Accueil🇫🇷Chercher

Gilbert Turck

Gilbert Charles Georges Turck, né le au Frestoy-Vaux (Oise) et mort le à Paris, fut, pendant la Seconde Guerre mondiale, un agent français du service secret britannique Special Operations Executive.

Gilbert Turck
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités

Biographie

Premières années

Gilbert Charles Georges Turck naît le au Frestoy-Vaux (Oise). Son père est maire du village et sa mère, née de Laversay, est poète.

Il est élève au lycée Saint-Louis à Paris, puis fait des études d’architecture.

Seconde Guerre mondiale

Lorsque la guerre commence, il travaille aux Chemins-de-fer. Appelé sous les drapeaux, il est affecté dans une unité du deuxième bureau et assure la liaison avec la section D de l’Intelligence Service, qui va devenir l’un des éléments constitutifs du SOE. Aux derniers moments des hostilités, il rejoint l’Angleterre, où il est aussitôt recruté par le SOE sous l’identité de Tunmer.

Mission

Définition de la mission : il est opérateur radio de la mission FAÇADE, aux côtés de Jacques Vaillant de Guélis.

Dans la nuit du 6 au , les deux hommes sont parachutĂ©s Ă  l'aveugle près de Saint-DĂ©sirĂ© (Allier), Ă  25 km au NO de Montluçon. Le saut de Gilbert Turck se passe mal : en sautant, il heurte l’aile de l’avion et perd connaissance. DĂ©couvert par des paysans, il est remis Ă  la gendarmerie, laquelle le transfère au DĂ©partement militaire de l’Allier. InterrogĂ© par des policiers dans une caserne de Montluçon, Gilbert Turck dĂ©clare : avoir Ă©tĂ© entraĂ®nĂ© au camp de Penritt, près de Londres ; avoir soudoyĂ© un pilote de la RAF pour se faire ramener en France, oĂą il aspirait Ă  y mener une vie normale ; le dans la soirĂ©e, avoir pris place Ă  bord d’un avion anglais qui venait jeter des tracts de propagande en France ; avoir Ă©tĂ© parachutĂ© dans la rĂ©gion de Montluçon ; avoir eu l’intention de se rendre le plus vite possible Ă  Marseille auprès du commandant Brochu pour lui rendre compte de sa mission ; que la carte d’identitĂ© au nom de Tambon lui a Ă©tĂ© remise en Angleterre par le major Longmore. Son rĂ©cit paraissant assez convaincant, Gilbert Turck est relâchĂ©[1]. Il part Ă  Marseille, oĂą il s’installe Ă  la Villa des Bois et commence son travail.

En , revenant d’un voyage exploratoire en zone occupée, il apprend qu’il est recherché. Il hésite un moment, pensant essayer de retourner à Londres par l’Espagne et décide finalement de s’installer à Paris. Devenu Georges Delanoë, il monte une sorte d’école de sabotage et il achète la petite société de transport Loisel qui lui sert de couverture et lui permet de faire passer, régulièrement, hommes et matériel de la zone occupée à la zone libre et réciproquement. Son père lui fournit cartes de rationnement et faux papiers, auxquels sa fonction de maire lui donne accès. Sa fiancée Solange Crista en est la gérante.

Dès le printemps 1942, Turck/Delanoë a des antennes en Bretagne, vers Lyon et Marseille ; mais déjà de premières arrestations touchent son organisation. Lui-même est arrêté le au café des Deux Magots, à Saint-Germain-des-Prés. Sa fiancée est également arrêtée. Mais les Allemands ne découvrent pas les explosifs stockés dans un fauteuil sur l’un des paliers de l’escalier de l’immeuble qu’elle habite. Ni elle ni lui ne disent quoi que ce soit, et il apparaît rapidement que les Allemands ne savent pas grand-chose de leurs activités. Gilbert Turck est interné à Fresnes. Le , il tente de s’évader, franchit trois des murs qui le séparent de l’extérieur, mais est finalement repris.

Le , il est transfĂ©rĂ© au camp de Royallieu, près de Compiègne, oĂą il est sĂ©vèrement battu après s’être interposĂ© pour dĂ©fendre un SĂ©nĂ©galais malmenĂ© par quatre Allemands. Il est dĂ©portĂ© Ă  Buchenwald par le train du sous le numĂ©ro 44 434. LĂ , il essaye de nouveau de s’évader, ce qui lui vaut d’être exposĂ©, nu, au froid glacial, pendant trois jours, puis d’être transfĂ©rĂ© Ă  Dora, oĂą il contracte une pneumonie. Le mĂ©decin du camp qui l’examine, apprenant qu’il est architecte, obtient qu’il soit nommĂ© architecte du camp en remplacement de celui qui vient d’être mutĂ©. Grâce Ă  cela, Turck survit jusqu’à l’évacuation du camp et une marche vers Bergen-Belsen, oĂą les troupes britanniques le libèrent, enfin, le .

Après la guerre

Il rentre au Royaume-Uni.

En , il passe dans les services français. Démobilisé, il reprend son métier d’architecte.

Jean Pierre-Bloch, Georges Bégué, Jean Le Harivel et Robert Lyon demandent l'ouverture d'une enquête, pour déterminer son rôle dans certaines arrestations qui ont eu lieu à Marseille. En 1946, Roger Wybot, devenu directeur de la Surveillance du Territoire établit un rapport[2] qui le met hors de cause. Gilbert Turck et son principal accusateur, Georges Bégué, sont entendus par un jury d'honneur, constitué à Londres le , qui conclut « que ceux qui avaient accusé Turck l'avaient fait honnêtement et de bonne foi », mais qu'il n'y avait lieu de suspecter ni sa loyauté ni son honneur.

Il occupe ses loisirs à la restauration du château du Frestoy-Vaux. Comme son père, il devient maire du village.

Il meurt le Ă  l'HĂ´tel des Invalides (Paris)[3].

Reconnaissance

Distinctions

Identités

  • État civil : Gilbert Charles Georges Turck
  • SOE :
    • Enregistrement : George Christopher Tunmer, Canadien
    • Nom de guerre : Christophe
    • Nom de code opĂ©rationnel : LEVÉE
    • Fausse identitĂ© : GĂ©rard Émile Tambon, architecte, nĂ© le Ă  Paris, domiciliĂ© 52, rue de la Convention, Paris XVe.
    • Autre pseudo : Crista (c’est le nom de sa fiancĂ©e).
  • Couverture Ă  Paris en 1942 : Georges DelanoĂ«, transporteur routier.

Situation militaire :

  • British army ; grade : captain ; general list, matricule 191813.
  • SOE, section F

Notes

  1. Les motifs sont les suivants :
    • Le commandant Brochu, prĂ©venu du retour de Turck en France, se porte absolument garant du loyalisme de celui-ci.
    • Le 11 aoĂ»t, le colonel Rivet, de l’état-major de l’armĂ©e, se prĂ©sente au ContrĂ´le GĂ©nĂ©ral de la Surveillance du Territoire, Ă  Vichy, pour demander que le lieutenant Turck, alias Tambon, ne soit pas considĂ©rĂ© comme un agent Ă©tranger, ni par consĂ©quent inquiĂ©tĂ© comme tel. Son rĂ©cit confirme celui de Turck et le dĂ©douane. Voici le rĂ©cit du colonel Rivet, tel que rapportĂ© dans les rapports : Le lieutenant Turck a bien Ă©tĂ© envoyĂ©, après le Service, en mission en Angleterre, le , avant la signature de l’Armistice, pour y Ă©tablir une liaison avec l’Intelligence Service, spĂ©cifiant que cet officier s’intĂ©ressait plus particulièrement aux procĂ©dĂ©s de destruction (sabotages). En octobre 1940, en raison de la tournure des Ă©vĂ©nements, Turck avait rompu tout contact avec l’Intelligence Service et aurait vĂ©cu d’expĂ©dients. En juin 1941, fermement dĂ©cidĂ© Ă  rentrer en France, Turck aurait repris contact avec l’Intelligence Service, probablement en lui faisant de fallacieuses promesses. Uniquement pour arriver Ă  rentrer en France.
    • L’enquĂŞte effectuĂ©e par la suite permet de savoir que la carte d’identitĂ© au nom de Tambon a Ă©tĂ© Ă©tablie Ă  Marseille, Ă  la demande du Service de Renseignements (Aviation), par un commissaire du service, Ă  Marseille, fin fĂ©vrier 1941.
  2. SN/STE N° D. 5682 64 500/R du 12 avril 1946.
  3. Figaro, 13 et 14 décembre 2012.

Sources et liens externes

  • Ressource relative aux beaux-arts :
  • Fiche Gilbert Turck : voir les sites
  • Michael R. D. Foot, Des Anglais dans la RĂ©sistance. Le Service Secret Britannique d'Action (SOE) en France 1940-1944, annot. Jean-Louis CrĂ©mieux-Brilhac, Tallandier, 2008, (ISBN 978-2-84734-329-8). Traduction en français par Rachel Bouyssou de (en) SOE in France. An account of the Work of the British Special Operations Executive in France, 1940-1944, London, Her Majesty's Stationery Office, 1966, 1968 ; Whitehall History Publishing, in association with Frank Cass, 2004.
    Ce livre présente la version officielle britannique de l’histoire du SOE en France. Une référence essentielle sur le sujet du SOE en France.
  • Maurice Nicault, RĂ©sistance et LibĂ©ration de l'Indre. Les insurgĂ©s, coll. passĂ© simple, Royer, 2003, (ISBN 2-908670-85-2).
  • Lt. Col. E.G. Boxshall, Chronology of SOE operations with the resistance in France during world war II, 1960, document dactylographiĂ© (exemplaire en provenance de la bibliothèque de Pearl Witherington-Cornioley, consultable Ă  la bibliothèque de Valençay). Voir sheet 0, FIRST STEPS BY SOE TO START OPERATIONS IN FRANCE.
  • Libre RĂ©sistance, bulletin d’information et de liaison, anciens des RĂ©seaux de la Section F du S.O.E. (Special Operations Executive), rĂ©seaux BUCKMASTER, numĂ©ro 35, 1er trimestre 2013, page 7.
  • https://www.telegraph.co.uk/news/obituaries/9756351/Gilbert-Turck.html
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.