ForĂȘt de Haguenau
La forĂȘt de Haguenau est une forĂȘt situĂ©e sur le territoire de la commune de Haguenau ; elle est la plus vaste forĂȘt d'Alsace (21 000 ha). Elle est labellisĂ©e ForĂȘt d'Exception, label de l'Office national des forĂȘts dĂ©tenu par une quinzaine de forĂȘts françaises et premiĂšre forĂȘt indivise Ă obtenir ce label[1].
ForĂȘt de Haguenau | |
Localisation | |
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CoordonnĂ©es | 48° 51âČ 00âł nord, 7° 53âČ 00âł est |
Pays | France |
DĂ©partement | Bas-Rhin |
GĂ©ographie | |
Superficie | 21 000 ha |
Longueur | 30 km |
Largeur | 8 km |
Altitude | 150 m |
Compléments | |
Protection | Natura 2000, ZPS |
Statut | ForĂȘt indivise entre l'Etat et la commune |
Essences | pin sylvestre, chĂȘne |
Caractéristiques
La forĂȘt, avec une largeur approximative de trente kilomĂštres, marque une rĂ©elle cĂ©sure au sein de la plaine d'Alsace. De ce fait, la partie alsacienne situĂ©e au nord de cette forĂȘt constitue une rĂ©gion naturelle et un pays nommĂ© « l'Outre-ForĂȘt ». Cette entitĂ© paysagĂšre composĂ©e de collines entre les Vosges du Nord et le Rhin tranche avec cette zone forestiĂšre humide, plate et inadaptĂ© Ă la culture agricole. Elle reprĂ©sente aujourd'hui 21 000 ha, ce qui contribue Ă en faire la sixiĂšme forĂȘt de France. Au Moyen Ăge, la forĂȘt de Haguenau Ă©tait encore plus Ă©tendue et couvrait 60 000 ha. L'unitĂ© la plus importante de ce massif est constituĂ©e par la forĂȘt indivise de Haguenau (13 742 ha), Ă moitiĂ© domaniale et Ă moitiĂ© communale. Elle est gĂ©rĂ©e Ă ce titre par l'ONF en coopĂ©ration avec la ville de Haguenau.
La forĂȘt est trĂšs peu accidentĂ©e. Elle est installĂ©e sur des alluvions sableuses et argileuses anciennes dĂ©posĂ©es par trois riviĂšres (dont la Sauer et l'Eberbach). C'est une forĂȘt protĂ©gĂ©e et classĂ©e en zone de protection spĂ©ciale (ZPS) dans le cadre du rĂ©seau Natura 2000. Elle accueille de nombreuses espĂšces forestiĂšres, en particulier des pins sylvestres qui prĂ©sentent une forme trĂšs Ă©lancĂ©e (pins de Haguenau) et qui couvrent 34 % de la surface ainsi que des chĂȘnes pĂ©donculĂ©s et sessiles (34 % de la surface). Ces derniers peuvent atteindre des proportions respectables : l'ONF a ainsi dĂ©nombrĂ© dans la forĂȘt de Haguenau 800 chĂȘnes avec des diamĂštres de tronc supĂ©rieurs ou Ă©gaux Ă un mĂštre.
La forĂȘt de Haguenau joue un rĂŽle important, car elle assure la transition entre les Vosges du Nord et le Petit Ried. C'est une zone de passage pour la faune.
Flore
Voici quelques exemples de plantes qu'on peut rencontrer frĂ©quemment dans la forĂȘt de Haguenau ou ses abords immĂ©diats :
- Dans les lieux trÚs humides (bords de cours d'eau, fossés remplis d'eau, etc.) :
- Iris jaune (Iris pseudacorus) dans les fossés humides.
- Laßche à épis pendants (Carex pendula) ; fossés, bords des chemins.
- Scirpe des bois (Scirpus sylvaticus) ; plante proche des carex poussant dans les lieux humides.
- Salicaire commune (Lythrum salicaria) : bord des eaux.
- Valériane officinale (Valeriana officinalis) : plante aux propriétés médicinales bien connues.
- Lysimaque vulgaire (Lysimachia vulgaris).
- Dans les sous-bois, les clairiĂšres... :
- Campanule gantelée (Campanula trachelium) ; grande campanule à la tige robuste.
- Raiponce noire (Phyteuma nigrum) ; fossés, bords des chemins.
- Eupatoire chanvrine (Eupatorium cannabinum) ; clairiĂšres, bords des chemins.
- Anémone sylvie (Anemone nemorosa) ; partout dans les sous-bois au printemps avant l'apparition des feuilles.
- Pervenche (Vinca minor) ; ici ou là . C'est une fleur qui trahirait l'emplacement d'anciennes zones cultivées.
- Corydale creuse (Corydalis cava) ; sous-bois, par endroits, au début du printemps avant l'apparition des feuilles. Existe en mauve et blanc.
- Muguet (Convallaria majalis) ; bois clairs, clairiĂšres...
- Colchique (Colchicum autumnale) ; à la fin de l'été, surtout au bord des routes et des chemins.
- Cirse maraßcher (Cirsium oleraceum) ; Cirse caractéristique de l'Europe centrale et septentrionale.
La forĂȘt de Haguenau compte Ă©galement quelques espĂšces non indigĂšnes qui sont envahissantes et qui peuvent poser des problĂšmes :
- Balsamine de l'Himalaya (Impatiens glandulifera) ; Grande plante spectaculaire poussant dans les lieux humides.
- Solidage géant (Solidago gigantea) ; répandu partout.
- Raisin d'Amérique (Phytolacca americana) ; répandu partout.
- Renouée du Japon (Fallopia japonica) ; plus localisé mais redoutable.
- Onagre bisannuel (Oenothera biennis)
- Berce du Caucase (Heracleum mantegazzianum) ; trÚs localisée (sÚve photo-toxique).
La ForĂȘt Sainte
Au Moyen Ăge, la forĂȘt attirait selon la lĂ©gende sacrĂ©e d'Alsace, foules d'ermites et de nombreux couvents et Ă©glises s'Ă©difiĂšrent autour, notamment entre le VIe siĂšcle et le XIIIe siĂšcle, ce qui donne Ă la forĂȘt son appellation de « ForĂȘt sainte » ou « Heiliger Forst ». De ces temps passĂ©s ne subsistent que quelques tĂ©moins, tels le Gros ChĂȘne, ou l'aire des charbonniers.
Les ermites et le Gros ChĂȘne
Une tradition Ă©voquĂ©e par un monument Ă©rigĂ© en 1862 Ă proximitĂ© d'un gros chĂȘne remarquable indique le fait suivant : « Arbogast vĂ©cut ici en ermite au VIIe siĂšcle. La renommĂ©e de sa vertu exemplaire lui valut d'ĂȘtre nommĂ© Ă©vĂȘque de Strasbourg en 673 ». En fait, Arbogast fut envoyĂ© par le roi des Francs vers 550 pour christianiser les Alamans. C'est ainsi qu'il fonda Ă Surbourg le premier couvent alsacien. Il traversa la forĂȘt mais n'y sĂ©journa jamais. En revanche, Ă la fin du Moyen Ăge, des ermites vivaient dans la forĂȘt et notamment prĂšs du Gros chĂȘne.
En 1913, le chĂȘne tomba Ă terre et son tronc indique bien son existence plusieurs fois sĂ©culaire. Le chĂȘne est dĂ©sormais rempli de bĂ©ton et coiffĂ© dâun chapeau en tĂŽle. En 1955, le curĂ© de Saint-Nicolas, F. L. Hauss (1884-1956), fit construire une petite chapelle prĂšs du tronc. Elle est le centre d'un pĂšlerinage cĂ©lĂ©brĂ© chaque annĂ©e lors du dernier dimanche de juillet.
Selon une lĂ©gende urbaine nĂ©e vers la fin des annĂ©es trente, la forĂȘt de Haguenau, et en particulier les alentours du Gros ChĂȘne, Ă©tait un endroit de rĂ©union pour la pratique de rites satanistes les nuits de pleine lune. Rien n'a jamais Ă©tĂ© prouvĂ© Ă ce sujet, hormis le fait que l'Ă©tĂ© la forĂȘt Ă©tant exceptionnellement accueillante et agrĂ©able, elle servait souvent de lieu de campement Ă des nomades, mais aussi de point de transit pour les errants, ainsi que plus tard (Ă partir des annĂ©es 1970) de "point de libations" pour des jeunes dĂ©sĆuvrĂ©s du canton. La lĂ©gende semble s'ĂȘtre Ă©teinte d'elle-mĂȘme au dĂ©but des annĂ©es 2000.
Les couvents
Du VIe siĂšcle au XIIIe siĂšcle, huit couvents furent fondĂ©s dans la forĂȘt ou sur sa lisiĂšre : Arnulfsau, Biblisheim, Koenigsbruck, Marienthal, Neubourg, Seltz, Surbourg et Walbourg. Arnulfsau, construit en bois en 725, fut anĂ©anti par un incendie peu aprĂšs sa fondation. Il a Ă©tĂ© reconstruit de l'autre cĂŽtĂ© du Rhin et prit le nom de Schwartzach. Au XIVe siĂšcle, une inondation du Rhin dĂ©truisit le couvent de Seltz. La RĂ©volution française fit fermer les couvents et leurs biens furent vendus. Des paroisses aux alentours, comme celle de Saint Nicolas Ă Haguenau, purent ainsi acheter des statues, stalles et autres meubles liturgiques. Les sanctuaires furent ensuite dĂ©truits ou transformĂ©s en Ă©glise paroissiale comme Ă Surbourg et Walbourg. La vitalitĂ© de la dĂ©votion Ă la Vierge fit que l'Ă©glise de Marienthal fut totalement transformĂ©e en 1866.
Le Gros ChĂȘne
Un espace de loisirs
- Le Gros ChĂȘne accueille une aire de jeux extĂ©rieure avec plusieurs balançoires, un mur d'escalade ou encore un toboggan.
- Un parking permet un accÚs aisé, et plusieurs tables de pique-nique en sont proches.
- L'Auberge du Gros ChĂȘne, situĂ©e en plein cĆur de la forĂȘt de Haguenau propose divers plats Ă consommer Ă l'intĂ©rieur ou en terrasse, Ă proximitĂ© d'un petit parc animalier.
Les sentiers
Plusieurs sentiers mĂšnent au Gros ChĂȘne. Plus de 67 km de chemins forestiers sillonnent les alentours.
- Les sentiers sportifs : il existe deux parcours sportifs. Le parcours du cĆur (environ 5 km) et le parcours de santĂ© du Gros ChĂȘne d'une longueur de 2 km. Il comporte diffĂ©rentes activitĂ©s sportives telles que des parcours d'obstacles et d'Ă©quilibre.
- Le sentier pédestre d'une distance de 24 km.
- Le sentier botanique, muni de panneaux sur la faune et la flore de la forĂȘt, long de 2 km.
- Un sentier accessible aux personnes à mobilité réduite, d'une longueur de 1,5 km, élaboré par le Club Vosgien de Haguenau-Lembach.
Archéologie
Les tumuli de la forĂȘt de Haguenau appartiennent Ă la culture tumulaire de l'Europe mĂ©diane, englobant l'Allemagne du Sud, la France de l'Est et la Suisse, Ă l'Ă©poque du bronze moyen. Ceux de Deielsberg, Oberfeld et Schirrhein, ont en particulier quelques bijoux comme des annelets d'or, de perles d'ambre, des boucles d'oreilles. Les objets trouvĂ©s lors des diffĂ©rentes fouillĂ©es, rĂ©alisĂ©es notamment par l'ancien maire Xavier Nessel sont conservĂ©s au MusĂ©e historique de Haguenau, bĂątiment construit pour conserver les vestiges de la forĂȘt de Haguenau.
Notes et références
- Les Echos, « La forĂȘt de Haguenau va ĂȘtre labellisĂ©e « forĂȘt d'exception » », Les Echos,â (lire en ligne)
Voir aussi
Bibliographie
- Le monument du chĂȘne dans la forĂȘt de Haguenau : une Ćuvre de Gloria Friedmann, une commande du centre europĂ©en d'actions artistiques contemporaines, Centre europĂ©en d'actions artistiques contemporaines, Strasbourg, 1995, 55 p. (ISBN 2-910036-11-1)
- La forĂȘt de Haguenau sous la RĂ©volution et sous l'Empire, Ăditions du musĂ©e, Haguenau, 1961 (tirĂ© Ă part de : Ătudes haguenoviennes, nouvelle sĂ©rie 1958-1961, t.3, 1961, p. 146-184)
- G. Huffel, La forĂȘt sainte de Haguenau en Alsace : notice historique et descriptive, Berger-Levrault, Nancy [etc.], 1920, 164 p.
- Carl Eduard Ney, Histoire de la forĂȘt sainte de Haguenau en Alsace (trad. P. Leroy), Haguenau, 1982, 124 p.
- Claude Schaeffer-Forrer, Les tertres funĂ©raires prĂ©historiques dans la forĂȘt de Haguenau : I- Les tumuli de l'Age du bronze, MusĂ©e de Haguenau, Haguenau, 1926, 279 p.
- Claude Schaeffer-Forrer, Les tertres funĂ©raires prĂ©historiques dans la forĂȘt de Haguenau : I- Les tumuli de l'Age du fer, MusĂ©e de Haguenau, Haguenau, 1930, 332 p.
- Claude Schaeffer-Forrer, Les tertres funĂ©raires prĂ©historiques dans la forĂȘt de Haguenau : III- Le Carnet de fouilles de X. J. Nessel, Ădition de la SociĂ©tĂ© d'histoire et d'archĂ©ologie de Haguenau, Haguenau, 1982, 133 p. (ISBN 2-903218-03-X)
- GĂ©rard Traband, S. Plouin et J.F. Piningre, La forĂȘt de Haguenau avant l'an mil : Une histoire, un guide, des Ă©tudes, Valblor, Strasbourg, 1988, 104 p. (ISBN 2-903218-14-5)
- Alain Untereiner, Restauration et conservation de tourbiĂšres boisĂ©es, suivi bryologique, en forĂȘt de Haguenau, SociĂ©tĂ© d'histoire naturelle et d'ethnographie, Colmar, 2004, 11 p. (tirĂ© Ă part du Bulletin de la sociĂ©tĂ© d'histoire naturelle et d'ethnographie de Colmar, vol. 65, 2004)
- Victor Walther, L'abbaye Bernardine de Neubourg dans la forĂȘt de Haguenau (Basse-Alsace), V. Edler, Haguenau, 1868, 96 p.