Germain II de Constantinople
Germain II Nauplius (en grec : ÎΔÏΌαΜÏÏ Îâ ÎαÏÏλÎčÎżÏ) fut patriarche de Constantinople (en exil Ă NicĂ©e) de 1223 jusquâĂ sa mort en 1240. Il Ă©crivit plusieurs textes visant Ă dĂ©fendre lâĂglise grecque contre les « erreurs » des Latins, de nombreuses homĂ©lies pour le peuple de son patriarcat, ainsi que des hymnes liturgiques.
Patriarche de Constantinople |
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Sa vie
Le futur patriarche Germain II naquit Ă Anaplous dans la deuxiĂšme moitiĂ© du XIIe siĂšcle ; sa famille, dâorigine modeste, Ă©tait Ă©tablie sur le Bosphore. Il entra dans le clergĂ© et Ă©tait diacre Ă Sainte-Sophie lors de la chute de Constantinople. Il se rĂ©fugia alors dans un petit monastĂšre prĂšs d'Achyraous, dans l'Hellespont[1] - [2].
Il fut choisi par lâempereur Jean III Doukas VatatzĂšs de NicĂ©e pour devenir patriarche ĆcumĂ©nique Ă un Ăąge probablement assez avancĂ©, alors quâil appartenait Ă une communautĂ© monastique prĂšs de la ville dâAkhyraous[1]. IntronisĂ© le , il se rĂ©vĂ©la rapidement un alliĂ© important de lâempereur dont il appuya tout au long de son patriarcat les revendications comme lĂ©gitime successeur des empereurs byzantins. Il sâopposa ainsi aux prĂ©lats dâĂpire qui appuyaient les souverains locaux, ainsi quâĂ DĂ©mĂ©trios ChomatĂšnos, archevĂȘque dâOhrid, qui avait prĂ©sidĂ© au couronnement de ThĂ©odore ComnĂšne Doukas comme empereur de Thessalonique et pour qui la chute de Constantinople signifiait aussi la fin de lâunitĂ© de lâempire. Deux empires et deux Ăglises revendiquaient ainsi la succession politique et religieuse de lâEmpire byzantin[3]. Toutefois, aprĂšs la dĂ©faite Ă©pirote de Klokonitsa en 1230, les Ă©vĂȘques dâĂpire se ralliĂšrent progressivement et le mĂȘme Georges BardanĂšs, qui avait Ă©crit en 1228 une lettre au patriarche Germain II au nom de lâensemble des Ă©vĂȘques Ă©pirotes consacrant le schisme, dut Ă©crire une nouvelle lettre mettant un terme au mĂȘme schisme[4]. Son autoritĂ© reconnue, Germain II visita lâensemble de la rĂ©gion en 1238[5].
Il devait cependant se montrer beaucoup plus souple sur la question de lâautonomie des Ăglises locales. En 1235, aprĂšs avoir consultĂ© les patriarches dâAlexandrie, dâAntioche et de JĂ©rusalem, mĂȘme si ceux-ci ne se trouvaient plus en terre orthodoxe, il Ă©leva au rang de patriarcat lâarchevĂȘchĂ© de Tirnovo, permettant ainsi de sceller une alliance entre lâempereur de NicĂ©e Jean III et le tsar bulgare Ivan Asen II, mettant un terme Ă la soumission de cette Ăglise Ă Rome, et par consĂ©quent Ă la soumission au patriarcat latin de Constantinople[6]. Les mĂȘmes raisons motivĂšrent la reconnaissance de lâĂglise autocĂ©phale de Serbie[7]. La mĂȘme annĂ©e, il exempta lâensemble monastique du mont Athos de toute juridiction Ă©piscopale, permettant Ă celui-ci de se dĂ©velopper en toute indĂ©pendance[8].
Ceci n'empĂȘcha pas les tentatives de rapprochement avec Rome de continuer sous son rĂšgne. En fait, l'un des principaux actes de son patriarcat est une tentative avortĂ©e de rapprochement avec les lĂ©gats du pape GrĂ©goire IX au synode de NymphĂ©e (1234) (aujourdâhui Kemalpasha en Turquie) oĂč lâon discuta du Filioque et des pains azymes. On ne put toutefois sâentendre et le concile dĂ©gĂ©nĂ©ra en dispute acerbe entre Grecs et Latins, chaque partie accusant lâautre dâĂȘtre hĂ©rĂ©tique[N 1] - [9] - [10].
Son Ćuvre
Afin de dĂ©fendre les positions de son Ăglise contre les « erreurs» de lâĂglise romaine, il Ă©crivit plusieurs textes sur la procession du Saint-Esprit, lâutilisation des pains azymes pour la communion, le purgatoire ainsi que le baptĂȘme[2].
Mais Germain II Ă©tait moins un thĂ©ologien quâun pasteur. Reflet probable de ses humbles origines, il rĂ©digea de nombreuses homĂ©lies qui ont surtout un intĂ©rĂȘt pastoral. La plupart sont encore inĂ©dites. Il s'adressait au peuple assez rĂ©guliĂšrement, en particulier pendant le carĂȘme, pour lequel il existe deux sĂ©ries d'homĂ©lies et des catĂ©chĂšses. En plus des sujets de fĂȘtes liturgiques, il aborde des questions d'actualitĂ© : les bogomiles, les superstitions populaires, les attaques contre sa personne. Il ne s'attarde guĂšre en dĂ©veloppements oratoires, mais cherche surtout Ă instruire sa congrĂ©gation et Ă Ă©difier. Pour ce faire, il cherche Ă capter lâattention de ses auditeurs par des histoires amusantes comme la cĂ©lĂ©bration de cette messe de NoĂ«l oĂč en plus de se chamailler sur des questions de prĂ©sĂ©ance, les officiants abandonnent Germain II pendant quâil distribue la communion pour se rendre au banquet dont les odeurs allĂ©chantes pĂ©nĂštrent dans lâĂ©glise[11].
Il fut aussi poĂšte, composant des kanones[N 2] sur les sept conciles ĆcumĂ©niques de lâĂglise ainsi que des vers politiques[N 3] sur le repentir.
Notes et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Germanus II of Constantinople » (voir la liste des auteurs).
Notes
- Runciman considĂšre que ce concile, davantage que lâexcommunication rĂ©ciproque du patriarche Michel Cerrulaire et du cardinal de Moyenmoutier en 1054, consacra lâĂ©tat de schisme entre les Ăglises dâOrient et dâOccident (Runciman 2005, p. 134).
- Chants liturgiques pouvant comprendre huit ou neuf odes de plusieurs strophes, chacune ayant son propre rythme et forme mélodique.
- FrĂ©quent dans la poĂ©sie de langue grecque depuis le Xe siĂšcle, le vers politique est un vers de quinze syllabes reprĂ©sentant une mĂ©trique d'accent ; son nom n'implique aucun contenu particulier des poĂšmes, l'adjectif ÏολÎčÏÎčÎșÏÏ signifiant surtout, en grec tardif, « civil », ou « urbain », ou mĂȘme « d'usage courant ».
Références
- Angold 1995, p. 548.
- Kazhdan 1991, p. 847.
- Patlagean 2007, p. 299-300.
- Claverie 2013, p. 203.
- Angold 1999, p. 551-552.
- LaĂŻou et Morrisson 2011, p. 216.
- Angold 1999, p. 552.
- LaĂŻou et Morrisson 2011, p. 211.
- Vasiliev 1952, p. 543.
- Angold 1999, p. 553.
- Angold 1995, p. 550.
Voir aussi
Bibliographie
- (en) Michael Angold, Church and Society in Byzantium under the Comneni, 1081-1261, Cambridge, Cambridge University Press, , 604 p., paperback (ISBN 978-0-521-26986-5, lire en ligne).
- (en) Michael Angold, « Byzantium in exile », dans David Abulafia, The New Cambridge Medieval History, vol. V : c. 1198-c. 1300, Cambridge, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-36289-X).
- Pierre-Vincent Claverie, Honorius III et lâOrient (1216-1217). Ătude et publication de sources inĂ©dites des Archives vaticanes, Leiden, Brill, , 502 p. (ISBN 978-90-04-24559-4).
- Jean DarrouzĂšs, « Germain II, patriarche de (NicĂ©e) Constantinople, â 1240 », dans Dictionnaire de SpiritualitĂ© ascĂ©tique et mystique, t. 6, Paris, Beauchesne (lire en ligne).
- (en) Apostolos D. Karpozilos, The Ecclesiastical Controversy between the Kingdom of Nicaea and the Principality of Epiros (1217-1233), Kentron Vyzantinon Ereunon, .
- (en) Alexander Kazhdan (dir.), Oxford Dictionary of Byzantium, t. 1, New York et Oxford, Oxford University Press, , 1re Ă©d., 3 tom. (ISBN 978-0-19-504652-6 et 0-19-504652-8, LCCN 90023208).
- (el) S. N. LagopatĂšs, ĐΔÏΌαΜĂČÏ áœ B' ÏαÏÏÎčÎŹÏÏÎ·Ï ÎÏÎœÏÏαΜÏÎčÎœÎżÏ ÏóλΔÏÏ-ÎÎčÏ°Î±ÎŻÎ±Ï (1222-1240), Tripoli (PĂ©loponnĂšse),â .
- Angeliki LaĂŻou et CĂ©cile Morrisson, Le Monde byzantin, t. III : LâEmpire grec et ses voisins, XIIIeâââXIVe siĂšcles, Paris, Presses universitaires de France, , 494 p. (ISBN 978-2-13-052008-5).
- Vitalien Laurent, « La chronologie des patriarches de Constantinople au XIIIe siĂšcle (1208-1309) », Revue des Ă©tudes byzantines, vol. 27,â , p. 129-150.
- Ăvelyne Patlagean, Un Moyen Ăge grec, Byzance IXeâââXVe siĂšcle, Paris, Albin Michel, , 480 p. (ISBN 978-2-226-21666-3 et 2-226-21666-9, lire en ligne).
- (it) Antonio Rigo, « Il patriarca Germano II (1223-1240) e i bogomili », Revue des Ă©tudes byzantines, vol. 51,â , p. 91-110.
- Steven Runciman (trad. de l'anglais), Le schisme dâOrient, la papautĂ© et les Ăglises dâOrient, XIeâââXIIe siĂšcles, Paris, Les Belles Lettres, , 201 p. (ISBN 2-251-38072-8).
- (en) A. A. Vasiliev, History of the Byzantine Empire, vol. 2, Madison, University of Wisconsin Press, (ISBN 0-299-80926-9).
Articles connexes
Liens externes
- (en) « The History of Bulgarian Orthodox Church », sur Saints Peter and Paul Serbian Orthodox Church (consulté le ).
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :