Groupe du Rubik's Cube
Cet article présente un modÚle mathématique et une présentation du groupe du Rubik's Cube.
Notations utilisées
- est le groupe des mouvements légaux ou le groupe des états (sans démonter le cube !).
- est le groupe Ă©largi ou le groupe des Ă©tats Ă©tendus (ici on peut dĂ©monter le cube, mais les mouvements des sommets et des arĂȘtes doivent rester chaqu'un dans leur camp).
- est l'ensemble des classes d'Ă©quivalence pour la congruence modulo n. Il est isomorphe au groupe des n-Ăšmes de tour d'axe donnĂ©. On utilisera en particulier C3 pour pivoter un coin du cube, et C2 pour pivoter une arĂȘte. On note Ă savoir .
- est le groupe symĂ©trique d'ordre n. Ses Ă©lĂ©ments sont les permutations de n objets. Parmi ces permutations, celle de deux objets s'appelle transposition. On utilisera en particulier pour permuter les coins du cube, et pour permuter ses arĂȘtes. La composition des permutations se lit de droite Ă gauche.
- désigne la signature d'une permutation de .
- Pour toute permutation s élément de , on note P(s) l'automorphisme défini par : . P(s) permute les composantes . s étant une bijection, on remarque que la somme des composantes est invariante : . P est un morphisme du groupe dans le groupe des automorphismes de .
- est le symbole d'un produit semi-direct interne, et celui d'un produit semi-direct externe induit par P.
- Les rotations d'un quart de tour, dans le sens des aiguilles d'une montre (sens direct par rapport à un axe entrant dans le cube), sont appelées , , , , , pour les faces droite (right), haut (up), gauche (left), avant (front), arriÚre (back) et bas (down)[1] - [2].
- On identifie les sommets par 3 coordonnĂ©es et les arĂȘtes par 2 ; par exemple FUL est le sommet de face en haut Ă gauche et BR est l'arĂȘte arriĂšre droite[1].
DĂ©composition des mouvements du cube
Factorisation sommets-arĂȘtes
Un Ă©lĂ©ment de H se dĂ©compose naturellement entre son action sur les coins et son action sur les arĂȘtes, ces deux actions Ă©tant indĂ©pendantes. On introduit les deux sous-groupes Hco et Har constituĂ©s respectivement des mouvements agissant sur les coins et laissant invariante chaque arĂȘte, et des mouvements agissant sur les arĂȘtes et laissant invariant chaque coin. H est isomorphe au produit direct des groupes [3].
On va maintenant montrer que est isomorphe au produit semi-direct et au produit semi-direct .
L'isomorphisme entre et exprime le fait qu'une action sur les coins se décompose en une permutation des 8 coins (élément de ), et pour chaque coin, d'une rotation possible de 0, 1 ou 2 tiers de tour (pour chaque coin, le groupe de ces rotations est isomorphe à C3)[4].
De mĂȘme, l'isomorphisme entre et exprime le fait qu'une action sur les arĂȘtes se dĂ©compose en une permutation des 12 arĂȘtes, et pour chaque arĂȘte, d'une rotation possible de 0 ou 1 demi-tour.
Permutation des arĂȘtes et des sommets
On numĂ©rote les sommets du Rubik's cube de 1 Ă 8 dans cet ordre : FUR, BUR, BUL, FUL, FDR, BDR, BDL, FDL. Les arĂȘtes vont de 1 Ă 12 : UL, BL, DL, FL, FU, BU, BD, FD, UR, BR, DR, FR.
On dĂ©finit alors deux morphismes surjectifs de groupes et qui extraient d'un Ă©lĂ©ment de H les permutations des sommets et des arĂȘtes correspondantes, sans tenir compte de leur orientation[3].
Par exemple, en utilisant la notation des cycles, on a et , d'oĂč .
Orientation des arĂȘtes et des sommets
Posons et . Ce sont deux sous-groupes distinguĂ©s de H. Leurs Ă©lĂ©ments sont les rotations des coins (identitĂ© ou tiers de tour, dans un sens ou dans l'autre) et des arĂȘtes (identitĂ© ou demi-tour). Seule l'orientation des cubes change, pas leur position. Ces deux groupes vont permettre de dĂ©composer Hco et Har en les produits semi-directs annoncĂ©s.
Changer un cube de position (par exemple mettre FUL en FUR) est une opĂ©ration ambiguĂ« : dans la position d'arrivĂ©e, il y a 3 orientations possibles pour les coins, 2 pour les arĂȘtes. Parmi tous ces mouvements possibles, on en choisit formant deux sous-groupes, Permco et Permar, complĂ©mentaires de Rotco et Rotar.
Permco est le groupe des mouvements des coins Ă orientation constante, isomorphe Ă . En identifiant Permco Ă , on peut voir comme un morphisme de H dans Permco. Pour tout g de , est alors un Ă©lĂ©ment de H qui laisse en place chaque coin, mais en les pivotant sur place. C'est donc un Ă©lĂ©ment de . On a donc la dĂ©composition . Cette dĂ©composition est unique du fait que . indique oĂč les coins sont dĂ©placĂ©s, et comment ils sont pivotĂ©s. La rotation de chaque sommet est donnĂ©e par un Ă©lĂ©ment de indiquant de combien de tiers de tour le sommet est pivotĂ©, de sorte que est isomorphe Ă . On peut reprĂ©senter par un Ă©lĂ©ment de , la j-Ăšme composante indiquant la rotation que subira le sommet qui arrivera en j par le dĂ©placement dĂ» Ă g.
On peut dessiner le choix de Permco en plaçant un marqueur sur chaque coin du Rubik's cube. Un mouvement d'orientation constante est celui qui amÚne la face marquée de la position de départ sur la face marquée de la position d'arrivée[4]. On peut prendre par exemple le marquage suivant :
pour lequel un mouvement élément de Permco laisse la réunion des faces blanc-jaune globalement invariante. On note ci-dessous par les valeurs 0, 1 ou 2 la valeur à attribuer à la rotation d'un coin en fonction de la place qu'occuperait sa face marquée par une étoile :
Si g et h sont éléments de avec :
alors, on a :
est Ă©lĂ©ment de et est Ă©lĂ©ment de . On n'a pas en gĂ©neral ; v n'est donc pas un morphisme de groupe, ce qui empĂȘche d'avoir un produit direct entre Rotco et Permco. Mais la relation est caractĂ©ristique d'un produit semi-direct. Ainsi, .
Si a pour composantes , alors a pour composantes . Le remplacement de par son groupe isomorphe transfĂšre le produit semi-direct interne en le produit semi-direct externe .
On remarque par ailleurs que la somme des composantes de est égale à celle de . Il en résulte que la somme des composantes de est égale à la somme de celles de et de celles de . Ainsi, v n'est pas un morphisme, mais la somme des composantes (appelée rotation totale des coins) en est un, à valeurs dans [4].
On opĂšre de mĂȘme sur les arĂȘtes en choisissant un marquage privilĂ©giĂ© de chacune d'elles, ce qui permet de dĂ©finir leur orientation par le nombre de rotations de 180° permettant de rĂ©tablir l'orientation initiale. On peut prendre par exemple :
Comme pour v, w n'est pas un morphisme de groupe, et on a seulement une structure de produit semi-direct , mais la somme de des composantes de w (appelĂ©e rotation totale des arĂȘtes) est un morphisme, Ă valeurs dans .
ThéorÚme fondamental : caractérisation des mouvements légaux
On rappelle que H est le groupe des actions sur le cube de Rubik dĂ©montable, et G le groupe des actions sur le cube non dĂ©montable (en effectuant des mouvements des faces selon les rĂšgles). Pour tout g Ă©lĂ©ment de H, soit vrws la dĂ©composition de g en le produit d'un Ă©lĂ©ment v de (pivotements des coins), r Ă©lĂ©ment de (permutation des coins), w Ă©lĂ©ment de (pivotements des arĂȘtes), s Ă©lĂ©ment de (permutation des arĂȘtes). Alors[5] - [6] :
Autrement dit, G est le noyau du morphisme de H dans , qui, Ă tout g de H associe le triplet .
Le a) exprime par exemple que, selon les rĂšgles du jeu, il est impossible de transposer seulement deux sommets, ou bien seulement deux arĂȘtes. Selon le b), il est impossible de pivoter un coin seul. Deux coins seuls peuvent ĂȘtre pivotĂ©s mais en sens inverse l'un de l'autre. Il dit aussi que l'orientation d'un coin est dĂ©fini de maniĂšre unique par l'orientation des 7 autres coins. Le c) exprime qu'il est impossible de pivoter une arĂȘte seule. Le pivotement des arĂȘtes s'opĂšre nĂ©cessairement par paire. L'orientation d'une arĂȘte est dĂ©finie de maniĂšre unique par l'orientation des 11 autres.
Le sens direct de la démonstration consiste à montrer que tout mouvement selon les rÚgles vérifient ces conditions. Le sens réciproque consiste à prouver que, si on se donne une configuration du Rubik's cube vérifiant ces conditions, alors il existe une suite de mouvements selon les rÚgles qui conduit à cette configuration (ou inversement, qui fait passer de cette configuration à la configuration initiale). C'est la description d'un algorithme de résolution du Rubik's cube[7].
DĂ©monstration de la partie directe
Il s'agit de montrer que G est inclus dans . Pour cela, étant un morphisme, il suffit de le prouver pour un systÚme générateur de G, à savoir les six rotations de chacune des faces[7].
En ce qui concerne Δ(Ï(g))Δ(Ï(g)), une rotation d'une face est constituĂ© d'un 4-cycle sur les coins et d'un 4-cycle sur les arĂȘtes. Chaque cycle a pour signature -1 et leur produit fait bien 1.
En ce qui concerne , observons comment chaque rotation de face fait pivoter chacun des coins, (en utilisant le codage 0, 1 et 2 des trois faces de chaque coin donné dans le paragraphe précédent) :
(2,0,0,1,1,0,0,2) (0,0,0,0,0,0,0,0) (0,0,0,0,0,0,0,0) (0,1,2,0,0,2,1,0) (1,2,0,0,2,1,0,0) (0,0,1,2,0,0,2,1)
On constate bien que, pour chaque face, la somme des composantes de est nulle modulo 3.
On peut opĂšrer une vĂ©rification analogue sur les arĂȘtes pour montrer que est nulle modulo 2. Mais il est plus rapide de remarquer que la rotation d'une face induit sur les 2 Ă 12 = 24 facettes carrĂ©es des 12 arĂȘtes une permutation qui est le produit de deux 4-cycles (l'un des 4-cycles permute circulairement 4 facettes, l'autre 4-cycle permute circulairement 4 autres facettes, adjacentes aux 4 premiĂšres). Il en rĂ©sulte que la signature de la permutation des 24 facettes vaut 1, et qu'il en est de mĂȘme par composition pour un mouvement quelconque du Rubik's cube. Or cette signature n'est autre que . Il en rĂ©sulte que est nulle modulo 2[7].
Démonstration de la réciproque
Il s'agit de montrer que est inclus dans G. Pour cela, partant d'une configuration g appartenant à , on lui applique une suite S de rotations des faces appartenant à G de façon que . Cela prouve que g est le symétrique de S, donc est élément de G[7].
Les mouvements des faces Ă effectuer seront donnĂ©s ici par une suite de lettres : majuscules F, R, L, B, U, D pour une rotation dans le sens des aiguilles d'une montre, minuscules f, r, l, b, u, d pour le sens inverse. La composition des mouvements se fera dans ce paragraphe dans le sens de la lecture du mot ainsi formĂ©, i.e. de gauche Ă droite. Ainsi, le mouvement "FUl" est constituĂ© d'une rotation dans le sens des aiguilles d'une montre de la face F, suivie de la face U, et on termine par une rotation en sens inverse de la face L. La suite S est construite en mettant d'abord en place les arĂȘtes, puis les coins, puis en pivotant convenablement les arĂȘtes, puis les coins.
Mise en place des arĂȘtes : pour tout couple d'arĂȘtes, il existe un Ă©lĂ©ment de G qui transpose ces deux arĂȘtes, en laissant les autres arĂȘtes en place (Ă pivotement prĂšs)[8]. Par exemple "uFULulf" transpose deux arĂȘtes de la face U[9]. Comme les transpositions engendrent le groupe symĂ©trique, cela prouve qu'il existe un Ă©lĂ©ment de G qui dispose les arĂȘtes Ă leur place.
Mise en place des coins : Compte tenu de la condition de paritĂ© a) sur la signature des permutations des arĂȘtes et des coins, si les arĂȘtes sont en place, cela signifie que les coins sont permutĂ©s par une permutation paire. Or ces permutations sont engendrĂ©es par les 3-cycles (permutation circulaire de trois coins). Pour mettre les coins en place par un mouvement Ă©lĂ©ment de G, il suffit donc de montrer que, pour tout triplet de coins, il existe un Ă©lĂ©ment de G qui permute ces trois coins tout en laissant les autres coins et les arĂȘtes Ă leur place. C'est effectivement le cas. Par exemple, le mouvement "LurUluRU" permute trois coins de la face U tout en laissant tous les autres cubes Ă leur place, sans modifier aucun autre cube[10].
Pivotement des arĂȘtes : Compte tenu de la condition c) sur le pivotement des arĂȘtes, on peut pivoter convenablement les arĂȘtes en opĂ©rant successivement sur deux arĂȘtes Ă la fois. Pour tout couple d'arĂȘtes, il existe un Ă©lĂ©ment de G qui se borne Ă pivoter deux arĂȘtes[8]. Par exemple, le mouvement "BddbbdBDBddflbLF" pivote deux arĂȘtes adjacentes de la face D sans modifier aucun autre cube[11].
Pivotement des coins : Compte tenu de la condition b) sur le pivotement des coins, on peut pivoter convenablement les coins en opérant successivement sur deux coins à la fois, les rotations étant de sens opposé sur ces deux coins. Pour tout couple de coins, il existe un élément de G satisfaisant ces conditions[12]. Par exemple, le mouvement "uBULBlFLblubUf" pivote en sens inverse deux coins de la face U[13].
Une fois ces opérations terminées, le cube est remis en place et on a prouvé que la configuration initiale g est bien élément de G.
Calcul du cardinal du groupe des mouvements du Rubik's Cube
On rappelle qu'on a introduit un morphisme de H dans , qui, Ă une configuration g du cube dĂ©montable associe le triplet constituĂ© du produit des signatures des permutations sur les coins et les arĂȘtes, la rotation totale des coins et la rotation totale des arĂȘtes. Le noyau de est le groupe G des mouvements du Rubik's cube.
Ce morphisme est surjectif car, pour tout Ă©lĂ©ment de , on peut trouver une configuration g de H antĂ©cĂ©dent par de cet Ă©lĂ©ment. Il suffit pour cela de pivoter un coin et une arĂȘte de façon adĂ©quate et Ă©ventuellement de permuter deux coins (on rappelle que, dans H, tous les mouvements sont possibles). Comme est de cardinal 12, il en rĂ©sulte que G est un sous-groupe de H d'indice 12, les classes de G Ă©tant les gG avec g parcourant dans H un sous-ensemble de 12 reprĂ©sentants d'antĂ©cĂ©dents par des 12 Ă©lĂ©ments de .
Par consĂ©quent, le cardinal de G est le douziĂšme de celui de H[3]. (C'est une variante du thĂ©orĂšme de Lagrange ou de la formule des indices). Or le cardinal de H est (produit du nombre de permutations des coins par le nombre de pivotement des coins par le nombre des permutations des arĂȘtes par le nombre de pivotement des arĂȘtes), donc celui de G est :
soit environ 43 milliards de milliards de combinaisons.
On peut aussi dire qu'il y a pivotements d'arĂȘtes possibles (l'orientation de la derniĂšre arĂȘte Ă©tant alors imposĂ©e par la condition c)), pivotements de coins possibles (l'orientation du dernier coin Ă©tant imposĂ© par la condition b)), placements possibles des huit sommets, mais seulement placements possibles des douze arĂȘtes en raison de la condition de paritĂ© donnĂ©e par la condition a). Le total redonne le rĂ©sultat prĂ©cĂ©dent[14] - [15].
Générateurs et relations
Propriétés particuliÚres
Comme précédemment, on donne les mouvements des faces à effectuer par une suite de lettres, la composition s'effectuant ici de gauche à droite : majuscules F, R, L, B, U, D pour une rotation dans le sens des aiguilles d'une montre, prime F', R', L', B', U', D' pour le sens inverse.
- On peut engendrer le groupe G en autorisant seulement les rotations de cinq faces données. En effet, le mouvement "R'LF'2B'2R'LD'R'LF'2B'2R'L", dû à David Benson, permet de tourner la face supérieure en utilisant uniquement les autres faces[16].
- L'ordre maximal d'un élément de G est 1260. Il est obtenu par exemple par le mouvement "R'B'2DU'D"[17].
- Le groupe G peut ĂȘtre engendrĂ© par deux mouvements seulement, par exemple "L'2B'R'DL" et "U'F'R'U'RUF"[18].
Présentation du problÚme
DâaprĂšs les notations utilisĂ©es pour Ă©tudier le Cube, le problĂšme peut se prĂ©senter sous deux formes. On peut le traiter en utilisant des notations totalement mathĂ©matiques ou alors le traiter sous forme de mots puisque chacune des lettres R,U etc. correspond Ă une permutation (voir numĂ©rotation du Cube). Il existe donc une fonction surjective de lâensemble des mots sur X = {R,L,U,D,F,B} vers lâensemble des permutations du Cube. Pour une permutation, la longueur est dĂ©finie comme Ă©tant, en partant du Cube rĂ©solu, le nombre minimum de mouvement (= gĂ©nĂ©rateurs considĂ©rĂ©s) Ă effectuer pour obtenir la permutation.
PremiĂšre application : nombre minimum de mouvements
Ă partir de ces mouvements, on peut construire un arbre oĂč chaque nĆud reprĂ©sente une position du cube (la permutation appliquĂ©e au cube rĂ©solu). En partant de lâidentitĂ©, on peut construire une suite () qui Ă chaque Ă©tape est Ă©gal au nombre de position possible du cube rĂ©alisable avec n mouvements de base. On a et ensuite pour tout n, on a . En effet, pour plus de prĂ©cision dans le calcul, il ne faut pas compter toutes les permutations qui permettraient de revenir Ă une position dĂ©jĂ atteinte. Pour cela, il faut donc fixer des conditions (on compte ici les mouvements de la tranche du milieu) : on ne compte pas les positions obtenues par deux mouvements consĂ©cutifs sur une mĂȘme face ni trois mouvements autour du mĂȘme axe. Dans une situation donnĂ©e, il ne reste plus que 12 dans une position de mouvements possible plus les 18 que lâon peut effectuer sur qui correspond aux positions oĂč lâon nâa pas rĂ©pĂ©tĂ© les mouvements (ou encore les positions oĂč lâon a rĂ©pĂ©tĂ© les mouvements pour revenir Ă une identitĂ©). On peut ensuite calculer le terme gĂ©nĂ©ral de la suite puis lâĂ©galer Ă N, le nombre de positions totales possibles du cube afin de dĂ©terminer n. On trouve alors n = 17.3 ce qui montre quâil existe une position du cube qui ne peut pas ĂȘtre atteinte en moins de 18 mouvements. Il a mĂȘme Ă©tĂ© prouvĂ© qu'une position (le centre du cube) nĂ©cessite 20 mouvements.(Voir Optimal solutions for Rubik's Cube)
GĂ©nĂ©rateurs et relations : prĂ©sentation dâun groupe
Soit X un ensemble fini avec n = card X. Le groupe libre sur les générateurs éléments de , noté est le groupe des mots réduits de .
Soit Y un groupe de mots rĂ©duits sur X. Soit R le plus petit sous groupe normal de contenant Y. R constitue lâensemble des relations de . Le quotient Fn/R est un groupe ; câest le plus grand groupe qui satisfait ces relations. On dit qu'il a pour gĂ©nĂ©rateurs lâensemble X et pour relations l'ensemble Y. Un ensemble de gĂ©nĂ©rateurs et de relations est appelĂ© une prĂ©sentation.
En termes de notation, un Ă©lĂ©ment r de R est notĂ© sous forme dâune Ă©quation de la forme r = 1.
Exemple : le groupe cyclique dâordre n possĂšde un gĂ©nĂ©rateur x et une relation donc on a et . admet donc comme prĂ©sentation : Le groupe diĂ©dral dâordre n a pour prĂ©sentation
Recherche dâune prĂ©sentation de Cn
m â đŸn+1
m â đŸn+1
Il faut dâabord chercher les reprĂ©sentations des groupes symĂ©triques et des groupes cycliques. Pour le groupe symĂ©trique dâordre n+1, on a: avec Dans le cas oĂč n=4, la matrice est :
Pour le produit cartésien du groupe cyclique d'ordre m, on a :
Pour le groupe symétrique, on peut associer à chaque transposition (de deux indices consécutifs) une matrice de permutation de taille (n+1)*(n+1) autrement dit
On peut aussi identifier avec le produit cartĂ©sien oĂč
On a alors les relations suivantes entre les
On peut alors démontrer la propriété suivante :
Démonstration : si on appelle la représentation présentée ci-dessus. Le but de la démonstration est bien sûr de montrer . Pour cela on considÚre le morphisme qui associe les générateurs de avec les générateurs de . Par définition de l'application, est surjective. Pour prouver l'injectivité, on note . En notant , on a d'aprÚs le théorÚme de Lagrange : .
En considérant maintenant , est un sous groupe normal à . En effet, chaque renvoie un générateur de H sur un produit de générateurs de H ou sur son inverse. Comme H est un groupe, on obtient que . On a donc . Si est une relation de P, le mot écrit dans le groupe quotient devient un mot qui ne contiendra plus que des relations du type . On peut montrer ainsi que (cette partie de la démonstration sera précisée).
Ainsi, on a ce qui montre et ainsi d'oĂč . est donc injectif donc bijectif.
Liens externes
- Pierre Colmez, « Le Rubik's Cube, groupe de poche »
- W. D. Joyner, « Mathematics of the Rubik's cube »,
- Matthieu Barreau, « Une analyse du Cube Hongrois »,
Bibliographie
- David Singmaster, Notes on Rubik's cube, Enslow Publishers,
- Edward C. Turner et Karen F. Gold, « Rubik's Groups », The American Mathematical Monthly, vol. 92, no 9,â , p. 617-629 (DOI 10.1080/00029890.1985.11971700, lire en ligne)
- André Warusfel, Réussir le Rubik's cube, Denoël,
Notes et références
- (Singmaster, p. 4)
- (Warusfel, p. 33)
- (Colmez, p. 2)
- (Colmez, p. 3)
- (Colmez, p. 4)
- (Warusfel, p. 152-160)
- (Colmez, p. 5)
- (Colmez, p. 6)
- (Warusfel, p. 186)
- (Warusfel, p. 182)
- (Warusfel, p. 146). Ce mouvement a été découvert par Morwen Thistlethwaite (en)
- (Colmez, p. 7)
- (Warusfel, p. 184)
- http://ronan.terpereau.perso.math.cnrs.fr/Projet-L3/analyse_cube_hongrois.pdf, Proposition 3
- (Warusfel, p. 161)
- (Warusfel, p. 142)
- (Warusfel, p. 145)
- (Warusfel, p. 144)