© Grousset Ă©crit Hassan le DjĂ©laĂŻr, Voir RenĂ© Grousset, Op.cit. (lire en ligne), « Dissolution du khanat mongol de Perse. », p. 488.
  3. Hasan-e Uljatùï, en anglais : voir (en) Peter Jackson, « Jalayerids (sometimes called the Ilakāni by Persian historians) », dans EncyclopÊdia Iranica (lire en ligne)
  4. Noyan est un titre militaire mongol Ă©quivalent au titre persan d’Amir-e TĂ»mĂąn, en persan : amÄ«r-e tĆ«mān, Ű§Ù…ÛŒŰ± ŰȘÙˆÙ…Ű§Ù†, commandant de dix mille (hommes) c'est-Ă -dire responsable d’une rĂ©gion capable de fournir dix mille soldats. Voir (en) J. Calmard, « AmÄ«r(-e) tĆ«mān », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne).
  5. René Grousset, Op.cit. (lire en ligne), « Expédition de HulÀgu en Syrie. », p. 453-454
  6. (en) Peter Jackson, « Jalayerids (sometimes called the Ilakāni by Persian historians) », dans EncyclopÊdia Iranica (lire en ligne)
  7. AmÄ«r-e olĆ«s en persan : amÄ«r olĆ«s, Ű§Ù…ÛŒŰ± Ű§Ù„ÙˆŰł, prince de la nation. Du mot turc d’origine mongole ulus, nation. Ă©quivalent d'amÄ«r al-'umarā' (Ă©mir des Ă©mirs) dans le contexte de la dynastie des Ilkhabnides. (en) Charles Melville, « Čobān », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne).
  8. Karabagh, il s'agit de la province qui s’appelait Arran et qui correspond Ă  peu prĂšs Ă  la rĂ©gion actuellement appelĂ©e Haut-Karabagh.
  9. (en) P. Jackson, « Arpa Khan (also Arpā KaÊŸon or Gāvon) », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne).
  10. (en) Charles Melville, « Čobān », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne)
  11. (en) Charles Melville, « Delƥād ណātƫn », dans EncyclopÊdia Iranica (lire en ligne)
  12. Karadara en Azerbaïdjan, proche de la frontiùre avec l’Iran
  13. (en) Charles Melville, ÊżAbbās Zaryāb, « Chobanids », dans EncyclopĂŠdia Iranica (lire en ligne)
  14. (en) John Limbert, « Inju Dynasty », dans EncyclopÊdia Iranica (lire en ligne)

Liens externes

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