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HĂ©lia Correia

Hélia Correia (Lisbonne, 1949) est une poétesse, romanciÚre, nouvelliste, traductrice littéraire et dramaturge portugaise[1], lauréate du prix CamÔes 2015.

HĂ©lia Correia
Naissance
Lisbonne, Drapeau du Portugal Portugal
Activité principale
Distinctions
  • Prix CamĂ”es (2015)
  • Prix VergĂ­lio Ferreira (2013)
  • Prix Correntes d'Escritas, pour A Terceira MisĂ©ria (2012)
  • Grand Prix Camilo Castelo Branco, pour Vinte degraus e outros contos (2015)
Auteur
Langue d’écriture portugais
Mouvement réalisme magique ; classicisme ; post-modernisme
Genres
roman, poésie, théùtre, nouvelle, conte, littérature de jeunesse, traduction littéraire

ƒuvres principales

  • Lillias Fraser (roman, 2001)
  • Contos (nouvelles, 2008)
  • A Terceira MisĂ©ria (poĂ©sie, 2012)

Quoiqu’ayant dĂ©butĂ© dans la poĂ©sie, elle se fit un nom au Portugal par des publications en prose — romans, contes, thĂ©Ăątre et littĂ©rature de jeunesse — d’une nature trĂšs diverse, mais montrant des affinitĂ©s avec le rĂ©alisme magique latino-amĂ©ricain et certains auteurs britanniques, tels qu’Iris Murdoch ou Emily BrontĂ«, et trouvant dans le thĂ©Ăątre grec classique ses points de rĂ©fĂ©rence, Ă  la lumiĂšre desquels elle s’attache Ă  dĂ©crypter le monde contemporain.

Biographie

HĂ©lia Correia naquit en 1949 Ă  Lisbonne, de parents antifascistes, et grandit Ă  Mafra, localitĂ© d’origine de sa mĂšre, situĂ©e Ă  une trentaine de km (Ă  vol d’oiseau) au nord-ouest de la capitale[2] - [3]. Elle y vĂ©cut au milieu d’un groupe d’opposants au rĂ©gime salazariste, parmi lesquels, au premier chef, son propre pĂšre, qui avait fait un sĂ©jour en prison avant la naissance de sa fille. Elle bĂ©nĂ©ficia, selon ses propres dires, « d’une Ă©ducation extrĂȘmement progressiste, trĂšs Ă©galitaire, et aucunement sexiste, en complet dĂ©calage par rapport Ă  l’éducation normale de cette Ă©poque ». En plus d’ĂȘtre tolĂ©rants, ses parents Ă©taient aussi de grands liseurs, se laissant souvent entraĂźner dans des discussions littĂ©raires, oĂč le pĂšre queirosien faisait la rĂ©plique Ă  la mĂšre camilienne. Elle eut, dit-elle, une « enfance heureuse, trĂšs libre et crĂ©ative », encore que sous la menace permanente et terrifiante de la PIDE, la police politique du rĂ©gime, et dans la crainte constante de voir ses parents incarcĂ©rĂ©s, ce qui lui imposait mutisme et dissimulation.

AprĂšs qu’elle eut appris Ă  lire Ă  l’ñge de quatre ans, par les soins d’une sienne amie de quatre ans son aĂźnĂ©e, dans le grenier d’un des enfants du groupe d’opposants de Mafra, elle se mit Ă  dĂ©vorer tous les livres qui lui tombaient sous la main, au risque de lire des Ă©crits peu en accord avec son Ăąge, tels que p. ex. l'Homme qui rit, qui fait, aujourd’hui encore, partie de ses pires frayeurs et lui fit prendre en horreur Victor Hugo. Quand elle eut six ans, le mĂ©decin de famille diagnostiqua chez elle un Ă©tat d’« Ă©puisement », prescrivit que les livres fussent mis hors de sa portĂ©e et persuada son pĂšre de la garder hors de l’école cette annĂ©e-lĂ . Pour se tirer de l’ennui, elle assista alors aux leçons de l’école depuis l’extĂ©rieur, Ă  travers la fenĂȘtre de la salle de classe que l’institutrice gardait toujours ouverte.

AprĂšs sa formation primaire Ă  Mafra, elle suivit l’enseignement secondaire Ă  Lisbonne, puis obtint une licence en philologie romane Ă  la facultĂ© de Lettres de l’universitĂ© de Lisbonne. C’est vers le dĂ©but de ses Ă©tudes universitaires qu’elle commença, ĂągĂ©e de 18 ans, Ă  publier des poĂšmes dans les supplĂ©ments littĂ©raires de revues et journaux de cette Ă©poque, notamment dans DiĂĄrio de Lisboa Juvenil, dirigĂ© par l’écrivain et journaliste MĂĄrio Castrim. Elle complĂ©ta sa formation par un postgraduat en thĂ©Ăątre classique[4] et fut professionnellement active comme professeur de littĂ©rature portugaise dans l'enseignement secondaire[3].

En 2011, elle apporta son soutien à la candidature de Manuel Alegre aux élections présidentielles portugaises.

CarriĂšre littĂ©raire et Ɠuvre

Abstraction faite des poĂ©sies qu’encore Ă©tudiante elle avait publiĂ©es de façon Ă©parse dans des journaux et revues, HĂ©lia Correio dĂ©buta en 1981 avec une Ɠuvre en prose : O Separar das Águas (litt. la SĂ©paration des eaux), bientĂŽt suivie en 1982 d’O NĂșmero dos Vivos (le Nombre des vivants). Plus tard, elle fit paraĂźtre A Casa Eterna (la Maison Ă©ternelle, 2000), couronnĂ© du PrĂ©mio MĂĄxima de Literatura, Lillias Fraser, qui lui valut en 2001 le PrĂ©mio de Ficção do Pen Club et en 2002 le PrĂ©mio D. Dinis, Bastardia, rĂ©compensĂ© Ă  nouveau par le PrĂ©mio MĂĄxima de Literatura en 2006, et Adoecer (Tomber malade, 2010), prix de la Fondation InĂȘs de Castro. De 2014 date le recueil de nouvelles Vinte degraus e outros contos (litt. Vingt Marches et autres contes), distinguĂ© par le Grand Prix du conte Camilo Castelo Branco. Au milieu de ces cinq volumes de prose parus dans la dĂ©cennie 1980 s’intercale A Pequena Morte / Esse Eterno Canto (litt. la Petite Mort / Ce Chant Ă©ternel), livre de poĂ©sies composĂ© en collaboration avec son compagnon Jaime Rocha, pseudonyme littĂ©raire du journaliste Rui Ferreira de Sousa.

Quoiqu’elle ait donc dĂ©butĂ© avec de la poĂ©sie (et que l’on puisse arguer qu’elle n’a jamais cessĂ© d’ĂȘtre poĂšte, attendu qu'elle introduit la poĂ©sie dans tout ce qu’elle produit), c’est nĂ©anmoins comme prosatrice qu’elle acquit sa notoriĂ©tĂ© et la reconnaissance critique, par des Ɠuvres oĂč l’on perçoit une parentĂ© avec le rĂ©alisme magique — filiation que l’auteur ne cherche pas Ă  rĂ©pudier : « Je ne vais pas nier l’importance qu’eut pour moi le rĂ©alisme magique sud-amĂ©ricain », dĂ©clare-t-elle, mais tient Ă  souligner du reste qu’elle n’a jamais eu de « projet d’écriture » dĂ©fini. De fait, son Ɠuvre tĂ©moigne Ă©galement d’autres influences dĂ©terminantes : Camilo Castelo Branco, les sƓurs BrontĂ«, en particulier les Hauts de Hurlevent (« Emily BrontĂ« est une personne de ma maison, elle vit avec moi », dit-elle), les peintres prĂ©raphaĂ©lites (« Ce sont des gens avec lesquels je me sens beaucoup d’intimitĂ©, davantage qu’avec nombre de vivants de mon quotidien »), et les classiques grecs pour ce qui touche Ă  sa production thĂ©Ăątrale. De façon gĂ©nĂ©rale cependant, ses affinitĂ©s l’orientent plutĂŽt vers la culture anglaise.

À partir des annĂ©es 1990, elle publia plusieurs Ɠuvres thĂ©Ăątrales, puis, au dĂ©but du XXIe siĂšcle, en 2001, ce qui est sans doute son ouvrage le plus cotĂ©, Lillias Fraser, roman dont l’action se situe entre 1746 et 1762, au Portugal et en Écosse, et qui met notamment en scĂšne le tremblement de terre de Lisbonne, lequel pousse l’hĂ©roĂŻne Ă  fuir la capitale pour Mafra.

Selon l’essayiste et poĂšte Pedro Mexia, membre du jury du prix CamĂ”es qui en 2015 attribua Ă  HĂ©lia Correio la plus haute distinction littĂ©raire de l’aire lusophone, l’une des raisons qui motivĂšrent le choix du jury fut la polyvalence de l’écrivaine lisboĂšte quant aux styles d’écriture et aux genres. HĂ©lia Correia non seulement pratique tous les genres — roman, nouvelle, conte, thĂ©Ăątre, poĂ©sie, littĂ©rature de jeunesse —, mais ses livres sont tous trĂšs dissemblables entre eux. Un autre Ă©lĂ©ment d’apprĂ©ciation important fut, toujours selon Pedro Mexia, « le dialogue que l’auteur Ă©tablit avec les traditions : avec l’antiquitĂ© classique, surtout grecque » et « avec un imaginaire qui n’est pas Ă  proprement parler magique, mais tellurique plutĂŽt, un imaginaire aussi de fĂ©es et d’ĂȘtres fantastiques. (
) Il y a dans sa littĂ©rature Ă©galement un cĂŽtĂ© gothique et des rĂ©fĂ©rences Ă  la littĂ©rature contemporaine, rĂ©fĂ©rences qui vont d’un personnage de JosĂ© Saramago jusqu’aux livres de la littĂ©rature anglaise, les auteurs de l’époque victorienne, les sƓurs BrontĂ« et les prĂ©raphaĂ©lites ».

Son Ă©diteur Francisco Vale, de la maison d’édition A RelĂłgio D'Água, qui affirme accepter inconditionnellement de publier tout ce que lui apporte HĂ©lia Correia, indique qu’elle « est l’un des Ă©crivains qui manie le mieux la langue portugaise (
) ; son portugais est trĂšs fĂ©cond. Elle possĂšde un style propre, avec une grande prĂ©cision de langage. Chaque phrase prĂ©sente le nombre exact de syllabes. C’est lĂ  le niveau auquel elle hisse la rigueur d’écriture ».

Pour Rosa Maria Martelo, professeur Ă  la facultĂ© de lettres de l’universitĂ© de Porto, l’aspect le plus sĂ©duisant de l’Ɠuvre d’HĂ©lia Correia est la façon dont l’auteur articule registre narratif et tonalitĂ©s poĂ©tiques, combine des Ă©lĂ©ments de notre quotidien avec le fantastique, pour aboutir Ă  une Ă©criture hybride au moyen de laquelle elle rĂ©alise une fuite hors du rĂ©alisme, sans jamais cependant cesser de porter une attention trĂšs directe au monde oĂč nous vivons.

Un exemple particuliĂšrement rĂ©ussi de cette alliance trĂšs efficace entre inactuel et actuel, entre localisĂ© et universel, est selon Rosa Martelo le recueil de poĂšmes A Terceira MisĂ©ria, publiĂ© en 2012 et primĂ© par le prix Correntes d’Escritas, qui signa son retour saisissant en poĂ©sie et dans lequel HĂ©lia Correia anticipa ce qui allait se produire en GrĂšce et voulut attirer l’attention sur la nĂ©cessitĂ© de rĂ©soudre le problĂšme de la GrĂšce comme si c’était notre problĂšme Ă  nous tous, faisant partie intĂ©grante de notre projet de monde Ă  nous tous, en tant qu’humains. Dans le livre, qui « davantage que comme une simple collection de poĂšmes, se prĂ©sente comme un seul et long poĂšme en plusieurs parties, construit sur la base d’une matrice classique europĂ©enne, oĂč le prĂ©sent est interprĂ©tĂ© Ă  la lumiĂšre de la GrĂšce classique, afin de rĂ©flĂ©chir sur des questions fondamentales de l’Occident[5], la poĂ©tesse rĂ©ussit, poursuit Rosa Maria Martelo, Ă  dĂ©montrer comment tout ce qui appartient Ă  notre tradition et Ă  notre culture nous rend Ă  mĂȘme de saisir le monde contemporain dans toute sa complexitĂ© et nous pourvoit en mĂȘme temps des outils intellectuels nĂ©cessaires nous permettant de sauvegarder l’humain. À travers ce livre, qui fut couronnĂ© par le prix Correntes d'Escritas Ă  l’unanimitĂ© du jury, HĂ©lia Correia dit avoir voulu rendre hommage Ă  la civilisation grecque oĂč, souligne-t-elle, « tout Ă©tait fait Ă  la mesure de l’Homme, et pour l’Homme, et l’Homme en avait conscience. Depuis lors, nous avons perdu cette notion. Le monstre s’appelle Ă©conomie, mais il me dĂ©plaĂźt de dire cela, d’autant quâ€™â€˜Ă©conomie’ est un joli mot grec, qui signifie ‘loi de la maison’, la gestion harmonieuse de la maison. Notre Ă©conomie n’a plus rien Ă  voir avec cela. »[6].

Les romans Adoecer et Lillias Fraser montrent une HĂ©lia Correia fort proche du langage et de l’atmosphĂšre des Ă©crivains anglais, comme Iris Murdoch, mais aussi de la peinture des prĂ©raphaĂ©lites Dante Gabriel Rossetti, John Everett Millais ou Elizabeth Siddal, qui l’inspirĂšrent, en particulier Ă  crĂ©er le personnage de Lizzie lors de la rĂ©daction d’Adoecer, personnage marquĂ© Ă  la fois par l’amour et la maladie, par la salvation et la damnation. Lizzie et Lillias font figure de personnages exemplaires, ballottĂ©s entre force de caractĂšre et pathos, typiques des protagonistes fĂ©minins des romans d’HĂ©lia Correia.

Outre sa crĂ©ation littĂ©raire propre, on lui doit diverses traductions d'Ɠuvres de la littĂ©rature Ă©trangĂšre[7].

ƒuvres d'HĂ©lia Correia

Prose

  • 1981 – O Separar das Águas
  • 1982 – O NĂșmero dos Vivos
  • 1983 – Montedemo
  • 1985 – Villa Celeste
  • 1987 – Soma
  • 1988 – A Fenda ErĂłtica
  • 1991 – A Casa Eterna
  • 1996 – InsĂąnia
  • 2001 – Lillias Fraser
  • 2001 – Antartida de mil folhas
  • 2002 – Apodera-te de mim
  • 2008 – Contos
  • 2014 – Vinte degraus e outros contos
  • 2018 - Um Bailarino na Batalha

Poésie

  • 1986 – A Pequena Morte / Esse Eterno Canto
  • 2012 – A Terceira MisĂ©ria

Théùtre

  • 1991 – Perdição, ExercĂ­cio sobre AntĂ­gona
  • 1991 – Florbela
  • 2000 – O Rancor, ExercĂ­cio sobre Helena
  • 2005 – O Segredo de Chantel
  • 2008 – A Ilha Encantada (piĂšce pour le jeune public, d'aprĂšs Shakespeare)

Livres de jeunesse

  • 1988 – A Luz de Newton (sept rĂ©cits sur les couleurs)[5]

Références

  1. (pt) « HÉLIA CORREIA », sur artistasunidos.pt, Artistas Unidos, (consultĂ© le )
  2. (pt) « Literatura: HĂ©lia Correia distinguida com PrĂ©mio VergĂ­lio Ferreira 2013 pela Universidade de Évora », sur Expresso,
  3. (pt) « HĂ©lia Correia Ă© a vencedora do PrĂ©mio CamĂ”es », sur PĂșblico, (consultĂ© le )
  4. (pt) Mariana Pereira, « Hélia Correia é Prémio CamÔes 2015 », sur Diårio de Notícias, (consulté le )
  5. Communiqué et notice sur le site de Radio Renascença.
  6. Hélia Correia vence prémio Correntes d'Escritas - http://www.publico.pt/cultura/noticia/helia-correia-vence-premio-correntes-descrita-1585271
  7. (pt) Maria João Costa, « Hélia Correia vence Prémio Correntes d'Escritas », sur Radio Renascença, (consulté le )

Liens externes

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