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Guerric d'Igny

Le bienheureux Guerric d’Igny, nĂ© entre 1070 et 1080 Ă  Tournai (Belgique) et dĂ©cĂ©dĂ© le Ă  l’abbaye d’Igny (Marne, France), Ă©tait un moine cistercien, abbĂ© d’Igny. Ami et disciple de saint Bernard, il est considĂ©rĂ© comme un des pĂšres de la spiritualitĂ© cistercienne, surtout par son culte marial. Son culte fut reconnu en 1889. Liturgiquement, il est commĂ©morĂ© le [1].

Guerric d'Igny
Naissance vers 1070
Tournai, comté de Flandres
DĂ©cĂšs
Abbaye d'Igny, comté de Champagne
Pays de résidence royaume de France
Profession
Activité principale
Office divin, Ă©crivain
Autres activités
Gouvernement religieux (abbé)
Formation
Lettres monastiques, théologie

Compléments

Guerric est un proche disciple de Bernard de Clairvaux dont il partage la spiritualité mariale

Biographie

Formation et premiÚres années

NĂ© Ă  Tournai, le jeune Guerric reçut sa premiĂšre Ă©ducation Ă  l'Ă©cole cathĂ©drale de Tournai, presque certainement aux pieds d’Odon de Tournai qui de 1087 Ă  1092 en Ă©tait l'Ă©colĂątre. Il est possible que Guerric ait Ă©tĂ© lui-mĂȘme Ă©colĂątre Ă  Tournai entre 1121 et 1125.

AttirĂ© par un style de vie plus solitaire, Guerric se retire dans une petite maison prĂšs de l'Ă©glise de Tournai. Il passe son temps Ă  la lecture, la priĂšre et la mĂ©ditation. Par un ami, il entend parler de Bernard de Clairvaux, passĂ© rĂ©cemment en Flandre. Cela le dĂ©cide Ă  faire un voyage Ă  Clairvaux. Il ne semble pas que sa premiĂšre intention ait Ă©tĂ© d’y entrer comme novice. Bernard le convainc cependant de rester Ă  Clairvaux (1126).

DÚs son noviciat, il est remarqué par Saint Bernard comme moine de vertu éminente, qui mentionne le nom du novice Guerric dans plusieurs lettres.

AbbĂ© d’Igny

En 1138 Guerric devient abbĂ© d’Igny, une fondation de Clairvaux dans le diocĂšse de Reims. Il en est le deuxiĂšme abbĂ©. MĂȘme s’il est ‘rĂ©guliĂšrement’ Ă©lu par la communautĂ© (comme le veut la Carta Caritatis), il semble bien que l’influence de Saint Bernard n’ait pas Ă©tĂ© pour rien dans le choix fait par la communautĂ© d’Igny.

S’il a une grande expĂ©rience spirituelle, d’abord comme ermite ensuite comme disciple de Saint Bernard Ă  Clairvaux, Guerric n’en est pas moins assez ĂągĂ© - sans doute plus de 60 ans - et se lamente dans un de ses sermons de ce que sa condition physique chancelante ne lui permet pas de participer pleinement au travail manuel communautaire que demande la rĂšgle de saint BenoĂźt.

L’abbaye d’Igny est florissante sous la direction de l’abbĂ© Guerric. Son prestige religieux personnel est grand[2]. Certains de ses Ă©crits circulent. Il est le directeur de conscience de la chevalerie naissante (les Comtes de Blois, de Maubourg, de Varennes, d'Anglard, parmi les premiers chevaliers croisĂ©s). Les vocations affluent Ă  Igny, des dons sont reçus et une nouvelle fondation monastique est faite: c’est l’abbaye de la Valroy en 1148, dans le diocĂšse de Reims. Guerric meurt dans son abbaye le .

Vénération et souvenir

En 1876, lors de la restauration de l'Abbaye Notre-Dame d'Igny son corps est exhumĂ© et identifiĂ©. Son culte, de temps immĂ©morial dans l’Ordre cistercien, est officiellement reconnu par l’Église en 1889. Liturgiquement le bienheureux Guerric d’Igny est commĂ©morĂ© le .

Doctrine

  • Seuls 54 sermons (un genre littĂ©raire prisĂ© Ă  son Ă©poque) de Guerric d’Igny nous sont parvenus. Ils sont publiĂ©s dans la Patrologie latine de Migne. Il semble que par respect pour une dĂ©cision du chapitre gĂ©nĂ©ral des cisterciens (en 1151?) Guerric ait fait brĂ»ler le volume de ses sermons. Ceux qui circulaient dĂ©jĂ  hors du monastĂšre d’Igny nous sont parvenus[3].
  • Dans la ligne de Saint Bernard, son maĂźtre spirituel, Guerric dĂ©veloppe une forte spiritualitĂ© mariale :
    • Marie nous rĂ©gĂ©nĂšre. Telle est sa maternitĂ© spirituelle : « Marie forme son Fils unique en tous ceux qui sont fils par adoption » Elle est la nouvelle Ève qui donne une nouvelle vie Ă  ceux qui Ă©taient devenus vieux par le pĂ©chĂ©.
    • Marie est image de l’Église : cette maternitĂ© est celle de l’Église qui pareillement exerce sa maternitĂ© Ă  notre Ă©gard.
    • Plus Ă©tonnant et audacieux : nous avons Ă  partager la maternitĂ© de Marie par rapport Ă  son Fils. Marie est type de l’ñme : « l’Enfant-JĂ©sus est nĂ© non seulement pour nous mais en nous. Nous avons Ă  ‘concevoir’ Dieu en notre cƓur » (sermon de la NativitĂ©).

Écrits

Chanoine, puis écolùtre de Tournai, Guerric devait avoir passé 40 ans quand il entra à Clairvaux vers 1120. En 1138, il était envoyé à Igny, maison fille de Clairvaux, comme abbé[5].

Le Christ pour intercesseur

« « PĂšre, ceux que tu m'as donnĂ©s, je veux que lĂ  oĂč je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu'ils contemplent ma gloire. » Heureux disciple, qui ont pour avocat leur juge en personne, et pour intercesseur celui qu'on doit adorer au mĂȘme titre que le PĂšre auquel il adresse sa priĂšre ! Le PĂšre ne refusera pas de satisfaire le dĂ©sir exprimĂ© par ses lĂšvre (cf. Ps 20, 3), car il a avec lui une seule volontĂ© et une seule puissance, Ă©tant un seul Dieu. Toute priĂšre du Christ doit nĂ©cessairement s'accomplir, car sa parole est puissance et sa volontĂ© efficacitĂ©. Toutes choses en effet existent parce qu' il a parlĂ©, et elles ont Ă©tĂ© faites, il a commandĂ©, et elles furent crĂ©Ă©es (Ps 32, 9).
« Je veux, dit-il, que lĂ  oĂč je suis, ils soient eux aussi avec moi. » Quelle sĂ©curitĂ© pour eux qui ont la foi, quelle confiance pour les croyants, si toutefois ils ne rejettent pas la grĂące qu'ils ont reçue ! En effet, ce n'est pas seulement aux ApĂŽtres et Ă  ceux qui furent disciples avec eux qu'une telle sĂ©curitĂ© est offerte, mais Ă  tous ceux qui, grĂące Ă  leur parole, croiront au Verbe de Dieu. « Je ne prie pas seulement pour ceux qui sont lĂ , dit-il, mais encore pour ceux qui, grĂące Ă  leur parole, croiront en moi. »
Le grand prĂȘtre qui est entrĂ© en ce jour dans le sanctuaire aprĂšs avoir obtenu une rĂ©demption Ă©ternelle (He 9, 12), et qui se tient maintenant en prĂ©sence de Dieu en intercĂ©dant pour nous, te crie : « Élevons notre cƓur. » RĂ©ponds-lui avec foi : « Nous le tournons vers le Seigneur. » »

— Guerric d'Igny. Sermon pour l'Ascension 2.5, trad. P. Deseille, Paris, Cerf, coll. « Sources ChrĂ©tiennes » 202, 1973, p. 275-281.

C'est moi qui te servirai

« « Ayez en vous les sentiments du Christ JĂ©sus » : « lui qui est de condition divine » (Ph 2, 6), Ă©gal Ă  Dieu par nature, puisqu’il partage sa puissance, son Ă©ternitĂ© et son ĂȘtre mĂȘme, il a rempli l’office de serviteur « en s’humiliant lui-mĂȘme et en se faisant obĂ©issant Ă  son PĂšre jusqu’à la mort, et la mort de la croix » (cf. Ph 2, 8). On pourrait considĂ©rer comme nĂ©gligeable qu’étant son Fils et son Ă©gal, il ait servi son PĂšre comme un serviteur ; mieux que cela, il a servi son propre serviteur plus qu’aucun autre serviteur. Car l’homme avait Ă©tĂ© crĂ©Ă© pour servir son CrĂ©ateur ; quoi de plus juste pour toi que de servir celui qui t’a fait, sans qui tu ne serais pas ? Et quoi de plus heureux que de le servir, puisque le servir, c’est rĂ©gner ? Mais l’homme a dit Ă  son CrĂ©ateur : « Je ne servirai pas. »

Eh bien, c’est moi qui te servirai ! dit le CrĂ©ateur Ă  l’homme. Mets-toi Ă  table ; je ferai le service ; je te laverai les pieds. Repose-toi ; je prendrai sur moi tes maux ; je porterai toutes tes faiblesses. Si tu es fatiguĂ© ou chargĂ©, je te porterai, toi et ta charge, afin d’ĂȘtre le premier Ă  accomplir ma loi : « Portez les fardeaux les uns des autres » (Ga 6, 2). Si tu as faim ou soif, me voici prĂȘt Ă  ĂȘtre immolĂ© pour que tu puisses manger ma chair et boire mon sang. Si on t’emmĂšne en captivitĂ© ou si on te vend, me voici ; rachĂšte-toi en donnant le prix que tu tireras de moi ; je me donne moi-mĂȘme comme prix. Si tu es malade, si tu crains la mort, je mourrai Ă  ta place, pour que de mon sang tu te fasses un remĂšde de vie.

Ô mon Seigneur, Ă  quel prix tu as rachetĂ© mon service inutile ! Avec quel art plein d’amour, de douceur et de bienveillance tu as rĂ©cupĂ©rĂ© et soumis ce serviteur rebelle, en triomphant du mal par le bien, en confondant mon orgueil par ton humilitĂ©, en comblant l’ingrat de tes bienfaits ! VoilĂ , voilĂ  comment ta sagesse a triomphĂ©. »

— 1er Sermon pour les Rameaux, Cerf, coll. « Sources ChrĂ©tiennes » 202, p. 165s rev.

Notes et références

Annexes

Bibliographie

  • Louis Bouyer: La spiritualitĂ© de CĂźteaux, Paris, 1955.
  • Plusieurs articles dans la COCR, vol. 19, 1957.
  • Thomas Merton: The Christmas sermons of Blessed Guerric d'Igny, Gethsemani Abbey (USA), 1959.
  • John Morson: Article Guerric d'Igny dans Dictionnaire de SpiritualitĂ©, vol.VI, col.1113-1122, 1965
  • Sermons. Tome I. Introduction, texte critique et notes par John Morson et Hilary Costello. Traduction sous la direction de Placide Deseille, Cerf, (ASIN B004X8C6C0)
  • Annie Noblesse-Rocher (prĂ©f. Gilbert Dahan), L'expĂ©rience de Dieu dans les sermons de Guerric abbĂ© d'Igny (XIIe siĂšcle), Cerf, coll. « Patrimoines Christianisme », , 387 p. (ISBN 978-2-204-07321-9)
  • Annie Noblesse-Rocher, « Les procĂ©dĂ©s exĂ©gĂ©tiques de quelques moines prĂ©dicateurs : Julien de VĂ©zelay, Isaac de l'Étoile et Guerric d'Igny », dans Gilbert Dahan et Annie Noblesse-Rocher (dir.), L'exĂ©gĂšse monastique au Moyen Âge (XIe-XIVe siĂšcle), Paris, Institut d'Ă©tudes augustiniennes, coll. « Collection des Ă©tudes augustiniennes. SĂ©rie Moyen Âge et Temps Modernes » (no 51), (ISBN 978-2-85121-267-2), p. 157-172.
  • Pierre-Louis PĂ©chenard, Histoire de l'Abbaye d'Igny (1883), Kessinger Publishing, , 640 p. (ISBN 978-1-160-11301-4)
  • Bernard-Joseph Samain, Sermons pour l'AnnĂ©e liturgique de Guerric d'Igny, Cerf, (ASIN B015YMTLFS)
  • (en) Thomas Merton et Sister Rose of Lima Robinson, The Christmas Sermons of Blessed Guerric of Igny, Literary Licensing, LLC, , 66 p. (ISBN 978-1258044695)

Liens externes

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