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François-Joseph de Lagrange-Chancel

Charles François-Joseph Victor de Chancel, dit Lagrange-Chancel, né au château d'Antoniac à Razac près de Périgueux en Périgord (département actuel de la Dordogne) le [1], et mort au même endroit le [2], est un auteur dramatique et poète français.

Lagrange-Chancel
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  81 ans)
Razac
Activités

Biographie

Lagrange-Chancel a dit : « Je ne savais pas lire que je savais rimer[3] ». Enfant prodige, il composa très jeune des vers sur toute sorte de sujets. Dès qu'il sut lire, il dévora les pièces de Pierre Corneille et les romans de La Calprenède. À sept ans, il fut mis au collège de Périgueux[4], puis fut envoyé à Bordeaux poursuivre ses études[5]. Il y découvrit le théâtre et se mit à composer des pièces qu'il interprétait avec d'autres enfants. Il choisit de porter à la scène un fait divers récemment arrivé dans la ville ; ce sujet souleva des protestations et la mère de Lagrange-Chancel ferma le théâtre et envoya le jeune auteur, alors âgé de quatorze ans, à Paris[6].

Il arriva dans la capitale muni de sa tragédie Jugurtha et ne tarda pas à se faire une réputation dans les salons par sa facilité à versifier. La princesse de Conti, charmée par un sonnet qu'il avait composé, l'admit au nombre de ses pages[1] - [7] et, enthousiasmée par Jugurtha, présenta son protégé à Louis XIV, qui demanda à Jean Racine, alors retiré du théâtre, de le guider dans ses entreprises littéraires[8]. Jugurtha, remanié, fut donné au théâtre le sous le titre d'Adherbal, roy de Numidie[1] - [9] et remporta un très vif succès[10], alors que l'auteur n'avait que dix-sept ans. Lagrange-Chancel fut nommé lieutenant dans le régiment du roi, puis dans les mousquetaires, et obtint enfin la charge de maître d'hôtel ordiraire de la princesse palatine[1], épouse de Monsieur[11].

Selon Lagrange-Chancel, en 1713, le duc de La Force, familier du duc d'Orléans, avec qui l'auteur s'était lié, lui déroba sa tragédie Ino et Mélicerte, l'une de ses meilleures pièces. Ce fut le signal d'une brouille et la haine de Lagrange-Chancel s'étendit au Régent Philippe d'Orléans qui avait pris le parti du duc[11]. Selon d'autres, Lagrange-Chancel fut excité contre le duc d'Orléans par la petite cour de Sceaux, autour du duc du Maine.

En tout état de cause, le poète composa contre le Régent des odes satiriques d'une très grande violence qu'il intitula Les Philippiques. Elles circulèrent sous forme de copies manuscrites et firent un bruit énorme[11]. Il y accusait notamment le duc d'Orléans d'avoir tenté d'empoisonner le jeune Louis XV et d'être l'amant de sa propre fille, Marie-Louise-Élisabeth d'Orléans, duchesse de Berry. La rumeur publique attribuait au Régent la paternité des grossesses clandestines de cette jeune veuve dépravée dont les amours débridées ne cessaient d'alimenter la chronique scandaleuse de la Régence et que le poète compare à Julie et Messaline. Impliqué dans une conjuration contre le Régent, Lagrange-Chancel fut emprisonné[1] aux îles de Lérins d'où il s'évada au bout de deux ans[11]. Il s'enfuit en Sardaigne, en Espagne, puis en Hollande où il composa une quatrième Philippique, puis une cinquième juste après la mort du Régent. En 1728, il put rentrer en France[1] grâce au duc de Bourbon, à qui il fournit certains renseignements secrets[11].

Il fit représenter quelques tragédies : Cassius et Victorinus, sur un sujet pieux, qu'il dédia à sa protectrice la princesse de Conti ; Orphée, qui échoua ; Pygmalion qui fut refusé par les Comédiens-Français. Lagrange-Chancel renonça alors au théâtre et se retira en Périgord, dans son château d'Antoniac où il se consacra à des travaux historiques.

Il est mort en 1758 dans son château d'Antoniac à Razac et est enterré dans l'église paroissiale Notre-Dame[1].

Ĺ’uvres

Postérité littéraire

Lorsque Lagrange-Chancel parut dans Paris, on voulut voir en lui le successeur de Racine. Mais aucune de ses pièces — dont certaines eurent du succès — ne justifia cet espoir. La meilleure d'entre elles, Amasis, souffre de la comparaison avec la Mérope (1743) de Voltaire, sur le même sujet[11]. Si l'auteur a le sens du théâtre et des situations dramatiques, les caractères sont froids et faux et la versification dure et prosaïque[11].

Les Philippiques ne sont pas sans talent et sont animées par un certain souffle, mais c'est celui de la haine et de l'exagération plus que celui de la poésie[12].

Ĺ’uvres dramatiques

Famille

  • LĂ©onard de Chancel[15] (†1686), seigneur de La Grange, mariĂ© en 1666 Ă  Anne Bertin, demoiselle d'Antoniac, fille de Pierre Bertin, avocat, et d'Honorette de Puybertrand
    • François-Joseph de Chancel (1677-1758), seigneur de La Grange, mariĂ© en 1708 avec Jeanne Marie du Cluzel (1687- ), tante de François Pierre du Cluzel,
      • Marie-Constance de Chancel, nĂ©e le 2 fĂ©vrier 1709, mariĂ©e en 1737 Ă  Nicolas Lefebvre de La Faluère, seigneur de Noizay,
      • Anne-François de Chancel, nĂ© le 6 juillet 1710, officier dans le rĂ©giment de Chartres, mort le 1er juillet 1743 de blessures reçues Ă  la bataille de Dettingen,
      • François Victor de Chancel (1712-1803), seigneur de La Grange et d'Antoniac, capitaine de dragons[16], mariĂ© en 1746 Ă  Marie Martin de Nantiat (1731-1782),
        • Charles Gaspard de Lagrange-Chancel (1754-1801), garde du corps du roi,
      • Françoise de Chancel, nĂ©e le 29 octobre 1715.
    • Louis de Lagrange-Chancel (1678-1745), chevalier de Lagrange, entrĂ© gentilhomme garde de la marine Ă  Toulon en mars 1694 grâce Ă  l'appui du duc du Maine, il a participĂ© au premier voyage en Chine de L'Amphitrite en 1698 (La Rochelle, 7 mars 1698 - Ă®le de Sancian, 5 octobre - Macao, 24 octobre, Canton, 31 octobre 1698 - 26 janvier 1700 - Port-Louis, 3 aoĂ»t 1700) sous le commandement du chevalier de La Roque[17] - [18]. De retour Ă  Port-Louis en aoĂ»t 1700, il est reçu le 17 dĂ©cembre dans l'ordre de Saint-Lazare. Il est nommĂ© enseigne de vaisseau en janvier 1703. Il est lieutenant gĂ©nĂ©ral garde-cĂ´tes maritimes en 1710, puis capitaine gĂ©nĂ©ral gardes-cĂ´tes dans l'Ă©tendue de la capitainerie d'Entre-Deux-Mers en 1713. Il s'est dĂ©solidarisĂ© de son frère quand celui-ci a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  la prison. Il a Ă©tĂ© fait chevalier de Saint-Louis le 23 dĂ©cembre 1721. Il a rĂ©digĂ© deux volumes de voyages faits dans diverses provinces de France[19] - [20]. Il a reçu la commanderie de PĂ©rigueux dĂ©pendant de l'ordre de Saint-Lazare le 9 dĂ©cembre 1732. Après une quarantaine d'annĂ©es de service dans la marine royale, il prend sa retraite chez son frère, Ă  Antoniac, oĂą il a Ă©crit ses mĂ©moires.
    • Marguerite de Chancel, nĂ©e le 5 mai 1680, mariĂ©e en 1702 Ă  Jean-Baptiste Stoppa, capitaine aux Gardes suisses, neveu du lieutenant gĂ©nĂ©ral des armĂ©es du roi, colonel du rĂ©giment des Gardes suisses, Jean-Pierre Stoppa.
    • Pierre-Jean de Chancel naĂ®t le 4 mai 1685, et meurt enseigne de vaisseau sur le Fidelle au cours d'une tempĂŞte au retour de l'expĂ©dition de Rio de Janeiro commandĂ©e par RenĂ© Duguay-Trouin, en 1711.
    • HonorĂ©e de Chancel, morte avant 1700.

Hommages

Depuis une délibération municipale de Périgueux datant du , une rue de la ville porte son nom[21] - [22].

Sa commune natale, Razac-sur-l'Isle, a également une voie à son nom[23]. De plus, il est enterré dans l'église paroissiale du lieu et un médaillon sculpté le représentant est accroché à l'extérieur de l'église[1].

De mĂŞme, Saint-Astier, ville importante proche de Razac-sur-l'Isle, a une rue du mĂŞme nom[24].

  • MĂ©daillon sur le contrefort sud-est de l'Ă©glise de Razac-sur-l'Isle.
    MĂ©daillon sur le contrefort sud-est de l'Ă©glise de Razac-sur-l'Isle.
  • Idem.
    Idem.
  • Plaque Ă  l'entrĂ©e de la nef de l'Ă©glise de Razac-sur-l'Isle.
    Plaque à l'entrée de la nef de l'église de Razac-sur-l'Isle.

Notes et références

  1. Guy Penaud, Dictionnaire biographique du PĂ©rigord, Ă©ditions Fanlac, 1999, (ISBN 2-86577-214-4), p. 541-542
  2. Acte de décès à Razac, vue 490/552.
  3. Lagrange, Œuvres, p. iii (préface)
  4. Lagrange, Œuvres, p. ix (préface)
  5. Lagrange, Œuvres, p. x (préface)
  6. Lagrange, Œuvres, p. xii (préface)
  7. Lagrange, Œuvres, p. xx (préface)
  8. Lagrange, Œuvres, p. xxxi (préface)
  9. Lagrange, Œuvres, p. xxxvii (préface)
  10. Lagrange, Œuvres, p. xli (préface)
  11. Vapereau, Dictionnaire des littératures, p. 1166
  12. Les Philippiques de La Grange-Chancel, publiées d'après le manuscrit et les annotations de l'auteur, avec une préface, par Albert Dujarric-Descombes, Imprimerie Dupont et Cie, Périgueux, 1878 (lire en ligne)
  13. de LĂ©ris, Dictionnaire portatif, p. 203
  14. de LĂ©ris, Dictionnaire portatif, p. 129
  15. Louis Pierre d'Hozier, « Chancel de La Grange en Périgord », dans Armorial général de la France, Pierre Prault, Paris, 1752, Registre troisième 1re partie, p. 333-334 (lire en ligne)
  16. Michel Combet, « Charles-François-Victor Lagrange Chancel, ancien capitaine des dragons, est, de 1761 à la Révolution, l'entrepreneur de la pépinière royale de Périgueux, établie sur ses terres, à Antoniac », dans Mémoire de la Dordogne, no 14, avril 2001, p. 2-6, (ISSN 1241-2228) (lire en ligne)
  17. Giovanni Battista Gherardini, peintre italien, Relation Du Voyage Fait à la Chine Sur Le Vaisseau L'Amphitrite, en l'année 1698, 1700 (lire en ligne)
  18. Paul Pelliot, « Le premier voyage de l'Amphitrite en Chine », dans Bulletin de l'École française d'Extrême-Orient, 1931, tome 31, p. 253-254 (lire en ligne)
  19. Albert Dujarric-Descombes, « Le chevalier de Lagrange-Chancel, son voyage en Périgord », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1916, tome 43, p. 136-147, 189-197, 287-300, , 322-336 (lire en ligne), 1917, tome 44, p. 60-81
  20. Marquis de Fayolle, « Remarque sur le voyage du chevalier de Lagrange-Chancel », dans Bulletin de la Société historique et archéologique du Périgord, 1917, tome 44, p. 82-86 (lire en ligne)
  21. Guy Penaud, Le grand livre de Périgueux, Périgueux, Éditions de la Lauze, , 601 p. (ISBN 2-912032-50-4), p. 284.
  22. « rue Lagrange-Chancel, Périgueux » sur Géoportail (consulté le 9 janvier 2022)..
  23. « rue Lagrange-Chancel à Razac-sur-l'Isle » sur Géoportail (consulté le 9 janvier 2022)..
  24. « rue Lagrange-Chancel à Saint-Astier » sur Géoportail (consulté le 9 janvier 2022)..

Annexes

Bibliographie

  • François-Joseph de la Grange-Chancel, Ĺ’uvres de monsieur de la Grange-Chancel, vol. 5, Paris, Les libraires associĂ©s, , 295 p. (OCLC 492617663) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Antoine de LĂ©ris, Dictionnaire portatif et historique des théâtres, Paris, C. A. Jombert, , 746 p. (OCLC 11629597) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article
  • Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littĂ©ratures, Paris, Hachette Filipacchi MĂ©dias, , 2096 p. (OCLC 301750693) Document utilisĂ© pour la rĂ©daction de l’article

Liens externes

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