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Halle aux vins de Paris

La halle aux vins de Paris est un ancien marché constitué de halles pour les marchands de vin, situé dans le 5e arrondissement de Paris. Construite au milieu du XVIIe siècle sur le quai Saint-Bernard (Port-aux-vins de Paris) pour permettre son accès depuis la Seine, elle est reconstruite et considérablement agrandie au début du XIXe siècle. L'ensemble est finalement détruit dans la seconde partie du XXe siècle pour construire le campus Pierre-et-Marie-Curie (Jussieu).

Halle aux vins et Jardin des Plantes en 1890.

Histoire

La première halle

La halle aux vins est due à une initiative du cardinal Mazarin. Elle fut installée sur des terrains situés près de la porte Saint-Bernard acquis auprès de l'abbaye Saint-Victor[1] dès 1663. Elle entra en fonction en 1665. La halle était ouverte à tous les marchands de vins, forains compris, contre une redevance d'une demi livre par muid. Mieux agencée et mieux placée sur la Seine, elle remplaça le port de la Tournelle, tout proche, où jusqu'alors, les marchands de vins de Paris faisaient décharger et entreposer leurs vins[2]. Les bâtiments étaient situés à l'angle du quai Saint-Bernard et de la rue des Fossés-Saint-Bernard, à l'emplacement de la cour de l'Institut du monde arabe[3].

  • Abbaye Saint-Victor et halle aux vins en 1734.
    Abbaye Saint-Victor et halle aux vins en 1734.
  • Abbaye Saint-Victor et halle aux vins en 1760.
    Abbaye Saint-Victor et halle aux vins en 1760.

La seconde halle

Dès le dĂ©but du XIXe siècle, la consommation de vin dans Paris augmenta. Elle passa de 1 000 000 d'hectolitres en 1800 Ă  3 550 000 en 1865. Un dĂ©cret du prĂ©voit donc qu'« il sera formĂ© dans notre bonne ville de Paris un marchĂ© et un entrepĂ´t francs pour les vins et eaux-de-vie, dans les terrains situĂ©s sur le quai Saint-Bernard. Les vins et eaux-de-vie conduits Ă  l'entrepĂ´t conserveront la facilitĂ© d'ĂŞtre rĂ©exportĂ©s hors de la ville sans acquitter l'octroi. Cette exportation ne pourra avoir lieu que par la rivière, ou par les deux barrières de Bercy et de la Gare. Dans ce cas les transports devront suivre les quais et sortir en deux heures. Les vins destinĂ©s Ă  l'approvisionnement de Paris n'acquitteront les droits d'octroi qu'au moment de la sortie de l'entrepĂ´t. L'entrepĂ´t sera disposĂ© pour placer tant Ă  couvert qu'Ă  dĂ©couvert jusqu'Ă  150 000 pièces de vin »[1]. L'architecte Gaucher fut chargĂ© des plans et les travaux dĂ©butèrent en 1811. La nouvelle halle fut aux trois quarts achevĂ©e en 1813 et finie en 1845. Le nouvel entrepĂ´t, d'une superficie de 13,4 ha, est beaucoup plus vaste que le prĂ©cĂ©dent. Il est dĂ©limitĂ© par la rue Saint-Victor (actuelle rue Jussieu), la rue Cuvier, le quai Saint-Bernard et la rue des FossĂ©s-Saint-Bernard. Il occupe les emprises de l'ancienne halle aux vins, mais Ă©galement les terrains de l'ancienne abbaye Saint-Victor, d'une partie de la terre d'Alez et de plusieurs maisons particulières[1].

L'architecte décrit l'entrepôt en ces termes : « Cet établissement est précédé d'une vaste place avec allées d'arbres le long du quai et dans les rues transversales. Il est divisé en cinq grandes masses de constructions, par. les rues de Bordeaux, de Bourgogne, de Champagne, de Languedoc et de Touraine, ainsi appelées du nom des principaux vignobles de France. Deux de ces masses sont au centre, sous les noms de Magasins de l'Yonne et de la Marne. Les trois autres divisions ont quatre-vingt-neuf celliers, plus deux passages en galerie, conduisant à une plus grande galerie qui donne entrée à quarante-neuf caves. Les masses de constructions au-dessus des celliers sont moins grandes, parce qu'elles laissent autour d'elles une terrasse. Ces constructions sont également au nombre de cinq, dont deux sont sur les côtés (magasins de la Loire et de la Seine), les trois autres dans le fond environnant le bâtiment destiné aux eaux-de-vie. Ce bâtiment est divisé en quarante magasins, séparés par une galerie, etc. Derrière les magasins des eaux-de-vie s'élèvent aussi deux bâtiments flanqués de pavillons avec bureaux, pour la grille de sortie sur la rue Saint-Victor. Un de ces bâtiments est destiné au mesurage des esprits, par le moyen des cylindres exactement jaugés, et dont les quantités sont reconnues sur une échelle placée près d'un tube de verre dans lequel le liquide se met au niveau de celui renfermé dans le cylindre. Cet appareil sert à mesurer en une seule fois les pièces contenant même jusqu'à six cents litres. Un deuxième bâtiment semblable est destiné à l'opération du mouillage ou de la réduction des eaux-de-vie, au degré convenu par les ventes. À gauche du magasin de la Loire et le long de la rue de Seine (aujourd'hui rue Cuvier), pour cacher l'irrégularité du terrain, on a construit vingt-et-un petits celliers d'inégale grandeur. L'excédant des terrains formant l'angle des rues Cuvier et Saint-Victor a été utilisé par la construction d'un grand magasin public, pour renfermer les eaux-de-vie, etc. D'après les plans présentés pour la disposition des marchandises, l'Entrepôt a été considéré comme pouvant contenir deux cent-huit mille pièces de vins, etc. Les magasins des eaux-de-vie en renferment plus de dix-sept mille »[1].

Mais ses moyens de stockage se révélèrent insuffisants et elle ne put faire face à un acheminement facilité par le chemin de fer. Le gouvernement décida, en 1869, de faire bâtir de nouveaux entrepôts de l'autre côté de la Seine à Bercy, qui occupèrent quarante-deux hectares[4]. Puis, le , le parlement vota une loi qui obligeait les gros marchands de vins de Paris d'avoir pignon sur rue aux entrepôts de Bercy et à la halle aux vins de Paris[5].

Le 13 avril 1918, durant la première Guerre mondiale, un obus lancé par la Grosse Bertha explose dans la halle aux vins située quai Saint-Bernard[6].

Jusqu’au début du XXe siècle, les deux entrepôts parisiens gardèrent une importance à peu près égale. Mais la spécialisation de la Halle de Saint-Bernard en vins fins et alcool et l'agrandissement de Bercy en 1910 donnèrent la primauté à ce dernier qui, de plus, avait à sa disposition un organe de presse, le Moniteur vinicole. En 1930, il représentait 70 % du stockage et des sorties contre 30 % pour la halle aux vins[4].

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le 26 août 1944, la Halle aux Vins est ravagée par un incendie causé par les bombardements de la Luftwaffe[7].

  • La halle aux vins, peinture de Paul CĂ©zanne (1872).
    La halle aux vins, peinture de Paul CĂ©zanne (1872).
  • L'entrĂ©e de la halle aux vins au dĂ©but du XXe siècle.
    L'entrée de la halle aux vins au début du XXe siècle.
  • Celliers et magasins d'un nĂ©gociant en vin.
    Celliers et magasins d'un négociant en vin.

RĂ©novation du quartier

Sur son emplacement se trouve le campus de Jussieu[8], faculté des sciences construite de 1958 à 1972. Elle est inaugurée en 1970 (Paris VII ; dit Diderot[9]) et en 1971 (Paris VI, dit Pierre-et-Marie-Curie[10]). Se trouve également, sur l'ancien site de la halle aux vins, l'Institut du monde arabe inauguré en 1987[11].

Iconographie

Le musée Carnavalet conserve un plan de la halle aux vins exécuté par l'architecte Pierre Fontaine (D 16718) et un tableau d'Étienne Bouhot représentant une visite de Napoléon à la Halle aux vins, daté de 1811 (P 19).

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Michel Surun, Marchands de vins en gros Ă  Paris au XVIIe siècle, Paris, 2007 en ligne

Articles connexes

Liens externes

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