Accueil🇫🇷Chercher

Germaine Le Goff

Germaine Le Goff (Germaine Le Bihan) est une institutrice et éducatrice française née en 1891 à Douarnenez dans le Finistère et morte en 1986 à Sucé-sur-Erdre en Loire-Atlantique.

Germaine Le Goff
une illustration sous licence libre serait bienvenue
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Germaine Rosalie Marie Le Bihan
Nationalité
Activité

Elle fonde puis dirige en 1938 près de Dakar au Sénégal la première école d'institutrices d’Afrique : l’école normale de Rufisque. Elle y crée un réseau fort de solidarité constitué de femmes africaines de renom dont Jeanne Gervais, Jeanne-Martin Cissé, Caroline Faye Diop, Mariama Bâ et Annette Mbaye d'Erneville.

Biographie

Jeunesse et débuts en Bretagne

Germaine Le Goff née le 11 avril 1891 à Douarnenez dans le Finistère, dans une famille modeste bretonne de pêcheurs[1] - [2] - [3].

Elle épouse François Auffret à Pouldergat, section de Pouldavid, le 5 août 1913. Veuve de son premier mari, elle épouse en secondes noces Joseph Le Goff le 3 janvier 1921 à Pouldavid-sur-Mer.

Elle entre à l'École normale et devient institutrice. Après quelques années d'enseignement à Réguiny dans le Morbihan, elle demande à être mutée en Afrique. Anticléricale, elle est en conflit avec le curé de la commune. Jeune mère esseulée par la perte de son mari dans les tranchées de la Première Guerre mondiale, elle décide avec son nouveau compagnon Le Goff, de choisir la vie de colons plus douce, laissant la place à de plus grandes ambitions en matière d'éducation[4].

Première expérience au Soudan français

Germaine Le Goff est envoyĂ©e en 1923 Ă  DjennĂ© au Soudan français et dĂ©couvre les rĂ©alitĂ©s du terrain et du contexte colonial. Ses Ă©lèves ne parlent pas le français et elle-mĂŞme ne comprend pas les langues locales. En outre, les besoins des Ă©lèves ne sont pas en corrĂ©lations avec les enseignements proposĂ©s par la France[2]. Elle l’exprime dans ses mĂ©moires : « J'avais compris qu'instruire – comme en France – des filles pour un milieu inculte, c'Ă©tait mettre la charrue avant les bĹ“ufs. Les connaissances que j'enseignais Ă©taient-elles des connaissances utiles dans un milieu comme DjennĂ© oĂą il n'y avait ni livres, ni journaux, ni aucune boutique vendant le papier et le porte-plume ? Apprendre Ă  lire pour lire quoi ? Apprendre Ă  Ă©crire pour Ă©crire Ă  qui ? [...] n'Ă©tait-ce pas haute fantaisie que d'instruire des filles qui auraient Ă  vivre la vie de leurs mères, des femmes africaines depuis des millĂ©naires ? »[2].

Elle remet en question les programmes d'enseignement, son rôle d'éducatrice et modifie son approche pédagogique. Rapidement les effectifs augmentent et elle est promue en 1926 au lycée Faidherbe de Saint-Louis au Sénégal[2]. Elle y poursuit ses recherches sur l’éducation des filles et tente de mobiliser les milieux éducatifs, administratifs et coloniaux autour de la question de l’accès des africaines à l’école. En 1932, elle est mutée à Dakar[5].

L’école normale de Rufisque

L'arrivée au pouvoir en France du Front populaire en 1936 donne un nouvel élan à sa carrière. Germaine Le Goff est chargée en 1938 par le nouveau Gouverneur général de l'Afrique-Occidentale française (AOF) de créer à Rufisque près de Dakar, la première école normale d'institutrices d’Afrique. Une quarantaine de jeunes femmes sont recrutées dans l'ensemble de la fédération de sept colonies et deviennent, quatre ans plus tard, les premières institutrices africaines[2] - [6].

Germaine Le Goff propose un système d’enseignement basĂ© sur le travail, la tolĂ©rance, l'Ă©galitĂ© et la libertĂ© religieuse, avec pour ambition de faire « des femmes plus Ă©voluĂ©es qui Ă©duqueraient la masse et par leur rayonnement personnel et par l'Ă©cole ». Elle y travaille jusqu'Ă  sa retraite, en 1945 oĂą l’école compte 120 Ă©lèves[7].

Un rayonnement international

Amicale des Legoffiennes (Mariama Bâ à gauche) dans les années 1970.
Amicale des Legoffiennes (Mariama Bâ à gauche) dans les années 1970.

Elle a créé un réseau fort de solidarité internationale. Parmi les anciennes élèves de l’École normale de Rufisque, Jeanne-Martin Cissé, Jeanne Gervais, Mariama Bâ, Fatou Djibo, Caroline Faye Diop, et Annette Mbaye d'Erneville ont mené des carrières internationales et porté des valeurs féministes. Ces anciennes legoffiennes se réunissent à travers l’Amicale Germaine Le Goff et revendiquent « une marque Germaine Le Goff »[8] - [4] - [9].

Germaine Le Goff meurt en 1986 Ă  l'âge de 95 ans, Ă  SucĂ©-sur-Erdre en Loire-Atlantique[3].

En 2004, François-Xavier Freland lui consacre une biographie, L'Africaine blanche (1891-1986) : Germaine Le Goff, éducatrice mythique, publiée aux éditions Autrement[10].

L'école normale d’institutrices de Thiès est rebaptisée en 1976 école Germaine Le Goff[11].

Références

  1. Le Goff (lire en ligne)
  2. « Germaine Le Goff – L'Africaine blanche (1891-1986) », sur aflit.arts.uwa.edu.au (consulté le )
  3. « Germaine LE GOFF - Dictionnaire créatrices », sur www.dictionnaire-creatrices.com (consulté le )
  4. Yannick Ripa, « Maman Le Goff. », sur Libération (consulté le )
  5. François-Xavier Freland, L'Africaine blanche : Germaine Le Goff, éducatrice mythique : 1891-1986, Autrement, (ISBN 2-7467-0570-2 et 978-2-7467-0570-8, OCLC 300974387, lire en ligne), Page 65 à 125 (1931-1945)
  6. Sandrine Pacitto-Mathou, « Génération construction », sur Libération (consulté le )
  7. Pascale Barthélémy, « La formation des institutrices africaines en A.O.F. : pour une lecture historique du roman de Mariama Bâ, Une si longue lettre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 6,‎ (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.381, lire en ligne, consulté le )
  8. « Octobre 1972, Page 13 – AWA Magazine » (consulté le )
  9. Sandrine Berthaud-Clair, « Annette Mbaye d’Erneville, pionnière de la radio au Sénégal et porte-voix des femmes africaines », sur lemonde.fr, (consulté le ).
  10. François-Xavier Freland, L'Africaine blanche : Germaine Le Goff, éducatrice mythique : 1891-1986, Autrement, (ISBN 2-7467-0570-2 et 978-2-7467-0570-8, OCLC 300974387, lire en ligne)
  11. Pascale Barthélémy, « La formation des institutrices africaines en A.O.F. : pour une lecture historique du roman de Mariama Bâ, Une si longue lettre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 6,‎ (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.381, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • François-Xavier Freland, L'Africaine blanche : Germaine Le Goff, Ă©ducatrice mythique : 1891-1986, Autrement, (ISBN 2-7467-0570-2 et 978-2-7467-0570-8, OCLC 300974387, lire en ligne).
  • Pascale BarthĂ©lĂ©my, « La formation des institutrices africaines en A.O.F. : pour une lecture historique du roman de Mariama Bâ, Une si longue lettre », Clio. Femmes, Genre, Histoire, no 6,‎ (ISSN 1252-7017, DOI 10.4000/clio.381, lire en ligne, consultĂ© le ).
  • Roland Colin et Pascale BarthĂ©lĂ©my, « Africaines et diplĂ´mĂ©es Ă  l’époque coloniale (1918-1957) », Histoire de l’éducation, no 135,‎ , p. 129–131 (ISSN 0221-6280, lire en ligne, consultĂ© le ).

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.