HĂ©lisenne de Crenne
Hélisenne de Crenne, nom de plume de Marguerite Briet, née vers 1510 à Abbeville (Picardie) et morte vers 1560, est une femme de lettres, romancière, épistolière, poétesse et traductrice française.
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Décès | Près de Paris ? |
Nom de naissance |
Marguerite Briet |
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Enfant |
Pierre Fournel |
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Oubliée, puis redécouverte à la fin du XIXe siècle, Hélisenne de Crenne est désormais considérée tout à la fois comme une érudite de renom dans la tradition humaniste de la Renaissance, comme une précurseure du roman sentimental, psychologique et épistolaire, ainsi que comme une pionnière du féminisme.
Sa vie et son Ĺ“uvre
De sa vie, on sait seulement qu’elle épousa vers 1530 un certain Philippe Fournel, sieur du Crenne, dont elle se sépara légalement en 1552 pour aller vivre ensuite près de Paris. On lui doit quatre ouvrages :
- Les Angoysses douloureuses qui procedent d'amours, composées par dame Hélisenne (1538),
- Les Épistres familières et invectives de ma dame Helisenne, composées par icelle dame de Crenne[1] (1539),
- Le Songe de madame Helisenne, composé par la dicte dame, la considération duquel est apte à instiguer toutes personnes de s’alliéner de vice, et s’approcher de vertu (1540)
- Les quatre premiers livres des Eneydes du treselegant poète Virgile, traduictz de latin en prose françoyse par ma dame Helisenne (1541)[2]. Ce dernier constitue la seconde traduction de l'Énéide en français, la première étant due à Octavien de Saint-Gelais (1509).
Les trois premiers connurent de nombreuses éditions avant d’être réunis en un seul volume, d’abord en 1543, puis en 1551 et 1560 par Claude Colet, qui crut bon de les alléger des latinismes, archaïsmes et néologismes par lesquels Hélisenne avait pu faire montre de son érudition. Après quoi il faudra attendre trois siècles et demi pour que soit identifiée leur autrice et que l’on commence à relire son œuvre d’un œil neuf.
Les tourments de l’amour sont présentés dans ce roman du point de vue de la femme, ici figurée par Hélisenne, à la fois personnage, narratrice et autrice de l’histoire. La première partie raconte le mariage d’Hélisenne, unie à douze ans à un homme adulte qui parait la respecter, et le soudain désir adultère qu’elle éprouve pour le jeune Guénélic. Désespéré, violent, son mari la bat et finit par la faire enfermer dans une tour. Hélisenne écrit une longue missive à son amant, dans l’espoir qu’elle tombera entre ses mains et qu’il la délivrera. Dans le deuxième volet sont racontées les aventures de Guénélic et de son compagnon Quézinstra, qui sillonnent l’Europe à la recherche de la prison d’Hélisenne. Dans la dernière partie, Quézinstra relate le sort des deux amants. A la fin du texte, on comprend que c'est Hélisenne qui, de bout en bout, tenait la plume.
- Les Épistres familières et invectives de ma dame Hélisenne
Les 18 lettres contenues dans cet ouvrage ont trait à l’éducation des femmes et aux amitiés féminines, à la morale, à l’amour et à l’infidélité. Elles sont adressées à des personnes fictives, mais y sont citées comme modèles des personnalités telles que Didon, Judith, Aspasie et Marguerite de Navarre. L’œuvre dénonce les injustices dont souffrent les femmes, la prétention des hommes à les dominer, les condamnations de celles qui écrivent, le mépris qui s'affiche souvent à l’égard de son sexe[3], attitude notamment mise en évidence par Gratien Du Pont dans ses Controverses des sexes masculin et féminin publiées en 1534.
- Le Songe de madame HĂ©lisenne
Une dame et son amant discutent des dangers de l’amour adultère. Dans ce récit en grande partie allégorique où interviennent Vénus et Pallas, puis Sensualité et Raison, le point de vue dominant est encore une fois celui de la femme, dont les désirs amoureux sont réprimés par son mari sans être pour autant satisfaits par son amant[4].
Éditions modernes
- Les Angoysses douloureuses qui procedent d’amours, éd. Christine de Buzon, Paris, Honoré Champion, 1997 (ISBN 2852036932)
- Les Angoisses douloureuses qui procèdent d’amours, éd. Jean-Philippe Beaulieu, Saint-Étienne, Publications de l'Université, 2005 (ISBN 2862723681)
- Les Epistres familieres et invectives de ma dame Hélisenne, éd. Jean-Philippe Beaulieu et Hannah Fournier, Presses de l’Université de Montréal, 1995 (ISBN 2852035707)
- Le Songe de madame Hélisenne de Crenne (1541), éd. Jean-Philippe Beaulieu, Paris, Indigo & Côté-femmes, 1995 (ISBN 2907883828)
Notes et références
- Hélisenne de (1510-1560?) Auteur du texte Crenne, Le Songe de madame Helisenne composé par ladicte dame, la consideration duquel, est apte à instiguer toutes personnes de s'alliener de vice, & s'approcher de vertu . De Crenne, (lire en ligne)
- lire en ligne sur Gallica.
- Hélisenne de Crenne, Les épistres familières et invectives, Champion, coll. « Textes de la Renaissance », (ISBN 978-2-85203-570-6)
- Hélisenne de Crenne et Jean-Philippe Beaulieu, Le songe de madame Hélisenne de Crenne, Indigo Côté-femmes, coll. « Des femmes dans l'histoire », (ISBN 978-2-907883-82-5)
Annexes
Bibliographie
- Jean-Philippe Beaulieu et Diane Desrosiers-Bonin (dir.), Hélisenne de Crenne. L’écriture et ses doubles, Paris, Honoré Champion, 2004 (ISBN 2745310356)
- Janine Incardona, Le Genre narratif sentimental en France au XVIe siècle : structures et jeux onomastiques autour des Angoysses douloureuses qui procedent d’amours d’Hélisenne de Crenne, Publicacions de la Universitat de València, 2006.
- Pascale Mounier, « Les Angoysses douloureuses d’Hélisenne de Crenne : un antiroman sérieux », Études françaises, vol. 42, n° 1, 2006, p. 91-109 (lire en ligne).
- Jean-Philippe Beaulieu, « Les données chevaleresques du contrat de lecture dans les Angoysses douloureuses d’Hélisenne de Crenne », Études françaises, vol. 32, no 1,‎ , p. 71-83 (lire en ligne)
- (en) Diane S. Wood, HĂ©lisenne de Crenne. At the Crossroads of Renaissance Humanism and Feminism, Madison (Wisconsin) et Teaneck (New Jersey), Fairleigh Dickinson University Press, 2000 (ISBN 0838638562)