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ForĂȘt de Retz

La forĂȘt de Retz [ʁɛts] est une forĂȘt domaniale situĂ© principalement l'Aisne, mais aussi dans l'Oise (communes de Vauciennes et Ivors), en forme de croissant dont Villers-CotterĂȘts serait le centre. Elle est situĂ©e Ă  80 km au nord-est de Paris. C'est l'un des plus grands massifs forestiers français d'environ 13 000 ha.

ForĂȘt de Retz
Image illustrative de l’article ForĂȘt de Retz
PrĂšs de la cave du Diable, au sud de Vaumoise.
Localisation
CoordonnĂ©es 49° 15â€Č 33″ nord, 3° 05â€Č 33″ est[1]
Pays Drapeau de la France France
RĂ©gion Hauts-de-France
DĂ©partement Aisne, Oise
GĂ©ographie
Superficie 13 339 ha
Altitude
· Maximale
· Minimale

241 m
79 m
Compléments
Protection ZNIEFF de type 1, RĂ©seau Natura 2000
Statut ForĂȘt domaniale
Administration Office national des forĂȘts
Essences HĂȘtre europĂ©en
GĂ©olocalisation sur la carte : Aisne
(Voir situation sur carte : Aisne)
ForĂȘt de Retz
GĂ©olocalisation sur la carte : Oise
(Voir situation sur carte : Oise)
ForĂȘt de Retz
GĂ©olocalisation sur la carte : Hauts-de-France
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ForĂȘt de Retz
GĂ©olocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
ForĂȘt de Retz

La forĂȘt de Retz appartient Ă  l’ensemble des grandes hĂȘtraies de Picardie (chapelet de forĂȘts domaniales entrecoupĂ©es de forĂȘts privĂ©es). Cette forĂȘt, aussi appelĂ©e forĂȘt de Villers-CotterĂȘts, a une superficie de 13 339 hectares, 13 245 ha sans compter les maisons forestiĂšres et leurs abords. Sur ce total, 12 483 ha sont situĂ©s dans l'Aisne et pour 742 ha dans l'Oise. La forĂȘt Ă©tait en 1672, selon le RĂšglement de RĂ©formation, « la plus noble et la mieux plantĂ©e du Royaume ».

Histoire du site

Une de ses caractĂ©ristiques est que contrairement Ă  d’autres espaces forestiers français oĂč le couvert forestier n’est en gĂ©nĂ©ral pas statique, ses contours n’ont que guĂšre Ă©voluĂ© au cours des siĂšcles. De la mĂȘme façon, le mode de gestion en futaie date de 1672, et n’a pas changĂ© depuis.

De la forĂȘt des Sylvanectes au domaine royal

À l’époque de Jules CĂ©sar, la forĂȘt de Retz fait partie de l’immense forĂȘt des Sylvanectes qui s’étendait de Louvres jusqu’au milieu du dĂ©partement de l’Aisne. Progressivement elle va se morceler Ă  la faveur de nombreux dĂ©frichements. Ce n’est qu’au XIIe siĂšcle que Retz devient une unitĂ© distincte. Elle appartient alors aux comtes de Valois. C’est une immense forĂȘt qui s’étend de Retheuil, Chaudin et Buzancy jusqu’à la Marne. Durant les siĂšcles suivants (XIIe, XIIIe et XIVe), elle connaĂźt d’importants dĂ©frichements dus Ă  la forte croissance de la population. En 1214, la forĂȘt est annexĂ©e au domaine de Philippe Auguste, alors roi de France. Il dictera la premiĂšre ordonnance royale connue concernant cette forĂȘt sur les attributions de gardes de domaine forestier. L’administration de la forĂȘt est alors sous la responsabilitĂ© du gouverneur des chĂąteaux de Villers-CotterĂȘts et de ViviĂšres. Des agents forestiers, appelĂ©s sergents du roi, gĂšrent la forĂȘt en taillis sous futaie et futaie, et surveillent les droits d’usage, les coupes


En 1328, Philippe de Valois donne aux chartreux de Bourgfontaine l'autorisation de prendre dans la forĂȘt de Retz le bois nĂ©cessaire aux usages de leur maison et l'autorisation de mettre dans la forĂȘt 100 porcs, 30 vaches et 10 juments[2].

En octobre 1341, Philippe de Valois accorde aux religieux de Saint-CrĂ©pin-en-Chaie le droit d'avoir en forĂȘt de Retz « au bois mort, au mort bois, aux branches, au bois coupĂ©, au bois sec et au bois chĂ», chaque quinzaine, sept charretĂ©es de bois, chaque charretĂ©e Ă  trois chevaux, Ă  recevoir une fois ou plusieurs fois l'an, comme bon leur semblera, par livrĂ©e des sergents de la forĂȘt. Les religieux pourront jouir de cet usage tant pour ardoir que pour Ă©difier, et pour Ă©chalas, cerceaux, merrain ou autres choses, mais sans vendre » [3].

En 1346, Philippe de Valois crĂ©e le premier code forestier par l’ordonnance de Brunoy. Ce texte donne naissance Ă  la premiĂšre administration spĂ©ciale des forĂȘts avec la naissance du corps des MaĂźtres des Eaux et ForĂȘts. Il installe Ă  Retz le premier maĂźtre du royaume. Le XVe siĂšcle et la guerre de Cent Ans marquent une pĂ©riode noire pour la forĂȘt et le chĂąteau.

En 1499, la forĂȘt revient en apanage Ă  François de Valois, futur François Ier. Le roi, qui apprĂ©cie beaucoup cette forĂȘt, y fait de nombreux travaux et amĂ©nagements : crĂ©ation de la capitainerie de chasses de Villers-CotterĂȘts percement des premiĂšres laies, reconstruction du chĂąteau de Villers-CotterĂȘts, construction d’importants ouvrages de captage des sources pour alimenter en eau le chĂąteau et le bourg. D’autre part, il met en place une gestion plus rationnelle de la forĂȘt oĂč les droits d’usage sont mieux rĂ©glementĂ©s et les voleurs rĂ©primĂ©s.

En 1564, Catherine de MĂ©dicis prescrit la canalisation partielle de l’Ourcq afin de faciliter l’écoulement des produits de la forĂȘt par le flottage du bois ou le transport en pĂ©niche jusqu'Ă  Paris. Cet amĂ©nagement nĂ©cessite la crĂ©ation de rĂ©servoirs dans la forĂȘt (Ă©tang de la RamĂ©e, de Corcy, du Roy
) et de systĂšmes de rus de flottage et d’écluses. Le bois de Retz est dĂšs lors facilement commercialisable. En 1573, le premier rĂšglement d’exploitation est dĂ©cidĂ© : la possibilitĂ© par contenance est autorisĂ©e jusqu'Ă  100 arpents par an pour du bois ĂągĂ© de 225 ans environ. Mais il ne sera pas vraiment appliquĂ© : en effet, les guerres nĂ©cessitent beaucoup plus de coupes. Henry IV sera le dernier roi Ă  sĂ©journer au chĂąteau de Villers-CotterĂȘts. En 1630, Louis XII le donne, avec la forĂȘt, en apanage Ă  son frĂšre Gaston d’OrlĂ©ans. Elle restera possession de la maison d’OrlĂ©ans jusqu’en 1848, sauf entre 1791 et 1814, oĂč elle revient au domaine national.

De 1642 Ă  1645, d’importantes coupes, irrĂ©versibles, divisent la forĂȘt en deux ensembles de traitement distinct. Deux mille hectares de futaie disparaissent Ă  jamais au niveau de ce qu’on appelle les Buissons, zone pĂ©riphĂ©rique de la forĂȘt (Buisson du Tillet de la Genevroye, de Walligny, de Queue d’Ham, de Borny, de Cresnes et d’Hautwison). Elles sont remplacĂ©es par des peuplements plus ou moins dĂ©gradĂ©s de taillis sous futaie.

De 1672 Ă  nos jours

Au XVIIe siĂšcle, la forĂȘt de Retz est principalement gĂ©rĂ©e pour fournir du bois pour Paris[4]. En aoĂ»t 1669, l’Ordonnance des Eaux et ForĂȘts de Colbert rĂ©glemente pour la premiĂšre fois la gestion des espaces forestiers français : ils devaient ĂȘtre composĂ©s d’au moins un quart de leur superficie en futaies. À la suite de cette publication Pierre Lallemand d’EstrĂ©e, conseiller du roi, est commis Ă  la rĂ©formation de Retz qui est alors considĂ©rĂ©e comme la forĂȘt « la plus noble et la mieux plantĂ©e du royaume ». AprĂšs une Ă©tude minutieuse, le rĂšglement de rĂ©formation est homologuĂ© le 16 novembre 1672. Il prĂ©voit la limitation du droit d’usage et met en place une nouvelle rĂ©glementation d’exploitation. La forĂȘt, qui fait alors douze mille hectares, sera gĂ©rĂ©e en hautes futaies de chĂȘnes et de hĂȘtres ayant des rĂ©volutions de 150 ans. Lors des coupes, il est dĂ©cidĂ© de maintenir dix baliveaux par arpent. Durant la seconde moitiĂ© du XVIIIe siĂšcle, la famille d’OrlĂ©ans fait exĂ©cuter de nombreux travaux dont l’achĂšvement du percement de toutes les principales laies actuelles.

AprĂšs la RĂ©volution de 1789, la forĂȘt est placĂ©e sous l’autoritĂ© du Directeur de l’Enregistrement Ă  Laon. Retz devient un domaine forestier domanial, et Ă©chappe donc Ă  l’appropriation par la population et Ă  son dĂ©coupage. En 1801, est crĂ©Ă©e l’Inspection de Villers-CotterĂȘts, dont le premier inspecteur monsieur Deviolaine entreprend d’importants travaux de reboisement et introduit de nouvelles espĂšces.

En 1814, aprĂšs la chute de l’Empire, le domaine est restituĂ© Ă  la maison d’OrlĂ©ans jusqu’en 1830, date Ă  laquelle il est incorporĂ© au domaine de la couronne au service de la liste civile du Roi. Jusqu’en 1847, de gros prĂ©lĂšvements sont effectuĂ©s, ce qui entraĂźne une dĂ©capitalisation rapide et sensible. Mis Ă  part un cinquiĂšme de sa surface encore intact, la forĂȘt est alors fortement dĂ©gradĂ©e par les nombreuses trouĂ©es. À certains endroits, elle est composĂ©e d’essences jeunes, les vieux arbres ont presque tous disparu. Elle prĂ©sente alors une physionomie rajeunie.

En fĂ©vrier 1848, la forĂȘt revient Ă  l’État, aprĂšs la chute de la monarchie, et est gĂ©rĂ©e depuis lors par l’administration des Eaux et ForĂȘts. Entre 1852 et 1865, de nombreux travaux sont entrepris sous l’impulsion de l’inspecteur Fliche (construction de maisons forestiĂšres, empierrement des routes, dĂ©limitation du massif, crĂ©ation de pĂ©piniĂšres, plantations, creusement de fossĂ©s d’assainissement dans les terrains gorgĂ©s d’eau). Par ailleurs, en 1861, un grand changement s’opĂšre : la voie ferrĂ©e Paris-Soissons est construite, entraĂźnant, parallĂšlement Ă  la ruine du transport fluvial, une augmentation de la compĂ©titivitĂ© des produits forestiers de Retz.

Grands aménagements et restrictions budgétaires

En 1864, aprĂšs dix ans d’études et controverses, le nouveau projet d’amĂ©nagement Ă©tabli par Lorentz et Alain est approuvĂ©. C’est en quelque sorte une organisation scientifique de la forĂȘt : son territoire est divisĂ©e en quinze sĂ©ries rĂ©parties en deux sections (la premiĂšre comprenant deux sĂ©ries de taillis sous futaie qui correspondent aux coupes rases datant du XVIIe siĂšcle, et la seconde constituĂ©e des treize sĂ©ries de futaie rĂ©guliĂšre ayant une rĂ©volution de 150 ans). Ce projet pose aussi les rĂšgles de culture Ă  observer en ce qui concerne les coupes d’amĂ©lioration et de rĂ©gĂ©nĂ©ration. En 1886, aprĂšs les deux tempĂȘtes importantes de 1872 et 1876, une rĂ©vision du projet de 1864 est entreprise, gardant dans l’ensemble les mĂȘmes orientations. À partir de 1900, on note un dĂ©clin pour la forĂȘt de Retz, dĂ» vraisemblablement, avant tout, Ă  la diminution des crĂ©dits et du personnel qui lui Ă©taient accordĂ©s. Cette tendance amĂšne les forestiers Ă  repenser l’amĂ©nagement dont les bases trop strictes Ă©taient encore celles de 1864.

En 1903, monsieur Duchaufour met en place la politique toujours en place Ă  l’heure actuelle. Il dĂ©cide la modification du parcellaire dans les quinze sĂ©ries de futaies, qui devient plus rĂ©gulier, aux formes comparables (environ trente hectares), avec une composition aussi homogĂšne que possible, et met en place le rĂ©ensemencement naturel unique et mobile. La guerre 1914-1918 crĂ©e de gros dĂ©gĂąts aussi bien pour le sol que pour les peuplements. En 1918, le nord de la forĂȘt de Retz est marquĂ© par d’importants combats. Plus de mille hectares sont totalement dĂ©truits et quatre mille hectares sont criblĂ©s de balles. La grande fragilitĂ© des arbres criblĂ©s de balles les rend plus vulnĂ©rables aux coups de vent[5].

D’autre part, Ă  partir de 1933, certaines parcelles d’épicĂ©as de la forĂȘt sont atteintes par des ravageurs (en particulier des insectes). C’est une forĂȘt nouvelle et totalement rajeunie qui paraĂźt au dĂ©but des annĂ©es 1940. Mais la Seconde Guerre mondiale entraĂźne une surexploitation excessive de la forĂȘt du fait d’une demande accrue des Allemands puis des AlliĂ©s, ainsi que de la population de l’agglomĂ©ration parisienne pour l’approvisionnement en bois de chauffage. L’état de la forĂȘt est donc trĂšs dĂ©gradĂ© Ă  la sortie de la guerre, du fait des nombreuses trouĂ©es et de problĂšmes de rĂ©gĂ©nĂ©ration. Dans la pĂ©riode de l’aprĂšs-guerre, l’ingĂ©nieur principal des Eaux et ForĂȘt Donon lance donc une rĂ©vision de l’amĂ©nagement. Il dĂ©cide le maintien du cadre de la rĂ©forme de 1903, la diminution de la durĂ©e de rĂ©volution, qui passe de 150 ans Ă  135 ans, l’augmentation de la possibilitĂ© des coupes de rĂ©gĂ©nĂ©ration, et le lancement de programmes de plantation artificielle.

L’histoire de cette forĂȘt est donc marquĂ©e par toute une succession de projets d’amĂ©nagement qui l’ont façonnĂ©e. L’influence des forestiers sur la morphologie de la forĂȘt y est trĂšs importante.

Faune

Parmi les oiseaux nicheurs les plus remarquables sur le site figurent les gobemouches noirs[6].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Notes et références

  1. Coordonnées relevées à l'entrée du parc du chùteau de Villers-Cotterets avec Google Maps
  2. AndrĂ© Moreau-NĂ©ret, « Philippe VI de Valois et la Chartreuse de Bourgfontaine oĂč son cƓur fut dĂ©posĂ© », MĂ©moires, FĂ©dĂ©ration des sociĂ©tĂ©s d'histoire et d'archĂ©ologie de l'Aisne, vol. 13,‎ , p. 155 (lire en ligne, consultĂ© le ).
  3. Arch. Nat. R4 138 liasse Soissons Saint-Crépin en-Chaie, copie du XVIe siÚcle.
  4. Pierre MaĂ«s, "La forĂȘt de Retz au XVIIe siĂšcle : une forĂȘt sous l'emprise des besoins parisiens", in : JĂ©rĂŽme Buridant (dir.), ForĂȘt carrefour, forĂȘt frontiĂšre, la forĂȘt dans l'Aisne, Langres : GuĂ©niot, 2005, p. 133-140.
  5. JĂ©rĂŽme Buridant, "La forĂȘt mutilĂ©e. La reconstitution forestiĂšre dans l'Aisne aprĂšs la Grande Guerre", Graines d'histoire, la mĂ©moire de l'Aisne, n° 17, janvier 2003, p. 13-24.
  6. Sueur F. (2007) Oiseaux de Picardie. Saint-Quentin-en-Tourmont (Groupe ornithologique picard).
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