Gustave Gain
Gustave Gain, né le à Cherbourg[1], et mort le à Paris 14e[2], est un chimiste et photographe français dont les autochromes ont été plusieurs fois exposés. Ce professeur au Muséum national d'histoire naturelle est l’oncle de Jean Rouch. Aux dires de ce dernier, c'est Gustave Gain qui lui a transmis sa passion de l'image et l'a formé à « voir ».
Naissance | |
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Décès |
(Ă 68 ans) 14e arrondissement de Paris |
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Faculté des sciences de Paris (doctorat) (jusqu'en ) |
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Fratrie | |
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Jean Rouch (neveu) |
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Biographie
La famille
Gustave André Auguste Gain est né à Cherbourg[1] le . Son père Désiré Gain et sa mère Léonie Briard ont quatre enfants : Alice, Gustave, Luce et Louis. Désiré Gain commence sa carrière professionnelle en tant que dessinateur pour la Marine, avant de devenir conducteur de travaux publics, puis dessinateur pour la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest[3]. Gustave choisit d'étudier la chimie, s'installe à paris, passe son doctorat. Sa thèse sur l’acide hypovanadique, publiée en 1908 et conservée par la BnF, a fait l’objet de deux communications à l’Académie des sciences en 1907[4]. Il devient professeur au Muséum national d'histoire naturelle[5].
En 1902, il épouse Adeline Alleaume (1878-1972) dont il a deux fils : Pierre (1903-1983) et André (1907-1940)[3]. Son frère, Louis Gain, après avoir suivi ses traces au Muséum d'histoire naturelle, devient célèbre pour avoir participé à l'expédition du Pourquoi Pas ? en antarctique avec Jean-Baptiste Charcot[6]. Sa sœur, Luce, épouse Jules Rouch[3], officier de marine et météorologue, qui a lui aussi fait partie de l'expédition en antarctique[6]. Ils ont deux enfants : Geneviève et Jean[3]. Jean Rouch (1917-2004) devient un cinéaste célèbre et a toujours insisté sur l'importance de son milieu familial et, notamment sur son oncle Gustave, auquel il rend hommage en disant : « Je ne suis pas photographe, mais je sais voir, je le dois à Gustave »[7] - [8].
La photographie et le cinéma
Dès ses vingt ans, Gustave Gain se passionne pour la photographie, tant au niveau des techniques qu'au niveau de la prise de vue. Il est membre de la Société française de photographie de laquelle il reçoit plusieurs prix pour son travail. Il utilise des plaques de verre, réalise des vues stéréoscopiques. En tant que chimiste, la technique des autochromes[9] va particulièrement l'intéresser et il en réalisera plusieurs dizaines. Sa famille est un de ses sujets de prédilection[10] et il réalise de nombreux portraits de sa femme, ses fils, ses neveu et nièce. Les clichés témoignent d'un vie simple mais gaie et heureuse[11]. Il travaille également la lumière en s'essayant à rendre compte de celle qui nimbe les plages de Normandie et de Bretagne[12]. Il rapporte également beaucoup de photographies de ses voyages. Il s'initie également au cinéma, notamment lors de ses vacances à Collioure ou à Saint-Tropez.
Les voyages
Gustave Gain effectue plusieurs voyages à l'étranger, desquels il ramène des photographies. D'un voyage professionnel en Tunisie en 1909, il ramène une trentaine de vues stéréoscopiques des Tunisiens dans leur vie de tous les jours : des femmes voilées dans les rues de Tunis, des bergers dans des champs d'oliviers[13], etc. En 1914, il part avec son frère Louis au Turkestan russe, à la demande du gouvernement français[14]. En effet, les travaux de Pierre et Marie Curie ont montré l'énorme potentiel de l'uranium, et, le gouvernement français souhaite vérifier si les gisements d'uranium découverts en Russie, dans la région de Ferghana, pourraient fournir du radium[15]. L'approvisionnement en uranium était, en effet, une préoccupation majeure de Marie Curie. Elle avait travaillé, en 1898, sur de la pechblende de la mine de Joasquimstahl en Bohème, mais il faut environ 10 tonnes de pechblende pour extraire 1g de radium[16].Tout au long des deux mois que dure l'expédition et des milliers de kilomètres parcourus, Gustave photographie[17]. Les autochromes qu'il ramène de cette expédition sont les premières photographies en couleur de cette région du monde[14].
Ĺ’uvres
Expositions
La plupart de ses photos (plus de mille clichés) ont été déposées aux Archives départementales de la Manche[18]. Certains autochromes ont été achetés par des musées régionaux comme le musée de Bretagne[19] ou le musée de Normandie. Ce dernier a exposé au Château de Caen les autochromes concernant les plages de Normandie du au [20]. Trois des photos ont fait l'objet d'un atelier d'écriture organisé par la médiathèque de Lisieux[21].
Les autochromes sur les plages de Bretagne ont été montrés lors de l'exposition Bretagne: voyage en couleurs- Photographies autochromes 1907-1929 organisée d' à au musée Albert Kahn de Boulogne-Billancourt[22] - [23]. Le festival photo de mer de Vannes de 2014 les a également exposées à la Porte Prison[24].
Une exposition consacrée à ses autochromes, Couleurs sensibles, a été organisée à Saint-Lô du au et un livre éponyme[25] a été publié à cette occasion. Elle a été représentée à l'abbaye du Vœu à Cherbourg-Octeville, du au [26]. Les films sur Saint-Tropez et Collioure ont été déposés à l'Institut Jean Vigo de Perpignan où ils ont été numérisés. En 2017, les archives de la Manche ont rendu hommage à Jean-Baptiste Charcot en organisant une exposition Les Horizons polaires du Pourquoi Pas ? Les manchots aux pôles! qui exploite les fonds Gain (Gustave et Louis), Marin-Marie et Lucien Rudaux.
Bibliographie
- Gilles Désiré et Marie-Isabelle Merle des Isles, Couleurs sensibles : photographies autochromes de Gustave Gain, Archives départementales de la Manche, 2007 (ISBN 9782860500272)
- Gustave Gain et Marie-Isabelle Merle des Isles, En Bretagne, il y a cent ans, La Martinière, 2008 (ISBN 978-2732438450)
- Marie-Isabelle Merle des Isles, Gustave Gain, Guy de Maupassant : errances tunisiennes, Éditions Point de vues, 2012 (ISBN 978-2915548655)
Notes et références
- Cherbourg-Octeville en 2000, puis commune déléguée dans Cherbourg-en-Cotentin depuis 2016.
- Relevé généalogique sur Geneanet
- Merle des Isles, Marie-Isabelle, 19.-, Destins d'explorateurs : de l'Antarctique à l'Asie centrale : 1908-1950, La Martinière, (ISBN 978-2-7324-3259-5, OCLC 420358172, lire en ligne)
- « Gallica - : Comptes-rendus de l'Académie des sciences 1907 », sur visualiseur.bnf.fr, (consulté le ), p. 1157 ; 1271
- « Ressource «Gustave Gain dans son laboratoire de chimie.[1911]-[19... », sur Mnesys (consulté le )
- Kahn, Jean-Baptiste Charcot : explorateur des pôles, Grenoble, Glénat, , 176 p. (ISBN 978-2-344-00834-8, OCLC 945391802, lire en ligne), p. 102-105
- Marie-Isabelle Merle des Isles, Destins d'explorateurs : de l'Antarctique à l'Asie centrale : 1908-1950, Luçon (France), La Martinière, , 183 p. (ISBN 978-2-7324-3259-5, OCLC 420358172, lire en ligne)
- Jean Rouch, Marie-Isabelle Merle des Isles et Bernard Surugue, Alors le Noir et le Blanc seront amis : carnets de mission, 1946-1951, Paris, Mille et Une Nuits, , 310 p. (ISBN 978-2-7555-0076-9, OCLC 938691461, lire en ligne)
- (en) « Les autochromes - Index des photographes - G », sur www.autochromes.culture.fr (consulté le )
- « Les autochromes - La révélation des couleurs - Portraits croisés - Portraits croisés », sur www.autochromes.culture.fr (consulté le )
- (en) Nigel Fowler Sutton, « Les autochromes - La révélation des couleurs - Portraits croisés - Portraits croisés », sur www.autochromes.culture.fr, (consulté le )
- Bernard Valeur, Une belle histoire de la lumière et des couleurs, Paris, Flammarion, , 216 p. (ISBN 978-2-08-134840-0)
- Marie-Isabelle Merle des Isles, Errances tunisiennes : Gustave Gain, Guy de Maupassant, Evreux (France), Éd. Point de vues, , 71 p. (ISBN 978-2-915548-65-5, OCLC 847554793, lire en ligne)
- Fournié, Pierre,, Aventuriers du monde : les archives des explorateurs français, 1827-1914, France, L'Iconoclaste, (ISBN 978-2-913366-60-2, OCLC 883137410, lire en ligne), p. 563-576
- Raymonde Caralp, « Notes pour une géographie de l'uranium », Revue de géographie de Lyon, vol. 33, no 2,‎ , p. 103–117 (DOI 10.3406/geoca.1958.2265, lire en ligne, consulté le )
- Philippe Pajot, « Le radium coûte cher », Les dossiers de la recherche,‎ , p. 6
- Patrick Sabatier, « A premières vues », sur Libération.fr, (consulté le )
- « Ressource « Fonds Gustave Gain » - Archives de la Manche », sur Mnesys (consulté le )
- « Les collections photographiques du musée de Bretagne - Résultats de la recherche », sur collections.musee-bretagne.fr (consulté le )
- « Communiqué de presse pour l'exposition En couleurs et en lumière », sur musee-de-normandie.caen.fr, http://musee-de-normandie.caen.fr/sites/musee-de-normandie.caen.priv/files/pictures/mdn-ni-communique.pdf (consulté le )
- « Médiathèque - Lisieux - Le blog », sur bmlisieux.blogspot.fr (consulté le )
- « Dossier de presse de l'exposition Bretagne : voyage en couleurs »
- « La Bretagne en autochromes », sur LeParisien.fr, (consulté le ).
- « Photo de mer à Vannes. C'est parti pour le festival ! », Ouest-France.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Désiré, Gilles, 1971-,, Merle des Isles, Marie-Isabelle. et Archives Départementales de la Manche (Saint-Lô), Couleurs sensibles : photographies autochromes de Gustave Gain, Saint-Lô, Archives départementales de la Manche, , 190 p. (ISBN 978-2-86050-027-2, OCLC 886355738, lire en ligne)
- Odile Morain, « Les couleurs du temps jadis dans les autochromes de Gustave Gain », Culturebox,‎ (lire en ligne, consulté le )