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Grand Escarpement africain

Le Grand Escarpement est une formation géologique majeure de l'Afrique ; il s'agit des pentes raides, formant des falaises, du plateau central d'Afrique australe[1] dominant les régions inférieures, baignées par les océans, qui ceinturent l'Afrique du Sud sur trois côtés[2] - [3]. Il est situé pour sa plus grande partie en Afrique du Sud ; il s'étend, à l'est, en direction du nord et forme la frontière entre le Mozambique et le Zimbabwe ; puis, au-delà de la vallée du Zambèze, il atteint la Zambie[4] - [5]. À l'ouest, il est orienté vers le nord, s'étendant jusqu'à la Namibie[7] et l'Angola[4].

Carte de l'Afrique du Sud, montrant le plateau central bordĂ© par le Grand Escarpement et la ceinture plissĂ©e du Cap au sud. Le tracĂ© en rouge correspond au Drakensberg. Ă€ l'endroit oĂą le Grand Escarpement forme la frontière entre le KwaZulu-Natal et le Lesotho, il atteint sa plus grande Ă©lĂ©vation, Ă  plus de 3 000 m.
À l'aide de la carte, le Grand Escarpement est aisément identifiable sur la vue satellitaire de l'Afrique du Sud.
  • carte gĂ©ologique montrant le plateau central d'Afrique australe avec ses bords formant le Grand Escarpement
  • Vue satellite de l'Afrique du Sud

Il porte différents noms selon les endroits, le plus connu étant le Drakensberg en Afrique du Sud ; en Angola, il correspond à la serra da Chela, en Namibie au Scharzrand et aux bordures des hautes-terres du Khomas, en Zambie, à l'escarpement de Muchinga dans l'est du pays.

Origines géologiques

Coupe géologique SO-NE de l'Afrique du Sud. La péninsule du Cap et la montagne de la Table sont à gauche, la partie droite correspond au nord-est du KwaZulu-Natal. Le schéma, qui n'est pas à l'échelle, montre les structures géologiques principales. Cf. Supergroupe du Karoo et Ceinture plissée du Cap.

Il y a environ 180 millions d'annĂ©es (Ma), un panache au-dessous du sud du Gondwana provoque un affaissement de la croĂ»te continentale dans la rĂ©gion qui deviendra l'Afrique australe[2]. Durant les 10 Ă  20 millions d'annĂ©es qui suivent, des vallĂ©es de faille se crĂ©ent autour du soulèvement central ; elles sont inondĂ©es et forment le proto-ocĂ©an Atlantique et le proto-ocĂ©an Indien[2] - [3]. Les parois abruptes de ces vallĂ©es forment des falaises (ou escarpements) qui entourent le nouveau sous-continent d'Afrique australe[2].

Avec l'Ă©largissement des ocĂ©ans Austral, Atlantique et Indien, l'Afrique australe devient « calme Â». Il n'y a pas d'activitĂ© orogĂ©nique ou volcanique durant environ 50 millions d'annĂ©es[8]. Cela entraĂ®ne une pĂ©riode d'Ă©rosion presque ininterrompue, qui se poursuit jusqu'Ă  aujourd'hui, laquelle enlève une couche de plusieurs kilomètres d'Ă©paisseur Ă  la surface du plateau[2]. Une Ă©paisse couche de sĂ©diments marins a cependant Ă©tĂ© dĂ©posĂ©e sur le plateau continental, dans la partie basse des vallĂ©es d'origine[3].

Durant les 20 derniers millions d'annĂ©es, l'Afrique australe connaĂ®t un Ă©pisode de soulèvement massif, particulièrement Ă  l'est, de sorte que le plateau, malgrĂ© son Ă©rosion intense, se situe en moyenne Ă  plus de 1 000 m d'altitude ; il est inclinĂ©, son niveau le plus haut se situe Ă  l'est et il descend en pente douce vers l'ouest et le sud. Ainsi, l'altitude des bords orientaux du plateau est-elle supĂ©rieure Ă  2 000 m. Il atteint son plus haut, supĂ©rieur Ă  3 000 m, lĂ  oĂą l'escarpement forme la frontière entre le Lesotho et le KwaZulu-Natal[1] - [2].

Ce soulèvement fait que l'escarpement d'origine se dĂ©place, par Ă©rosion, vers l'intĂ©rieur des terres (globalement vers le nord) jusqu'Ă  sa position d'aujourd'hui, crĂ©ant l'actuelle plaine cĂ´tière[2] - [9] - [10]. Sa position est actuellement 150 km plus Ă  l'intĂ©rieur des terres par rapport aux lignes de faille qui se sont créées le long de la ligne cĂ´tière durant la fracturation du Gondwana. Le taux d'Ă©rosion de l'escarpement, dans la rĂ©gion du Drakensberg, est en moyenne de 1,5 m tous les 1 000 ans (1,5 mm/an)[10].

Du fait de son Ă©rosion intense durant presque tout le CĂ©nozoĂŻque et le MĂ©sozoĂŻque, aucune roche de surface du plateau (Ă  l'exception des sables du Kalahari) n'a plus de 180 millions d'annĂ©es[2] - [11]. Les roches les plus anciennes sont celles qui surmontent le plateau au Lesotho, appartenant Ă  la formation de Clarens, créée dans des conditions dĂ©sertiques il y a 200 Ma. Les roches de la formation de Clarens sont elles-mĂŞmes recouvertes par celles ayant donnĂ© naissance aux monts Lebombo, une couche de lave de 1,6 km d'Ă©paisseur, qui s'est Ă©panchĂ©e il y a 180 Ma et a couvert une large partie du Gondwana dont presque toute la zone correspondant Ă  l'actuelle Afrique australe[2] - [3] - [12]. Ces roches forment les pentes Ă©tagĂ©es du Grand Escarpement dans cette rĂ©gion, oĂą il dĂ©passe l'altitude de 3 000 m.

Le retrait de l'escarpement par rapport Ă  sa position d'origine fait que les roches exposĂ©es de la plaine cĂ´tière sont, presque sans exception, plus anciennes que les roches qui recouvrent l'escarpement adjacent. Ainsi, les roches qu'on trouve au pied du Grand Escarpement dans le lowveld du Mpumalanga ont-elles plus de 300 Ma[11]. Au sud et au sud-ouest, les vallĂ©es de faille formĂ©es durant la fracturation du Gondwana courent approximativement le long de la ligne cĂ´tière actuelle[2]. La vallĂ©e au sud du continent qui sĂ©parait la pointe sud de l'Afrique du plateau des Falklands a Ă©tĂ© repoussĂ©e, formant une chaĂ®ne montagneuse massive comparable Ă  l'Himalaya, il y a 290 Ă  300 Ma[2] - [3] - [13]. Les sĂ©diments provenant de l'Ă©rosion des montagnes du Gondwana ont recouvert la ceinture plissĂ©e du Cap, formant, Ă  l'intĂ©rieur du supergroupe du Karoo, le groupe de Beaufort[2] - [13]. Alors que l'escarpement s'Ă©rode et recule vers l'intĂ©rieur des terres, les montagnes de la ceinture plissĂ©e du Cap, formĂ©es il y a 150 Ma, sont progressivement de nouveau exposĂ©es. ComposĂ©es de grès quartzitique rĂ©sistant Ă  l'Ă©rosion, elles Ă©mergent du paysage Ă©rodĂ©, formant des chaĂ®nes parallèles qui dĂ©passent au sud et au sud-ouest de la plaine cĂ´tière du Cap [2].

Sa partie orientale, le Drakensberg, court au nord jusqu'Ă  Tzaneen, au 22e degrĂ© de latitude sud environ, point Ă  partir duquel il s'oriente vers l'ouest et Potgietersrus, oĂą on l'appelle Strydpoort Mountains[1] - [14]. Le Grand Escarpement n'est plus visible pendant 450 km au nord de Tzaneen avant de rĂ©apparaĂ®tre Ă  la frontière du Zimbawe et du Mozambique, dans les hautes-terres près de Chimanimani ; ce hiatus est dĂ» Ă  un « aulacogène Â» (un rift « avortĂ© Â») oriental de la faille principale ayant causĂ© les dĂ©buts de l'Ă©loignement de l'Antarctique et de l'Afrique du Sud actuels au moment de la dislocation du Gondwana il y a 150 Ma. Le Limpopo et le SavĂ© se jettent dans l'ocĂ©an Indien en empruntant ce qui reste de cette vallĂ©e de rift, qui fait partie du lowveld sud-africain[9].

Paysages

ReprĂ©sentation stylisĂ©e du Grand Escarpement dans la zone du Grand Karoo oĂą les sills de dolĂ©rite, rĂ©sistant Ă  l'Ă©rosion (lignes Ă©paisses), forment la partie supĂ©rieure de l'escarpement, qui prĂ©sente des rebords abrupts. On voit aussi des « Ă®les Â», restes du plateau ancien Ă©rodĂ©. Ă€ d'autres endroits, ce sont les couches dures qui forment un paysage similaire[9].

La partie orientale du Grand Escarpement, en Afrique du Sud, est nommĂ©e Drakensberg[1] - [4], ce qui signifie « montagnes du dragon Â», en raison de son apparence « rugueuse Â» faite de sommets proĂ©minents et de pentes Ă©tagĂ©es et abruptes. La partie du Drakensberg qui se situe au Limpopo, au Mpumalanga et au Lesotho prĂ©sente une surface sommitale rĂ©sistante Ă  l'Ă©rosion. La partie se trouvant au KwaZulu-Natal et dans l'État-Libre, faite d'un matĂ©riau plus tendre, prĂ©sente des reliefs plus arrondis. Le sommet de l'escarpement, y compris au Lesotho, est plat et lisse. Les montagnes du Lesotho ont Ă©tĂ© façonnĂ©es par des goulets créés par l'Ă©rosion, qui se sont transformĂ©s en vallĂ©es profondes oĂą coulent les affluents du fleuve Orange. Ces vallĂ©es sont très nombreuses et donnent aux hautes-terres du Lesotho un aspect « hĂ©rissĂ© Â», vu du ciel ou du sol.

Au sud du plateau central, des sills de dolĂ©rite, durs, rĂ©sistants Ă  l'Ă©rosion, constituent la majeure partie du bord supĂ©rieur de l'escarpement, mais, lorsque les sills sont plus minces ou absents, comme dans le Drakensberg entre le KwaZulu-Natal et l'État-Libre, il est composĂ© de roches plus tendres, âgĂ©es de 250 Ă  300 Ma[11]. Cela fait que les reliefs sont plus arrondis ou ont Ă©tĂ© tellement Ă©rodĂ©s qu'ils n'apparaissent plus ; c'est le cas, par exemple, le long de la RN 1 entre Beaufort West et Three Sisters (en) ainsi que lĂ  oĂą le fleuve Orange a créé une large vallĂ©e avant de se jeter dans l'ocĂ©an Atlantique. Cependant, pour sa plus grande partie, il prĂ©sente des crĂŞtes de 400 Ă  800 m que les routes de l'intĂ©rieur doivent franchir, parfois en empruntant des passes sinueuses Ă  forte dĂ©clivitĂ© telles celles de Burke, Vanrhyns, Bloukrans, Gannaga, Ouberg, Verlatekloof, Teekloof, Molteno, Goliatskraal, Daggaboersnek, Katberg, Nico Malan et Barkly.

  • Une vue depuis le sommet du Grand Escarpement près de Beaufort West, en regardant vers le sud, surplombant les plaines du bas-Karoo. On voit les restes du plateau ancien et les sills de dolĂ©rite qui surmontent, au loin, les sommets, donnant les structures caractĂ©ristiques Ă  sommets plats.
    Une vue depuis le sommet du Grand Escarpement près de Beaufort West, en regardant vers le sud, surplombant les plaines du bas-Karoo. On voit les restes du plateau ancien et les sills de dolérite qui surmontent, au loin, les sommets, donnant les structures caractéristiques à sommets plats.
  • Une vue du Drakensberg au Mpumalanga, depuis God's Window, près de Graskop, en direction du sud. Les couches rĂ©sistantes Ă  l'Ă©rosion qui forment le sommet des pentes sont, Ă  cet endroit, constituĂ©es de quartzite appartenant Ă  la formation du Black Reef, qui forme aussi la chaĂ®ne du Magaliesberg près de Pretoria,.
    Une vue du Drakensberg au Mpumalanga, depuis God's Window, près de Graskop, en direction du sud. Les couches résistantes à l'érosion qui forment le sommet des pentes sont, à cet endroit, constituées de quartzite appartenant à la formation du Black Reef, qui forme aussi la chaîne du Magaliesberg près de Pretoria[2] - [10].
  • L'« Amphithéâtre Â» Ă  la frontière du KwaZulu-Natal et du Lesotho. Ici, les sommets sont faits de laves basaltiques Ă©panchĂ©es Ă  la surface, alors que les sills de dolĂ©rite rĂ©sultent d'intrusions entre les couches antĂ©rieures. Les laves du Drakensberg ont couvert l'Afrique australe il y a 180 Ma. Elles font 1 400 m d'Ă©paisseur, tandis que les dolĂ©rites font typiquement 20 Ă  50 m d'Ă©paisseur dans la partie orientĂ©e est-ouest du sud de l'escarpement.
    L'« Amphithéâtre Â» Ă  la frontière du KwaZulu-Natal et du Lesotho. Ici, les sommets sont faits de laves basaltiques Ă©panchĂ©es Ă  la surface, alors que les sills de dolĂ©rite rĂ©sultent d'intrusions entre les couches antĂ©rieures. Les laves du Drakensberg ont couvert l'Afrique australe il y a 180 Ma. Elles font 1 400 m d'Ă©paisseur, tandis que les dolĂ©rites font typiquement 20 Ă  50 m d'Ă©paisseur dans la partie orientĂ©e est-ouest du sud de l'escarpement.


Références


  1. (en) Atlas of Southern Africa, Le Cap, Readers Digest Association, , p. 13
  2. (en) T. McCarthy et B. Rubidge, The Story of Earth and Life, Le Cap, Struik Publishers, , p. 16–17 ,192–195, 202–205, 245–248, 263, 267–269.
  3. (en) J.F. Truswell, The Geological Evolution of South Africa, Le Cap, Purnell, , p. 151–153, 157–159, 184–188, 190.
  4. (en) The Times comprehensive atlas of the world, Londres, Times Books Group, , p. 88–90.
  5. (en) « Great Escarpment », Encyclopædia Britannica (consulté le ).
  6. (en) « Africa: Namibia », WWF
  7. En Namibie, il correspond à l'écorégion des Forêts claires de la savane namibienne[6].
  8. (en) Encyclopædia Britannica, Macropaedia, vol. 17, , p. 60.
  9. (en) T.S. McCarthy, « The Okavango delta and its place in the geomorphological evolution of Southern Africa », South African Journal of Geology, no 116,‎ , p. 1–54.
  10. (en) N. Norman et G. Whitfield, Geological Journeys, Le Cap, Struik Publishers, , p. 290-300.
  11. (en) Geological map of South Africa, Lesotho and Swaziland, Council for Geoscience, Geological Survey of South Africa, .
  12. (en) August Sycholt et Roxanne Reid (éd.), A Guide to the Drakensberg, Le Cap, Struik Publishers, (ISBN 1-86872-593-6), p. 9.
  13. (en) A.J. Tankard, M.P.A. Jackson, K.A. Eriksson, D.K. Hobday, D.R. Hunter et W.E.L. Minter, Crustal Evolution of Southern Africa, New York, Springer-Verlag, , p. 352-364, 407.
  14. (en) Encyclopædia Britannica, Micropaedia, vol. III, , p. 655.

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