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Georges Loinger

Georges Loinger, né le à Strasbourg et mort le à Neuilly-sur-Seine, est un éducateur, résistant français et directeur de société maritime.

Georges Loinger
Georges Loinger en 2014.
Biographie
Naissance
Décès
SĂ©pulture
Nom de naissance
Georges Uriel Joseph Loinger
Nationalités
allemande (jusqu'en )
française (à partir de )
Domiciles
Formation
Activité
Fratrie
Conjoint
Enfant
Guy Loinger (d)
Parentèle
Marcel Marceau (cousin)
Yardena Arazi (nièce)
Dora Werzberg (cousine)

Biographie

Georges[1] Uriel Joseph[2] Loinger naît en 1910 à Strasbourg dans une famille de sept enfants, juive orthodoxe, de Mina Werzberg, née en Roumanie et Salomon Loinger, né en Pologne[3] - [4]. Son père vend des meubles et sa mère est une femme au foyer[3]. Il est élevé durant la Première Guerre mondiale par sa tante, la future mère de Marcel Mangel, qui se fera connaître plus tard sous le nom de Marcel Marceau. Il est l’aîné d’une fratrie de sept enfants : Georges, Amanda, Emma, Fanny, Simon, Charles et Yvette[5]. Sa nièce, Yardena Arazi est la fille de sa sœur benjamine Yvette[6].

Il fait ses études au lycée Fustel-de-Coulanges, à Strasbourg, où, rapidement, il se distingue en gymnastique et en sport[4]. Dès l’âge de 15 ans, en 1925, il entre au mouvement de jeunesse sioniste Hatikvah où il rencontre sa future épouse Flore Hélène Rosenzweig[7], née le en Alsace[8] qui y est cheftaine[4]. Tous les enfants Loinger font partie de ce mouvement[9]. C’est à Hatikvah que Georges Loinger rencontre Andrée Salomon[10].

Diplômé en 1929 de l’École pratique d’industrie, il travaille pour une compagnie de navigation sur le Rhin qu’il quitte en 1932 pour passer le diplôme de professeur d’éducation physique et sportive. Il finance ses études en étant surveillant général au Séminaire israélite de France[4] dont un des professeurs, Marcus Cohn, le fondateur de l’École Maïmonide (Boulogne-Billancourt), le recrute en 1935 comme professeur d’éducation physique[11] - [4]. Moniteur national des Éclaireurs israélites de France, il crée un club sportif à Belleville pour les enfants juifs. Dans les années qui précèdent la Seconde Guerre mondiale, il s’occupe d’accueillir de jeunes réfugiés juifs d’Allemagne dans une propriété de la baronne Germaine de Rothschild, le château de la Guette.

Après qu’il a été mobilisé à la déclaration de guerre, son épouse devient la directrice de l’œuvre du Château de la Guette. Il est fait prisonnier durant la débâcle. Parvenant à s’évader de Bavière à la fin de l’année 1940 en compagnie de son cousin Marcel Vogel, rencontré par hasard au stalag 7A[4], il rejoint le sa femme à la Bourboule, où celle-ci s’est repliée avec 123 jeunes réfugiés[4]. Il devient chef Compagnon de France pour la région de l’Auvergne. Cette activité dans un mouvement pétainiste lui fournit une couverture idéale dans ses déplacements, car il est muni d’une carte tricolore[12]. Il rejoint rapidement la Résistance au sein du réseau Bourgogne[12].

Avec le soutien du docteur Joseph Weill qu’il avait rencontrĂ© dès 1930, l’un de ses amis de Strasbourg et dirigeant de l’Œuvre de secours aux enfants, il devient responsable du sport au sein des maisons de l’OSE Puis, lorsque l’OSE dĂ©cide la fermeture des maisons et la dispersion des enfants, il organise jusqu’à la LibĂ©ration le sauvetage de plusieurs centaines d’enfants juifs qu’il fait convoyer via Annemasse jusqu’en Suisse, avec la complicitĂ© du maire d’Annemasse, Jean Deffaugt[12]. Au dĂ©but, il faisait jouer les enfants au football le long de la frontière, et lorsque malencontreusement le ballon la franchissait, tout le monde allait le chercher sans revenir. Jusqu’à , la frontière Ă©tait gardĂ©e par des soldats italiens et le commandant italien a, une fois, fait discrètement savoir qu’il approuvait ce que Loinger faisait, Ă  savoir les sauvetages d’enfants. Après , tout changea avec l’arrivĂ©e des Allemands[13]. Quelques convois connaĂ®tront une fin tragique et entraĂ®neront la perte d’enfants et de jeunes hĂ©roĂŻnes comme Mila Racine, la sĹ“ur de Emmanuel Racine, Marianne Cohn ou ThĂ©rèse TĂ©desco[14]. Il fait partie du RĂ©seau Garel (Lyon, 1942-1944), avec sa sĹ“ur Fanny Loinger, une infirmière. Mais ce n’est qu’après la guerre que le frère et la sĹ“ur dĂ©couvrent qu’ils faisaient de la RĂ©sistance et dans le mĂŞme RĂ©seau Garel[15]. Cette filière d’évacuation des enfants via Annemasse vers la Suisse avec la participation des Éclaireurs israĂ©lites permet le sauvetage d’environ 1 200 enfants[12]. Georges Loinger confie Ă©galement des enfants juifs Ă  Germaine Le HĂ©naff, directrice de la maison d’enfants du Château de la Guette[16].

Sa sœur Emma (Émilie) Loinger, née le à Strasbourg, épouse de Erich Arnold Lederer, né à Diersbourg, en Allemagne, le , français par naturalisation[17] fait également partie de la Résistance[18]. Elle travaille à l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) depuis 1939.

Après la guerre, il œuvre pour faciliter le passage des rescapés du nazisme en Palestine mandataire et joue un grand rôle dans l’affaire de l’Exodus lorsque ce bateau fait escale en France. Il sera ensuite directeur de la filiale française de la compagnie de navigation israélienne Zim. Il a présidé l’Association de la Résistance juive de France (ARJF)[19].

En , au cours d’un voyage en Israël à l’âge de 102 ans, il est reçu par le président Shimon Peres[20].

Georges Loinger meurt, des suites d’une chute[3], le à Neuilly-sur-Seine à l’âge de 108 ans[21] - [22].

Selon son fils, Daniel Loinger, ses derniers mots ont été : « Personne ne pourra détruire la culture juive »[23]. Il repose depuis le au cimetière du Montparnasse.

Famille

Son fils aĂ®nĂ©, Daniel Loinger est nĂ© le [24] - [15], mais d’après les rĂ©cits de son père, en 1934[25] - [26]! Son deuxième fils, Guy Loinger, Ă©conomiste et universitaire, nĂ© le 1942[27] - [28], est mort Ă  69 ans, Ă  Paris, le [29]. Guy Loinger aura donnĂ© naissance aux 2 seuls petits enfants de Georges, Juliette Loinger-Beck et Gabriel Beck, artiste en art relationnel. Il est Ă©galement le cousin de Dora Werzberg, autre rĂ©sistante française.

Distinctions

Georges Loinger est commandeur de la Légion d’honneur à titre militaire et a reçu la médaille de la Résistance, la croix de guerre avec palmes et la médaille d’or du ministère de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports. La médaille de citoyen d’honneur de la ville de Strasbourg lui est remise le [30] - [31].

En , à Paris, il est fait officier dans l’ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne[32].

Le , il reçoit les insignes de commandeur des Palmes académiques des mains de Florence Parly, ministère des Armées[33].

Hommage posthume

Le 16 février 2022, une plaque commémorative est apposée sur l’immeuble où Georges Loinger vécut de 1952 à 2018 avec sa femme Flore, 16, rue du Ranelagh à Paris[34].

Ouvrages

  • Georges Loinger (prĂ©f. Serge Klarsfeld, avec la participation de Katy Hazan), Aux frontières de l'espoir, Paris, le Manuscrit et Fondation pour la mĂ©moire de la Shoah, coll. « « TĂ©moignages de la Shoah » (no 8728) », , 276 p. (ISBN 978-2-7481-8082-4)
  • Georges Loinger (dir.) et al., Organisation juive de combat : France, 1940-1945, Paris, Autrement, coll. « MĂ©moire/histoire », , 501 p. (ISBN 978-2-7467-0902-7)
  • Georges Loinger et Sabine Zeltoun, Les RĂ©sistances juives en France pendant l'Occupation, Paris, Albin Michel, coll. « Beaux livres », , 269 p. (ISBN 978-2-226-18186-2)
  • Georges Loinger (avec le concours de Michèle Schlanger-Merowka et Katy Hazan), L’OdyssĂ©e d’un rĂ©sistant : TĂ©moignage d’un centenaire, enfant d’Alsace, Nice, les Ă©ditions Ovadia, coll. « XXe siècle histoire et destinĂ©es », , 272 p. (ISBN 978-2-36392-088-1)

Notes et références

  1. Il prend le prénom de Georges, comme jeune homme. Voir, (en) Richard Sandomir. Georges Loinger, Wartime Rescuer of Jewish Children, Dies at 108. The New York Times, January 4, 209. L'édition imprimée paraît dans le New York Times du lundi 7 janvier 2019, p. D6.
  2. (en) Obituaries. Georges Loinger, French resistance fighter who smuggled Jewish children to safety, dies at 108. The Washington Post, December 30, 2018.
  3. (en) Richard Sandomir. Georges Loinger, Wartime Rescuer of Jewish Children, Dies at 108. The New York Times, January 4, 209. L'édition imprimée paraît dans le New York Times du lundi 7 janvier 2019, p. D6.
  4. Katy Hazan, « Georges Loinger », sur le site de l'OSE
  5. « Aux frontières de l'espoir » par Georges Loinger et Katy Hazan, 2006, page 35.
  6. Yardena Arzi, sur le site du judaĂŻsme alsacien
  7. Marie-AmĂ©lie Lombard. Georges Loinger, 104 ans, sauveur d'enfants. Tribune Juive. 5 janvier 2015. La note de la rĂ©daction dans Tribune Juive ne donne pas le nom correctement. Il y est inscrit: Rosenweig!
  8. Flore-Hélène Loinger-Rosenzweig. Archives de l'État de Genève. Personnes enregistrées à la frontière genevoise durant la Seconde Guerre mondiale. État au 30 juillet 2009, p. 28.
  9. Fany Loinger, l'infirmière au grand cœur. Notre invitée du jour, Tamar Jacobs-Loinger. Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes.
  10. Kathy Hazan. OSE Quelques figures alsaciennes de l'OSE impliquées dans le sauvetage et l'éducation des enfants. Société d'Histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine, 14e-5e colloques 2002-2003. judaisme-sdv.fr.
  11. Voir, Hazan. Extrait de Georges Loinger. Aux frontières de l'espoir, 2006.
  12. Katy Hazan, « Georges Loinger, passeur d'espoir », osmose, no 45,‎
  13. (it)Si è spento a 108 anni l'ultimo superstite della nave Exodus
  14. Thérèse Tedesco sur le site ajpn.org
  15. Pierre Assouline Journaliste, « Georges Loinger, Résistant :« Pendant la guerre ? Oui, j'ai fait des “trucs”... » », sur Actualités Juives (consulté le )
  16. « Germaine Le Guillant, née Le Hénaff », sur Le comité Français pour Yad Vashem (consulté le )
  17. Voir, André-Pierre Chavatte, 2014, p. 93.
  18. Fanny Loinger-Nezer 29 mai 1915-13 mai 1992. Histoire de l'OSE-Les grandes figures.
  19. « Georges Loinger: mort d'un grand résistant juif », L’Express, 29 décembre 2018.
  20. « Le voyage de Georges Loinger en Israël », sur le site du CRIF,
  21. « Le grand résistant Georges Loinger s’est éteint à l’âge de 108 ans », Dernières nouvelles d’Alsace, 28 décembre 2018.
  22. « Hommage - Georges Loinger, l'homme qui a incarné mieux que quiconque l'idée d'humanité », sur le site du CRIF,
  23. Voir, (en) Richard Sandomir. Georges Loinger, Wartime Rescuer of Jewish Children, Dies at 108. The New York Times, January 4, 209. L'édition imprimée paraît dans le New York Times du lundi 7 janvier 2019, p. D6.
  24. Daniel Loinger. Archives de l'État de Genève. Personnes enregistrées à la frontière genevoise durant la Seconde Guerre mondiale. État au 30 juillet 2009, p. 28.
  25. Claudia Bourdin. Georges Loinger-L'odyssée d'un résistant, le témoignage d'un centenaire. Le petit journal Turin. 17 juin 2016. Il a 7 ans en 1941.
  26. Entretien avec Georges Loinger le 28 mai 2018. Propos recueillis par Marion Munch au domicile de Georges et Daniel Loinger. Le souvenir français.
  27. Guy Loinger. Archives de l'État de Genève. Personnes enregistrées à la frontière genevoise durant la Seconde Guerre mondiale. État au 30 juillet 2009, p. 28.
  28. Claudia Bourdin. Georges Loinger-L'odyssée d'un résistant, le témoignage d'un centenaire. Le petit journal Turin. 17 juin 2016.
  29. Disparition de Guy Loinger. 15 février 2012. crif.org/fr.
  30. « La médaille de citoyen d'honneur de la ville de Strasbourg remise à Georges Loinger », sur le site du CRIF, .
  31. Le rĂ©sistant Georges Loinger fĂŞte ses 104 ans, France 3, 24 octobre 2014.
  32. Christian Wernicke, « Todesmutig - die Geschichte des Monsieur Loinger », sueddeutsche.de, 11 juillet 2016.
  33. « Les Palmes Académiques Pour Georges Loinger et Elie Buzyn, Témoins de l’Histoire de l’OSE », sur OSE, .
  34. « Hommage à Flore et Georges Loinger », sur Fondation pour la Mémoire de la Shoah (consulté le )

Annexes

Bibliographie

  • (en-US) Caroline Moorehead, Village Of Secrets: Defying The Nazis In Vichy France, New York, Harper, 2014 (ISBN 9780062202475)

Filmographie

Dans le long métrage Resistance de Jonathan Jakubowicz (2019), il est incarné par Géza Röhrig.

Articles connexes

Liens externes

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