HĂ´tel Coulanges
L'hôtel des Coulanges est un hôtel particulier situé sur la place des Vosges à Paris, en France. Il est construit en 1607 pour Philippe Ier de Coulanges, le grand-père maternel de Marie de Rabutin-Chantal, la future madame de Sévigné. Elle naît dans cet hôtel. Elle y vit jusqu'à ses onze ans.
Type | |
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Destination initiale | |
Construction |
1606 |
Propriétaire |
Propriété privée |
Patrimonialité |
Classé MH (, ) Inscrit MH (, ) |
Pays | |
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RĂ©gion | |
DĂ©partement | |
Commune | |
Adresse |
1bis place des Vosges et 11bis rue de Birague |
Coordonnées |
48° 51�nbsp;18�nbsp;N, 2° 21�nbsp;54�nbsp;E |
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Cette demeure ne doit pas ĂŞtre confondue avec l'hĂ´tel de Coulanges de la rue des Francs-Bourgeois, oĂą Marie vit par la suite jusqu'Ă son mariage.
Localisation
L'hôtel est situé dans le 4e arrondissement de Paris, aux 1 bis place des Vosges et 11 bis rue de Birague[1]. Il jouxte le pavillon du Roi (1 place des Vosges).
Historique
L'édifice est bâti en 1607 pour Philippe Ier de Coulanges et son épouse Marie de Bèze. Leur petite-fille, Marie de Rabutin-Chantal, future madame de Sévigné, y naît en 1626[2], dans un boudoir, à l’extrémité de l’appartement. Ses parents occupent tout le deuxième étage de l’aile Vosges. Elle vit dans cet hôtel jusqu’�ce qu'il soit vendu par la famille, en 1637.
Le peintre postimpressionniste Georges Dufrénoy y habite de 1871 à 1914, avant de déménager au 23, dans l'hôtel de Bassompierre.
Vers 1910-1912, la danseuse contemporaine Isadora Duncan y est locataire, en compagnie de Paris Singer (l'un des fils d'Isaac Singer, fondateur de l'entreprise qui porte son nom). Les deux amants font transformer la salle de réception en une salle de danse avec escalier monumental. Elle devient un lieu de représentation où Isadora peut esquisser des chorégraphies novatrices.
Les travaux de BĂ©atrice Cottin
L'hôtel est racheté en 1963 par Béatrice Cottin, fille du banquier Emmanuel Derode, fondateur de la BFCE. L'immeuble est alors en complète décrépitude[3]. La nouvelle maîtresse des lieux y entreprend des travaux qui vont durer plus de 40 ans : restauration d'abord, puis projet locatif comprenant une quinzaine d'appartements[3]. L'immeuble est squatté en 1994[3] - [4]. Béatrice Cottin investit plusieurs millions d'euros dans les travaux[3], qui, après bien des péripéties, sont abandonnés en 2007[5]. Victime d'une fracture du fémur[6], la propriétaire est hospitalisée cette année-là . Elle se trouve très endettée, en conflit avec sa famille[2]. Elle entre en maison de retraite[6]. En , elle est placée sous tutelle[2]. Elle fait appel. Le 1er octobre 2009, le placement sous tutelle est confirmé[7].
Les médias ne s'accordent pas dans leurs estimations de la surface des lieux : 1 300 m2[8], 1 500 m2[9] - [10] - [11], 2 300 m2[3] - [4], près de 3 000 m2 dont plus de la moitié habitables[2], 1 000 m2 habitables[12] - [13]�Le Figaro note qu'en 2009 « l'ouvrage reste inachevé et depuis toutes ces années l'hôtel est resté inhabité, à l'exception d'un espace où Mme Cottin logeait de rares fois[2] ». Selon Libération, « les parties rénovées côtoient des pièces totalement délabrées, les pigeons ayant, entre autres, saccagé les parquets[13]. »
RĂ©quisition de Jeudi noir
Le , le bâtiment est réquisitionné par le collectif Jeudi noir, qui défend le droit au logement des étudiants pauvres[12]. Une trentaine d'étudiants et de jeunes en situation de précarité s'y installent, s'engageant à respecter les lieux[11] - [9].
Le collectif juge que ce bâtiment classé, à l'abandon, se détériore. Dépourvu de chauffage et d'eau courante[8], il serait inoccupé depuis 1966[11] - [9] - [10], « un vrai scandale alors que la capitale manque cruellement de logements[9] ». Selon l'avocat des squatters, il est « faux de dire que madame Cottin habite les lieux[12] ». Pour une avocate de la propriétaire, il s'agit bien de « la résidence principale de madame Cottin[12] », qui ne se trouve que « provisoirement » en maison de retraite, et souhaite réintégrer son hôtel particulier[12]. Selon un autre avocat de Béatrice Cottin, si l'on peut reprocher quelque chose à sa cliente, c'est « d'avoir trop pris son temps » pour mener les travaux. « Mais, ajoute-t-il, prétendre que ce bâtiment est resté inoccupé et abandonné pendant 45 ans, c'est de la mauvaise foi et c'est nier l'énergie colossale que Madame Cottin a mise dans ce projet[7]. »
La tutrice de Béatrice Cottin, qui la représente légalement, engage des poursuites contre les squatters[6]. Le 18 janvier 2010, ils sont condamnés à l'expulsion, et au versement de lourdes indemnités. Le 22 octobre, la cour d'appel confirme la décision d'expulsion et réduit le montant des indemnités à environ 80 000 euros[9]. La cour reconnaît dans son arrêt « le souci légitime du collectif d'attirer l'attention des pouvoirs sur les difficultés de logement auxquelles sont habituellement confrontés les étudiants et les jeunes occupant un emploi ». Mais les squatters, dit-elle, se sont rendus coupables d'une « atteinte au droit de propriété[9] ». Le lendemain, ils sont expulsés, après un an d'occupation[10]. Un représentant de la préfecture de police affirme que le bien « ne restera plus vide comme par le passé », car « les propriétaires ont désormais un projet immobilier[9] - [10] ». Béatrice Cottin meurt en , à l'âge de 93 ans[14].
Acquisition par Xavier Niel
En , plusieurs médias annoncent l'acquisition de l'hôtel par Xavier Niel, pour la somme de 33 millions d’euros. Selon les informations du magazine Challenges[15], l'homme d'affaires se serait engagé à garder l'Hôtel dans son patrimoine familial pendant une durée d'au moins quinze années tout en créant un « Espace Béatrice Cottin » abritant un musée ou une galerie accessible au public.
Description
On y trouve des plafonds à la française aux poutres peintes et de grandes cheminées de pierre[9].
Protection
Les façades et toitures de l'hôtel sont classées au titre des monuments historiques en 1926 ; les escaliers sont inscrits en 1953 ; la galerie voûtée et les vantaux de la porte d'entrée sont classés en 1954 ; le plafond du deuxième étage est inscrit en 1967[1].
Notes et références
- « Hôtel Coulanges (ancien) », notice no PA00086286, base Mérimée, ministère français de la Culture.
- Delphine Chayet, « La propriétaire veut récupérer son bien squatté place des Vosges », sur lefigaro.fr, 15 septembre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- Audrey Minart, « Jeudi noir a fait visiter le patrimoine squatté », sur liberation.fr, 19 septembre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- « Jeudi Noir : fin du combat place des Vosges », sur lavieimmo.com, 22 octobre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- « Squat place des Vosges : la justice ordonne l'expulsion », sur leparisien.fr, 18 janvier 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- Margot Carrau, « Pour l'avocat de la propriétaire, « Jeudi noir s'est trompé de cible », sur temoignagechretien.fr, 31 octobre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- Alexandre Pouchard, « Squat de la place des Vosges : une audience très politique », sur rue89.nouvelobs.com, 16 septembre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- « Les squatteurs de la place des Vosges expulsés », sur lexpress.fr, avec AFP, 23 octobre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- « La police fait évacuer les squatteurs de la place des Vosges », sur lemonde.fr, avec AFP, 23 octobre 2010 (consulté le 6 décembre 2015).
- « Les squatteurs de la Place des Vosges vont être expulsés », sur lefigaro.fr, 22 octobre 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- Camille Poloni, « Sombre mercredi pour Jeudi noir », sur lesinrocks.com, 7 janvier 2010 (consulté le 7 décembre 2015).
- Julia Tissier, « Jeudi noir voudrait passer l'hiver », sur liberation.fr, 4 novembre 2009 (consulté le 7 décembre 2015).
- « Avis nécrologiques », sur dansnoscoeurs.fr (consulté le 6 décembre 2015).
- Challenges.fr, « La dernière folie immobilière de Xavier Niel » [archive du ], sur Challenges (consulté le )