Formule du nivellement barométrique
La formule du nivellement barométrique décrit la répartition verticale des molécules de gaz dans l'atmosphÚre de la Terre, et donc la variation de la pression atmosphérique en fonction de l'altitude.
On parle ainsi d'un gradient vertical de pression, mais qui ne peut ĂȘtre dĂ©crit mathĂ©matiquement qu'en approximations, en raison de la dynamique de la mĂ©tĂ©orologie dans l'atmosphĂšre infĂ©rieure. En premiĂšre approximation, on peut supposer que prĂšs du niveau de la mer, la pression diminue d'un hectopascal quand l'altitude augmente de 8 mĂštres.
Ăquation hydrostatique
La variation de la pression et de la masse volumique de l'air dans l'atmosphÚre est décrite par l'équation de la statique des fluides.
Pour l'Ă©tablir, considĂ©rons un volume Ă©lĂ©mentaire de surface de base A et de hauteur infinitĂ©simale dh, contenant de l'air de masse volumique Ï. Le poids dP de ce volume d'air est donnĂ© par .
En dessous du volume s'exerce une force vers le haut due à la pression atmosphérique p. La force exercée vers le bas par la pression atmosphérique sur le dessus du volume est .
Nous n'avons pas besoin de considérer les forces de pression qui s'exercent sur les cÎtés du volume élémentaire, car elles s'équilibrent.
A l'équilibre hydrostatique, la somme vectorielle des forces qui s'exercent sur le volume élémentaire est nulle :
soit .
On obtient donc la relation : .
D'aprĂšs la loi des gaz parfaits, la masse volumique de l'air s'Ă©crit : . Ainsi :
|
M est la masse molaire moyenne des gaz de l'atmosphĂšre (0,028 964 4 kg/mol), g l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur (9,806 65 m/s2), R la constante universelle des gaz parfaits (8,314 462 618 15 J Kâ1 molâ1) et T la tempĂ©rature absolue (K).
L'équation hydrostatique décrit de quelle quantité dp la pression atmosphérique varie pour une petite variation dh de l'altitude. Comme le montre la présence du signe moins, dp est négatif quand dh est positif : la pression diminue quand l'altitude augmente. Par exemple, à une pression moyenne de p = 1 013 hPa au niveau de la mer et pour une température de 288 K (15 °C), la pression diminue de 0,12 hPa lorsque l'altitude augmente de 1 m, et de 1 hPa quand l'altitude augmente de 8,3 m. On appellera échelon barométrique la différence d'altitude pour laquelle la différence de pression est de 1 hPa. Pour des altitudes et des températures plus importantes, la pression varie moins vite et l'échelon barométrique augmente.
De maniÚre générale, on souhaite obtenir des valeurs explicites de la pression ou de la masse volumique en fonction de l'altitude. On peut obtenir les variations de pression pour de grandes variations d'altitude en utilisant la méthode de séparation des variables : puis en intégrant l'équation barométrique : .
L'intĂ©gration du terme de gauche donne . Pour intĂ©grer le terme de droite, il nous faut connaĂźtre la dĂ©pendance Ă l'altitude de T et g. L'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e comme constante pour des altitudes raisonnables. En revanche, T varie de maniĂšre complexe et imprĂ©visible en fonction de l'altitude. Il est donc nĂ©cessaire d'Ă©mettre des hypothĂšses simplificatrices sur l'Ă©volution de T en fonction de l'altitude h.
AtmosphĂšre isotherme
La formule du nivellement barométrique pour l'atmosphÚre isotherme est l'hypothÚse la plus souvent citée dans les cours ou la littérature introductive. La température T est uniforme quelle que soit l'altitude.
Ătablissement Ă partir de l'Ă©quation baromĂ©trique
Pour T constant, l'intégration de l'équation barométrique donne :
Pour T constant, et en introduisant l'altitude caractéristique , on simplifie l'équation en :
|
à chaque augmentation de l'altitude de hs, la pression diminue d'un facteur . L'altitude caractéristique est ainsi une mesure naturelle pour la hauteur de l'atmosphÚre et de l'évolution de la pression en son sein. Pour ce modÚle d'atmosphÚre, elle vaut environ 8,4 km pour T = 15 °C.
La masse volumique s'exprime de maniĂšre similaire :
|
Pour un observateur descendant une montagne, la pression augmente continûment, puisqu'une colonne d'air de plus en plus lourde repose sur lui.
Ici l'augmentation est exponentielle, car l'air est compressible : pour chaque mĂštre de variation d'altitude, le poids d'une colonne d'air reposant sur une certaine surface augmente du poids du volume de la colonne d'air qui s'y ajoute. Ce poids dĂ©pend de la densitĂ© de l'air, qui dĂ©pend elle-mĂȘme de la pression. La pression augmente donc d'autant plus vite qu'elle est dĂ©jĂ importante. (Si une grandeur varie d'une valeur proportionnelle Ă cette grandeur, la variation globale sera exponentielle.)
Ătablissement Ă partir de la physique statistique
ConsidĂ©rons un systĂšme de particules Ă l'Ă©quilibre thermique Ă la tempĂ©rature T (qui a donc la mĂȘme tempĂ©rature en tout point) dont les particules peuvent occuper des niveaux d'Ă©nergie Ej rĂ©partis discrĂštement ou continĂ»ment.
La probabilité qu'une particule occupe le niveau d'énergie Ej est donnée par la distribution de Boltzmann :
- .
kb est la constante de Boltzmann et Z un facteur de normalisation (la fonction de partition) qui assure que la somme sur toutes les probabilités est égale à 1. Pour un systÚme constitué de N particules, le nombre de particules dans l'état Ej est nj = N Pj.
Une particule de gaz de masse m a dans le champ de pesanteur une Ă©nergie potentielle Epot=mgh et, Ă cause de sa tempĂ©rature dans le milieu, une Ă©nergie thermique Eth; donc au total, une Ă©nergie E(h)=mgh+Eth. Si l'on considĂšre deux volumes Ă©lĂ©mentaires de mĂȘme taille Ă des altitudes h0 et h1, les particules Ă l'altitude h1 ont une Ă©nergie supĂ©rieure de mgÎh. Le rapport des probabilitĂ©s de prĂ©sence d'une particule dans le volume Ă h1 et dans le volume Ă h0 vaut donc :
- .
Pour un nombre de particules N suffisamment grand, la densité de particules n(h) se comporte comme les probabilités de présence :
- ,
et d'aprĂšs la loi des gaz parfaits , la pression obĂ©it Ă la mĂȘme relation :
Du point de vue Ă©nergĂ©tique, on a supposĂ© ici les hypothĂšses du thĂ©orĂšme d'Ă©quipartition vĂ©rifiĂ©es. Mais cette hypothĂšse n'est en gĂ©nĂ©ral vĂ©rifiĂ©e que pour une atmosphĂšre dense, seul cas oĂč les Ă©nergies entre les diffĂ©rents degrĂ©s de libertĂ© peuvent ĂȘtre Ă©changĂ©s par chocs entre les molĂ©cules de gaz.
(Justification : Le thĂ©orĂšme d'Ă©quipartition n'est en gĂ©nĂ©ral valable que pour les hautes Ă©nergies car il ne peut ĂȘtre utilisĂ© directement que sur des potentiels de forme quadratiques dans la fonction de Hamilton. Comme l'Ă©nergie potentielle d'altitude n'est que linĂ©aire dans la fonction de Hamilton, on ne peut en gĂ©nĂ©ral pas supposer le thĂ©orĂšme d'Ă©quipartition valide pour les gaz trĂšs diluĂ©s.)
AtmosphĂšre adiabatique
D'aprÚs l'équation barométrique et pour une transformation adiabatique telle que , on a :
Une solution est :
En introduisant le facteur , on a pour la pression, la masse volumique et la température :
La variation de température est linéaire.
En considérant :
- l'exposant adiabatique de l'air sec Îș = 1,402,
- l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur g = 9,807 m sâ2,
- la masse volumique Ï0 = 1,23 kg mâ3,
- la pression p0 = 1,013 bar
- la température à T0 = 288 K l'altitude h0
on a :
et le gradient de température vaut :
C'est environ le gradient de température indiqué dans la section suivante, qui lui est en revanche déterminé à partir de l'expansion adiabatique de l'air humide : l'exposant adiabatique de l'air humide est plus faible que l'exposant adiabatique de l'air sec, et donc h0 croßt.
D'autres limitations de l'hypothĂšse adiabatique :
- Si l'air devient trĂšs froid, l'exposant adiabatique de l'air sec varie Ă©galement.
- à de trÚs grandes altitudes (densité faible), le libre parcours moyen devient trÚs grand, et les équations ne sont plus valables.
- En outre, l'effet de serre invalide l'hypothÚse adiabatique selon laquelle il n'y a pas d'échanges énergétiques avec l'environnement.
AtmosphÚre avec évolution de température linéaire
Ătablissement
Dans le cas général, la température n'est pas constante mais varie avec l'altitude. L'hypothÚse la plus simple pour tenir compte de cette variation est de supposer une diminution linéaire de la température avec l'altitude. Ainsi pour la température T(h) :
- ,
oĂč a est la valeur (positive) du gradient de tempĂ©rature vertical, qui indique de combien de kelvins la tempĂ©rature diminue par mĂštre de diffĂ©rence d'altitude.
L'intégration du terme de droite de l'équation barométrique donne :
- .
Comme
le calcul de l'intégrale donne
- ,
donc finalement, l'intégration de l'équation barométrique
donne :
- ,
La formule du nivellement barométrique pour une variation linéaire de la température devient :
|
Et pour la masse volumique :
|
L'exposant est diminué de 1 car le rapport entre pression et masse volumique dépend de la température.
En aĂ©ronautique, cette formule du nivellement baromĂ©trique "Ă©tendue" est Ă la base de la fonction du nivellement baromĂ©trique pour l'atmosphĂšre standard, oĂč l'atmosphĂšre est discrĂ©tisĂ©e en couches Ă©lĂ©mentaires avec interpolation linĂ©aire de l'Ă©volution de la tempĂ©rature. En commençant par la couche la plus basse, la tempĂ©rature et la pression Ă la frontiĂšre haute d'une couche Ă©lĂ©mentaire sont calculĂ©es, et utilisĂ©es comme donnĂ©es pour la frontiĂšre basse de la couche suivante. Ainsi, on construit de maniĂšre inductive le modĂšle de l'atmosphĂšre tout entiĂšre.
Gradients de température typiques
Comme le montrent des mesures des profils de tempĂ©rature dans l'atmosphĂšre, l'hypothĂšse de l'Ă©volution linĂ©aire de la tempĂ©rature est une bonne approximation, mĂȘme s'il apparaĂźt dans certains cas des dĂ©viations importantes (en particulier lors d'inversions mĂ©tĂ©orologiques).
L'origine principale de cette diminution de la tempĂ©rature avec l'altitude est que les couches basses de l'atmosphĂšre sont chauffĂ©es par la surface de la Terre (elle-mĂȘme chauffĂ©e par le soleil), tandis que les couches hautes rayonnent de la chaleur vers l'espace. Ă ceci s'ajoutent des variations de tempĂ©rature adiabatiques sĂšches ou humides de paquets d'air ascendants ou descendants, et d'autres modifications dues au mĂ©lange de masses d'air d'origines diffĂ©rentes.
Dans des masses d'air chaud, le gradient de température prend des valeurs de 0,3 à 0,5 K pour 100 m, des valeurs de 0,6 à 0,8 K pour 100 m dans l'air froid, et 0,65 K pour 100 m en moyenne. Dans des zones de vallées, des inversions météorologiques réguliÚres peuvent faire baisser le gradient de température jusqu'à 0,5 K pour 100 m, voire à 0,4 K pour 100 m durant les mois d'hiver.
On se limitera à la description des variations de température et de pression dans la troposphÚre. Dans la stratosphÚre, la température diminue moins vite, voire augmente à nouveau par l'absorption de rayons UV dans la couche d'ozone.
Pour un gradient de tempĂ©rature de 0,65 K pour 100 m, l'exposant Mg/Ra prend la valeur numĂ©rique approchĂ©e de 5,25578595912636987 (avec les valeurs numĂ©riques exactes de M=0,0289644, g=9,80665 et R=8,31446261815), rĂ©sultat qui est arrondi â de façon erronĂ©e â Ă 5,255 (au lieu de 5,256) :
Sous cette forme (et en prenant dans la suite des calculs l'exposant arrondi Ă 5,255, et non pas Ă 5,256), on peut utiliser la formule de nivellement dans le cas courant oĂč l'on connaĂźt la tempĂ©rature et la pression Ă une des deux altitudes, mais pas le gradient de tempĂ©rature.
Altitude en m |
Pression en hPa |
Baisse en % |
---|---|---|
0 m | 1013,25 | 0 |
500 m | 954,61 | 5,78 |
1 000 m | 898,76 | 11,30 |
1 500 m | 845,58 | 16,55 |
2 000 m | 794,98 | 21,54 |
2 500 m | 746,86 | 26,29 |
3 000 m | 701,12 | 30,80 |
3 500 m | 657,68 | 35,09 |
4 000 m | 616,45 | 39,16 |
4 500 m | 577,33 | 43,02 |
5 000 m | 540,25 | 46,68 |
6 000 m | 471,87 | 53,43 |
7 000 m | 410,66 | 59,47 |
8 000 m | 356,06 | 64,86 |
9 000 m | 307,48 | 69,65 |
10 000 m | 264,42 | 73,90 |
11 000 m | 226,37 | 77,66 |
On obtient également le tableau suivant pour la dépendance à l'altitude et à la température de l'échelon de nivellement barométrique :
échelon de nivellement barométrique [m/hPa] | ||||
---|---|---|---|---|
h | â15 °C | 0 °C | 15 °C | 30 °C |
0 m | 7,5 | 7,9 | 8,3 | 8,8 |
500 m | 7,9 | 8,3 | 8,7 | 9,2 |
1 000 m | 8,3 | 8,7 | 9,2 | 9,6 |
2 000 m | 9,3 | 9,7 | 10,1 | 10,6 |
3 000 m | 10,4 | 10,8 | 11,2 | 11,6 |
Pour des altitudes et des températures moyennes, on utilise souvent la formule « 1 hPa / 30ft ». Cette approximation est souvent utilisée par les pilotes pour des calculs mentaux rapides.
Formule internationale du nivellement barométrique
En prenant le niveau de la mer comme altitude de référence h0, et en prenant pour l'atmosphÚre un état moyen défini par l'atmosphÚre normalisée type OACI (Température 15 °C = 288,15 K, pression 1013,25 hPa, gradient vertical de température 0,65 K pour 100 m), on obtient la formule internationale du nivellement barométrique :
Cette formule permet le calcul de la pression à une certaine altitude, sans avoir besoin de connaßtre la température ou le gradient vertical de température. La précision dans le cas d'applications pratiques est toutefois limitée, puisque l'on choisit ici un état moyen différent de l'état réel de l'atmosphÚre.
Cas général
Dans le cas général, la solution de l'équation barométrique est :
- ,
soit
avec une intégrale restant à calculer.
Température virtuelle
La constante des gaz parfaits R est une constante universelle et peut ĂȘtre sortie de l'intĂ©grale. La masse molaire moyenne des gaz de l'atmosphĂšre M est, sauf en cas de trĂšs fortes variations de l'humiditĂ© de l'air, pratiquement constante au sein de la troposphĂšre et peut Ă©galement ĂȘtre sortie de l'intĂ©grale. Dans une atmosphĂšre au repos, les diffĂ©rences d'altitude caractĂ©ristique hs entre les diffĂ©rents gaz de l'atmosphĂšre, qui ont des masses molaires diffĂ©rentes, pourraient conduire Ă une sĂ©paration des gaz, les gaz les plus lĂ©gers se concentrant dans les couches supĂ©rieures et les gaz lourds dans les couches infĂ©rieures. Mais ce n'est pas le cas grĂące Ă un mĂ©lange important des gaz dĂ» aux conditions mĂ©tĂ©orologiques dans la troposphĂšre. La variation de l'humiditĂ© de l'air ainsi que d'autres causes de variation de M peuvent ĂȘtre prises en compte en considĂ©rant la tempĂ©rature virtuelle correspondante Tv au lieu de la tempĂ©rature rĂ©elle T. On peut ainsi utiliser pour M la valeur de la masse molaire de l'air sec au niveau de la mer.
Altitude géopotentielle
La diminution de l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur g avec l'altitude doit ĂȘtre prise en compte en cas de grandes altitudes ou d'exigences de prĂ©cision importantes. Une accĂ©lĂ©ration de la pesanteur variable dans l'intĂ©grande de la solution de l'Ă©quation baromĂ©trique complique Ă©normĂ©ment le problĂšme. Pour le contourner, on utilise la notion d'altitude gĂ©opotentielle plutĂŽt que l'altitude gĂ©omĂ©trique. Imaginons une masse m soulevĂ©e du niveau de la mer jusqu'Ă une altitude h, avec g variable. Comme g diminue avec l'altitude, l'Ă©nergie potentielle ÎEpot gagnĂ©e par la masse est infĂ©rieure Ă l'Ă©nergie potentielle pour g = g0. L'altitude gĂ©opotentielle hp est l'altitude Ă laquelle soulever la masse m Ă g = g0 constant pour lui apporter la mĂȘme Ă©nergie potentielle ÎEpot. (En d'autres termes, hp est le potentiel gravitationnel divisĂ© par g0.) L'altitude gĂ©opotentielle est mesurĂ©e en mĂštre gĂ©opotentiel; les surfaces de mĂȘme altitude gĂ©opotentielle sont des surfaces Ă©quipotentielles dans le champ de pesanteur.
Pour l'altitude géopotentielle hp correspondant à une altitude géométrique h, on a :
- ,
d'oĂč
- .
En ce qui concerne le rapport entre l'accélération de la pesanteur à l'altitude h et l'accélération de la pesanteur g0, le champ de gravitation diminue quadratiquement en fonction de la distance au centre de la Terre :
- .
vaut 6 356 km (rayon de la Terre). Il faut aussi prendre en compte le fait que l'accélération de la pesanteur au niveau de la mer g0 dépend de la latitude.
De cette maniÚre, il faut convertir les altitudes géométriques en altitudes géopotentielles avant le calcul, ce qui permet d'utiliser l'accélération de la pesanteur au niveau de la mer g0 dans les calculs plutÎt qu'une accélération de la pesanteur variable. Pour de faibles altitudes, la différence entre altitudes géométrique et géopotentielle est assez faible et souvent négligeable :
géométrique | géopotentiel |
---|---|
0 m | 0,0 m |
500 m | 500,0 m |
1 000 m | 999,8 m |
5 000 m | 4 996,1 m |
10 000 m | 9 984,3 m |
En utilisant l'accélération de la pesanteur au niveau de la mer g0, les altitudes géopotentielles hp0 et hp1 et la température virtuelle Tv, la formule du nivellement barométrique générale se simplifie en :
- .
Il reste Ă calculer l'intĂ©grale de 1/Tv, ce qui suppose de connaĂźtre le profil de tempĂ©rature Tv(hp). Il peut par exemple ĂȘtre dĂ©terminĂ© Ă l'aide de radiosondes. Pour des modĂšles simplifiĂ©s d'atmosphĂšre Ă tempĂ©rature constante ou d'Ă©volution linĂ©aire, on retrouve les formules de nivellement traitĂ©es au dĂ©but.
Applications
Théorie
La pression de l'air mesurĂ©e par un baromĂštre dĂ©pend de l'Ă©tat mĂ©tĂ©orologique de l'atmosphĂšre mais Ă©galement de l'altitude de mesure. Si l'on a besoin de comparer les mesures de diffĂ©rents baromĂštres en diffĂ©rents lieux (par exemple pour estimer l'Ă©tat d'une dĂ©pression ou d'un front), il faut s'affranchir de l'influence de l'altitude de mesure sur les donnĂ©es relevĂ©es. Dans ce but, les pressions mesurĂ©es sont rapportĂ©es Ă une altitude de rĂ©fĂ©rence, en gĂ©nĂ©ral le niveau de la mer, Ă l'aide d'une formule de nivellement. Ce calcul est appelĂ© rĂ©duction (mĂȘme si les valeurs augmentent). Le rĂ©sultat de cette rĂ©duction est la pression rĂ©duite au niveau de la mer (ou PNM).
Il faut utiliser la bonne formule suivant chaque exigences de précision. Pour un calcul approché, on peut calculer un facteur de réduction à partir de la formule de nivellement à température constante (pour laquelle il faut néanmoins choisir une température représentative) :
Pour une altitude standard de 500 m et en choisissant une température annuelle moyenne de 6 °C, on trouve un facteur de réduction de 1,063. Les valeurs mesurées seront à multiplier par ce facteur.
Si l'on a besoin de plus de prĂ©cision, il faut au moins prendre en compte la tempĂ©rature rĂ©elle de l'air. On peut voir son influence sur l'exemple suivant, oĂč l'on a mesurĂ© une pression de 954,3 hPa Ă une altitude de 500 m, en utilisant la formule de nivellement baromĂ©trique pour une Ă©volution de tempĂ©rature linĂ©aire (a=0,0065 K/m) en fonction de diffĂ©rentes tempĂ©ratures T(h). La rĂ©duction donne :
T(h) | â10 °C | 0 °C | 10 °C | 20 °C | 30 °C |
---|---|---|---|---|---|
p0 | 1017,9 | 1015,5 | 1013,3 | 1011,2 | 1009,3 |
On voit que le choix de la tempĂ©rature se traduit par des diffĂ©rences de pression de l'ordre du hPa. Si l'on souhaite obtenir une bonne prĂ©cision, que les profils de tempĂ©rature sont disponibles, et que la prĂ©cision et lâĂ©talonnage du baromĂštre utilisĂ© justifient les moyens, la rĂ©duction devrait toujours se faire avec les profils de tempĂ©rature rĂ©els. On peut alors utiliser la formule de nivellement correspondant Ă une Ă©volution linĂ©aire de la tempĂ©rature. On pourrait Ă©galement utiliser la variante Ă tempĂ©rature constante, en utilisant la tempĂ©rature Ă mi-hauteur :
Cette variante est en théorie un peu moins précise, puisqu'elle ne prend pas en compte la variation de la température avec l'altitude, alors que la variante linéaire la prend en compte par hypothÚse. Toutefois, pour les températures et altitudes utilisées dans les stations météorologiques, la différence est négligeable.
La formule de réduction recommandée par le service météorologique allemand correspond à la variante à température constante. La température à mi-hauteur est estimée à partir de la mesure de la température à l'altitude de mesure, à l'aide du gradient de température standard. L'humidité de l'air est prise en compte par l'utilisation de la température virtuelle correspondante.
avec
Pression réduite au niveau de la mer | ||
Pression à l'altitude du baromÚtre (en hPa, précision de 0,1 hPa) | ||
= 9,806 65 m/s2 | Accélération de la pesanteur standard | |
= 287,05 m2/(s2 K) | Constante spécifique de l'air sec (= R/M) | |
Altitude du baromÚtre (en m, à 1 dm prÚs ; on peut effectuer les calculs à partir de l'altitude géométrique jusqu'à 750 m, au-delà il faut utiliser l'altitude géopotentielle) | ||
Température de mesure (en K, avec T(h) = t(h) + 273,15 K) | ||
Température de mesure (en °C) | ||
= 0,0065 K/m | Gradient de température vertical | |
Pression partielle de vapeur d'eau (en hPa) | ||
= 0,12 K/hPa | Coefficient correctif pour la pression partielle, pour prendre en compte de la variation moyenne de la pression partielle de vapeur en fonction de l'altitude (dépendant du lieu de mesure, mais supposé constant ici) |
Si l'on ne dispose pas de mesure de l'humidité de l'air, on peut estimer E avec les approximations suivantes, basées sur des moyennes annuelles de la température et de l'humidité :
Pratique
Pour un mĂ©tĂ©orologue amateur, les exigences de prĂ©cision pour la mesure de la pression et de l'altitude du baromĂštre dĂ©crites prĂ©cĂ©demment n'ont en gĂ©nĂ©ral pas besoin d'ĂȘtre satisfaites. Pour un baromĂštre de station mĂ©tĂ©orologique amateur, il faut compter sur une erreur systĂ©matique d'au moins 1 Ă 2 hPa. Une telle incertitude correspond Ă une incertitude sur l'Ă©chelon baromĂ©trique de 10 Ă 20 m. Vouloir estimer plus prĂ©cisĂ©ment l'altitude de mesure ne conduirait probablement pas Ă une meilleure prĂ©cision. Dans cette optique, il faudrait dĂ©jĂ estimer s'il est pertinent ou non de considĂ©rer l'influence de l'humiditĂ© de l'air.
Il ne faut pas utiliser l'altitude rĂ©elle, mais l'altitude fictive qui correspond Ă la meilleure approximation de la pression rĂ©duite au niveau de la mer, Ă partir des donnĂ©es d'un baromĂštre de rĂ©fĂ©rence proche (station mĂ©tĂ©orologique officielle, aĂ©roport, etc.). Avec un Ă©talonnage de ce type, on peut compenser en grande partie l'erreur systĂ©matique du baromĂštre. Il est appropriĂ© d'utiliser une altitude approchĂ©e pour la rĂ©duction, puis de comparer ses propres mesures avec une mesure de rĂ©fĂ©rence sur une certaine durĂ©e et pour diffĂ©rentes tempĂ©ratures. Si l'on remarque une erreur systĂ©matique, on peut calculer la diffĂ©rence d'altitude avec la bonne formule de nivellement afin de modifier l'altitude rĂ©duite en consĂ©quence. Si l'on ne considĂšre pas l'impact de la tempĂ©rature, il faut effectuer lâĂ©talonnage pour une tempĂ©rature reprĂ©sentative.
Les baromĂštres de salon sont en gĂ©nĂ©ral rĂ©glĂ©s pour indiquer la pression rĂ©duite Ă l'aide d'une vis Ă l'arriĂšre de l'objet, qui permet de rĂ©gler la tension du ressort de la capsule de Vidie. Cet Ă©talonnage correspond donc Ă un dĂ©calage de la graduation. En thĂ©orie, c'est un Ă©talonnage incorrect : comme le montrent les formules de nivellement, la rĂ©duction au niveau de la mer se fait par une multiplication par un facteur dâĂ©talonnage, et non une simple addition de constante (la pression rĂ©duite au niveau de la mer varie d'un peu plus qu'un hPa quand la pression Ă l'altitude du baromĂštre varie de 1 hPa). L'Ă©chelle de graduation doit donc ĂȘtre lĂ©gĂšrement Ă©tirĂ©e en plus d'ĂȘtre dĂ©calĂ©e. L'erreur correspondante est toutefois plus faible que l'erreur provenant de la non prise en compte de l'influence de la tempĂ©rature. Comme il n'est pas possible d'indiquer au baromĂštre l'altitude actuelle, lâĂ©talonnage ne peut se faire que par comparaison avec un baromĂštre de rĂ©fĂ©rence. LâĂ©talonnage doit se faire Ă l'altitude du baromĂštre (ou bien Ă un endroit de mĂȘme altitude) : cela n'a pas de sens de faire Ă©talonner « correctement » l'appareil chez son fabricant ou vendeur s'il celui-ci est situĂ© Ă un tout autre endroit. Lorsque le baromĂštre est utilisĂ© pour une prĂ©vision mĂ©tĂ©orologique Ă court terme par la mesure des variations de pression, un Ă©talonnage exact n'est pas aussi nĂ©cessaire.
Limites
En gĂ©nĂ©ral, lors de la rĂ©duction de mesures de pression, il faut ĂȘtre conscient que la colonne d'air ajoutĂ©e par calcul ne peut souvent pas exister rĂ©ellement et ne donne pas la « vraie » valeur de la « pression rĂ©duite niveau de la mer »âŠ
Les formules de réduction reposent sur des conventions et servent, au-delà d'applications scientifiques spécifiques, à rendre les mesures de stations météorologiques différentes aussi comparables que possible.
Un exemple de la fictivité de la colonne d'air ajoutée : sur une plaine sur laquelle ne s'écoule pas d'air froid, l'air prÚs du sol peut se refroidir par une nuit claire à cause du rayonnement thermique du sol (phénomÚne d'inversion). Une station météorologique à cet endroit enregistrerait cette température moindre. Si cette plaine s'était trouvée au niveau de la mer, l'air ne se serait pas refroidi (absence du sol responsable de l'inversion), et la colonne d'air réelle aurait eu une température bien plus importante que la colonne d'air calculée. Le calcul a admis une trop grande densité de l'air de la colonne d'air, et donne une pression réduite plus importante que la pression réelle au niveau de la mer.
Mesures d'altitudes
La dĂ©pendance de la pression atmosphĂ©rique Ă l'altitude permet de calculer des hauteurs. De telles mesures de hauteur sont rapides et simples Ă mettre en Ćuvre, mais leur prĂ©cision est limitĂ©e. Un baromĂštre utilisĂ© pour la mesure d'altitude est appelĂ© altimĂštre. Les mĂ©thodes de mesures dĂ©pendent de l'utilisation et des exigences de prĂ©cision. Ce genre de mesures servent entre autres pour les randonnĂ©es, ou bien pour la topographie dans le cas de mesures plus prĂ©cises.
Articles connexes
Source
- (de) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de lâarticle de WikipĂ©dia en allemand intitulĂ© « Barometrische Höhenformel » (voir la liste des auteurs).