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Groupe de travail sur l'avenir des institutions

Le groupe de travail sur l'avenir des institutions, est un comité de réflexions sur les institutions françaises, dont les travaux se sont déroulés en 2014 et 2015. Il a été créé par le président de l'Assemblée nationale Claude Bartolone et coprésidé par l'historien Michel Winock.

Composé de vingt-trois membres, dont 11 parlementaires issus de tous les groupes politiques et 12 personnalités qualifiées (professeurs de droit, intellectuels et représentants du monde de l’entreprise), le groupe de travail sur l’avenir des institutions est la première instance de ce type créée à l’initiative non d’un Président de la République, mais du Parlement, se distinguant ainsi de la commission Vedel, du comité de réflexion et de proposition sur la modernisation et le rééquilibrage des institutions et de la commission Jospin. La diversité des profils des membres du groupe, mais surtout la méthodologie retenue pour dégager les propositions développées dans le rapport le distinguent également de tels précédents. Les dix-sept propositions contenues dans le rapport résultent en effet de l’exploitation des réponses données par les membres du groupe à un questionnaire préférentiel.

Une initiative parlementaire

Le Président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, a annoncé la création d’un groupe de réflexion sur l’avenir des institutions coprésidé par l’historien Michel Winock, lors d’une conférence de presse le . Il déclara à cette occasion : « J’ai donc décidé de mettre en place une « mission sur l’avenir de nos institutions » que j’aurai l’honneur de coprésider avec Michel Winock, historien, spécialiste de l’histoire de la République française (…) Cette mission, pluraliste, sera composée de parlementaires et bien évidemment de juristes. Mais elle s’ouvrira aussi à des historiens, philosophes, économistes, acteurs de terrain (…) Je présenterai, en accord avec Michel Winock, sa composition dans les tout prochains jours en conférence des présidents. Des propositions seront formulées au printemps prochain (…) J’en suis persuadé, cette question sera au cœur de la prochaine campagne présidentielle. Elle sera sans doute même tranchée dans ce cadre. Et pourquoi pas avant (…) Une chose est sûre : c’est une question trop importante pour que l’Assemblée nationale s’en désintéresse. Trop importante pour qu’elle ne soit pas débattue par les citoyens et leurs représentants[1]. »

La création de ce groupe fut entérinée par la conférence des Présidents de l’Assemblée nationale du .

Le groupe se réunit pour la première fois le jeudi .

Composition

2 co-présidents :

11 parlementaires :

11 personnalités qualifiées :

  • Denis Baranger, professeur de droit public ;
  • Marie-Anne Cohendet, professeur de droit constitutionnel ;
  • Christine Lazerges, professeur de droit privĂ©e et de sciences criminelle, prĂ©sidente de la Commission nationale consultative des droits de l'homme ;
  • Ferdinand MĂ©lin-Soucramanien, professeur de droit constitutionnel, dĂ©ontologue de l'AssemblĂ©e nationale ;
  • Guillaume Tusseau, professeur de droit public ;
  • Mireille Imbert Quaretta, ancienne magistrate, conseillère d'État, prĂ©sidente de la commission des droits de protection de l'Hadopi ;

Les travaux du groupe de travail

Les travaux du groupe de travail se sont déroulés sur une période de onze mois au cours de laquelle dix-sept réunions ont été menées et trente-et-une personnes entendues[2].

Ont ainsi été auditionnés :

Toutes les auditions du groupe de travail sur l'avenir des institutions ont été diffusées en direct sur le site de l'Assemblée nationale et ont fait l'objet d'un compte-rendu intégral également diffusé sur le site. L'ensemble des comptes rendus figure dans le rapport.

Le rapport

Une méthodologie innovante : le questionnaire préférentiel

Au terme du cycle d’auditions mené par le groupe de travail, un questionnaire dit « préférentiel » fut soumis à chacun de ses membres. Il comportait 83 questions principales et 50 sous-questions, soit un total de 133 questions. Les participants étaient invités à exprimer, vis-à-vis de chacune de ces propositions, un degré de consensus noté sur une échelle de 1 à 5 (1 = pas du tout d’accord ; 2 = plutôt d’accord ; 3 = abstention ; 4 = plutôt d’accord ; 5 = tout à fait d’accord). Une proposition était considérée comme adoptée lorsqu’une majorité relative des membres du groupe s’était prononcée en sa faveur, qu’ils se déclarent tout à fait ou plutôt d’accord. Le questionnaire ainsi que les notes moyennes attribuées à chacune des propositions et permettant de mesurer le degré d’adhésion à celles-ci sont publiés en annexe du rapport[23]. Le questionnaire a également été publié sur le site de l’Assemblée nationale afin d’être rempli par les internautes[24].

Dix-sept propositions

Le rapport intitulé « Refaire la démocratie » est adopté le , il avance dix-sept propositions[23], structurées autour de cinq axes[23] :

Sur le thème « restaurer le lien entre les citoyens et leurs représentants » :

  • imposer le non-cumul des mandats dans le temps, c’est-Ă -dire limiter Ă  trois le nombre de mandats identiques successifs ;
  • mettre en place un vĂ©ritable statut de l’élu ;
  • introduire une reprĂ©sentation proportionnelle Ă  l’AssemblĂ©e nationale ;
  • Ă©largir le champ du rĂ©fĂ©rendum et instaurer un vĂ©ritable rĂ©fĂ©rendum d’initiative populaire : Ă©largir le champ du rĂ©fĂ©rendum prĂ©vu au premier alinĂ©a de l’article 11 de la Constitution Ă  l’ensemble des matières Ă©numĂ©rĂ©es Ă  l’article 34 de la Constitution et crĂ©er un vĂ©ritable rĂ©fĂ©rendum d’initiative populaire encadrĂ© par un contrĂ´le juridictionnel et assorti d’un quorum ;
  • revoir les procĂ©dures d’inscription sur les listes Ă©lectorales en les automatisant lorsque cela est possible.

Sur l'équilibre entre les pouvoirs exécutifs et législatifs :

  • redĂ©finir le rĂ´le du PrĂ©sident de la RĂ©publique : maintenir l’élection au suffrage universel direct et moderniser le rĂ´le d’arbitre du PrĂ©sident de la RĂ©publique en rĂ©orientant son action vers les enjeux de long terme ;
  • rĂ©inventer le septennat : instaurer un mandat de sept ans non-renouvelable, en cas de non rĂ©tablissement du septennat, procĂ©der, Ă  tout le moins, Ă  l’inversion du calendrier Ă©lectoral afin que les Ă©lections lĂ©gislatives aient lieu avant l’élection prĂ©sidentielle ;
  • renforcer la responsabilitĂ© de l’exĂ©cutif et mieux le contrĂ´ler sur les questions europĂ©ennes : rendre obligatoire le principe d’un vote d’investiture par l’AssemblĂ©e nationale lors de la formation d’un nouveau Gouvernement et instaurer un dĂ©bat Ă  l’AssemblĂ©e nationale, avec le PrĂ©sident de la RĂ©publique, en amont des Conseils europĂ©ens.

Sur le cumul des mandats :

  • rĂ©duire le nombre de dĂ©putĂ©s (Ă  400) et de sĂ©nateurs (Ă  200) afin de renforcer leur poids dans les institutions ;
  • rĂ©nover le bicamĂ©risme : fusionner le SĂ©nat et le Conseil Ă©conomique, social et environnemental (CESE), en crĂ©ant Ă©ventuellement une assemblĂ©e parlementaire Ă  deux collèges, pour mieux reprĂ©senter les forces actives du pays. Le SĂ©nat conserverait une compĂ©tence lĂ©gislative, mais son action serait davantage orientĂ©e vers l’évaluation et le contrĂ´le ; plus Ă©troitement assistĂ© par la Cour des comptes, il deviendrait un vĂ©ritable « pĂ´le de contrĂ´le parlementaire ». Tout pouvoir de blocage en matière constitutionnelle serait retirĂ© au SĂ©nat. L’échelon d’élection des sĂ©nateurs serait rĂ©gionalisĂ©. Ă€ dĂ©faut, limiter les compĂ©tences du SĂ©nat aux questions relatives aux collectivitĂ©s territoriales et faire du CESE la chambre du dĂ©bat participatif ;
  • libĂ©rer le Parlement de ses carcans : supprimer la limitation du nombre de commissions, libĂ©rer le droit d’amendement dans le domaine financier en abrogeant l’article 40 de la Constitution et interdire au Gouvernement d’amender ses projets de loi ou, au minimum, soumettre ses amendements Ă  un dĂ©lai de dĂ©pĂ´t ;
  • amĂ©liorer la fabrique de la loi : limiter la procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e dans sa forme actuelle Ă  un ou deux textes par session et instaurer une nouvelle forme de procĂ©dure accĂ©lĂ©rĂ©e dont l’usage ne serait pas contingentĂ©, respecter une plus stricte sĂ©paration entre le domaine de la loi et celui du règlement et prĂ©voir une procĂ©dure pour Ă©carter des lois les dispositions non normatives et rĂ©nover la procĂ©dure de discussion des textes ; rĂ©nover la procĂ©dure d’examen des amendements ;
  • amĂ©liorer les instruments de contrĂ´le et les droits de l’opposition : supprimer la semaine de contrĂ´le pour en faire une semaine rĂ©servĂ©e aux travaux des commissions ; instituer un contre-rapporteur de l’opposition, instaurer un « droit de rĂ©plique », dont pourrait user l’auteur d’une question au Gouvernement, renforcer le contrĂ´le sur les nominations envisagĂ©es par le PrĂ©sident de la RĂ©publique en substituant au système actuel une majoritĂ© positive des 3/5 et obliger le Gouvernement Ă  justifier devant les commissions parlementaires compĂ©tentes la non-publication des dĂ©crets d’application Ă  l’expiration d’un dĂ©lai de six mois ;
  • faire une place plus large aux citoyens et aux questions europĂ©ennes : dĂ©velopper les ateliers lĂ©gislatifs citoyens et expĂ©rimenter le dĂ©pĂ´t d’amendements citoyens et faire entrer plus largement l’Europe au sein du Parlement en crĂ©ant une commission des affaires europĂ©ennes de plein exercice et en consacrant aux affaires europĂ©ennes une sĂ©ance mensuelle de questions au Gouvernement.

Sur l'État de droit :

  • renforcer l’indĂ©pendance de la justice : consacrer dans le titre VIII de la Constitution l’existence non d’une « autoritĂ© » judiciaire, mais d’un « pouvoir» judiciaire, consacrer l’indĂ©pendance et l’impartialitĂ© de la justice dans le titre VIII de la Constitution en faisant du Conseil supĂ©rieur de la magistrature le garant de cette indĂ©pendance en lieu et place du PrĂ©sident de la RĂ©publique, accroĂ®tre l’indĂ©pendance du parquet en rompant le lien de subordination hiĂ©rarchique qui le soumet au garde des Sceaux et en conditionnant les nominations qu’il propose Ă  un avis conforme et non plus simple du Conseil supĂ©rieur de la magistrature, rĂ©viser la composition du Conseil supĂ©rieur de la magistrature afin qu’il compte autant de magistrats que de personnalitĂ©s qualifiĂ©es, rĂ©viser le mode de dĂ©signation du Conseil supĂ©rieur de la magistrature en conditionnant la nomination des personnalitĂ©s qualifiĂ©es Ă  l’obtention d’une majoritĂ© positive des 3/5 dans les commissions compĂ©tentes de chacune des deux assemblĂ©es, Ă©tendre les pouvoirs de nomination du Conseil supĂ©rieur de la magistrature Ă  l’ensemble des magistrats du siège et lui confier des pouvoirs d’inspection et permettre la publication, au sein du Conseil supĂ©rieur de la magistrature, des opinions dissidentes ;
  • Ă©tudier la proposition tendant Ă  la crĂ©ation d’un vĂ©ritable ordre des juridictions sociales ;
  • moderniser le Conseil constitutionnel : conditionner la nomination des membres du Conseil constitutionnel Ă  l’obtention d’une majoritĂ© positive des 3/5 dans chacune des commissions parlementaires compĂ©tentes, mettre un terme Ă  la prĂ©sence de droit, au sein du Conseil constitutionnel, des anciens PrĂ©sidents de la RĂ©publique, prendre acte de l’évolution du rĂ´le du Conseil constitutionnel en modifiant sa dĂ©nomination et en consacrant ainsi l’existence, en France, d’une vĂ©ritable « Cour constitutionnelle » et permettre la publication d’opinions dissidentes dans le cadre des travaux du Conseil constitutionnel.

Contributions personnelles

Les membres du groupe de travail furent invités s’ils le souhaitaient à rédiger des « contributions personnelles » qui furent incluses dans le rapport. Certaines se présentent comme une analyse globale des institutions, d’autres se concentrent sur des points plus précis, abordés par le groupe de travail ou en lien avec les travaux de celui-ci.

Colloque

Les 6 et , un colloque intitulé « Refaire la démocratie » est organisé pour revenir sur les thèmes du rapport. Le président de la République François Hollande insiste sur le non cumul des mandats dans le temps, et une plus grande rapidité de la procédure législative. Il se montre réservé sur la question du référendum[25].

Voir aussi

Notes et références

  1. Conférence de presse du 8 octobre 2014 http://presidence.assemblee-nationale.fr/le-president/discours/conference-de-presse-de-claude-bartolone2
  2. « Assemblée nationale groupe de travail sur l'avenir des institutions »
  3. « Audition Laurence Parisot et Jean Pisani-Ferry »
  4. « Audition Yves Bertoncini, Jean-Louis Bourlanges et Jean Quatremer »
  5. « Audition de Laurence Morel et Denis Giraux »
  6. « Audition de Dominique Schnapper et Henri Verdier (deuxième partie de la vidéo) »
  7. « Auditions de Pierre Cahuc »
  8. « Audition de Jean-Emmanuel Ray »
  9. « Audition de Bruno Latour et Benoît Hartmann (deuxième partie de la vidéo) »
  10. « Audition de Philippe Doucet (deuxième partie de la vidéo) »
  11. « Audition de Frédéric Sawicki et Guillaume Liegey »
  12. « Audition de Marie-Claire Ponthoreau et Olivier Beaud (deuxième partie de la vidéo) »
  13. « Audition de Bastien François »
  14. « Audition de Géraldine Muhlmann (deuxième partie de la vidéo) »
  15. « Audition de Jean-Claude Casanova »
  16. « Audition de Jean-Noël Jeanneney »
  17. « Audition de Pascal Jan (deuxième partie de la vidéo) »
  18. « Audition de Laure de la Raudière et Régis Juanico »
  19. « Audition d'Olivier Rozenberg et Armel Le Divellec (deuxième partie de la vidéo) »
  20. « Audition de Céline Vintzel »
  21. « Audition de Bernard Manin »
  22. « Audition de Pierre Joxe et Denis Salas »
  23. "Le groupe de travail a adopté son rapport" sur le site de l'Assemblée nationale
  24. « Questionnaire citoyen »
  25. « Pour Hollande, trois mandats parlementaires : « c’est suffisant » », Le Monde,‎ (lire en ligne)

Liens externes

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