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Grande RĂ©serve sioux

La Grande Réserve sioux (Great Sioux Reservation en anglais) est une réserve indienne établie en 1868 par le traité de Fort Laramie qui contraint le territoire des tribus Sioux à une partie du Dakota du Sud et du Nebraska.

Grande RĂ©serve sioux
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GĂ©ographie
Pays
Fonctionnement
Statut
Histoire
Fondation
La Grande Réserve sioux définie par le traité de Fort Laramie de 1868.

Traité de Fort Laramie

Au milieu des annĂ©es 1860, le gouvernement des États-Unis met en place une politique afin de rassembler tous les AmĂ©rindiens dans des territoires restreints et clairement dĂ©finis appelĂ©s rĂ©serves[1]. En 1868, le gouvernement propose un accord aux tribus Sioux (BrĂ»lĂ©s, Oglalas, Lakotas, Yanktonnais, Arapahos[2]) qui s’appellera le traitĂ© de Fort Laramie. Ce document prĂ©voit entre autres :

  • La crĂ©ation d'une rĂ©serve englobant toutes les terres du Dakota du Sud se trouvant Ă  l'ouest de la riviĂšre Missouri oĂč aucun colon ne pourra s'installer. Ce territoire est nommĂ©, dĂšs le dĂ©part, la Grande RĂ©serve sioux (article II)[2] ;
  • Une zone de chasse Ă  l'extĂ©rieur de la rĂ©serve, dans la zone limitrophe du Nebraska (article XI) et une zone rĂ©servĂ©e s'Ă©tendant dans le Wyoming, le Montana et le Dakota du Nord. Ce territoire n'est pas considĂ©rĂ© comme cĂ©dĂ© par les tribus amĂ©rindiennes (unceded land) et n'a pas le droit d'ĂȘtre colonisĂ© par les Blancs (article XVI)[2] ;
  • La construction d'une agence du Bureau des affaires indiennes, d'un moulin Ă  broyer le grain, d'un cabinet d'un mĂ©decin, de plusieurs Ă©coles situĂ©s sur la rĂ©serve Sioux. Toutes ces infrastructures seront gĂ©rĂ©es par des employĂ©s payĂ©s par le gouvernement (article IV)[2] ;
  • L'organisation de l'attribution de parcelles individuelles aux AmĂ©rindiens et l'approvisionnement de vĂȘtements, de couvertures et de rations de nourriture Ă  distribuer Ă  tous les Dakotas et Lakotas vivant dans les limites de la rĂ©serve des Sioux (article XIII)[2].

Le traitĂ© garantit que toute modification de ce document doit ĂȘtre approuvĂ©e par les trois quarts de tous les adultes mĂąles Sioux (article XII)[2]. Au total, c'est un territoire de 101 000 m2 qui est prĂ©vu pour les Sioux[1]. En retour, ceux-ci doivent se limiter Ă  cette superficie plus petite que leur territoire originel, ne pas attaquer les colons Blancs, ne pas s'opposer Ă  la construction de lignes de chemin de fer, ni attaquer ces derniers[2].

Voyant les forts construits le long de la piste Bozeman ĂȘtre abandonnĂ©s, le chef Red Cloud, chef Oglala, signe de bonne foi le traitĂ©. Parce qu'ils vivent dĂ©jĂ  Ă  l'intĂ©rieur ou Ă  proximitĂ© des limites de la RĂ©serve sioux, les Lakotas et les Dakotas qui vivent dans le sud-est signent Ă©galement sans problĂšme le traitĂ© de Fort Laramie en 1868[1].

Cependant, les trois quarts des Sioux ne signe pas le traitĂ©. De nombreux Lakotas vivant au nord de la piste Bozeman — notamment les tribus Hunkpapa et Sihasapa — ne le signent pas non plus. Il y a bien une partie des Hunkpapas, des Sihasapas et des Yanktonais (Nakotas) qui accepte de se dĂ©placer sur la partie nord de la rĂ©serve des Sioux. Mais beaucoup refusent comme les Yanktonais dirigĂ©s par le chef Two Bears, qui vivent d'Ă©levage sur la rive est du Missouri, refuse de traverser le fleuve pour aller dans la nouvelle rĂ©serve. Ceux-ci maintiennent malgrĂ© cela une relation amicale avec les agents du Bureau des affaires indiennes. Et il y a surtout Sitting Bull, un Hunkpapa, qui rejette toutes les versions du traitĂ© et qui commence Ă  devenir un leader reconnu comme un des seuls Ă  refuser de cĂ©der aux instances du gouvernement amĂ©ricain[1].

Beaucoup de Lakotas refusent de reconnaĂźtre le traitĂ© de 1868, le jugeant trop dĂ©favorable en leur encontre. De plus, le gouvernement ne respecte pas tout de suite les dispositions du traitĂ© qui promet la fourniture de rations, de vĂȘtements, et la construction d'Ă©coles. En dĂ©pit du traitĂ©, toujours plus de Blancs s'installent sur le territoire amĂ©rindien. Ces contestataires continuent de vivre dans leurs territoires d'origine se trouvant souvent sur les terres « non cĂ©dĂ©es » par le traitĂ© (voir plus haut l'article XVI), chassent le bison, et maintiennent leurs modes de vie traditionnels[1].

Mais dans les annĂ©es 1870, les États-Unis cherchent Ă  mieux faire appliquer le systĂšme de rĂ©serve et Ă  limiter les AmĂ©rindiens Ă  certaines zones pour privilĂ©gier les colons. La politique fĂ©dĂ©rale encourage Ă©galement les AmĂ©rindiens Ă  abandonner leur mode de vie nomade pour une vie sĂ©dentaire et agricole. En confinant les AmĂ©rindiens dans les rĂ©serves, le gouvernement fĂ©dĂ©ral mĂšne une politique d'assimilation intense. Cela passe par l'abandon forcĂ© du mode vie traditionnel des AmĂ©rindiens, par une Ă©ducation aux mƓurs euro-amĂ©ricaines et Ă©galement par la christianisation[1].

Comme moyen d'encourager la christianisation des Amérindiens, le gouvernement fédéral affecte en 1869 diverses confessions religieuses pour administrer les réserves et créer des écoles pour effectuer la politique « civilisatrices » du gouvernement fédéral[1].

En parallÚle, les Lakotas vivants en dehors de la réserve se plaignent réguliÚrement de la présence grandissante des Blancs. Sitting Bull accuse le gouvernement fédéral d'ingérence et prévient qu'il défendra son peuple. En réponse le gouvernement bùtit toujours plus de forts afin d'assurer la protection des colons.

Ruée vers l'or

FrontiĂšres de la Grande RĂ©serve sioux au cours de l'Histoire.

La violation des terres sioux la plus cĂ©lĂšbre est celle de 1874 lors de l'expĂ©dition des Black Hills par des gĂ©ologues et des soldats sous la direction du gĂ©nĂ©ral George Custer, qui est envoyĂ©e par le gouvernement fĂ©dĂ©ral pour trouver des gisements d'or. Les Sioux protestent vivement contre la violation directe du traitĂ© de 1868. Bien que le gouvernement admet que cette expĂ©dition est illĂ©gale, il justifie l'expĂ©dition en dĂ©clarant qu'elle n'a seulement pour but d'obtenir des informations sur la richesse minĂ©rale des Black Hills[1]. Lorsque la rumeur court qu'il y a de l'or dans les Blacks Hills, c'est une vĂ©ritable ruĂ©e vers l'or dans l'est du Dakota du Sud et de nombreux Blancs pĂ©nĂštrent et s'installent dans la RĂ©serve sioux. Les AmĂ©rindiens considĂšrent cette arrivĂ©e massive de colons comme une intrusion et tentent de faire valoir leurs droits. Mais l'intervention de l'armĂ©e pour empĂȘcher les colons de s'installer dans la rĂ©serve est inefficace. En 1875, les Black Hills sont envahies par les prospecteurs[1].

MalgrĂ© ces tensions, le gouvernement des États-Unis intensifie sa politique des rĂ©serves pour tous les Indiens de l'Ouest. Il dĂ©sire que tous les Lakotas et tous les Dakotas soient dans les limites de la Grande RĂ©serve sioux. Les Yanktonais dirigĂ©s par Two Bears, vivant sur la rive est du Missouri, sont forcĂ©s de se dĂ©placer et de traverser la riviĂšre. L'agent fĂ©dĂ©ral de Standing Rock met en Ɠuvre une politique visant Ă  « civiliser » les AmĂ©rindiens en les encourageant Ă  construire des maisons en rondins et de pratiquer une agriculture euro-amĂ©ricaine[1].

Le gouvernement fĂ©dĂ©ral distribue Ă©galement des rations de nourriture Ă  tous les AmĂ©rindiens vivant dans les limites de la rĂ©serve des Sioux. Ces rations consistent en de la farine, du saindoux, du bacon, du sucre, du cafĂ©, et du bƓuf. Seuls les AmĂ©rindiens vivant sur la rĂ©serve peuvent obtenir des rations. Celles-ci sont utilisĂ©es comme un moyen de garder les AmĂ©rindiens sur la rĂ©serve et de les dĂ©courager Ă  poursuivre leur mode de vie traditionnel de chasseur. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral distribue aussi des vĂȘtements, des couvertures et du tissu pour les AmĂ©rindiens. Cela aussi, est fait pour dĂ©courager la poursuite de l'ancien style de vie des Sioux. NĂ©anmoins, les hivers Ă©tant rudes et les rations arrivant souvent en retard, les AmĂ©rindiens continuent de quitter la rĂ©serve pour chasser hors des territoires[1].

Bataille de Little Bighorn

DĂ©tail de la carte ci-dessus oĂč l'on voit la zone de conflit entre les Sioux et le gĂ©nĂ©ral Custer.

Le flot de mineurs dans les Black Hills continue, et le gouvernement fédéral fait peu pour décourager ces intrus. Les Sioux refusent de négocier un autre traité. Alors plutÎt que de respecter le traité de Fort Laramie, le gouvernement déclare que plus aucun Amérindien n'est autorisé à séjourner dans les Black Hills et tente de forcer tous les Dakotas et tous les Lakotas vivant entre les Black Hills et la riviÚre Little Bighorn à revenir dans les limites de la réserve sioux[1].

En , la politique du gouvernement se durcit. Les personnes vivant dans des campement d'hiver hors de la réserve reçoivent l'ordre de se présenter à l'agence fédérale la plus proche avant le , sinon ils seraient considérés comme hostiles et l'armée les pourchasserait[1].

De nombreux Sioux ne se plient pas au nouveau rÚglement. En , la campagne militaire contre les Sioux devient intense. Sitting Bull et Crazy Horse, un Oglala, sont les leaders du groupe refusant la domination américaine.

Le général George Custer.

En juin, comme cela est de coutume chez les Sioux, les Dakotas et les Lakotas se réunissent pour chasser et pour procéder à la cérémonie de la danse du soleil. Au cours de la danse du soleil, Sitting Bull dit avoir eu une vision : de nombreux soldats américains morts et une grande victoire amérindienne[1].

Quelques jours aprÚs la danse du soleil, le , le général George Crook attaque les Sioux et les Cheyennes qui campent le long de la riviÚre Rosebud mais les Amérindiens arrivent à fuir.

Le , George Custer et ses troupes découvrent un grand campement amérindien le long de la rive de Little Bighorn. Custer lance une attaque mais dans cet affrontement terrible de 45 minutes, tous les hommes sous son commandement trouvent la mort. Craignant des représailles aprÚs la bataille de Little Bighorn, le camp amérindien se divise et fuit dans plusieurs directions[1].

Cet évÚnement va amener de nombreux déplacements de militaires dans la réserve et autour. L'armée traque sans relùche Sitting Bull et ses hommes. Ceux-ci traversent la frontiÚre américano-canadienne en [1].

Fin 1876 et dĂ©but 1877, tous les AmĂ©rindiens retournant vivre dans la rĂ©serve doivent remettre leurs armes Ă  feu et leurs chevaux Ă  l'armĂ©e et tous ceux vivant trop loin des agences fĂ©dĂ©rales doivent s'en rapprocher afin d'ĂȘtre mieux surveillĂ©s. Les Sioux sont dĂšs lors confinĂ©s dans la rĂ©serve et sont considĂ©rĂ©s comme des prisonniers de guerre[1].

Perte des Blacks Hills

Traité non respecté

À la fin de l'Ă©tĂ© 1876, le gouvernement des États-Unis essaie de rĂ©cupĂ©rer lĂ©galement les Black Hills. Bien que les AmĂ©rindiens ne soient plus autorisĂ©s Ă  y sĂ©journer, le territoire leur appartient toujours selon le traitĂ© de Fort Laramie de 1868. Seulement, les trois quarts des hommes Sioux doivent approuver ce changement pour qu'il soit effectif. Le gouvernement fĂ©dĂ©ral envoie donc des reprĂ©sentants dans chaque tribu pour expliquer leur proposition et obtenir les signatures nĂ©cessaires. Mais les Sioux ne sont pas disposĂ©s Ă  perdre encore un peu plus de leur territoire[1].

MalgrĂ© l'absence de voix nĂ©cessaire, le CongrĂšs amĂ©ricain ratifie la loi en 1876 et en , s'empare des Black Hills et annule le droit de chasse sur les terres en dehors de la rĂ©serve. Lors de l'audition de l'annexion des Black Hills, Henry Whipple, le prĂ©sident de la commission chargĂ© d'obtenir le consentement des Sioux, dĂ©clare : « Je ne connais aucun autre exemple dans l'histoire oĂč une grande nation a si honteusement violĂ© son serment[1]. »

Une assimilation douloureuse

En 1877, le contrĂŽle des Sioux est dur et inflexible. L'accĂšs aux terrains de chasse est fermement interdit, et sans chevaux ou armes, les AmĂ©rindiens sont contraints d'accepter les rations alimentaires du gouvernement et les distributions de vĂȘtements. Le gouvernement encourage l'autosuffisance en imposant l'agriculture, quelque chose de culturellement nouveau pour les Sioux. La sĂ©cheresse, les sauterelles, et le sol alcalin font qu'il est presque impossible pour les AmĂ©rindiens d'arriver Ă  l'autosuffisance agricole. Les terres indiennes ne sont pas adaptĂ©es pour l'agriculture, alors que la plupart des meilleures terres sont rĂ©servĂ©es aux colons[1].

Pourtant, en 1877, à Standing Rock, les Sioux font des progrÚs vers la « civilisation » (du point de vue du gouvernement Blanc) : ils abandonnent les tipis de peaux pour des cabanes en rondins. Two Bears et John Grass achÚtent une faucheuse. Les missionnaires catholiques ouvrent une école pour les garçons et une école pour les filles[1].

De nombreux Dakotas et Lakotas commencent à penser que l'éducation euro-américaine est bénéfique pour leurs enfants et pour la tribu. Les Amérindiens pensent qu'ils ne pourront plus vivre sans la présence de la culture de l'homme blanc et qu'il est donc important que leurs enfants apprennent l'anglais pour pouvoir communiquer sur un pied d'égalité avec les Blancs. Seulement en parallÚle, cette éducation tend à faire disparaitre leurs langues et les valeurs traditionnelles[1].

Les représentants du gouvernement s'appuient sur un réseau de pensionnats hors de la réserve pour les jeunes Amérindiens. Ces internats sont alors considérés comme la meilleure façon d'éduquer les enfants amérindiens car ils les coupent de leur milieu familial et leur permettent une immersion totale dans la langue anglaise et les valeurs euro-américaines. Beaucoup d'enfants sioux sont placés au Hampton Institute, en Virginie, une des premiÚres écoles nationales d'enseignement supérieur pour des étudiants de couleur, en partie consacrée à l'enseignement agricole[3]. D'autres sont allés à l'école indienne de Carlisle en Pennsylvanie, une école fédérale qui était le prototype des pensionnats amérindiens gérés par le gouvernement. Toutes les écoles, qu'elles soient locales ou distantes, ont pour premier objectif l'assimilation des Amérindiens. L'éducation et l'agriculture sont les clés de la politique fédérale d'assimilation des Amérindiens[1].

Pour parachever sa méthode d'assimilation, le gouvernement publie en 1883 un ensemble de pratiques interdites au sein de la réserve. Les pratiques religieuses traditionnelles y sont particuliÚrement visées. Les Indian Offenses interdisent notamment la danse du soleil, les rites de purification, et bien d'autres rites.

La sĂ©vĂ©ritĂ© du gouvernement s'accentue encore lorsqu'il interdit toute sortie de la rĂ©serve sans autorisation, mĂȘme pour affaires. À Fort Yates, le poste de traite gĂ©rĂ© par le gouvernement est divisĂ© par un mur d'un mĂštre cinquante, avec un cĂŽtĂ© rĂ©servĂ© aux AmĂ©rindiens, et l'autre cĂŽtĂ© aux Blancs[1].

Nouvelle division de la réserve

En 1883, Sitting Bull est de retour aux États-Unis en provenance du Canada. Il est arrĂȘtĂ© et incarcĂ©rĂ© au fort Randall, avant qu'il ne soit retournĂ© Ă  l'agence de Standing Rock en [4].

En 1888, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud (qui n'Ă©taient pas encore des États reconnus) prĂ©parent leur admission dans l'Union. À cet effet, les Dakotans rĂ©clament une rĂ©duction de la rĂ©serve des Sioux. Ces terres indiennes occupent plus de 110 000 mile2 et toute tentative de rĂ©duire la RĂ©serve sioux a Ă©chouĂ© Ă  ce jour. La mĂȘme annĂ©e, des commissions fĂ©dĂ©rales visitent les tribus Sioux dans l'objectif d'obtenir l'approbation des AmĂ©rindiens au projet de loi qui impliquerait l'Ă©clatement de la grande rĂ©serve en plusieurs de plus petite taille. Le gouvernement se trouva face Ă  une forte opposition[4].

En 1889, le Dakota du Nord et le Dakota du Sud réitÚrent leur demande de réduction de la Réserve sioux. Les porte-parole des tribus indiennes, John Grass, Gall et Mad Bear s'opposent une nouvelle fois à ce projet. Sitting Bull, qui n'est pas désigné comme porte-parole officiel, s'y oppose également[4].

Cependant, sous la pression continue du gouvernement et les menaces d'expropriation manu militari, les trois-quarts des voix exigĂ©es furent obtenues. Cela provoqua l'Ă©clatement de la rĂ©serve des Sioux en six zones plus petites (Rosebud, Pine Ridge, Cheyenne River, Standing Rock, Crow Creek (en), Yankton et Santee (en)) et a entraĂźnĂ© la perte de 36 400 miles2 de terres. Ce traitĂ© engagea l'application du Dawes Act (dislocation des terres communes en parcelles privĂ©es attribuĂ©es Ă  chaque AmĂ©rindien) et ouvrit Ă©galement la rĂ©serve aux Blancs[4].

En 1889, les Sioux de toutes les nouvelles réserves sont en mauvaise santé, ont faim, et sont témoins du déclin de leur mode de vie tribal. La signature de la loi sur les Sioux (Sioux Bill en anglais) a accentué les malheurs du peuple Sioux et a causé une division nette entre signataires et non-signataires. Sitting Bull critique ouvertement ceux qui ont signé la loi. Il prédit que le gouvernement ne respectera pas ses promesses et que les Amérindiens qui ont signé regretteront de l'avoir fait. Dans ce contexte, la rumeur de la Ghost Dance se répand parmi les Sioux durant l'été et l'automne 1889[4].

Résistance armée

Ghost Dance et mort de Sitting Bull

Ghost Dance Ă  Pine Ridge.

La Ghost Dance (ou Danse des Esprits) est un mouvement religieux pan-tribal provenant de la vision d'un homme nommé Wovoka. La Ghost Dance repose sur un fondement chrétien adapté aux traditions tribales[5]. Cette nouvelle religion ne fait pas partie des traditions spirituelles des Lakotas ni des Dakotas, mais elle les intéresse tout particuliÚrement car elle promet un nouvel ùge d'or amérindien. Certains Sioux, principalement dans les réserves de Rosebud, de Pine Ridge, de Cheyenne River et de Standing Rock, sont de grands adeptes de la Danse des Esprits[4].

Cette religion n'est pas apprĂ©ciĂ©e des agents des rĂ©serves qui la considĂšrent comme une contestation de la domination blanche sur la culture amĂ©rindienne. Les cĂ©rĂ©monies sont menĂ©es Ă  l'insu des agents car elles sont interdites dans les rĂ©serves. En 1890, l'agent de la rĂ©serve de Standing Rock, le major James McLaughlin, tente de faire arrĂȘter Sitting Bull pour trouble Ă  l'ordre public sous prĂ©texte qu'il participe Ă  ces cĂ©rĂ©monies. En rĂ©alitĂ©, bien que quelques-uns de ses proches ont participĂ© Ă  des Ghost Dances, Sitting Bull n'a jamais pris part Ă  cette cĂ©rĂ©monie. On suggĂšre que le rĂ©el but d'arrĂȘter le chef Hunkpapa viendrait de son refus de participer au Dawes Act et de continuer Ă  vivre de façon traditionnelle[4].

Toujours est-il que son arrestation se termina tragiquement. Sitting Bull résista et trouva la mort dans la bagarre. AprÚs sa mort, son clan se dispersa, rejoignant soit la réserve cheyenne ou bien retrouvant la tribu de Big Foot qui trouvera la mort lui aussi avec 300 hommes, femmes et enfant à Wounded Knee[4].

AprÚs la mort de Sitting Bull et les troubles à Wounded Knee, les Amérindiens de Standing Rock sont découragés. Ils plantent de petits jardins, élÚvent du bétail, et commencent à s'installer sur de petites parcelles de terre individuelles comme le propose le Dawes Act. Seulement, un grand nombre d'affectations officielles n'ont pas été faites jusqu'en 1906[4].

XXe siĂšcle

Poursuite de l'assimilation

Comme toujours, l'agriculture est problématique dans les Grandes Plaines. Les agriculteurs de Standing Rock sont victimes de la sécheresse, des sauterelles et de la pauvreté de la terre. Les enfants continuent à aller dans des pensionnats en dehors des réserves. Les parents qui s'opposent à l'envoi de leurs enfants dans ces pensionnats sont traités durement. Souvent, on leur supprime les approvisionnements de nourriture et les pÚres sont parfois emprisonnés jusqu'à ce qu'ils cÚdent et mettent leurs enfants à l'école. Les enfants envoyés dans les écoles ne peuvent pas voir leurs parents de septembre jusqu'au printemps.

Les pensionnats durcissent leurs mĂ©thodes. La discipline y est stricte, et beaucoup d'enfants meurent de dĂ©pression ou de maladie. Le capitaine Pratt, fondateur de la Carlisle Indian School, le prototype des Ă©coles indiennes fĂ©dĂ©rales, Ă  lui-mĂȘme Ă©crit un jour ces mots restĂ©s dans l'Histoire : « Il n'y a de bon Indien qu'un Indien mort. Laissez-nous par l'Ă©ducation et un patient effort tuer l'Indien et sauver l'homme[4]. »

Citoyenneté

En 1917, lors de l'entrĂ©e en guerre des États-Unis dans la PremiĂšre Guerre mondiale, les Sioux, comme de nombreuses autres tribus amĂ©rindiennes, sont enrĂŽlĂ©s dans les forces armĂ©es. Pourtant la plupart des AmĂ©rindiens ne sont pas reconnus comme citoyens amĂ©ricains. Cet Ă©vĂ©nement va crĂ©er un nouveau sentiment de fiertĂ© de la part des AmĂ©rindiens. Lorsque les soldats rentrent chez eux, leur peuple les accueille comme des guerriers traditionnels et chaque communautĂ© honore ses hommes avec des danses de victoire et des chansons. En outre, les communautĂ©s amĂ©rindiennes ont appuyĂ© l'effort de guerre par l'achat d'obligations et des dons Ă  la Croix-Rouge. En 1919, en reconnaissance pour les services rendus lors de la PremiĂšre Guerre mondiale, tous les AmĂ©rindiens qui ont servi dans les forces armĂ©es obtiennent la citoyennetĂ© amĂ©ricaine. En 1924, tous les AmĂ©rindiens restants sont Ă©galement faits citoyens[4].

Dans les annĂ©es 1920, un certain nombre de Dakotas et de Lakotas Ă©lĂšvent du bĂ©tail, mais en raison de problĂšmes avec la subdivision des allocations en cas de dĂ©cĂšs de l'allocataire d'origine, de nombreux hĂ©ritiers ont Ă©tĂ© obligĂ©s de louer leurs petites exploitations aux Ă©leveurs locaux. À la fin des annĂ©es 1920, les terres des rĂ©serves sioux sont dangereusement surexploitĂ©es. Une grave sĂ©cheresse cause une mauvaise rĂ©colte gĂ©nĂ©rale. L'Ă©levage est anĂ©anti et la terre est sĂ©vĂšrement Ă©rodĂ©e. Les terres autrefois luxuriantes et abondantes des plaines, aprĂšs 50 ans de gestion fĂ©dĂ©rale, sont arides et dĂ©solĂ©es. La Grande DĂ©pression force certains Sioux Ă  vendre leurs parcelles pour survivre, et beaucoup sont Ă  nouveau contraint d'accepter des rations ou de mourir de faim[4].

Indian Reorganization Act

Dans les années 1930, le New Deal du président Franklin D. Roosevelt, avec ses programmes de travaux publics et des projets de conservation est étendu aux réserves indiennes. Pour les Sioux, ce programme permet la survie du peuple sur son territoire. De nombreux projets de travaux publics sont entrepris sur la réserve. Entre 1933 et 1936, l'Indian Civil Conservation Corps creuse des puits, plante des clÎtures, plante des jardins, construit des routes, et établit un programme communautaire d'élevage. Toutefois, le Bureau des affaires indiennes contrÎle les ventes et de nombreuses familles perdent de l'argent puisque les bovins sont vendus en dessous de leur valeur marchande.

MalgrĂ© tout, l'Ă©tat d'esprit change. En 1934, le Commissaire aux affaires indiennes, John Collier, propose de modifier la façon dont le gouvernement amĂ©ricain traite les tribus amĂ©rindiennes Ă  travers le Indian Reorganization Act (IRA). Entre autres, Collier propose la reconnaissance formelle des conseils tribaux prĂ©sents sur les rĂ©serves. Les tribus ont le choix de se rĂ©organiser sous une forme de gouvernement qui, au moins en thĂ©orie, donne aux tribus une plus grande autonomie. Malheureusement, la plupart des articles de l'IRA ont Ă©tĂ© rĂ©digĂ©s Ă  Washington sans avoir Ă©tĂ© prĂ©sentĂ©s auparavant aux tribus. L'IRA imite plus la forme de gouvernance des comtĂ©s amĂ©ricains que la vĂ©ritable façon de gouverner des AmĂ©rindiens. Dans l'IRA, le principe de majoritĂ© remplace le consensus qui est la façon dont les Dakotas et les Lakotas prennent leurs dĂ©cisions. En plus le Bureau des affaires indiennes se rĂ©serve le droit d'approuver ou de dĂ©sapprouver toutes les dĂ©cisions prises par les conseils tribaux. Pour encourager l'acceptation de ce modĂšle, le gouvernement a accordĂ© des prĂȘts renouvelables aux tribus signataires.

En pensant que l'IRA limiterait la souveraineté de la tribu, les Sioux de Standing Rock n'ont pas choisi de réorganiser leur systÚme de gouvernance. En 1914, le conseil tribal a adopté une forme de gouvernement constitutionnel qui a plus d'autorité au niveau local que ne peut leur offrir l'IRA. Au fil du temps, les Sioux de Standing Rock ont révisé leur constitution. Aujourd'hui la réserve est régie par un conseil tribal élu par les huit districts qui la composent.

En 1948, le Corps du gĂ©nie de l'armĂ©e des États-Unis commence la construction du barrage d'Oahe. MalgrĂ© l'opposition intense du conseil tribal Sioux de Standing Rock, 650 m2 de pĂąturages et de terres agricoles ont Ă©tĂ© inondĂ©es, et 25 % de la population de la rĂ©serve a Ă©tĂ© forcĂ©e de se dĂ©placer vers d'autres parties du territoire. L'impact sur la rĂ©serve a Ă©tĂ© significatif tant en termes Ă©conomiques que psychologiques.

Époque contemporaine

Renouveau

Bureau administratif de Standing Rock.

Depuis 1996 et le passage de la loi publique 93-638 sur l'auto-dĂ©termination des AmĂ©rindiens et l'assistance Ă  l'Ă©ducation, les gouvernements tribaux ont Ă©tĂ© autorisĂ©s par le gouvernement fĂ©dĂ©ral Ă  assumer un plus grand contrĂŽle dans la gestion de leurs rĂ©serves et le Bureau des affaires indiennes assure un rĂŽle plus consultatif qu'avant. Avec la loi sur l'autodĂ©termination, les tribus peuvent emprunter pour crĂ©er des programmes et des services qui Ă©taient auparavant gĂ©rĂ©s par le Bureau des affaires indiennes. À Standing Rock, la tribu a pris le contrĂŽle sur de nombreuses opĂ©rations, y compris dans les secteurs des services sociaux, de l'enseignement supĂ©rieur et des programmes de gestion des terres.

La tribu sioux de Standing Rock cherche Ă  assumer progressivement la gestion de la plupart des programmes de la rĂ©serve, y compris les Ă©coles. La tribu rĂ©flĂ©chit Ă©galement Ă  un plus grande dĂ©veloppement Ă©conomique de la rĂ©serve. Les programmes tribaux qui reflĂštent les besoins et les prĂ©occupations locales ne sont plus en conflit avec les valeurs culturelles traditionnelles des Dakotas et des Lakotas comme ont pu l'ĂȘtre par le passĂ© les directives gouvernementales.

DĂ©mographie

Population de Standing Rock, du Dakota du Nord et Dakota du Sud[6]
Années Standing Rock Dakota du Nord Dakota du Sud
Population Taux de
croissance
Population Taux de
croissance
Population Taux de
croissance
1900319 146401 570
19102 929577 05680,8 %583 88845,4 %
192010 557260,4 %646 87212,1 %636 5479 %
193014 22234,7 %680 8455,3 %692 8498,8 %
194011 174−21,4 %641 935−5,7 %642 961−7,2 %
19509 864−11,7 %619 636−3,5 %652 740−1,5 %
19609 460−4,1 %632 4462,1 %680 5144,3 %
19708 626−8,8 %617 761−2,3 %665 507−2,2 %
19808 8162,2 %652 7175,7 %690 7683,8 %
19907 956−9,8 %638 800−2,1 %696 0040,8 %
20008 2253,4 %642 2000,5 %754 8448,5 %
20028 5083,4 %634 110−13 %761 0830,8 %

Liens externes

Notes et références

  1. (en) « Establishment of the Great Sioux Reservation », sur ndstudies.gov (consulté le ).
  2. (en) « Fort Laramie Treaty, 1868 », sur pbs.org, (consulté le ).
  3. (en) « History », sur hamptonu.edu (consulté le ).
  4. (en) « Breakup of the Great Sioux Reservation », .
  5. Anne Garrait-Bourrier, SpiritualitĂ© et fois amĂ©rindiennes : rĂ©surgence d’une identitĂ© perdue, Cercles, vol. 15, (lire en ligne), p. 73.
  6. (en) « Statistics », sur standingrock.org (consulté le )
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