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François Chalais

François-Charles Bauer, dit François Chalais, est un journaliste, grand reporter, puis pionnier dans le métier de chroniqueur de cinéma, né le à Strasbourg et mort le dans le 8e arrondissement de Paris.

François Chalais
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Biographie
Naissance
DĂ©cĂšs
SĂ©pulture
Nom de naissance
François Charles Bauer
Nationalité
Formation
Activités
Conjoints
Mei-Chen Chalais (d) (Ă  partir de )
France Roche

Biographie

Famille et jeunesse

François Chalais est le fils d'Émile Bauer, avocat, et de Lucienne Poussigue. Il Ă©tudie au lycĂ©e de Strasbourg puis dans les facultĂ©s de droit de Strasbourg, Bordeaux et Aix-en-Provence[1].

CarriĂšre

François Chalais dĂ©bute dans la presse en Ă©crivant de 1942 Ă  1944 dans plusieurs journaux, dont Je suis partout (collaborationniste, comme la grande majoritĂ© de la presse autorisĂ©e de l’époque)[2] - [3] et Combats, journal de la Milice française[4] (Ă  la rubrique du cinĂ©ma[5]). Il affirme, aprĂšs la guerre, avoir Ă©crit dans les journaux collaborationnistes Ă  la demande de la RĂ©sistance, pour transmettre des informations au rĂ©seau VĂ©lite-Thermopyles[6]. De fait, il est dĂ©corĂ© de la mĂ©daille de la RĂ©sistance Ă  la LibĂ©ration puis il rejoint le groupe de presse Amaury, qui avait Ă©tĂ© liĂ© au rĂ©seau « Thermopyles Â». Il dirige les pages culturelles de Carrefour entre 1944 et 1952, collaborant ponctuellement aux deux quotidiens du groupe, Le Parisien libĂ©rĂ© en 1945, et L'Équipe de 1949 Ă  1950. Plus tard, il revint Ă  la presse Ă©crite : France-Soir de 1976 Ă  1986 et le Figaro Magazine de 1980 Ă  1987 ainsi que CinĂ©monde.

Il travaille pour la Radiodiffusion-télévision française dÚs , comme grand reporter pour Cinq colonnes à la une.

Le Manifeste des 121, titrĂ© « DĂ©claration sur le droit Ă  l’insoumission dans la guerre d’AlgĂ©rie », est signĂ© par des intellectuels, universitaires et artistes et publiĂ© le . À l'Office de radiodiffusion-tĂ©lĂ©vision française, les signataires se voient interdire toute collaboration au sein d'un comitĂ© de rĂ©alisation, tout rĂŽle, interview, citation d'auteur ou compte rendu d'ouvrage[7]. FrĂ©dĂ©ric Rossif et François Chalais dĂ©cident d'interrompre la rĂ©alisation de leurs Ă©missions CinĂ©panorama. François Chalais commente : « Il nous devient impossible de rendre compte de l'ensemble de l'actualitĂ© cinĂ©matographique. Si Marilyn Monroe vient Ă  Paris, je ne pourrai mĂȘme pas la prĂ©senter aux tĂ©lĂ©spectateurs car elle me parlera de son prochain film tirĂ© d'une Ɠuvre de Sartre[8]. » Le ministre de l'Information dĂ©cide alors que François Chalais doit cesser tous rapports avec la RTF[9]. La solidaritĂ© des rĂ©alisateurs et producteurs obtient la levĂ©e de l'interdiction[10].

En 1962, Alain Delon, qui est déjà une star du cinéma, honorant sa promesse de tourner dans le téléfilm dont il lui avait présenté le projet, tourne Le Chien, l'histoire d'un homme qui en l'espace d'une nuit perd son chien et trouve l'amour. Il est diffusé le sur l'unique chaßne de télévision française[11].

Chalais participe activement Ă  la crĂ©ation du Festival de Cannes et Ă  son essor, mondialement Ă©tabli. Il le fait en magnifiant l'Ă©vĂ©nement, Ă  la façon d'un grand reporter de guerre avec toute sa dramaturgie, et en interviewant les gens qui allaient devenir les plus grands noms du cinĂ©ma (quand ce n'Ă©tait pas dĂ©jĂ  le cas), dans ses Ă©missions de tĂ©lĂ©vision CinĂ©panorama et Reflets de Cannes (souvent avec sa complice et premiĂšre Ă©pouse France Roche). La singularitĂ© de ses entretiens (maintenant prisĂ©s parmi les archives connues) en a fait un modĂšle du genre ; en opĂ©rant sur un ton particulier facilement reconnaissable, avec une certaine rudesse, expĂ©rimentĂ©e sur le front, sans ambages, curieusement en mĂȘme temps qu'un Ă©lan de camaraderie constant, propre Ă  faire tomber le masque des starlettes et Ă  lancer des conversations plus naturelles.

En 1964, il rĂ©alise un deuxiĂšme film pour la tĂ©lĂ©vision, intitulĂ© L'ÉtĂ© en hiver.

Dans les années 1960, il réalise plusieurs reportages à l'étranger. AprÚs la révolution, il est le premier journaliste non communiste à filmer librement Cuba. En Asie du Sud-Est, il obtient un énorme scoop en interviewant Madame Nhu, considérée comme la PremiÚre dame du Vietnam du Sud. Lors de l'entretien, elle compare les immolations publiques de bonzes à un barbecue, ce qui déclenche un scandale. En 1966, il rencontre le président indonésien Sukarno, officiellement encore président mais en réalité en résidence surveillée[12].

Il interviewe un pilote amĂ©ricain en , pendant la guerre du ViĂȘt Nam, Ă  l'occasion d'un de ses reportages pour l'Ă©mission Panorama intitulĂ©e SpĂ©cial Vietnam : le Nord vu par François Chalais — au cours duquel il a un entretien avec le Premier ministre du Nord-Vietnam, Pham Van Dong[13]. L'interview a lieu avec son camĂ©raman, Jean-Paul Janssen, et le pilote amĂ©ricain dĂ©tenu dans une prison nord-vietnamienne n'est autre que John McCain[14], futur sĂ©nateur puis candidat rĂ©publicain Ă  l'Ă©lection prĂ©sidentielle de 2008, battu par Obama.

François Chalais a écrit vingt ouvrages, dont dix-sept romans et trois livres de souvenirs, dont Les Chocolats de l'entr'acte (CarrÚre, 1989). Il a aussi écrit plusieurs scénarios.

En , le prix de l’AcadĂ©mie française rĂ©compense son Ɠuvre.

Incident avec Jean-Edern Hallier

En , au cours d'un dĂ©bat organisĂ© par Philippe Bouvard Ă  Nice pour un colloque des journĂ©es mondiales de l’écrivain portant sur le thĂšme « PublicitĂ© et littĂ©rature », François Chalais a une vive altercation avec l'Ă©crivain pamphlĂ©taire Jean-Edern Hallier, assis Ă  la mĂȘme tribune. Chalais accuse Hallier de « bidonnage » concernant un reportage sur le Cambodge et Hallier rĂ©torque que Chalais avait Ă©crit des articles pour le journal collaborationniste Je suis partout. Les deux hommes se lĂšvent et une bagarre Ă©clate entre eux, Hallier reçoit un coup de poing dans la figure


Mort

Tombe de François Chalais et de la mÚre de sa seconde épouse au cimetiÚre ancien de Neuilly-sur-Seine.

François Chalais meurt des suites d'une leucémie en 1996 et est inhumé au cimetiÚre ancien de Neuilly-sur-Seine[15].

Vie privée et postérité

AprÚs avoir été marié avec la journaliste et critique de cinéma France Roche, François Chalais épouse le Thi Hoa N'Guyen[1]. Sa seconde épouse, connue sous le nom de Mei-Chen Lou, fait vivre sa mémoire grùce au prix François-Chalais remis chaque année à Cannes à un film voué aux valeurs du journalisme.

Chaque année, un prix François-Chalais du meilleur scénario est également remis au Festival du cinéma russe à Honfleur, dont Chalais présida la premiÚre édition en 1995[16].

ƒuvres

Ouvrages

  • L'Ile d'Yeux, roman, Gallimard, 1952
  • Mon oiseau, ma belle, roman, Gallimard, 1968
  • L'atterrissage, roman, Stock, 1974
  • La peau de l'arlequin : Choses vĂ©cues, Stock, 1975
  • Lettre ouverte aux pornographes, Albin Michel, 1975
  • Un Ă©tĂ© ombrageux, roman, Stock, 1977
  • Une annĂ©e pas comme les autres, Stock, 1978
  • Un jour de plus, un jour de moins, roman, Hachette, 1981
  • Garry, roman, Plon, 1983
  • Le tir aux alouettes : Choses vĂ©cues, Plon, 1985
  • Du soleil toute une nuit, roman, Plon, 1987
  • Le brouillard bleu, roman, Albin Michel, 1991
  • HĂŽtel ChimĂšre, roman, Albin Michel, 1994
  • Cent portraits sans retouche, Hachette, 1995

Autobiographie

Notes et références

  1. Who’s Who in France : dictionnaire biographique, Éditions Jacques Lafitte, .
  2. Pascal Ory : Les Collaborateurs 1940-1945 Ă©d. Seuil, Points/Histoire 1976 p. 203 (ISBN 2-02-005427-2).
  3. Pierre Assouline, L'Epuration des intellectuels, 1944-1945, Bruxelles, Editions Complexe, coll. « Mémoire du siÚcle » (no 44), , 175 p. (ISBN 978-2-87027-353-1, OCLC 22777764), p. 119.
  4. Pascal Ory, Les Collaborateurs. Ne pas confondre Combats, journal officiel de la Milice française, et Combat, journal du mouvement de rĂ©sistance du mĂȘme nom.
  5. André Brissaud (préface de Robert Aron), La derniÚre année de Vichy (1943-1944), Librairie académique Perrin, Paris, 1965, 587 pages (ASIN B0014YAW8Q), p. 133.
  6. Dominique Lormier Les grandes affaires de la libération éd. Alisio 2019 (ISBN 978-2-37935-069-6)
  7. « Les signataires de la dĂ©claration sur l'insoumission ne pourront faire l'objet d'aucune citation Ă  la R.T.F. », Le Monde,‎
  8. « MM. Chalais et Rossif abandonnent CinĂ©panorama l'autorisation d'interviewer Simone Signoret leur Ă©tant refusĂ©e », Le Monde,‎
  9. « Nouvelles protestations Ă  la suite des incidents de « CinĂ©panorama » Ă  la TĂ©lĂ©vision », Le Monde,‎
  10. « L'interdit contre M. François Chalais est levĂ© », Le Monde,‎
  11. Le téléfilm est diffusé le samedi 10 mars 1963 à partir de 21 h 15 (Télé 7 Jours n°103, semaine du 10 mars 1963).
  12. Jacques Pessis, « François Chalais, le prix du danger », Le Figaro, supplĂ©ment « Le Figaro et vous »,‎ 18-19 dĂ©cembre 2021, p. 41 (lire en ligne).
  13. « Spécial Vietnam : le Nord vu par François Chalais » [vidéo], sur ina.fr, Panorama, ORTF, (consulté le ).
  14. « John McCain prisonnier au Vietnam » [vidéo], sur ina.fr, Panorama, ORTF, (consulté le ).
  15. Philippe Landru, « Neuilly-sur-Seine (92) : cimetiĂšre ancien visitĂ© en avril 1994 – 7e division – François Chalais », sur landrucimetieres.fr, CimetiĂšres de France et d'ailleurs, (consultĂ© le ).
  16. francois-chalais.fr, « Prix du scénario à Honfleur » (consulté le ).

Bibliographie

  • Denis Durand de Bousingen, « François Chalais (pseud. de François Charles Bauer) », dans Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne, vol. 6, p. 483.
  • Pascal Ory, Les collaborateurs, 1940-1945, Paris, Seuil, coll. « Points Histoire », , 316 p. (ISBN 978-2-02-004585-8, OCLC 3397013).
  • Bernard Vogler, « Chalais François (Bauer François-Charles, dit) », in Patrick Cabanel et AndrĂ© EncrevĂ© (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 Ă  nos jours, tome 1 : A-C, Les Éditions de Paris Max Chaleil, Paris, 2015, p. 628-629 (ISBN 978-2846211901)

Documentaire

  • Nicolas Henry, L'Aventurier des temps modernes, Licange Productions, 2019, diffusĂ© sur Public SĂ©nat en dĂ©cembre 2021.

Annexes

Liens externes

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