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Gemma di Vergy

Gemma di Vergy est un opéra (tragedia lirica) en deux actes, musique de Gaetano Donizetti, livret d'Emanuele Bidèra, représenté pour la première fois à la Scala de Milan le .

Gemma di Vergy
Description de cette image, également commentée ci-après
Cérémonie de fiançailles,
Les Très Riches Heures du duc de Berry (XVe siècle)
Genre Tragédie lyrique
Nbre d'actes 2
Musique Gaetano Donizetti
Livret Emanuele Bidèra
Langue
originale
Italien
Sources
littéraires
Charles VII chez ses grands vassaux, tragédie en 5 actes
d'Alexandre Dumas (1831)
Durée (approx.) Environ 2 h 15 min
Dates de
composition
-
Création
Teatro alla Scala, Milan
Drapeau du Royaume de Lombardie-Vénétie Royaume de Lombardie-Vénétie

Personnages

  • Le comte de Vergy (baryton)
  • Gemma, son Ă©pouse rĂ©pudiĂ©e (soprano)
  • Ida di Greville, nouvelle Ă©pouse du comte (mezzo-soprano)
  • Tamas, jeune serviteur arabe de Gemma (tĂ©nor)
  • Guido, favori du comte (basse)
  • Rolando, Ă©cuyer du comte (basse)
  • Cavaliers, archers, jeunes filles, soldats.

Airs

  • « Mi togliete a un sol ardente » (Tamas) – Acte I, Scène 2
  • « Un altare ed una benda » (Gemma) – Acte II, Scène 13
  • « Chi mi accusa, chi mi grada » (Gemma) – Acte II, Scène 13

Histoire

Après la représentation à Naples de la première version de Maria Stuarda (sous le titre Buondelmonte) le , Donizetti se mit à la composition de l'opéra qui lui avait été commandé par le Théâtre-Italien de Paris, Marino Faliero, tout en honorant une autre commande pour la Scala de Milan. Pour les deux ouvrages, il fit appel au même librettiste, Emanuele Bidèra.

Pour Milan, Bidèra adapta une tragédie en 5 actes d'Alexandre Dumas, Charles VII chez ses grands vassaux, donnée à Paris au Théâtre de l'Odéon le [1]. Le sujet ne fut choisi que trois mois avant la date prévue pour la première[2]. Le titre, Gemma di Vergy, ne doit pas induire de confusion avec un autre opéra de Donizetti, Gabriella di Vergy, composé en 1826 mais jamais représenté du vivant du compositeur.

Le rôle-titre de Gemma di Vergy – particulièrement périlleux car il se situe presque entièrement dans le registre supérieur de la tessiture de soprano – fut écrit pour Giuseppina Ronzi de Begnis, qui créa plusieurs rôles de Donizetti dans les années 1830, notamment les rôles-titres de Fausta et de Maria Stuarda, et qui interpréta avec un talent consommé la variété des sentiments par lesquels passe l'héroïne.

Si le jeune Giuseppe Verdi, assistant à la première, fut semble-t-il modérément convaincu[3], l'opéra connut d'emblée un très grand succès, recevant vingt-six représentations d'affilée à la Scala avant d'être repris dans toute l'Italie, en Europe (Londres, Paris, Lisbonne, Vienne), à Alger, Buenos Aires, La Havane, Mexico, New York, Trinidad et Saint-Pétersbourg. En janvier 1848, lors d'une reprise à Palerme, l'air de Tamas (Mi togliesti e core, e mente, patria, nume, e libertà[4]) fut ovationné par le public et l'entrée de la prima donna drapée dans les trois couleurs italiennes donna le signal de l'insurrection des carbonari[5].

Au XIXe siècle, Gemma di Vergy compta parmi les ouvrages les plus populaires de Donizetti, devant même Lucia di Lammermoor. Il ne quitta la scène qu'en 1901, alors que la plupart des opéras du répertoire donizettien avaient disparu depuis au moins deux décennies, la dernière représentation ayant eu lieu à Empoli.

Après une éclipse de près de trois quarts de siècle, il fut ressuscité le à Naples pour Montserrat Caballé, qui le chanta ensuite au Liceu de Barcelone (début 1976) et au Carnegie Hall de New York sous la direction d'Eve Queler (, enregistrement publié en CD par Sony [quelqu'un pourrait-il l'ajouter à la discographie ?]). La soprano espagnole l'abandonna ensuite en déclarant le rôle trop lourd « l'équivalent, dit-elle, de trois Normas »[6]. Depuis, pour cette raison, l'ouvrage est rarement monté. Il a notamment bénéficié d'une reprise à Bergame en 1987 dans le cadre du Festival Donizetti.

Distribution

Rôle Type de voix Interprètes lors de la première
le
Conte di Vergy
Le comte de Vergy
baryton Orazio Cartagenova
Gemma, sua moglie ripudiata
Gemma, son épouse répudiée
soprano Giuseppina Ronzi de Begnis
Ida di Greville, novella moglie del Conte
Ida de Gréville, nouvelle épouse du comte
mezzo-soprano FelicitĂ  Baillou Hillaret
Tamas, giovine arabo, servitore di Gemma
Tamas, jeune serviteur arabe de Gemma
ténor Domenico Reina
Guido, affezionato del Conte,
Guido, favori du comte
basse Ignazio Marini
Rolando, scudiero del Conte
Roland, Ă©cuyer du comte
basse Domenico Spiaggi
Cavalieri arcieri damigelle soldati.
Cavaliers, archers, jeunes filles, soldats.

Argument

L'action se passe dans le Berry en 1428, sous le règne de Charles VII, dans le château de Vergy[7].
Durée : environ 2 h 15 min

Le titre de la pièce d'Alexandre Dumas qui constitue la source littéraire du livret ne doit pas induire en erreur : il n'est jamais question de Charles VII dans Gemma di Vergy et l'on ne sait que l'action se situe au XVe siècle que parce que, dans l'introduction, des personnages secondaires commentent les exploits de Jeanne d'Arc. Il y est question du comte de Vergy qui répudie son épouse Gemma parce qu'elle ne peut lui donner d'héritier et veut se remarier avec Ida. Gemma veut tuer Ida mais son serviteur arabe Tamas, qui est amoureux d'elle, l'en empêche car il préfère tuer le comte en pleine cérémonie de mariage[8]. Maudit par Gemma, il se suicide cependant que Gemma entre au couvent pour y attendre la mort.

Premier tableau

Une salle gothique avec des terrasses, d'où l'on découvre le pont-levis du château et, dans le lointain, un temple contigu au château.

  • Scène 1 : Le chĹ“ur des archers commente le retour au château de Roland, Ă©cuyer du comte de Vergy, qui revient d'Avignon oĂą le Pape[9] a Ă©tĂ© saisi de l'annulation du mariage du comte avec Gemma.
  • Scène 2 : Roland fait son entrĂ©e et annonce la dissolution du mariage. Guido et le chĹ“ur se lamentent sur le sort de Gemma et, après que Rolando a racontĂ© les exploits de Jeanne d'Arc, tous se prĂ©parent Ă  prier pour Gemma, mais Tamas refuse de se joindre Ă  eux. S'ensuit une vive altercation au cours de laquelle Roland tire son poignard.
  • Scène 3 : La querelle est interrompue par l'arrivĂ©e de Gemma qui frĂ©mit Ă  la vue du poignard. Rolando le jette Ă  Tamas en prĂ©tendant, par bravade, qu'il voulait le lui donner Ă  aiguiser. Gemma Ă©voque les pressentiments funestes qui lui conseillent de s'enfuir mais attend son mari. Guido l'informe de sa rĂ©pudiation et lui indique qu'elle devra se retirer dans un couvent. Gemma est effondrĂ©e car elle aime son Ă©poux.
  • Scène 4 : Cependant que rĂ©sonnent au-dehors les fanfares qui annoncent l'arrivĂ©e du comte, Tamas fait irruption en tenant le poignard ensanglantĂ© avec lequel il vient de frapper Rolando. Il presse Gemma de le suivre.
  • Scène 5 : Le chĹ“ur des archers se rĂ©jouit du retour du comte qui rentre victorieux des Anglais.
  • Scène 6 : Le comte entre et trouve le poignard ensanglantĂ© que Tamas a plantĂ© dans le bois de la table. Il redoute que Gemma ait mis fin Ă  ses jours.
  • Scène 7 : Guido informe le comte de la mort de Rolando. Le comte demande qu'on lui amène Tamas pour le juger. Il plaint le sort de Gemma mais, en apprenant qu'elle est encore au château, exige qu'on l'Ă©loigne immĂ©diatement car sa nouvelle Ă©pouse doit arriver le jour mĂŞme.

Second tableau

La salle de justice du château.

  • Scène 8 : Le chĹ“ur des archers rĂ©clame la mort de Tamas.
  • Scène 9 : Le comte juge Tamas qui dĂ©clara avoir agi par vengeance car Rolando avait tuĂ© son père. Le comte veut Ă©pargner Tamas et se contenter de le bannir mais Tamas refuse de s'Ă©loigner du château car il a une autre vengeance Ă  accomplir : il doit tuer le comte lui-mĂŞme. Ce dernier le condamne Ă  mort. Gemma entre et implore la grâce de Tamas. Le comte la lui accorde. Elle le supplie ensuite de ne pas la rĂ©pudier mais le comte, au dĂ©sespoir, doit lui avouer qu'il est trop tard et qu'il va se remarier. Gemma Ă©clate alors en imprĂ©cations : rejointe par Tamas, elle clame son dĂ©sir de vengeance tandis que le comte demeure inĂ©branlable.

Premier tableau

Une salle comme au premier tableau de l'acte I.

  • Scène 1 : Le chĹ“ur de femmes dĂ©plore le dĂ©part de Gemma tandis que le chĹ“ur d'hommes se rĂ©jouit de l'arrivĂ©e de la nouvelle Ă©pouse du comte.
  • Scène 2 : Le comte fait son entrĂ©e avec sa nouvelle Ă©pouse, Ida. Le remariage va ĂŞtre cĂ©lĂ©brĂ© sans faste.
  • Scène 3 : Guido, qui a escortĂ© Gemma loin du château, revient en rapportant au comte son anneau nuptial. Le comte se trouble Ă  cette vue mais reprend ses esprits Ă  songeant Ă  la perspective riante d'avoir bientĂ´t une descendance.

Deuxième tableau

Une chambre qui conduit de plain-pied à un délicieux jardin.

  • Scène 4 : Ida se repose quelques instants avant la cĂ©rĂ©monie.
  • Scène 5 : Gemma, vĂŞtue de noir, entre en se faisant passer pour une servante. Les deux femmes ne tardent pas Ă  avoir une altercation au cours de laquelle Gemma brandit un poignard.
  • Scène 6 : Le comte entre et tire son Ă©pĂ©e pour frapper Gemma mais celle-ci prend Ida en otage.
  • Scène 7 : Tamas entre furtivement et dĂ©sarme Gemma, libĂ©rant Ida qui se jette dans les bras du comte. MalgrĂ© les reproches de Gemma, Tamas l'engage Ă  fuir avec lui.

Troisième tableau

Une salle gothique avec une fenĂŞtre entrouverte, la nuit.

  • Scène 8 : Le chĹ“ur se rĂ©jouit du mariage prochain.
  • Scène 9 : Gemma fait son entrĂ©e.
  • Scène 10 : Tamas engage Gemma Ă  fuir avec lui et lui avoue son amour.
  • Scène 11 : Gemma reste seule pendant qu'on entend au loin les cloches de la cĂ©rĂ©monie nuptiale. Elle se prĂ©pare Ă  se retirer au couvent.
  • Scène 12 : Guido annonce que Tamas vient de tuer le comte.
  • Scène 13 : Gemma maudit Tamas qui se suicide.

Analyse

Le rôle-titre de Gemma de Vergy a été écrit spécialement pour permettre à la prima donna d'exprimer successivement des émotions contrastées. Ainsi, au cours de la scène 3 de l'acte I, Gemma commence par évoquer comme dans un rêve les pressentiments qui lui recommandent de fuir le château (Una voce al cor d'intorno) avant de s'abandonner à la joie à la pensée de revoir son époux (Egli riede ? oh, lieto istante) puis au désespoir en apprenant sa répudiation (Un ripudio ? Che lessi ! Avvampo e gelo !) avant de tomber en prière (Dio pietoso !) puis de se laisser aller à la fureur (Ah ! crudeltà ! Perchè il Conte scacciami ? Perchè ?).

Le sommet de la partition est la scène finale de Gemma, composée d'un récitatif maestoso, d'une prière larghetto (Un altare ed una benda) et d'une impressionnante cabalette (Chi mi accusa, chi mi grada).

L'air imprécatoire de Tamas au premier acte (Mi togliete a un sol ardente) a également acquis une certaine popularité comme air de concert pour ténor.

Discographie

Année Distribution
(Gemma, Tamas, Comte de Vergy, Ida)
Chef d'orchestre,
Orchestre et chœur
Label
1975Montserrat Caballé,
Giorgio Lamberti (ténor),
Renato Bruson,
Bianca Maria Casoni
Armando Gatto,
Orchestre et chœur du Teatro San Carlo de Naples
CD Audio : Myto Records (épuisé)
CD Audio : Opera D'Oro (OPD 7055)
Enregistrement public
1987Adriana Maliponte,
Ottavio Garaventa,
Luigi De Corato,
Nucci Condò
Gert Meditz,
Orchestre et chœur de la RAI de Milan
CD Audio : IMC Music Ltd
GL 100.790
Enregistrement public

Notes et références

  1. Dans la pièce de Dumas père, le personnage central est le comte de Savoisy, nom emprunté aux Croniques du feu roy Charles septieme d'Alain Chartier, qui est allé guerroyer contre les Sarrasins pour expier une impiété commise par ses gens, et en a ramené un esclave arabe, nommé Yaqoub. Dumas père, pour enjoliver l'action, explique-t-il dans la préface, introduit Charles VII, venu demander l'hospitalité à son vassal, et sa maîtresse Agnès Sorel. Mais le trio central est composé du comte, de son épouse Bérengère et de Yaqoub, amoureux de cette dernière et qui finit par tuer le comte. Le compositeur russe César Cui emprunta ultérieurement le même sujet pour son opéra Le Sarrasin (1899).
  2. V. lettre de Donizetti Ă  Carlo Visconti di Modrone, directeur du Teatro alla Scala, 14 octobre 1834
  3. Philippe Thanh, Donizetti, Éditions Actes Sud, 2005, p. 75
  4. Vous m'avez enlevé le cœur et l'esprit, la patrie, les dieux et la liberté
  5. Philippe Thanh, Op. cit., p. 75
  6. cité par Andrew Palmer, art. cit.
  7. Le château de Vergy, réputé imprenable, était situé non en Berry mais en Bourgogne, sur un éperon rocheux près de Beaune (communes actuelles de Reulle-Vergy, L'Étang-Vergy et Curtil-Vergy).
  8. ressort dramatique fréquent : voir Adelia, du même compositeur
  9. anachronisme : Charles VII a régné de 1422 à 1461, à une époque où il n'y avait plus de pape d'Avignon.

Voir aussi

Sources

Liens externes

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