Grigory Levenfish
Grigori Iakovlevitch Levenfich (en russe : Григорий Яковлевич Левенфиш, en anglais : Grigory Yakovlevich Levenfish) né le à Piotrków Trybunalski (aujourd'hui en Pologne), mort le à Moscou) est un joueur d'échecs soviétique d'origine juive de premier plan dans les années 1920 et 1930. Il a été champion d'URSS à deux reprises, en 1934 et 1937, et fait match nul contre le futur champion du monde d'échecs Mikhail Botvinnik en 1937. Il est aussi un auteur réputé.
Naissance |
Piotrków Trybunalski, Russie impériale |
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Décès |
(à 71 ans) Moscou |
Nationalité | Union soviétique |
Profession |
Joueur d'échecs |
Biographie
Né en Pologne, qui fait alors partie de la Russie impériale, il passe la plus grande partie de ses années de formation à Saint-Pétersbourg, où il suit des études d'ingénieur chimiste à l'université. Son premier fait marquant comme joueur est la victoire au championnat de Saint-Pétersbourg en 1909, et ensuite sa participation au tournoi de Carlsbad en 1911, bien qu'il obtienne moins de la moitié des points face à une forte opposition. À l'époque, son style de jeu est comparé à celui de Mikhail Tchigorine. Dans la décennie qui suit, il continue à obtenir de bons résultats en tournoi local, en remportant notamment le championnat de Leningrad en 1922, 1924 et 1925 (ex aequo). Au niveau national, il obtient d'excellents résultats aux championnats d'échecs d'URSS : 3e en 1920, 2e en 1932 et covainqueur à Leningrad en 1934 (avec Ilya Rabinovitch à 12/19) et seul champion à Tbilissi en 1937 avec 12,5/19.
Au très fort tournoi international de Moscou de 1935, il marque 10,5/19 et se classe 6e-7e. Au tournoi exclusivement soviétique de Leningrad 1936, il se classe 3e avec 8,5/14. Sa participation au tournoi d'entraînement Leningrad-Moscou aboutit à une 3e-6e place avec 10/17, derrière les vainqueurs Salo Flohr et Samuel Reshevsky[1].
Il fait jeu égal avec Mikhail Botvinnik dans un match de 13 parties en 1937 et bat Vladimir Alatortsev en 1940.
En dépit de ces résultats, Levenfish est virtuellement ignoré par les autorités soviétiques. Celles-ci soutiennent son grand rival Botvinnik et ses rivaux ne sont pas encouragés. Levenfish fait partie de l'ancienne génération de maîtres, et il est de 22 ans l'aîné de Botvinnik. Il vit de façon difficile, étant le seul maître de sa génération à ne pas se voir accorder de rente. Les autorités lui refusent également les voyages à l'étranger, et donc la possibilité de participer à des tournois internationaux tels que le tournoi AVRO de 1938 (bien qu'il soit le champion soviétique en titre). D'autres joueurs nés avant la révolution d'Octobre, comme Alexandre Alekhine, Efim Bogoljubov, Akiba Rubinstein et Aaron Nimzowitsch sont autorisés à voyager à l'étranger et finissent par y demeurer. Privé d'une telle occasion, Levenfish ne peut affronter que des adversaires soviétiques et doit poursuivre sa carrière d'ingénieur dans l'industrie du verre pour subvenir à ses besoins. Il finit par se retirer progressivement des échecs de haut niveau.
Levenfish se voir attribuer le titre de grand maître international par la Fédération internationale des échecs en 1950, à l'inauguration du titre.
Héritage échiquéen
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Dans son livre Russian Silhouettes, Genna Sosonko se fait l'écho des grands maîtres qui ont connu Levenfish, et qui en parlent comme un homme intègre et indépendant, qui ne se plaignait jamais de ses conditions de vie difficiles. Vassily Smyslov raconte comment Levenfish lui a rendu visite avec une énorme pile de papiers sous le bras qui représentait le travail de sa vie au sujet des finales de tours. Levenfish demanda à Smyslov de corriger son travail, et après quelques corrections mineures, le livre fut publié en 1957 sous le nom de La théorie des finales des tours et avec la mention de Smyslov comme coauteur (le livre fut publié en anglais en 1971 sous le nom de Rook Endings).
Levenfish a aussi écrit des livres destinés aux débutants et participé à un ouvrage collaboratif au sujet des ouvertures intitulé Ouvertures modernes. Il meurt à Moscou en 1961. Son autobiographie a été publiée à titre posthume en 1967 et contenait 79 parties annotées.
Levenfish a remporté des victoires contre virtuellement tous les meilleurs joueurs soviétiques des années 1910 jusqu'aux années 1950, et également contre des champions tels qu'Alexandre Alekhine et Emanuel Lasker. Paul Keres et David Bronstein gardent un avantage sur lui, mais ils sont beaucoup plus jeunes, et Levenfish n'est plus au sommet de sa carrière quand il les affronte.
Avec les Noirs, Levenfish était redoutable avec la défense française et la défense slave, et jouait généralement des ouvertures classiques, bien qu'il ait fait occasionnellement usage de la défense Grünfeld et de la défense nimzo-indienne.
À propos de son jeu, Sosonko relève sa profonde compréhension du jeu et son œil pour les coups imaginatifs et brillants. Il excellait réellement en tant que tacticien et dans sa maîtrise des ouvertures. Il invente notamment l'attaque qui porte son nom contre la variante du dragon.
Bibliographie
- Ouvertures modernes, édité par Grigory Levenfish en russe.
- Izbrannye Partii I Vospominanya, de Grigory Levenfish, 1967. Sa biographie posthume.
- Rook Endings, de Grigory Levenfish et Vasily Smyslov, 1971, Batsford. (ISBN 0-7134-0449-3).
Notes
- voir Grigory Levenfish sur chessmetrics.com
Références
- David Hooper et Kenneth Whyld, The Oxford Companion To Chess, Oxford University, (ISBN 0-19-217540-8)
- Genna Sosonko, Russian Silhouettes, New in Chess, (ISBN 90-5691-078-7)
- Anne Sunnucks, The Encyclopaedia of Chess, Hale, (ISBN 0-7091-1030-8)
Liens externes
- Ressource relative au jeu :