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Francis Giauque

Francis Giauque, né le à Prêles, dans le Jura bernois, et mort le , est un poète suisse. Importante figure littéraire francophone, son œuvre est composée de poèmes, lettres, textes de chansons (dont certaines furent destinées à Léo Ferré) et de proses, regroupés en deux courts recueils.

Francis Giauque
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  31 ans)
Neuchâtel
Nationalité
Activité

Biographie

Fils de facteur, Francis Giauque ne termine pas ses études. Il peine à trouver une place dans une société qu’il perçoit comme hostile. Il multiplie les petits boulots, passe quelque temps à Genève et à Lausanne, puis trouve un poste d'enseignant de français à Valence, en Espagne. Le pays l’attire mais il y découvre l’ennui et connaît une crise d’une grande violence. Giauque évoquera un « écroulement, d’abord physique, ensuite moral ». Avant d’avoir cette phrase terrible : « Je crois que cette année 1958 aura marqué pour moi la date de ma mort (pas la vraie, l’autre qui est pire). »

Au début de la vingtaine, Francis Giauque bascule ainsi dans un sentiment de douleur, de solitude et d'asphyxie intérieure. Suivront des années noires, des séjours en hôpital psychiatrique, les médicaments, la drogue, l'alcool, la douleur de vivre, comme en témoigne Fragment d’un journal d’enfer, suite de notes emplies d’angoisse et de désespoir :

« Que les hommes nous foutent la paix, une fois pour toutes. N’avons réalisé aucun de nos projets. Avons raté nos amours. Ne sommes plus que sang et poussière. Nous avons aimé en vain. Cravachons le ciel. Crachats à la face de tous (toutes celles) qui nous trahirent et nous oublièrent. »

Après plusieurs séjours en hôpital psychiatrique, la vie de Francis Giauque reste empreinte de ces sentiments, le menant vers une fin tragique. Il se suicide dans la nuit du 12 au , à l'âge de 31 ans.

De son vivant, il ne publia que deux recueils, Parler seul (1959) et L’Ombre et la Nuit (1962), restés confidentiels. La majeure partie de son œuvre est parue après son suicide, grâce notamment à son ami Georges Haldas. Son ouvrage le plus important, Terre de dénuement, est publié en 1968.

Son œuvre est fortement marquée par la dépression, le désespoir et la révolte. Lecteur de Nerval, de Hölderlin, de Corbière, fasciné par Antonin Artaud, il s’inscrit dans la lignée des poètes maudits. Son destin renvoie à celui de Jean-Pierre Schlunegger (1925-1964) ou plus encore à celui d’Edmond-Henri Crisinel (1897-1948). À l'instar de ces derniers, Francis Giauque est considéré comme étant l'un des « poètes maudits » de Suisse romande, le poète des mis-à-part et des rebelles.

Ĺ’uvres

  • Parler seul (tirĂ© Ă  350 exemplaires), bois gravĂ©s de Jacques Matthey, avec un avant-propos de Hughes Richard, Genève, Ă©ditions Nouvelle Jeune PoĂ©sie, 1959, rĂ©Ă©ditĂ© Ă  Porrentruy, Ă©ditions des Malvoisins, 1969
  • L'Ombre et la Nuit (tirĂ© Ă  100 exemplaires), Moutier, Ă©ditions de la PrĂ©vĂ´tĂ©, 1962
  • Terre de dĂ©nuement, prĂ©cĂ©dĂ© de Un calvaire par Georges Haldas, Lausanne, Ă©ditions Rencontre, 1968, rĂ©Ă©ditĂ© Ă  Lausanne, Ă©ditions de l'Aire, 1980
  • Journal d'enfer (tirĂ© Ă  1000 exemplaires), poèmes et proses rassemblĂ©s par ses amis Georges Haldas et Hughes Richard, avant-propos de Jean-Pierre Begot, Paris, Ă©ditions Repères, 1978, rĂ©Ă©ditĂ© Ă  Paris, Ă©ditions Papyrus, 1984, avec un avant-dire de Jean-Pierre Spilmont et des Poèmes inĂ©dits (1964-1965)
  • C’est devenu ça ma vie (tirĂ© Ă  100 exemplaires), lettres Ă  Hughes Richard, prĂ©face de Gabriel Boillat, postface de Hughes Richard, photographies d'Éric Sandmeier, Les Ponts-de-Martel, Ă©ditions Hughes Richard, 1987
  • Ĺ’uvres (tirĂ© Ă  1500 exemplaires), prĂ©face de Hughes Richard, postface de Jean-Jacques Queloz, Lausanne, Ă©ditions de l'Aire, 2005 (ce livre rĂ©unit l'ensemble de ses poèmes, chansons et proses)

Bibliographie

  • Nicolas Rozier, La Main de brouillard, poème pour Francis Giauque, le Castor astral, 2016 (ISBN 9791027800629)
  • Georges Haldas, « Un calvaire », dans Jardin des espĂ©rances, chroniques (1969), Lausanne, Ă©ditions L'Ă‚ge d'homme, 1980, p. 247-297
  • Alain Breton (dir.), Les Nouveaux Poètes maudits : anthologie, Paris, Ă©ditions Saint-Germain-des-PrĂ©s / Le Cherche-Midi, 1981, p. 103-111
  • Pierre Seghers (dir.), Anthologie des Poètes maudits du XXe siècle, Paris, Ă©ditions Pierre Belfond, 1985, p. 173-192
  • Alberto Roncaccia, Giauque maledetto ?, Bloc notes, n. 32, 1995, pp. 115-122
  • Courant d'Ombres, numĂ©ro spĂ©cial sur Francis Giauque, dirigĂ© par RenĂ© Pons et Patrick KrĂ©mer, n° 2, Gajan, automne 1995
  • Patrice Delbourg, « Francis Giauque, soufre noir », dans Les DĂ©semparĂ©s - 53 portraits d'Ă©crivains, Paris, Le Castor Astral, 1996, pp. 207-210
  • Alain Marc, Écrire le cri, Sade, Bataille, MaĂŻakovski…, prĂ©face de Pierre Bourgeade, OrlĂ©ans, l’Écarlate, 2000, pp 93, 105, 107, 109, 134 et hors-texte après p.72
  • Francis Giauque, Ă©ditĂ©, dirigĂ© et prĂ©facĂ© par Patrick Amstutz, numĂ©ro spĂ©cial de la revue Intervalles, avec des contributions de François Boddaert, Arlette BouloumiĂ©, Arnaud Buchs, Doris Jakubec, Dominique Kunz Westerhoff, Pierre Vilar, Emmanuel Rubio, et al., Intervalles, n° 73, PrĂŞles (Bienne), automne 2005
  • Christophe Dauphin, « Les Porteurs de feu. Francis Giauque », Les Hommes sans Épaules, n° 34, Nouvelle sĂ©rie / second semestre 2012
  • Vincent Teixeira, « Écrire-crier, la dĂ©sertion de Francis Giauque », The Bulletin of Central Research Institute, Humanities, Fukuoka University, vol. 12, n° 1, 2012
  • VĂ©ronique Gonzalez et Vincent Teixeira, L'Ombre et la Nuit de Francis Giauque, Gollion, Infolio Ă©ditions, collection Le cippe, 2015

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