Grès de plage
Un grès de plage (en anglais beach-rock) est une roche sédimentaire qui se forme dans la zone littorale, par cimentation rapide du sable ou des débris coquillers ou coralliens sur une plage, parallèlement au rivage, au niveau de la zone de déferlement des vagues ou de balancement des marées. Ce sédiment de plage consolidé, en dalles plus ou moins épaisses, se rencontre fréquemment dans les mers coralliennes. Il s'agit d'un phénomène contemporain qui avait été noté par Charles Darwin.
Les mots grès de plage, beach-rock, beachrock ou sandstone appartiennent au vocabulaire de la géomorphologie littorale et font l'objet de très nombreuses études spécialisées. Les géomorphologues les considèrent comme des formations superficielles.
La diagénèse
Par diagenèse, le sable corallien et les débris, souvent d'origine biologique, se cimentent plus ou moins solidement. L'eau de mer, à marée haute, chargée en hydrogénocarbonates dissous, apporte le liant qui cimente le grès ; lorsque l'eau s'évapore, à marée basse, l'hydrogénocarbonate de calcium se dépose sur les grains de sable sous forme de carbonate de calcium solide[1] et les agglomère ainsi. Le premier stade de la formation peut également dépendre de cyanobactéries. L'espace favorable à cette formation correspond à la zone intertidale.
Il existe également des grès de plage à ciment ferrugineux.
Outre pour les géomorphologues qui étudient les variations du niveau de la mer, le grès de plage peut intéresser les archéologues de l'histoire contemporaine, car il incorpore souvent et fossilise des produits (artefacts) de la civilisation, des éléments récents. Par exemple sur certaines îles du Pacifique, des armes et des munitions de la Seconde Guerre mondiale sont inclus dans du grès de plage là où se sont déroulés les combats.
La morphologie des grès de plage
Les grès de plage se présentent en bancs parallèles au rivage avec un faible pendage vers la mer, au niveau de la zone de balancement des marées. Ces bancs sont en général lités et les couches constituées d'éléments de granulométries différentes.
Les grès de plage se forment donc actuellement mais il en existe de plus anciens, durant tout l'Holocène, au Pléistocène ainsi qu'au Lutétien. Ainsi, les dalles de grès issues de dépôts sédimentaires marins d'âge holocène peuvent caractériser d'anciennes lignes de rivage et se trouver à des altitude différentes. Par exemple à Clipperton (Pacifique Nord), on a repéré trois niveaux de grès de plage.
Dans certains secteurs, elles peuvent également atténuer l'énergie des vagues et avoir un rôle dans la dynamique côtière.
Notes et références
- Philippe Mairine : Comment les sédiments se transforment-ils en roches ?
Voir aussi
Bibliographie
- André Guilcher, 1961 - Le « beach-rock » ou grès de plage, in : Annales de géographie, 70, 378 : 113-125 : Le « beach-rock » ou grès de plage sur le site Persée
- Paul Bernier, Jacques Bonvallot, Rémi Dalongeville, Able Prieur, 1990 - Le beach-rock de Temae (Ile de Moorea - Polynésie française). Signification géomorphologique et processus diagénétiques. Zeitschrift für Geomorphologie N.F. Bd. 34, Heft 4, 435-450.
- Neumeier U., 1998 - The role of microbial activity in early cementation of beachrocks (intertidal sediments). PhD Thesis, Université de Genève, Terre et Environnement, 12
- Hanor J.S., 1978 - Precipitation of beachrock cements: mixing of marine and meteoric waters vs. CO2 degassing. Journal of Sedimentary Petrology, 48
- Scoffin T.P. & Stoddart D.R., 1983 - Beachrock and intertidal sediments, Chemical Sediments and Geomorphology. Academic Press, Inc.
- Schmalz R.F., 1971- Formation of beachrock at Eniwetok Atoll. Johns Hopkins Press (eds), Baltimore
- Desruelles S., 2004 - Fiche 24. Le paysage à l'échelle microscopique : le beachrock de Mykonos. In D. Mercier (Ed.), Le commentaire de paysages en géographie physique.Ed. A. Colin, Paris : 110-113
- Ott d'Estevou P., Barrier P., Romaneck C. Maille T. 2014 - Mise en évidence d'un "beachrock" dans le Lutétien Inférieur de Chaumont-en-Vexin (Sud-Ouest de l'Oise).Bull. des Géologues du Bassin de Paris, vol 51 n°1 , pp 3-14.