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ForĂȘt d'Ashdown

La forĂȘt d'Ashdown se trouve dans le Sussex de l'Est, en Angleterre. Ce massif du High Weald, d'une superficie 2 630 ha, se prĂ©sente comme une lande de bruyĂšre parsemĂ©e de pins, de bouleaux et de chĂȘnes. C'est le paysage familier des histoires de Winnie l'ourson, imaginĂ©es par l'Ă©crivain anglais A. A. Milne. Un dĂ©bat public est engagĂ© pour son classement en parc national. La forĂȘt d’Ashdown est un vestige de la forĂȘt primaire d’Anderida, devenue le Weald[1]. On y tourne frĂ©quemment des films pour la tĂ©lĂ©vision comme pour le cinĂ©ma : ainsi, certaines scĂšnes de la coproduction HBO–BBC intitulĂ©e FrĂšres d'armes[2].

ForĂȘt d'Ashdown
Image illustrative de l’article ForĂȘt d'Ashdown
La forĂȘt d’Ashdown en automne.
Localisation
CoordonnĂ©es 51° 02â€Č 31″ nord, 0° 04â€Č 01″ est
Pays Drapeau de l'Angleterre Angleterre
Comté Sussex de l'Est
GĂ©ographie
Superficie 2 630 ha
Compléments
Protection Réseau Natura 2000 (Zone de protection spéciale), Site of Special Scientific Interest
Statut Parc national
Administration National Park Authority
Essences Pins, Bouleau, ChĂȘnes
GĂ©olocalisation sur la carte : Angleterre
(Voir situation sur carte : Angleterre)
ForĂȘt d'Ashdown

Histoire : de l'exploitation Ă  la conservation

La forĂȘt d’Ashdown Ă©tait rĂ©servĂ©e aux chasses royales dĂšs le XIIIe siĂšcle. La palissade de pieux qui en interdisait l'accĂšs dĂ©limitait un domaine d'environ 50 km2, oĂč l'on chassait le cerf et le daim. La forĂȘt Ă©tait dĂ©jĂ  frĂ©quentĂ©e par le roi Édouard II d'Angleterre pour la chasse au cerf. L’exploitation du fer a jouĂ© aussi un rĂŽle important dans l'histoire de la forĂȘt, dans la mesure oĂč l'on abattait les arbres pour disposer du charbon de bois nĂ©cessaire Ă  l'Ă©laboration des mĂ©taux.

Mais dans les annĂ©es 1800, les paysans qui vivaient autour de la forĂȘt d’Ashdown avaient pris l'habitude de faire paĂźtre leur bĂ©tail dans les bois, et rĂ©coltaient la fougĂšre, la bruyĂšre et les ajoncs (c'est-Ă -dire la « litiĂšre ») pour le chauffage et la couverture en chaume des maisons et des Ă©tables. La jurisprudence s'est constituĂ©e Ă  l'occasion de l’Affaire de la forĂȘt d'Ashdown : le 13 octobre 1877, John Miles rĂ©coltait de la litiĂšre dans la ForĂȘt d’Ashdown pour le compte de son maĂźtre, Bernard Hale (avocat, juge de paix, Deputy Lieutenant du Sussex et dĂ©putĂ© d’Ashdown Ă  la Chambre des Communes), lorsque William Pilbeam, un garde forestier au service des comtes De La Warr, lui ordonna de quitter les lieux. Miles refusa d'obtempĂ©rer, dĂ©clenchant un Ă©pisode judiciaire fameux[3] : Reginald Sackville, 7e comte De La Warr, seigneur du manoir de Duddlewell, porta plainte contre Hale et Miles, car il contestait les droits de Hale Ă  exploiter la forĂȘt seigneuriale comme on le faisait des Biens communaux[4].

Arbres dans la forĂȘt d’Ashdown.

En 2007, la ForĂȘt fut de nouveau l'objet d'une polĂ©mique opposant cette fois les habitants aux autoritĂ©s chargĂ©es de la protection de la nature, le Board of Conservators (commissionnĂ© Ă  cet effet par l’East Sussex County Council). Le Board envisageait de restituer le massif forestier Ă  son Ă©tat d'avant la DeuxiĂšme Guerre mondiale, Ă  savoir un taillis mĂȘlĂ© de bruyĂšre et de bois, « disparu par suite de la progression du couvert forestier au dĂ©triment de la lande naturelle, lorsque les soldats, de retour de la guerre, cessĂšrent d'y chercher leur subsistance. Tandis qu'autrefois des centaines de paysans exploitaient le bois et les taillis, leur bĂ©tail broutant les moindres adventices, il n'y a plus aujourd'hui qu'un exploitant officiel[5]. Les habitants s'opposĂšrent Ă  ce que le paysage ressemble, selon leurs dires, Ă  un champ de bataille de la PremiĂšre guerre mondiale. De telles contestations ne sont d'ailleurs pas limitĂ©es Ă  cette commune : selon le journaliste Jonathan Brown (the Independent du ), « Des dĂ©bats similaires font rage entre les riverains et les autoritĂ©s dans d'autres pays de bruyĂšre comme New Forest et le Surrey »[5].

Un portail au crĂ©puscule dans la forĂȘt d’Ashdown.

Autre sujet polĂ©mique, le manque de pistes cyclables en forĂȘt : les cyclistes se plaignent que, tandis que les cavaliers peuvent se promener le long des quelque 130 km de chemin, les cyclistes sont toujours privĂ©s d'une infrastructure convenable. Des pancartes ont Ă©tĂ© apposĂ©es pour faire respecter la rĂ©glementation, qui fait de la pratique du vĂ©lo en forĂȘt un dĂ©lit, en raison de l'Ă©rosion des sols imputĂ©e Ă  cette pratique.

Pendant un temps, la forĂȘt abritait un certain nombre de kangourous, Ă©chappĂ©s d'un enclos de ferme. DĂšs les annĂ©es 1940, on considĂ©rait que ces animaux s'y Ă©taient acclimatĂ©s et Ă©taient complĂštement apprivoisĂ©s ; pourtant, leur effectif se mit Ă  dĂ©croĂźtre, et un dernier individu fut aperçu en 1972[6]. L'importance de la forĂȘt en tant que biotope a Ă©tĂ© reconnue par l'attribution du statut de Zone de protection spĂ©ciale[7] et de Site of Special Scientific Interest (SSSI)[8].

Tourisme

Gills Lap

Plaque commémorative dédiée à A. A. Milne et E. H. Shepard à Gills Lap

Le bosquet de sapins de Gills Lap (51° 04â€Č 05″ N, 0° 05â€Č 41″ E) se trouve Ă  l'emplacement d'un fort de l’ñge du fer au point culminant de la ForĂȘt d'Ashdown. Dans les histoires de Winnie l'ourson, il apparaĂźt sous le toponyme de « le lieu enchantĂ© » (Galleons Lap). On a retrouvĂ© non loin de lĂ  une hache de pierre, datĂ©e d'environ 50 000 ans av. J.-C.[9].

La forĂȘt de Winnie l'Ourson

Ashdown est aujourd’hui aussi connue comme le dĂ©cor original des aventures de « Winnie l'ourson », imaginĂ©es par l'Ă©crivain A. A. Milne pour son fils Christopher Robin. Le pont de l'ourson, Galleon's Lap, Roo's Sandpit, le PĂŽle Nord, la forĂȘt des rĂȘves bleus, Heffalump Trap et la forĂȘt sombre et mystĂ©rieuse sont autant de lieux-dits de la forĂȘt d’Ashdown. C'Ă©tait naguĂšre une chasse royale qui fut protĂ©gĂ©e par loi de 1885.

Friends Clump

Le parc des lamas de la ForĂȘt d'Ashdown, inaugurĂ© en 1987, occupe une partie de la forĂȘt.

Dans les médias

En 2001, la rĂ©paration d’un film muet, jusque-lĂ  propriĂ©tĂ© de la South East Film and Video Archive [10] fit sensation : il s’agissait d'un spectacle scolaire de 1929 tournĂ© dans la forĂȘt d’Ashdown. Or, certains dĂ©tails de l’autobiographie de Christopher R. Milne, ayant amenĂ© Ă  examiner les images de plus prĂšs, on dĂ©couvrit que l'un des protagonistes n'Ă©tait autre que le fils du cĂ©lĂšbre romancier.

« Si quelqu'un m'avait demandĂ© si ce film existait, je lui aurais rĂ©pondu non : 80 % des films des annĂ©es 1920 sont perdus. Ce film est le seul d’Ashdown Forest de cette pĂ©riode, si bien qu'il Ă©tait virtuellement impossible qu'en plus ce film soit aussi le film oĂč l'on peut voir Christopher Robin. »

— Frank Gray, Directeur de the South East Film and Video Archive[11]

Ce documentaire d'archive a Ă©tĂ© diffusĂ© par l'Ă©mission « Southern Eye » de la chaĂźne BBC Two, Ă  19h30 GMT le mardi 27 novembre 2001. Au cours de l'Ă©mission, un enfant de 10 ans, Joel Pitts, traversait la foret d'Ashdown avec la carte de la « ForĂȘt des rĂȘves bleus » dessinĂ©e par E. H. Shepard (l’illustrateur des aventures de « Winnie l'ourson ») et montrait que les lieux familiers : Roo's Sandy Pit, Galleon's Lap etc. existaient vraiment.

Comme ce documentaire, divers sites de la forĂȘt ont servi de dĂ©cor Ă  des tĂ©lĂ©films et des productions pour le cinĂ©ma : citons Colditz, le remake de 2002 de The Four Feathers, Faute de preuve (Under Suspicion) et Flyboys ; et pour les tĂ©lĂ©films, The Railway Children (d'aprĂšs le roman d’Edith Nesbit), tournĂ© sur la Bluebell Railway, et FrĂšres d'armes, une coproduction HBO et BBC[2].

PersonnalitĂ©s liĂ©es Ă  la forĂȘt d'Ashdown

Le commandant Edward Dudley Metcalfe, le meilleur ami et le Grand Ă©cuyer d’Édouard VIII[12], vivait dans une maison en schiste au cƓur de la forĂȘt. L’écrivain A.A. Milne vivait Ă  Hartfield, un village en lisiĂšre de la forĂȘt. Plusieurs lieux-dits Ă©voquĂ©s dans les histoires de Winnie l'ourson tirent leur nom de toponymes d’Ashdown. Un autre romancier, Arthur Conan Doyle, vivait prĂšs d’Ashdown, dans le bourg de Crowborough. On retrouve des lieux-dits de la forĂȘt dans les nouvelles de Sherlock Holmes, comme Groombridge Place[13]. L'Ă©crivain naturaliste Richard Jefferies vivait lui aussi Ă  Crowborough lorsqu'il rĂ©digea ses cĂ©lĂšbres monographies[14].

Notes et références

  1. (en) La forĂȘt d'Ashdown sur le site The Sussex Weald
  2. (en) « Film and Television locations in the area », Ashdown Forest Tourism Association,
  3. Pr. Brian Short, The Ashdown Forest Dispute 1876-1882, Sussex Record Society, (lire en ligne)
  4. (en) Notes tirĂ©es de « l’Affaire d’Ashdown Forest » sur the Weald.org
  5. D'aprĂšs Jonathan Brown, « Oh bother! Nimbies do battle with council over Pooh's forest », The Independent, (section:This Britain),‎ (lire en ligne)
  6. (en) « Walking Guide:Ashdown Forest - Pooh Corner, East Sussex », The Guardian, (consulté le )
  7. Classement de la forĂȘt comme « Special Protection Area » sur le siet de la Joint Nature Conservation Committee
  8. « Natural England - SSSI », English Nature (consulté le )
  9. (en) Histoire pré-romaine
  10. Aujourd'hui dénommé Screen Archive South East
  11. Texte original : If anyone had asked me would this film exist I would have said no. Eighty per cent of the films from the 1920s have been lost. This is the only film we have of the Ashdown Forest from that period, so for this one film to be the film that also showed Christopher Robin was virtually impossible.« Christopher Robin revealed », BBC News, BBC,
  12. (en) « Good Old Duke », TIME, (consulté le )
  13. Dans « La vallée de la peur » : cf. « Some of the Literary Connections with the area », Ashdown Forest Tourism Association, (consulté le )
  14. « Jefferies, John Richard », The Weald of Kent, Surrey and Sussex (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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